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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Hasard du calendrier, c'est en cette journée de la fille que je viens vous parler de fillettes...

Oh, les fillettes, oh les fillettes, elles la rendent marteau …

La vie, parfois, n'est pas le conte de fées annoncé. Pourtant, ici, tout commence comme la fin des plus belles histoires. Elle rencontre un mec, plutôt Charmant, ils se marient et ont beaucoup d'enfants, trois adorables filles en l'occurrence.

Pourtant, comme dans la chanson de Sheller, maman est folle et papa attend qu'elle aille mieux car il sait qu'un jour, elle reviendra à leur réalité. Il y croit dur comme fer, comme on aime, malgré tout, comme on aime vraiment, de tout son être.

La vie n'est pas un conte de fées. Les fillettes, à hauteur d'enfance, vont voir cette mère surnager, sombrer, revenir, sombrer encore, et pourtant, elles resteront des petites filles, avec leur belle innocence, avec leur troublante évanescence qui vient trouer le néant dans lequel s'engouffre leur maman. le regard qu'elles portent sur leur vie, qui effleure et caresse, rend ce livre presque magique.

La vie est un conte de fées et les monstres habitent le quotidien sous la forme de potions, de flacons. Cette drogue, ou cet alcool, qui transforme leur mère en cette gisante, qui le matin, ne se lève pas pour s'occuper d'elles...

Ce qui frappe, dans ce roman aux allures autobiographiques, c'est cette façon qu'à Clarisse Gorokhoff de ne pas faire sombrer son récit dans l'insoutenable. Il y a tellement de lumière dans ces fillettes, qui attendent leur mère au bois dormant. Il y a tellement de lumière dans ce père, qui aime, plus que de raison et qui s'élève à la force d'espérer.

Les Fillettes. Un roman triste, lumineux, et sombre à la fois, comme les contes de fées, comme un Disney à l'envers, la vérité en plus.

Les fillettes, ces fillettes, que l'on quitte avec l'envie de les étreindre encore un peu, pour leur dire que demain, peut-être, elles deviendront des filles, des femmes, cabossées certes, mais vivantes malgré l'enfance, grâce à l'enfance...

Lien : https://labibliothequedejuju..
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«  Mais trois fillettes peuvent - elles sauver une femme? .

«  Avec des cris, des rires, des larmes , peut - on pulvériser les démons d'une mère? » .

«  Laurette sait que la laideur rend triste : la tristesse peut tuer. C'est sa maman qui l'a dit » .,.

«  La peur de la peur , n'est ce pas la bonne vieille angoisse ? »

«  En créant la mère, Anton pourrait - il sauver sa femme ? » .

Quelques extraits de ce roman où l'auteure tente d'attraper la lumière qui s'insinue dans les failles , pour fortifier ce qui fut brisé , le sublimer , par la magie blanche de ses mots?
Est - ce autobiographique ?

Je découvre cette auteure …

Une sorte de roman témoignage , hommage , coup de poing sur la magie de l'enfance , les joies et espérances de la maternité, , la famille, ses rires, ses larmes, la vitesse, l'ivresse des sentiments, les soubresauts des addictions : une claque au lecteur, l'incroyable mystère de la souffrance humaine …

Rebecca et Anton sont les heureux parents de trois adorables petite filles , la pétillante Justine , six ans , Laurette ,petite princesse de quatre ans , enfin la délicieuse Ninon, dix - huit mois.

Hélas , ce bonheur maternel ne suffit pas à Rebecca pour mettre à distance son passé , elle n'échappera pas à des nuits de névrose, , son noeud existentiel : boire , fumer , mentir, se défoncer jusqu'à ne plus sentir ,à tenter de massacrer les causes d'un supplice inconnu ,brouiller quelques minutes , tenir la violence de ce qui l'entoure à distance, une addiction très ancienne ….
Chaque jour ses démons reviennent la hanter, pourtant elle a passé sa jeunesse dans un quartier aisé : parents ,elle pharmacienne , lui médecin, études brillantes en prépa littéraire….

