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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tout simplement fascinant… le coeur glacé m'a "happée", j'ai vraiment adoré ! Je pourrai en rester là, vous dire que ce livre fait plus de mille pages mais que dès que vous le commencerez vous ne le lâcherez plus et que vous ne vous rappellerez même pas qu'il y en avait autant, que vous ne voudrez plus qu'il finisse… le roman d'Almudena Grandes n'est pas un succès littéraire espagnol pour rien. Très bien écrit, il retrace une grande partie de l'Histoire contemporaine de l'Espagne. L'incursion de la fiction sur le terrain de la guerre civile espagnole est menée avec maestria.

Soit une fresque intense, captivante, qui commence par l'enterrement du patriarche Julio Carrion, mort à 83 ans d'une crise cardiaque, en 2005. Sa veuve et ses cinq enfants se retrouvent au cimetière. La présence discrète d'une inconnue trouble l'un des fils, Alvaro, prof de physique à l'université de Madrid, marié et père d'un petit Miguel. Cette vie tranquille va voler en éclats au contact de ladite inconnue, une certaine Raquel Fernandez Perea, jeune banquière de 35 ans, jolie, intelligente. Elle révèle à Alvaro quel lien inattendu l'unissait à son père. Malaise. Alvaro s'interroge. Qui était vraiment cet homme de tempérament aux origines modestes devenu richissime ? Comment avait-il fait fortune ? Impossible d'empêcher le passé de refaire surface. Un passé poisseux, qui empoisonne peu à peu le présent d'Alvaro et des siens, mais qui le précipite, contre toute attente, dans les bras de Raquel... Soit plus de 1000 pages où se croisent, se recroisent, chapitre après chapitre, une fois au passé, une fois au présent, une belle histoire d'amour, mais aussi celle de deux familles espagnoles intimement liées, deux familles qui ont chacune des secrets très lourds à porter. 1072 pages pour nous plonger dans "juste une histoire espagnole comme les autres". Une histoire étonnante et ambitieuse. Il aura fallu quatre ans de recherche à son auteur pour écrire cette extraordinaire saga familiale enkystée dans le XXième siècle et ses guerres.

Almudena Grandes noue une intrigue qui lui permet de retracer 70 ans d'histoire de l'Espagne à travers la vie des deux familles de bord opposé : les sombres périodes de la guerre civile, de la seconde guerre mondiale, de la dictature franquiste et l'après dictature.

A lire absolument pour connaître le destin de ces milliers de personnes qui se battirent pour leurs idées jusqu'à tout perdre y compris la vie, pour comprendre ce que cela signifia de continuer à vivre pour les exilés républicains de 1939, ce que signifia pour eux l'incompréhensible bienveillance des démocraties européennes vis à vis de Franco à la libération, ce qu'ils ressentirent lorsque, enfin de retour en Espagne, ils comprirent que tout avait été fait pour les oublier ... Les héros du roman vérifient à leurs dépends que la vérité et le devoir de mémoire, pourtant indispensables, engendrent aussi douleur et violence. Impossible de tout dire, tant le roman offre de thèmes de réflexion et de sentiments divers tout en nuance. Si on ne peut s'empêcher d'être souvent ému à la lecture, c'est que chaque détail est inspiré de "vraies vies" et il faut absolument lire la note, émouvante, en fin de roman où l'auteur remercie individuellement les espagnols qui ont accepté de témoigner avec beaucoup de dignité.

Ce roman est magnifique, tant par le souffle historique que l'écriture, tout est parfait. Ne vous laissez pas impressionner par ce pavé, ça en vaut vraiment la peine ! Bouleversant, poignant, il retentira longtemps en vous, tel un chant flamenco andalou : envoûtant. Ce livre se dévore comme une saga, avec ce petit supplément d'âme qui donne l'impression d'en sortir grandi.

