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Citations sur La Forme d'une ville (7)

Je n'ai nulle aversion pour les villes fourmillantes, tintantes et résonnantes, qui semblent s'exalter dans leur propre clameur et donnent parfois le présentiment de ce que pourrait être un orgasme de la pure activité.
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Quand je poussai une dernière fois derrière moi la porte du jardinet de la rue Haute-Roche, le jour qui se levait avait cette rémission limpide, bénigne, d'après-matines, encore peuplée par le seul chant des oiseaux, qu'évoque toujours pour moi le titre d'un roman d'André Dhôtel que je n'ai pas lu : "Les Rues dans l'aurore".

[Julien GRACQ, "La Forme d'une ville", José Corti éditeur (Paris), 1989]
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Les livres ont leurs racines, comme les plantes, et comme celles des plantes, elles sont souvent sans grâce et sans couleur.
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C'est Apollinaire qui a, le premier, fait remarquer le microclimat dont l'embellie soudaine vient baigner pour nous certaines rues parfaitement anonymes, rien qu'à cause d'un éclat de gaîté inattendue que nous renvoient leurs façades, d'une manière qu'elles ont de capter dans leur enfilade le soleil encore tout neuf de dix heures du matin:

"J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était
(…)
J'aime la grâce de cette rue industrielle située entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes"

(…)
Il m’arrive encore aujourd'hui, au coin de certaines rues de Boulogne ou de Billancourt qui donnent sur la Seine, de surprendre dans leur perspective un air de netteté vacante, inattendue, et comme fraîchement balayée, que la moindre touche de soleil matinal exalte et fait presque reluire: on dirait que l'enthousiasme naïf de la génération ouvrière du plus lourd que l'air les habite et les allège encore. Il est clair qu'un effet de surprise joue pour nous à tout coup dans de pareilles rues, du fait qu'elles devraient être enlaidies par les formes les plus rebutantes du travail, et que pourtant le bonheur fugace d'un rai de soleil les transfigure. Mais cet effet peut surgir aussi, moins explicable, au milieu du quartier le plus banalement bourgeois, et surgir de presque rien: d'une déclivité de la chaussée qui s'ouvre tout à coup devant votre pas invitante et tentatrice, d'une sinuosité à peine sensible de l'axe de la rue qui voile et dévoile à-demi en même temps sa perspective, d'un arbre qui s'incline vers le trottoir par-dessus la crête d'un ancien mur, d'un équilibre que le hasard réalise dans le rythme des masses et des intervalles des bâtisses, et qui parle brusquement à l'œil. Le sentiment très simple nous gagne alors qu'il fait bon se tenir ici, que la vie y retrouve ses marques perdues et son rythme natif, et que le monde, d’un bref clin d’œil souriant, nous renouvelle et nous confirme ses épousailles.

pp 34-36
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Et le nom de terrains vagues, que j'ai d'ailleurs salué, recouvre ici pour moi un désir en même temps qu'une image élue : la confusion embrume par places ces lisières des villes en fait des espaces de rêves en même temps que des zones de libre vagabondage.
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Une ville qui nous reste aussi longtemps à demi interdite finit par symboliser l'espace même de la liberté.
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Centre administratif peu surchargé, plus riche de notaires que d’entrepreneurs, appareil digestif discret de la rente foncière.
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