Mais la jeune femme , trente - trois ans , fascinée par les opiacées , très jeune, littéralement subjuguée par les mystères de la chimie pharmaceutique …
Anton a cru qu'Il aurait avec elle vitesse et ivresse , un futur unique fougueux, insolite .

Elle insuffle un vrai grain de folie , des soubresauts insolents et radieux , faisant le bonheur de ses filles , les aimant sans reprendre son souffle ? .
Un amour enchanteur , inconditionnel , absolu émane de leur regard pur..

L'ingénuité des petites filles questionne et interpelle tout au long du roman. ressemble à une flamme au coeur d'un grand brasier incandescent mais fragile , une intrigue crépitante , poignante , à hauteur d'enfant .
Peut on sauver une mère avec les seules insouciance et innocence enfantines ? .

Du haut de leurs 18 mois , quatre et six ans , elles tenteront , avec grâce ,de lui insuffler l'énergie qui lui permettra d'espacer ses prises de drogue et d'alcool —— éclairs intenses et fugitifs de lucidité : «  Manquer d'une mère , c'est porter en soi jusqu'à la tombe , une fêlure » .
N'oublions pas le journal intime de Rebecca , fulgurant, bouleversant , ahurissant..

Ce roman ressemble à une mélodie intime , déchirante , explosive , le récit ô combien poignant de cette enfance fauchée , écourtée , mêlée de soleil et d'aventures fantasques , d'histoires merveilleuses , menacée par la noirceur d'un nuage noir, maléfique, planant au dessus du quotidien de Rebecca .

Le récit est principalement centré sur une seule journée , unique , narrée à hauteur d'enfant , tour à tour par chacun des protagonistes, à des allures d'éternité : innocence des mots d'enfant pour décrire le quotidien glaçant de l'addiction , cruel , émouvant , pourtant pétri d'amour et de tendresse , de lumière , sublime !

Rebecca endure, se débat , comas , suées , sursauts , contractures , mais surtout se détruit , elle n'aura comme alliés que la musique , la nicotine et son journal , son mari Anton , aimant mais impuissant ! .

L'écriture est d'une délicatesse et d'une finesse inouïe , chaque chapitre , d'une pudeur extraordinaire,, pleine de grâce , au sein d'une histoire bouleversante ——- sans pathos ——- sans mot de trop ——elle donne le vertige , surréaliste parfois ,poétique aussi .
L'auteure habille chagrin désarroi , souffrance humaine par la magie de ses mots , musique enchanteresse, cette mère «  flamme » , mère «  Éclipse » .
Un sujet grave , brûlant , un brasier traité avec intelligence et profondeur .
Peut - on pulvériser les démons d'une mère ? .
Un bouleversant HYMNE à L'AMOUR ! .
Lu en une journée et un peu cette nuit ….

«  Ma vie m'apparut attaquée à son centre , un ennemi nombreux , actif , vivait en moi . Je l'écoutai, je l'épiai, je le sentis. Je ne le vaincrai pas sans lutte…..et j'ajoutai à demi - voix : c'est une affaire de volonté . Je me mis en état d'hostilité »
ANDRÉ GIDE .page 91.
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«Maman, il faut te réveiller!»

Anton et Rebecca auraient pu connaître un petit bonheur tranquille, entourés de leurs trois filles. Mais Clarisse Gorokhoff, en allant creuser ses souvenirs d'enfance, nous propose un drame et un hommage à une mère qui se voulait libre.