Après une lecture aussi prenante, je me demande sur quoi je vais bien pouvoir enchaîner ... C'est le problème avec les "coups de coeur" !
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Un roman-fleuve qui emporte, colossal et captivant. Almudena Grandes nous fait pénétrer au coeur de la vie de deux familles espagnoles, les Carrion et les Fernandez, dont on partage les espoirs, les déchirements et les souffrances, les amours et les haines, les trahisons et les deuils. Tous vont être entraînés dans le flot mouvementé et tragique de l'histoire espagnole de l'avènement de la 1ère République en 1931 puis la victoire du front populaire espagnol en 1936, suivi du soulèvement des carlistes et phalangistes qui mène à la guerre civile de 1936 à 1939, pour aboutir à la soumission de l'Espagne sous la dictature franquiste. 
La fin de la dictature, en permettant le retour des exilés, fera rejaillir le poids du passé sur les enfants et petits-enfants qui, de soupçons en questionnements, vont rompre le silence et mettre au jour des liens et des facettes de leurs parents qu'ils n'imaginaient pas.
Le lecteur est tenu en haleine de bout en bout, car Almudena Grandes parvient à nouer une intrigue qui, au fil des retours en arrière, ne se dévoile que très progressivement et fait s'imbriquer tous ces destins qui se croisent comme les pièces éparpillées d'un puzzle dont on finit par trouver la place.
Ainsi d'Alvaro, fils de Julio Carrion riche homme d'affaires madrilène, qui va découvrir la complexe et trouble personnalité de son père à la faveur de sa rencontre avec Raquel Fernandez Perea, mystérieuse jeune femme, présence troublante, entrevue au cimetière lors de l'enterrement de ce père dont il dit et répète plusieurs fois qu'« il avait été un homme beaucoup plus extraordinaire que nous, ses enfants, ne l'étions devenus».
Et pourtant...l'image lumineuse du séducteur et du magicien va se fissurer. La passion qui naîtra entre Alvaro et Raquel, fille et petite fille de républicains exilés en France, va faire basculer la vie d'Alvaro en la bouleversant de fond en comble. Car... «...de nombreuses années s'écoulèrent, avec leur cortège de changements, mais Raquel Fernandez Perea ne cessa jamais de regarder le ciel. Et elle n'oublia jamais le nom de l'homme qui avait fait pleurer son grand-père.»
Une fois entamé, j'ai été prise dans les rets de ce roman historique riche de grands moments d'émotion et de nombreux personnages très attachants. J'ai essayé de freiner, de faire quelques poses en sachant qu'une fois arrivée au bout d'un tel livre j'allais en être triste et me sentir vide et désoeuvrée mais j'y suis revenue très vite et j'y reviendrai sans doute encore.
Car la note de l'auteur, en fin de volume, intitulée «De l'autre côté de la glace», ne fait que renforcer l'intérêt passionné pour cette lecture où la réalité l'emporte sur la fiction..... A l'épigramme extrait d'un poème de Antonio Machado, mort d'épuisement à Collioure en février 1939, «Petit espagnol qui vient au monde/ Que Dieu te préserve,/ Une des deux Espagnes saura te glacer le coeur» répond une déclaration, toujours d'Antonio Machado, en décembre 1938, placée à la fin «... pour les stratèges, pour les politiques, pour les historiens, tout est clair : nous avons perdu la guerre. Mais sur le plan humain, je n'en suis pas si sûr... Nous l'avons peut-être gagnée.»
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Coup de foudre !
Voilà un roman qui m'a empêchée de dormir plusieurs nuits durant (il est gros !) et que j'ai dévoré avec frénésie, espérant comme dans tous les chefs-d'oeuvre que ça ne se termine jamais...

Pour Raquel, Alvaro quitte son épouse et son fils.

Mais cette passion prend un tour déchirant lorsque les origines de chacun apparaissent au grand jour. Elle, est descendante de républicains exilés en France, lui, fils d'un odieux opportuniste qui a bâti sa fortune sous Franco.

Divine ballade espagnole, fresque magistrale d'un pays encore hanté par les décennies franquistes. On y redécouvre avec effroi les horreurs et les tourments commis et subis dans les deux camps autour d'une histoire d'amour déchirante, écrite (et traduite) dans une langue magnifique et documentée de façon irréprochable.

