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Citations sur Léviathan (116)

Sachez que l'autre jour je me promenais aux environs de la gare, quand j'aperçois une femme vêtue de noire, assez grande... enfin, je ne vous la décrirai pas : la personne qui était avec moi m'a dit que c'était là votre femme. Eh bien, mon cher, mon excellent ami, écoutez-moi bien. J'ai soixante-deux ans et quelque expérience de la vie. Je vous le dis bien en face, vous n'avez pas la femme qu'il vous faut !
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Alors une telle horreur de son existence le prit, un tel dégoût de lui-même et du monde, qu'il se retira dans sa chambre et cacha son visage dans ses mains. En ce moment , il lui sembla qu'il touchait, en quelque sorte, la limite extrème de sa tristesse: il pouvait souffrir encore, mais souffrir lui paraissait impossible.
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La pensée que le bonheur, son bonheur, était quelque part en ce monde et qu'il n'en savait rien le mettait hors de lui.
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C'est toute sa liberté qu'on abandonne à jamais lorsqu'on s'éprend d'un être ; le désir peut s'éteindre, la passion peut mourir tout à fait, mais il reste au fond du coeur quelque chose d'inaliénable que l'on peut donner mais non reprendre. L'homme qui aime a vendu son âme et c'est en vain que la haine vient disputer la place à l'amour ; jusqu'à la mort on appartient à ceux qu'on a aimés.
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Il était resté là une demi-heure, peut-être plus. Mais comment sa joie s'était-elle changée en désespoir ? Le voilà qui revenait chez lui, plus triste et plus accablé qu'avant. Pourquoi, tout d'un coup, son sort était-il lié à celui d'une femme qu'il avait rencontrée dans la rue ? Quelles étaient les lois folles qui régissaient la vie des êtres ? S'il détestait cette femme, que ne la fuyait-il ? Et si le désir seul l'attachait à elle, que ne se réjouissait-il de la facilité avec laquelle la vie arrangeait les choses ?
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Demain, s’il la revoyait, il aurait peine à la reconnaître, au premier instant, et, peu à peu, elle reprendrait à ses yeux son aspect véritable, et c’était à ces caprices du souvenir, à ce jeu d’un visage se montrant et disparaissant tour à tour que, par une longue habitude de son coeur, il jugeait de la profondeur de son désir
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Après des années et des années d'aventures, de désillusions, de dégoûts, il arrive un moment où l'âme n'en peut plus et refuse d'obéir au corps, de le suivre dans sa honte. Sans doute, cette fille lui avait écrit, lui avait donné rendez-vous à cet endroit, mais s'il était venu ce n'était que par lâcheté, par mollesse, et pour s'épargner à lui-même les regrets d'avoir négligé une occasion qui lui était offerte ; car il savait bien qu'elle ne voulait pas de lui, et il se méprisait d'être là, assis sur le banc qu'elle lui avait indiqué. Il eût été pourtant bien incapable de s'en aller à présent ; cela aussi, il le savait.
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Et, tout d’un coup, la joie entra dans le cœur de Guéret avec plus de tumulte et de zèle que la rivière n’en mettait à se précipiter vers l’océan. Il oublia tout, ses souffrances, ses rancunes, il la voyait pour la première fois, blanche, enveloppée de lumière ; et il frémit à la pensée qu’il aurait pu ne pas venir.
Elle souriait.
— Ne restez pas comme ça sans bouger, dit-elle, en venant à lui. Vous allez attirer l’attention sur nous. Allons sur le quai.
Ensemble, ils se dirigèrent vers l’étroit escalier de pierre qui descendait à la Preste. Lorsqu’ils furent sur le quai, elle jeta les yeux autour d’elle pour s’assurer qu’ils étaient seuls. Il la regarda en silence.
— Que vous êtes drôle ! fit-elle avec un rire qu’elle étouffa. J’aurais cru que ça vous faisait plaisir de me voir.
Le bruit de l’eau couvrait presque ces paroles prononcées à mi-voix. Elle demanda plus haut :
— Vous n’avez rien à me dire ?
Elle se tenait devant Guéret, plus jeune et plus fraîche qu’il n’avait osé l’imaginer dans les méditations impures de sa solitude. Une ou deux fois, elle passa la main sur son front où le vent ramenait obstinément une mèche de cheveux bruns ; il eut envie de rire et de lui saisir la main, mais sa nature soupçonneuse eut tout à coup raison de ce mouvement. Ne se rappelait-il pas l’indifférence, la cruauté de cette fille ? Peut-être n’était-elle là que pour s’amuser de son air sombre, de ses phrases d’amoureux.
— Pourquoi êtes-vous venue ?
Elle considéra un instant sans répondre ce visage que la méfiance et la réflexion durcissaient. L’éclat de la lumière obligeait Guéret à baisser la tête, mais son regard ne quittait pas la jeune fille. Elle fut frappée du changement de ses traits et de l’amertume qu’elle y découvrait.
— En voilà une question ! dit-elle enfin avec un reproche dans la voix. Voulez-vous que je m’en aille ?
Il fut sur le point de répondre : « Oui. » L’inutilité de cette entrevue lui était apparue brusquement, l’inutilité de sa vie entière ; et le désespoir qui l’envahissait lui arracha un soupir. Il leva un peu les bras et les laissa retomber le long de son corps.
— Je vais être malheureux tout à l’heure, quand je vous aurai quittée, dit-il. Et pourtant qu’est-ce que j’aurai à regretter ? Rien, vous ne me donnez rien
— Vous aviez dit un jour qu’il vous suffisait de me voir, répondit-elle avec une vanité naïve.
Il détourna la tête.
— Sans doute suis-je devenu plus exigeant, fit-il sans la regarder.
À peine eut-il dit ces mots qu’ils lui semblèrent ridicules et imprudents, et il redouta qu’elle n’eût compris, mais elle lui saisit la main et lui dit avec une fausse bonne humeur :
— Vous n’êtes pas raisonnable, voyons.
Ce contact le gêna, le répugna presque. Que cette fille lui donnât la main, ainsi, cela lui semblait trop différent de ce qu’il avait imaginé, trop simple. Et puis, cette chair n’avait pas la chaleur qu’il attendait et il en fut en même temps déçu et ravi. Il songea que c’était là, sans doute, le plus qu’il obtiendrait jamais.
— Vous feriez mieux de ne pas me donner la main si cela ne veut rien dire, dit-il malgré lui, d’une voix rauque.
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Il importait peu qu'il fît noir ou clair dans cette chambre, et que le coeur de l'homme fût dur ou charitable. Le monde s'évanouissait comme un mauvais rêve : il ne restait plus de cette vie que la douleur dont sa chair était affligée encore, et cette douleur elle-même devenait plus sourde, les derniers liens se rompaient. Dans l'extrême confusion où étaient, pour cette femme, toutes les choses de la terre, à peine le son des paroles humaines parvenait-il à elle, mais elle n'en comprenait plus le sens. Déjà ses yeux se fixaient sur la vision que les morts contemplent à jamais.

Excipit
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Laissez-moi vous donner un bon conseil : n'espérez rien, n'espérez jamais. J'étais aussi naïve que vous, il y a peu de temps. A présent, je suis guérie.
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