Clarisse Gorokhoff construit son oeuvre à un rythme «Nothombien» (un roman par an). Après de la Bombe et Casse-gueule, voici Les fillettes, qui est sans doute le plus fort et le plus personnel de ses livres. À sa lecture, on peut très bien imaginer le besoin qu'elle a dû ressentir d'entamer sa carrière littéraire par la fiction avant de coucher cette histoire sur le papier, avant de trouver la force et la manière de l'écrire. le drame décrit dans le roman est en effet une partie de son histoire personnelle, la perte de sa mère alors qu'elle n'était qu'une fillette.
Ce sont à la fois ses propres souvenirs d'enfance qu'elle convoque dans le roman et les émotions partagées par la fratrie. C'est du reste après avoir retrouvé des lettres adressées par sa grande soeur à sa mère lui enjoignant de ne pas mourir, alors qu'elle était déjà dans le coma, qu'elle a eu le déclic. Dans un entretien pour le blog «Au fil des livres», elle raconte qu'elle a «été bouleversée par sa petite écriture maladroite et pleine de fautes (elle venait tout juste d'apprendre à écrire) qui donnait à sa mère de tels ordres existentiels. Ça été un choc et une révélation: il lui fallait replonger dans cette histoire et l'écrire.»
Nous sommes au milieu des années 90. Pour Rebecca et Anton ce pourrait être comme un conte de fée: ils se rencontrèrent, se marièrent et eurent beaucoup d'enfants… Trois filles pour être précis. L'aînée Justine va sur ses dix ans, Laurette, la cadette a cinq ans, Ninon est encore au berceau. Quand on les retrouve, à l'heure du réveil, Rebecca manque à l'appel. Elle est encore couchée et n'émergera que plus tard, quand les démons de la nuit l'auront laissée tranquille.
Anton a pris le relais et gère sa petite famille en attendant que Rebecca guérisse. Car il en est persuadé, «un jour, elle ira bien. Ce n'est pas une intuition. C'est une décision. La femme pour laquelle il éprouve ce drôle de sentiment – capiteux mais merveilleux – ne sera plus hantée. Un jour, la vie lui paraîtra aussi plausible qu'aux autres. Et légère. C'est le défi qu'il s'est promis de relever. S'il l'avouait à Rebecca, elle lui rirait au nez. Pas méchamment, non. Après un éclat de rire désinvolte, légèrement grinçant, elle dirait : "C'est mignon Anton, c'est mignon de voir les choses comme ça. Si la vie pouvait être aussi simple…!"»
Les semaines qui suivent vont en effet l'obliger à réviser son objectif. L'addiction est une spirale infernale dont on ne sort pas d'un claquement de doigts.
En retraçant se drame à travers les yeux d'une petite fille, Clarisse Gorokhoff a su trouver la distance nécessaire pour éclairer ce drame d'une belle lumière. Dans ce jeu entre des filles qui grandissent, qui sont poussés par une belle énergie et une mère qui s'étiole et qui devient de plus en plus indéchiffrable, la peine et la douleur sont contrebalancées par une joie et une force, une flamme vive qui entend tout embraser.
Dans un roman d'apprentissage il arrive aussi que les rêves se brisent ou plus justement qu'ils ouvrent vers d'autres réalités, de celles qui construisent une existence, l'entrainent sur des voies jusque-là inexplorées. C'est le beau message de ce livre très précieux.

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Un livre d'une fille à sa mère partie trop tôt.
Une mère fantasque, généreuse, gaie parfois, perdue souvent.
Une mère qui ne peut pas supporter de vivre sans alcool, médicaments ou opiacés.
Une mère qui adore ses filles mais qui n'arrive pas à être heureuse.
L'auteure fait revivre les souvenirs de ses 7 ans avant la terrible disparition.
Et puis, il y a Anton, le père, le socle des trois fillettes.
Un roman plein de tendresse qui, sans nier les ravages de l'addiction, est une déclaration d'amour à ses parents.
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Anton croise Rebecca dans la salle d'attente du cabinet de sa mère, addictologue. Quand il tombe éperdument amoureux, il sait déjà que rien ne sera simple : la jeune femme est poly toxicomane. Elle égare sa douleur dans le neo-codion, avalé avec quelques bières et fréquente le square où circulent d'autres produits.
Justine naît, puis Laurette et enfin Ninon. Anton en est certain, tant de bonheur va permettre à Rebecca de surmonter le vide, de trouver un sens à la vacuité...
Dans des chapitres courts, au présent de l'indicatif qui donne au propos une forme d'urgence, l'auteur décrit le quotidien d'une famille pas comme les autres où l'amour et la fantaisie côtoient le drame, le danger qu'une mère malade fait courir à ses enfants malgré elle, malgré son désir d'être une maman adaptée.
Quelques pages dans lesquelles Rebecca est narratrice font le récit de son combat, de ses tentatives pour résister à l'appel de l'oubli, mais le corps gagne toujours.
Rien de nouveau sur l'addiction dans ce court roman mais le regard tendre, naïf et aimant des fillettes sur leur maman est réellement touchant. Une mère qui vous oublie à l'école, qui ne contraint jamais ni n'impose quelconque règle, une mère qui réussit les crêpes, est capable d'inventer des histoires qui font rêver, des mondes enchanteurs et de vous entraîner dans des danses échevelées au son de Police... Une mère imparfaite mais qu'on aime et qu'on souhaite protéger d'un monde extérieur agressif.
Un bien joli texte.