Almudena Grandes maîtrise avec brio un sujet difficile, une tragédie qui a divisé l'Espagne pendant de longues décennies et y introduit un souffle romanesque absolument irrésistible : bouleversant, passionnant, tout simplement exceptionnel !!!
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Je n'ai pas pour habitude de faire dans l'emphase, mais il ne m'a fallu que quelques dizaines de pages pour m'apercevoir que ce livre n'est pas un énième roman sur la Guerre civile espagnole. C'est beaucoup plus que ça. En effet, à travers le portait de trois générations d'Espagnols, le récit nous permet de vivre de l'intérieur ce qui s'est passé au sud des Pyrénées ces cent dernières années. Et ça n'est pas rien.

Si je ne devais donner qu'un exemple, j'ai littéralement pleuré lorsque j'ai lu la partie consacrée à la rencontre entre un officier républicain espagnol et une compatriote réfugiée à Toulouse au milieu de la Seconde Guerre mondiale.

Pourtant, cette saga familiale est tout sauf un roman à l'eau de rose. Les personnages sont criants de vérité et leur destin rugueux a rencontré un écho au plus profond de moi… On sent que l'écrivain Almudena Grandes s'est extrêmement bien documentée sur les années 1936-1960 avant d'écrire ce livre. Au final, cette épopée s'insère avec finesse dans la période 1920-2007 qui aura vu l'Espagne passer par tous les états d'âme.

Le récit débute en 2007, lorsque les Carrión enterrent Julio, le patriarche de la famille. Alvaro le narrateur, qui est aussi son fils, se tient en retrait de la fosse, ce qui n'est pas un hasard. À quelques mètres de lui une belle inconnue observe toute la scène. C'est notamment elle qui, plus tard, obligera le cadet à explorer le passé pour le moins trouble de son père. Ainsi, tout le roman est émaillé de retours au temps de la Guerre civile (1936-1939) et aux décennies de plomb qui ont suivi avant la mort de Franco en 1975.

On découvre entre autres l'extraordinaire ferveur qui animait des hommes et des femmes persuadés à juste titre de vivre une parenthèse à l'époque inédite dans l'Histoire de l'Europe : droit au divorce et à l'avortement, liberté d'expression, suppression de certains privilèges de la bourgeoisie et du clergé, des syndicats puissants et respectés… Bref, tout ce que l'Espagne et une bonne partie du vieux continent n'avaient encore jamais connu.

Mais, après l'euphorie liée à la victoire électorale des Républicains en 1936, très rapidement les troupes nationalistes de Franco ont commencé à assiéger Madrid et ses environs. L'occasion pour le lecteur d'observer le comportement héroïque ou odieux de certains citoyens qu'on peut qualifier de « normaux » dans la mesure où rien ne les distingue à priori du commun des mortels...

En 1939, lorsque Madrid tombe, la famille Fernández, qui appartient à la bourgeoisie madrilène et qui a in extenso choisi le camp républicain, doit fuir vers la France.

Plutôt que de révéler une intrigue réaliste qui évite habilement le pathos tout en mettant en exergue la sinistre réalité de l'époque, je préfère tirer un parallèle avec deux événements récents qui rappellent hélas ! la situation de Madrid en 1939 : Sarajevo (1992-1995) et plus récemment Alep et la Syrie tout entière.
Là aussi, ceux qui semblaient avoir la légitimité morale et démocratique de leur côté ont été abandonnés à leur sort par cette Union européenne qui prétend amener la paix et la prospérité pour tous « dans le respect des valeurs démocratiques »...

Comme si les gens qui se révoltent contre l'arbitraire et l'injustice devaient forcément être défaits par la tyrannie et la barbarie de régimes à chaque fois soutenus par des dictatures étrangères surpuissantes militairement parlant.

