« Mais trois fillettes peuvent - elles sauver une femme? .
« Avec des cris, des rires, des larmes , peut - on pulvériser les démons d'une mère? » .
« Laurette sait que la laideur rend triste : la tristesse peut tuer. C'est sa maman qui l'a dit » .,.
« La peur de la peur , n'est ce pas la bonne vieille angoisse ? »
« En créant la mère, Anton pourrait - il sauver sa femme ? » .
Quelques extraits de ce roman où l'auteure tente d'attraper la lumière qui s'insinue dans les failles , pour fortifier ce qui fut brisé , le sublimer , par la magie blanche de ses mots?
Est - ce autobiographique ?
Je découvre cette auteure …
Une sorte de roman témoignage , hommage , coup de poing sur la magie de l'enfance , les joies et espérances de la maternité, , la famille, ses rires, ses larmes, la vitesse, l'ivresse des sentiments, les soubresauts des addictions : une claque au lecteur, l'incroyable mystère de la souffrance humaine …
Rebecca et Anton sont les heureux parents de trois adorables petite filles , la pétillante Justine , six ans , Laurette ,petite princesse de quatre ans , enfin la délicieuse Ninon, dix - huit mois.
Hélas , ce bonheur maternel ne suffit pas à Rebecca pour mettre à distance son passé , elle n'échappera pas à des nuits de névrose, , son noeud existentiel : boire , fumer , mentir, se défoncer jusqu'à ne plus sentir ,à tenter de massacrer les causes d'un supplice inconnu ,brouiller quelques minutes , tenir la violence de ce qui l'entoure à distance, une addiction très ancienne ….
Chaque jour ses démons reviennent la hanter, pourtant elle a passé sa jeunesse dans un quartier aisé : parents ,elle pharmacienne , lui médecin, études brillantes en prépa littéraire….
Mais la jeune femme , trente - trois ans , fascinée par les opiacées , très jeune, littéralement subjuguée par les mystères de la chimie pharmaceutique …
Anton a cru qu'Il aurait avec elle vitesse et ivresse , un futur unique fougueux, insolite .
Elle insuffle un vrai grain de folie , des soubresauts insolents et radieux , faisant le bonheur de ses filles , les aimant sans reprendre son souffle ? .
Un amour enchanteur , inconditionnel , absolu émane de leur regard pur..
L'ingénuité des petites filles questionne et interpelle tout au long du roman. ressemble à une flamme au coeur d'un grand brasier incandescent mais fragile , une intrigue crépitante , poignante , à hauteur d'enfant .
Peut on sauver une mère avec les seules insouciance et innocence enfantines ? .
Du haut de leurs 18 mois , quatre et six ans , elles tenteront , avec grâce ,de lui insuffler l'énergie qui lui permettra d'espacer ses prises de drogue et d'alcool —— éclairs intenses et fugitifs de lucidité : « Manquer d'une mère , c'est porter en soi jusqu'à la tombe , une fêlure » .
N'oublions pas le journal intime de Rebecca , fulgurant, bouleversant , ahurissant..
Ce roman ressemble à une mélodie intime , déchirante , explosive , le récit ô combien poignant de cette enfance fauchée , écourtée , mêlée de soleil et d'aventures fantasques , d'histoires merveilleuses , menacée par la noirceur d'un nuage noir, maléfique, planant au dessus du quotidien de Rebecca .
Le récit est principalement centré sur une seule journée , unique , narrée à hauteur d'enfant , tour à tour par chacun des protagonistes, à des allures d'éternité : innocence des mots d'enfant pour décrire le quotidien glaçant de l'addiction , cruel , émouvant , pourtant pétri d'amour et de tendresse , de lumière , sublime !
Rebecca endure, se débat , comas , suées , sursauts , contractures , mais surtout se détruit , elle n'aura comme alliés que la musique , la nicotine et son journal , son mari Anton , aimant mais impuissant ! .
L'écriture est d'une délicatesse et d'une finesse inouïe , chaque chapitre , d'une pudeur extraordinaire,, pleine de grâce , au sein d'une histoire bouleversante ——- sans pathos ——- sans mot de trop ——elle donne le vertige , surréaliste parfois ,poétique aussi .
L'auteure habille chagrin désarroi , souffrance humaine par la magie de ses mots , musique enchanteresse, cette mère « flamme » , mère « Éclipse » .
Un sujet grave , brûlant , un brasier traité avec intelligence et profondeur .
Peut - on pulvériser les démons d'une mère ? .
Un bouleversant HYMNE à L'AMOUR ! .
Lu en une journée et un peu cette nuit ….
« Ma vie m'apparut attaquée à son centre , un ennemi nombreux , actif , vivait en moi . Je l'écoutai, je l'épiai, je le sentis. Je ne le vaincrai pas sans lutte…..et j'ajoutai à demi - voix : c'est une affaire de volonté . Je me mis en état d'hostilité »
ANDRÉ GIDE .page 91.