Challenge ABC - 2020/2021
Challenge MULTI-DEFIS 2021
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Justine, Laurette et Ninon. Elles sont trois. Trois soeurs. Les trois filles d'Anton et Rebecca. Les fillettes.

Anton trime au travail. Il enchaîne les chantiers. Pour faire vivre sa petite famille. Il porte la démission involontaire de sa femme à bout de bras dans l'espoir qu'un jour Rebecca se lève et redevienne enfin elle-même.

"Quelque chose, très souvent, venait vandaliser un moment de bonheur, et alors tout devenait triste. Pourquoi…"

Car Rebecca ne travaille pas. Elle est trop embrumée le matin, souvent pour se lever. Toute la journée n'est ensuite que lutte pour ne pas succomber à la tentation d'une canette de bière ou de la drogue. Rebecca est toxicomane.

"A moi seule, je constituais une hallucinante famille, un trio déchaîné : les produits, la dépendance, le manque. Dans la cité dévastée de mon corps, trois aliénés passaient leur temps à se cogner dessus jusqu'à l'abrutissement."

Rebecca se repose sur l'amour qu'elle porte à ses filles. Elles sont sa bouffée d'air et de bien-être jusqu'à ce que l'appel de la drogue soit plus fort que tout. Alors, elle lâche tout. Elle s'enfonce. Elle perd pied. Jusqu'à oublier d'aller chercher les filles à l'école le soir.

Les fillettes c'est le récit d'un amour. Un amour infini mais pas suffisant pour terrasser l'élément drogue, le sixième membre de la famille. Les fillettes sont alors livrées à elles-mêmes. Elles doivent grandir, trop vite, se débrouiller. Tout n'est pas toujours facile à assumer et à comprendre quand on ne devrait être qu'une enfant. L'insouciance se mêle alors à la réalité de la situation. La dépendance de la mère dépasse tout, jusqu'à l'effondrement. Jusqu'à l'éclipse.

"Leur mère est comme la lune : la plupart du temps elle est là et elle brille… Mais parfois, elle est très haut perchée et on ne la voit presque pas."

Dans ce foyer, il est évident que malaise et amour cohabitent. Mais l'amour peut-il sauver une âme à la dérive ? Aimer ou fuir ? Se laisser tenter… exprimer tout ce qui est enfoui…

"Pourquoi fuir ? Pour provoquer l'inquiétude ? Susciter de l'intérêt autour de ma personne ? Pour ne plus être là ? Quand on prend le goût à la fuite, on sait que c'est foutu – c'est pour la vie. Deux autres choses m'ont procuré cet effet : la drogue et l'écriture."

La plume de Clarisse Goroghoff est belle, laissant transparaître énormément d'émotions. C'est brut de décoffrage. C'est triste et beau à la fois. On ressent la force de l'amour que Rebecca porte à ses filles, on sait qu'il est infini, qu'il est une évidence malgré sa difficulté à tenir son rôle à chaque instant.

"[…] petite, j'étais chimiste-apothicaire, puis je suis devenue aspirante-écrivain et enfin, me voilà mère-à-la-dérive."

Et si les propos des fillettes m'ont d'abord paru trop matures pour leurs jeunes âges, finalement tout me semble crédible. Les souvenirs d'enfance sont souvent édulcorés. Mais surtout, on n'est pas un enfant ordinaire quand on grandit dans un foyer pareil.