On se consolera légèrement avec les paroles criantes de lucidité écrites par le poète Antonio Machado en décembre 1938, deux mois avant sa mort : « pour les stratèges, pour les politiques, pour les historiens, tout est clair : nous avons perdu la guerre. Mais sur le plan humain, je n'en suis pas si sûr… Nous l'avons peut-être gagnée. »
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Au départ, il faut bien dire que le titre ne m'emballait pas, d'autant qu'il s'agit vraiment de la traduction du titre original (El corazon helado), je craignais un romanesque à l'eau de rose ou quelque chose de ce genre là. Et, du coup, le coeur glacé d'Almudena Grandes est plutôt une bonne surprise.

Alors, évidemment, il faut aimer les sagas, et les sagas conséquentes, puisqu'ici on frôle allègrement les 1500 pages (bonne idée de l'éditeur d'avoir divisé ça en deux tomes, pour des raisons pratiques évidentes, liées notamment au poids conséquent du livre, particulièrement sensible le soir à une heure tardive !). Mais ce roman-fleuve s'avale en rien de temps, la lecture est fluide, par moments haletante, et il est très difficile de lâcher cette belle fresque dès lors qu'on l'a attaquée.

Toutes les composantes de la bonne saga sont là : secrets familiaux sur plusieurs générations, foisonnement de personnages (un peu difficile à maîtriser dans les premières pages, il faut bien le dire), mais des personnages attachants, que l'on a l'impression de connaître à la fin du roman, haines recuites, vengeances, cadavres sortant du placard, trahisons, et histoires d'amour et de passion. Qui plus est, le thème est passionnant. Il ne s'agit pas tant d'un roman sur la guerre d'Espagne (il y en a de bien meilleurs !), mais d'un roman sur la mémoire de la guerre dans la société espagnole, les fantômes de la guerre civile, et sur l'Espagne franquiste, des choses que, pour le coup, on a beaucoup moins l'habitude de lire. L'auteure est géographe (!) et historienne de formation, et son travail s'appuie sur une grosse bibliographie, et le récit du Coeur glacé résonne d'une façon troublante, où rien n'est vrai mais où tout pourrait l'être.

Le roman croise les histoires compliquées de deux familles : les Carrion et les Fernandez, dont le destin s'est irrémédiablement lié durant la guerre d'Espagne, d'une façon assez mystérieuse. L'intrigue tourne autour du fascinant personnage de Julio Carrion, père de famille et époux aimant, brillant entrepreneur autodidacte, qui meurt au début du roman d'un accident cardiaque. A l'enterrement, l'un de ses fils remarque une jeune femme qui se tient à l'écart ; il découvre quelques jours plus tard que cette trentenaire, Raquel Fernandez Perea, a été la conseillère financière de son père octogénaire ... et sans doute bien plus. La vie d'Alvaro, jusque là bien tranquille (professeur d'université, père de famille et mari comblé), bascule alors.

Peu à peu, au travers d'allers et retours entre plusieurs périodes (l'ère républicaine et la guerre d'Espagne dans les années 1930, la Seconde guerre mondiale dans les années 1940, les années 1980 et la fin de la dictature, et la période principale de la narration, dans les années 2000), le fil du récit dévoile des secrets de famille troublants, qui vont transformer les personnages. C'est l'occasion d'une réflexion de grande ampleur sur l'exil et la mémoire, la reconstruction du passé, la filiation, la morale et la justice, ou comment les trois courtes années de la guerre civile ont changé pour toujours le visage de l'Espagne et marqué à jamais les Espagnols, cette mémoire étant toujours vive et douloureuse aujourd'hui encore, avec la génération des petits enfants.

