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Citations sur Léviathan (116)

Quelles pensées menaient cette femme ? elle ne semblait ni heureuse, ni malheureuse. Un peu courbée en avant, les mains mollement posées sur les cuisses, elle se tenait dans l'attitude de quelqu'un qui observe un spectacle. (...)
Elle était vêtue de taffetas noir, le buste serré dans un corsage qui emprisonnait le cou jusqu'au menton mais laissait libres, sous des volants de guipure, des poignets ronds et potelés. Une améthyste à la main droite, une broche sur le haut de la poitrine laissaient percer un souci d'élégance, mais il y avait dans l'étoffe autour de la taille quatre ou cinq vilaines reprises qui avouaient des temps difficiles et une gêne mal dissimulée. Le rose de la coiffeuse contrastait fortement avec ce qu'il y avait de pauvre et de triste dans ces hardes usées, dans ce visage dur; c'était au milieu d'un sombre tableau une note gaie, jetée comme par dérision, ou pour accentuer l'âpreté des couleurs et la cruelle énergie du dessin.

Première partie
Chapitre III
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A quelques six cent mètres de là et au moment même où cette conversation avait lieu, Mme Georges Londe méditait devant son miroir en attendant qu'il fût l'heure de pénétrer dans la salle à manger. c'était une sorte de cérémonie qui n'allait pas sans certains apprêts, car Mme Londe n'était plus jeune, mais elle gardait la coquetterie de ses vingt-cinq ans et jamais elle n'eût consenti à paraître devant ses clients avant d'avoir prodigué à sa beauté défaillante les encouragements de la poudre et du rouge.

Première partie
Chapitre III
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Une pensée singulière lui vint. Qui l'empêchait de remonter vers la ville, de rentrer chez lui ? Par un caprice de l'esprit comme en connaissent les natures mélancoliques, il se vit faisant tout le contraire de ce qu'il voulait, tournant le dos à cette jeune fille dont les pas se perdaient à présent dans le silence, et il imagina qu'il regagnait sa chambre d'où la tristesse et le désir l'avaient chassé depuis le matin.

Première partie
Chapitre 2
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Maintenant il était installé devant un verre de café noir dont l'odeur et le goût se mêlaient, avec bien d'autres petites choses, à la triste et banale aventure qu'il poursuivait de semaine en semaine, et il approchait son visage de la vitre avec une anxiété que l'habitude n'avait pas apaisée.

Première partie
Chapitre 1
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Il était jeune encore, mais avec ce je ne sais quoi de flétri et d'amer que l'on remarque chez ceux dont les soucis ont dévoré les premières années de la vie. Son visage était plein, sans couleur, avec une chair molle qui prédisait pour plus tard des joues avalées et de ces rides profondes qui dessinent, vers la quarantaine, une espèce de rire silencieux autour de la bouche. Ses yeux gris clair s'attachaient fortement à ce qu'ils considéraient. Son nez large et charnu, ses lèvres épaisses trahissaient un homme de peu de volonté, mais épris de son bien-être et de ses habitudes et capable de quelque fermeté lorsqu'il s'agissait de les défendre. Il était rasé avec beaucoup de soin, fort proprement vêtu de gris foncé, avec une cravate noire et, fantaisie naive, un mouchoir de soie violette qui sortait à moitié de la poche supérieure de son veston.

Première partie
Chapitre 1
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Quelle atroce ordonnance régissait le monde ! ... mais une nécessité haineuse isolait les êtres, fermait les portes, s'amusait à pousser dans une rue ceux qui dans une rue voisine eussent trouvé le bonheur, à faire naître les uns des années trop tôt, les autres trop tard. La pensée que le bonheur, son bonheur, était quelque part en ce monde et qu'il n'en savait rien le mettait hors de lui. Lorsqu'il courait après les filles, c'était cela qu'il poursuivait. "
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