Les fillettes… Je suis comme en vrac depuis que j'ai refermé ce livre. L'épilogue m'a remuée, renversée.

En bref, Les fillettes, c'est le récit de la chute d'une femme. A travers les yeux et les émotions de ses filles. le récit d'une enfance pas comme les autres. Bouleversant.
Lien : https://ellemlireblog.wordpr..
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"Leur mère est comme la lune : la plupart du temps elle est là et elle brille... Mais parfois elle est très haut perchée et on ne la voit presque pas."

Un roman qui explore le manque et l'addiction, plus forte que tout...

C'est un récit touchant. Lumineux et tragique à la fois.
Tragique car Rebecca, la mère de 3 fillettes, est en proie à des démons intérieurs depuis l'enfance. Elle a plongé très dans l'addiction aux médicaments, puis à l'alcool.

Elle n'est plus tout à fait présente, souvent dans un ailleurs qui n'appartient qu'à elle, à combattre le manque qu'elle tente de remplir ou d'oublier...

Anton, mari et père qui se débat comme il peut en gérant travail et vie de famille, y croit. "Un jour elle ira mieux."

Ce sont les fillettes qui donnent de la lumière à ce récit. Avec leur regard innocent sur la vie, elles racontent la vie, l'amour, les hauts, les bas, les souvenirs...

Il n'y a pas de jugement dans ce récit. Pas d'atermoiements.
Juste l'amour et le manque. le soleil et la lune. le jour et la nuit. Peut être l'impuissance aussi, cette impuissance des proches qui malgré tout leur amour, ne peuvent retenir à eux une âme en proie à des démons plus forts qu'elle...

Un moment de lecture plein de poésie.





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J'avoue que ce livre me faisait peur, j'avais retenu le mot "larme" de certaines chroniques....
Et puis, par une belle après -midi ensoleillée d'octobre, j'ai rencontré Clarisse Gorokhoff, lors d'une séance de dédicace "provinciale ", si le terme sied à Biarritz 😉.
Une jeune auteure menue, solaire, un rire sonore et de grands yeux indéfinissable, loin d'être tristes....et c'est l'image de cette jeune femme avenante et bien dans ses baskets, que j'ai tenu à garder tout au long de cette lecture.
Et franchement, cela m'a beaucoup aidé parce qu'il prend aux tripes ce livre, il vous remue, vous secoue et vous retourne le coeur.
Il y a des enfances aux soleils percées pour reprendre les mots de Clarisse. Les fillettes ont vu leur maman se débattre avec ses démons intérieurs, rongée de l'intérieur par un mal être sournois et par les opiacés, ce leurre facile ...et funeste qui apaise l'âme un temps avant de l'avaler.
Il y a de l'amour dans ce livre, quand Rebecca se relève, la vie des fillettes est drôle, fantasque et singulière, Laurette, Justine et Ninon aime inconditionnellement et sans jugement cette maman, elles ont appris à être discrètes pout préserver la fragilité de leur mère.
Et puis, Anton, ce père démuni et impuissant devant cette épouse qu'il aime passionnément mais qu'il ne sauvera pas.
Car rien ne sauvera Rebecca.

Clarisse, ce livre est magnifique et puissant. Il nous ramène à notre propre enfance, nos failles qui sont aussi nos forces forcément.

Conclusion : ne retenez pas que la tristesse de ce livre mais surtout que L'amour, la liberté et la fantaisie est un bien joli héritage.
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C'est une histoire terrible que celle de ces fillettes.

Elles sont trois: Justine, Laurette et Ninon, qui, en dépit de leurs efforts conjoints, faits d'un amour sans condition dont seuls les enfants ont le secret, et d'une confiance absolue dans la vie, ne parviendront pas à sauver leur maman.

Rebecca a 33 ans, "l'âge du Christ en croix", et honnêtement, la plupart du temps c'est à peine si elle parvient à sortir de son lit, alors se sortir des addictions...