Bref, c'est très très bien, approuvé et vivement recommandé ! (Madle je t'amène ça demain comme promis !)
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Ma critique : Née à Madrid en 1960. Son premier roman « Les Vies de Loulou », a été traduit dans le monde entier. le Coeur glacé « El corazon helado » a connu un succès retentissant en Espagne où il a été vendu à plus de 300 000 exemplaires“Almudena Grandes est l'un des plus grands écrivains de notre temps. Son dernier roman, le Coeur glacé, ambitieux, profond et passionnant, en est une nouvelle preuve.”Mario Vargas Llosa (prix Nobel de littérature 2010) Ce roman est la rencontre de l'Histoire avec un grand H et du destin de deux familles, l'une franquiste, l'autre républicaine (les rouges).l'auteur y mêle étroitement réflexion et émotions . Il permet de connaître le destin de ces milliers de personnes qui se battirent pour leurs idées jusqu'à perdre leur famille restée en Espagne que certains ne revirent qu'après la mort de Franco, leur pays, et pour certains la mort.Il permet aussi de comprendre la vie de ces exilés républicains de 1939 leur incompréhension vis à vis des démocraties européennes bienveillantes envers Franco à la libération, et aussi leur retour en Espagne après 1975 lorsqu'ils comprirent que tout avait été fait pour les oublier, leur patrimoine volé par des hommes qui se sont enrichis sous la dictature de Franco, et leur morts enterrés dans des fosses communes…J' ajoute que "corazón helado", Coeur glacé, fait référence au grand, poète Antonio Machado : " una de las dos Españas ha de helarte el corazón" décédé à Collioure en 1939 (lui aussi exilé)Il faut savoir l'amour intense que les Espagnols de l'exil portent à Machado. Il est l'image même de l'exil et de la tolérance. Lui qui ne connut l'exil réel que quelques jours pour en mourir, mais qui aura vécu l'exil intérieur toute sa vie. Sa tombe à Collioure avec sa bouche d'ombres en forme de boîte à lettres est ouverte à toutes les interrogations, toutes les questions. Elle est devenue une sorte de phare qui attire tous ceux qui ont en eux la mélancolie de l'exil, ou qui un jour ont entendu quelques bribes des paroles de Machado.Un livre écrit pour tous les exilés Nena
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J'ai adoré ! Et pourtant, j'ai eu beaucoup de mal au début avec la relation naissante entre Álvaro et Raquel, je ne voyais pas ce qu'elle venait faire au milieu des flash back de la guerre civile, de l'exil, de la deuxième guerre mondiale, du retour... Et puis, petit à petit, chaque pièce du puzzle trouve sa place.

C'est une fresque magnifique de l'Espagne du XXe siècle que nous offre là Almudena Grandes. Une histoire, des mots qui résonnent encore moi, alors que j'ai refermé cette brique énorme il y a quelques jours déjà. C'est une plongée dans cette ambiance feutrée de non-dits, de secrets et ces tensions qui ont traversés toutes les familles espagnoles et qui les traversent peut-être encore.

Personne n'est oublié. Ceux qui ont choisi le clan des "gagnants", ceux qui ont choisi de partir et ceux qui sont restés, par défaut. Ceux qui ont été braves, ceux qui ont été lâches, ceux qui ont souffert, ceux qui ont profité des "opportunités".

Une histoire qui prend aux tripes pour ces visages, ces petites histoires que donne, avec beaucoup de tendresse, Almudena Grandes à cette partie sombre de l'histoire, pas si ancienne, d'Espagne.

À lire, sans aucun doute !
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Un roman d'un grand lyrisme sur des histoires de familles ayant participé et vécu la guerre civile espagnole (1936-1939). L'amour, la haine, la traîtrise, la misère, l'exil, le souvenir et l'oubli, tous ces thèmes sont abordés dans ce roman d'une écriture riche et intense qui nous fait voir les ravages causés par cette guerre fratricide.
Un bémol pour l'édition : l'arbre généalogique nécessaire à une bonne compréhension a été placé à la fin du livre.
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cela faisait tres longtemps que je tournais autour de ce livre... Quelle découverte!
tout d abord l histoire : je ne connaissais absolument pas cette période de l Espagne. Bien entendu, j avais appris mes leçons d histoire mais, cette vision de l interieure m a eclairee... Que de violence, de prise de position pour sa liberté, pour sa vie...

Ensuite un immense coup de coeur pour ces personnages : julio, ignacio, Alvaro, raquel, theresa, anita, angelica, paloma et j en oublie surement... tous avec leur passé, entremelé avec leur present et leur avenir... exceptionnelles portraits d'etres humains balayes par les vagues puissantes de ce monde en pleine mutation politique...

