J'ai lu ce livre il y a presque 30 ans et la seule chose dont je me souvenais, hors de la trame générale qui est dans le tire, c'est que j'avais passé un bon moment. Voilà la raison pour laquelle, le voyant en 10/18, je l'ai acheté. Mais j'ai été cette fois très déçu par la relecture. "Le voyage avec ma tante" est devenu un voyage en moi même. Comment se fait il qu'une oeuvre vous enthousiasme un jour et vous déçoive?,...Plus de 30 ans plus tard il est vrai... Je crois que c'est la seule comédie que Greene a écrit. Adapté par Cukor au cinéma en 72, ce " voyage avec ma tante", est dans la fibre du comique anglais le plus classique, voir surjoué dans la composition très british des personnages. Mais c'est une constance chez Greene, comme chez
Laurence Durell, deux écrivains du voyage, mais rappelant sans cesse d'où ils viennent.
Cependant quand la magie ne s'opère pas, ce trait d'ironie culturelle, de plaisant devient pénible. Entre sa tante nonagénaire, et Tooley, une gamine partant à Kathmandu Henry Pulling, banquier retraité paisible, se trouve catapulté dans l'
orient express, pour une première aventure.... Tout cela est pesant, ennuyeux, aussi daté que les papiers peints, assez flashy, du début des années 70
On trouve tous les poncifs libérateurs de l'après 68, où il est de bon ton même pour les bourgeois de s'affranchir des règles. C'est l'époque du film "Harold et Maud", un bleuette "décomplexée", comme on disait alors, mettant elle aussi en scène la rencontre amoureuse d'un ado, avec un vieille dame. Pas d'inceste avec la tante, mais la révélation d'un ailleurs, d'une autre vie possible, en compagnie de cette vieille dame indigne, racontant ses mille aventures. En voulant refléter la culture branchée d'une époque, le risque est qu'un livre peut vieillir très vite. le coté "shocking" et "revival", ou "forever young" tous ces tics de ces années "libérées" ont disparu. La vieille tante de Greene a vieilli bien plus que des ouvrages pourtant plus anciens, percutants, sans graisse aucune, comme celui du "
rocher de Brighton", ou du "troisième homme" qui donna aussi naissance à une somptueuse adaptation au cinéma. Pour ne pas revenir au " ministère de la peur", qui est pour moi le chef d'oeuvre de Greene