Faut dire qu'elle se donne du mal, Rebecca, depuis son adolescence, d'abord pour attirer l'attention de parents absents, puis pour fuir la réalité, celle de son échec à les faire réagir.

Anton est tombé amoureux de ses yeux pleins de défi, de sa rage qui cachait mal son envie de disparaître. Lui, le fils de psychiatre, artiste surdoué qui n'a d'autre ambition que d'être heureux, en est sûr: "Un jour elle ira bien. Ce n'est pas une intuition. C'est une décision."

Alors il abandonne tout, apprend à peindre les murs des autres plutôt que des toiles de coton, et Rebecca y croit.

Pendant quelques années d'un doux répit, ils font trois enfants, trois filles phare, bouée et lumière... mais il est des dragons que même le plus charmant des princes, mêmes les plus valeureuses des princesses ne peuvent combattre:

"En rentrant du travail, Anton a repéré les canettes de bière dans la penderie de l'entrée, et, près de l'évier, une plaquette de Néo-Codion entamée. Rebecca s'est expédiée sur sa planète-opiacés."

Les fillettes est le récit d'une enfance écourtée, parsemée d'intenses allégresses, d'aventures fantasques et d'histoires merveilleuses mais toujours menacée par la noirceur d'un nuage planant, maléfique, au dessus de Rebecca.

Le récit est principalement concentré sur une journée unique, narrée tour à tour par chacun des protagonistes, et qui, à hauteur d'enfant, à des allures d'éternité.

L'innocence des mots d'enfants pour décrire le quotidien de l'addiction... c'est glaçant, ça met en colère, ça émeut...

Les fillettes est un roman cruel, et pourtant, à tellement d'égards, rempli de lumière et d'amour.

Rebecca est morte du manque, et, ironie du sort, c'est ce qu'elle laissera en héritage à ses enfants.

Je laisse les mots, sublimes, de la fin à l'auteure:

"L'enfance est irréparable. Voilà pourquoi, à peine advenue, nous la poussons gentiment dans les abîmes de l'oubli. Mais elle nous court après - petit chien fébrile -et nous poursuit jusqu'à la tombe. Comment peut-on en garder si peu de souvenirs quand elle s'acharne à laisser tant de traces?"
Lien : https://chatpitres.blogspot...
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C'est la théorie d'un attachement auquel, par un pacte au goût de trahison, aux parents se sont substitués les drogues, les opiacés ; toute la substance d'un monde obscur qui s'insinue en une déferlante de nuages assombrissant l'âme.
Elle est une planète désorbitée, dont le ciel changeant ordonne aux humeurs, soumise à l'attraction occulte d'une force noire de médicaments blancs.
Victime du mensonge de l'enfance, qui lui avait promis une vie aussi légère qu'une ascension vers les nuages.
Pourtant, son existence est lourde, du poids des peurs et des angoisses ; lourde comme sa tête chaque matin, envahie par ces mêmes nuages, démoniaques.
Son quotidien, lui est une perpétuelle descente.
Celui d'une mère en manque.

D'une mère qui leur manque. A ses trois fillettes.
Qui est ici mais est ailleurs, toujours en fuite des autres, toujours en fugue d'elle-même. Echappée d'une réalité qu'elle ne comprend pas, spectatrice d'une réel auquel elle n'appartient pas.
Réfugiée parfois dans cette enfance qui pourtant l'a trahie, elle s'appuie sur ses filles. Ses remparts, ses phares, ses piliers.
Dans une fusion des âmes, dans une inversion des rôles, les enfants viennent au secours de la mère dans l'espoir que celle -ci sauve la femme.
Elles prendront le relais de son récit pour, avec leurs voix, terminer son histoire. La commencer. Lui donner naissance par les mots, eux qui coulaient dans ses veines dépendantes, dans son corps qui se désagrège. Lui donner la vie, pour l'éternité en la racontant.
Quand par la mort naît une mère. Quand par la mort naissent trois mères.

C'est la théorie de l'attachement dans une pratique de la dépendance. Quand la famille se construit en soustraction, quand l'absence prend une place immense.
Quand le quotidien est la vie volée des anges.
De fillettes en manque.

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