Et enfin, une ecrivaine qui m' a littéralement prise dans ses filets de mots, de ponctuation, de syntaxe... phrases souvent longues mais avec de si beaux ensemble de mots qui composent au final une harmonie vive et emportée... Des rayons de soleil pour elairer des situations rendues parfois complexes par les prenoms par forcement facile à comprendre au depart...
Pour finir, j'ai adoré...
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Ce livre est indispensable si vous voulez en savoir plus sur la situation de l'Espagne de 1937 jusqu'aux années 2000, mais surtout si vous voulez connaître les différentes situations difficiles que les Espagnols ont vécues à cause de la Seconde Guerre mondiale et surtout après, pendant le franquisme. Les histoires racontées ici sont basées sur des événements réels que l'auteure mentionne à la fin du livre. Il est divisé en 3 parties, la première s'appelle : "le coeur", dans ces pages, nous découvrons la situation de grands-parents qui apprennent la chute de Franco en 1977. Mais aussi de l'événement qui restera gravé dans la mémoire de Raquel, la petite-fille d'Ignacio, un événement qu'elle garderait dans son coeur. Dans cette partie, j'ai apprécié les références au ciel de la patrie et à la saveur de la nourriture, à travers la mention des aubergines qui, selon Anita (la grand-mère), ne sont pas les mêmes en France, où ils sont exilés, qu'en Espagne. Les personnages espagnols disent que leur pays est un pays de "fils de pute" et la référence au moment où ils retourneront en Espagne. le verbe "retourner" prend un sens réel à travers ces récits. Cependant, il me semble que dans différentes phrases, la force du texte espagnol est obscurcie par la traduction. Cela est peut-être influencé par le fait que l'espagnol est ma langue maternelle. Almudena Grandes, à travers son texte, nous enseigne que la conjugaison de certains verbes a une signification particulière pour les Espagnols. Cela signifie que même si je parle espagnol, peut-être, en raison de mon contexte socio-culturel différent du sien, cela peut provoquer une compréhension différente de ces actions. Parler des souvenirs du grand-père et de ceux de la petite-fille et les mettre presque sur un même plan à travers l'argumentation justifie ce que l'auteure dit sur l'importance de la mémoire dans la constitution de l'identité des individus. Elle a mentionné dans une interview que "la mémoire n'a pas seulement à voir avec le passé, mais elle est liée au présent et à l'avenir, car cela signifie savoir à qui nous voulons ressembler dans notre lignée familiale et c'est aussi un point de comparaison pour éviter les mêmes erreurs". La deuxième partie s'appelle "le coeur de glace", c'est la partie la plus longue et elle nous fournit des informations pour en savoir plus sur les circonstances du coeur glacé. Un va-et-vient entre les histoires du grand-père et de la petite-fille Raquel nous offre des éléments décisifs du passé qui tissent leur présent. le verbe "attendre" et la notion du temps sont utilisés pour créer une toile intrigante pour le lecteur. le personnage principal est physique et à travers une loi de la physique qui prétend que la somme des parties n'est pas égale aux parties, semble aussi refléter une fallacieuse argumentation perçue tout au long des pages de ce long chapitre. le troisième chapitre s'appelle "coeur gelé", ce chapitre est un chef-d'oeuvre car nous assistons à la transformation de l'amour qui s'exprimait merveilleusement bien dans les premier et deuxième chapitres en désespoir et peut-être en haine chez le même personnage. le professeur de physique pour qui tout semblait fonctionner de manière carrée réalise que celui qui admirait et aimait ses parents découvre la glace et le désespoir. Dans ce chapitre, la partie que j'ai peut-être préférée, c'est quand la petite-fille se venge de son grand-père ou du moins essaie de le faire. Cette petite fille de six ans qui a vu son grand-père pleurer et qui ne laissera pas ce souvenir dans un coin de sa mémoire, mais qui, à travers la légitimité générationnelle, affrontera celui qui a fait pleurer son grand-père un jour. Enfin, cette lecture est spectaculaire en espagnol et peut-être un peu moins pour moi en français, mais je la recommande à 100%.
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