L'histoire commence à l'époque coloniale en Centrafrique, "à une époque où nous n'avions pas encore largué les amarres de nos conditions premières. A preuve, nous continuions, en marge sinon en plus de nos activités scolaires, de subir les différentes épreuves d'initiation telles que la circoncision, le "soumalé" qui devaient faire de nous des hommes bien de chez nous, aguerris, intelligents, responsables et surtout conscients de nos devoirs vis-à-vis de notre société" ... et "nous avions des tas de choses que personne ne pouvait nous contester ou nous disputer". Notamment les veillées, et surtout cette veillée mémorable où le vieux Ngalandji, dit Ngala, le patriarche et la mémoire du village, raconte la razzia qu'il a vécue quand il était adolescent.
A l'époque, le village était ailleurs en Afrique Centrale, dans un secteur qui a depuis été deserté à cause des razzias esclavagistes (venues des territoires actuels du Tchad et du Soudan). En racontant la razzia puis la pérégrination de la caravane des esclaves, Ngala raconte l'harmonie perdue d'un village où chacun, hommes et esprits, avait sa place et son rôle. Il raconte le quotidien avec des bonnes chasses et récoltes, le tissu des valeurs morales qui animaient ce village. Dans son récit interviennent divers contes et légendes de cette culture, qui tendent à raconter que le faible, le petit peut avoir une chance de s'en sortir face à un plus puissant... En regard de cette culture, cette sagesse, cette humanité, les esclavagistes sont complètement étrangers et mystérieux par la brutalité et l'inhumanité de leurs actes et font figure de vrais sauvages survenus saccager une civilisation ordonnée et sereine.
Ces deux histoires racontent avec beaucoup de grâce deux niveaux de destruction de la société : la destruction brutale par les esclavagistes et, 1 ou 2 siècles plus tard, la destruction sournoise par l'arrivée de la modernité (l'école, l'automobile, l'avion, les maisons des blancs, leur cimetière, les 17 boutiques)....
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"Ecoutez-moi, tous! J'ai châtié l'elephant pour venger ma famille, mes amis, et tout le peuple des petits, des rampants t des autres.
Et j'ai tué l'éléphant pour vous prouver que , malgré votre force brutale, vous êtes aussi vulnérables que nous"
Le lion qui a la dysenterie est bien obligé de faire comme n’importe quelle biche souffrant de la même maladie.