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3,77

sur 4890 notes
C'est un beau livre sur le secret. L'auteur nous raconte dans un premier temps l'histoire de ses parents, Maxime et Tania telle qu'il se l'imagine, mais il y a des blancs. Dans un deuxième temps, après l'aveu de Louise, il va reconstituer toute l'histoire de la famille.

Philippe Grimbert raconte avec des mots simples, emplis d'une grande pudeur, la naissance de l'amour entre sa mère Tania et son père Maxime. Cela n'a rien de glauque, car tous les deux sont mariés, il y a le poids des traditions et celui de l'époque. Il ne s'agit pas d'une simple histoire d'adultère. Ils se ressemblent, sportifs tous les deux, et c'est la guerre qui va sceller leur destin.

L'auteur décrit bien l'incrédulité : ils sont en France depuis des dizaines d'années, il ne peut rien leur arriver. Mais la bête immonde fait son nid, les valeurs changent, l'antisémitisme s'installe.

Philippe Grimbert ne juge jamais, il raconte l'histoire de sa famille, l'exode, les trains vers l'Est, vers des endroits qu'on n'ose encore imaginer. Il parle du choix de ne plus vouloir parler du passé trop lourd, allant jusqu'à décider de l'oublier, pour pouvoir survivre, de changer quelques lettres du nom, de la culpabilité du survivant, du deuil qu'on ne peut pas faire.

C'est un livre plein de tendresse, et on s'attache à tous les personnages, à leurs relations entre eux, à leur choix qui peuvent parfois surprendre, mais on savait si peu de choses à l'époque sur les camps, la solution finale…

Une image touchante : quand il rate l'oral du Bac parce qu'il ne sait pas comment exprimer ce qu'il pense de Laval, ce qui est interprété comme une acceptation possible de ses théories.

Un très beau livre qui parle directement au coeur du lecteur. Un témoignage poignant qui ne tombe jamais dans le pathos. On tourne la dernière page, tellement rempli d'émotions qu'il est difficile d'en parler. Je n'ai pas vu le film. En général, je suis déçue par rapport au livre mais, dans le cas présent, je serais assez tentée.

Note : 8,5/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Un secret est une petite merveille de livre. Un hommage magnifique.
Alors petit garçon, l'auteur, fils unique, s'invente un grand frère, comme d'autres enfants s'inventent un ami imaginaire. Il va jusqu'à s'imaginer la rencontre de ses parents, l'idéaliser.

A l'adolescence, une amie de la famille va alors lui raconter la véritable histoire de toute la famille.

Une histoire poignante, une histoire qui change un homme.
Philippe Grimbert la raconte tout en délicatesse.
J'ai refermé ce livre avec une boule au ventre.
Merci M. Grimbert pour ce magnifique ouvrage.
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Philippe Grimbert - Un secret - 2004 : "Un secret" est un livre qui se mérite et qui malgré son peu de pages risquera d'être abandonné dès le début de sa lecture. En effet alors qu'on pense avoir affaire à des mémoires d'enfance tout à fait banales parlant d'un garçon souffreteux rejeté par son père, les révélation d'une amie sur le passé de la famille vont faire basculer ce roman dans le drame. La description d'un terrible secret lié à ses parents et marqué par une histoire d'amour coupable (l'infidélité du père), le tout sur fond de persécution du peuple juif et de déportation, permet grâce à la prose tout en sensibilité de l'auteur d'atteindre des sommets littéraires. Lui-même comme frappé dans ses gènes se sent partie prenante d'un passé qui ne le concerne pourtant pas directement. Né après la tempête il se rend compte que sa présence ne satisfait pas un père happé par les souvenirs d'un autre fils disparu avec sa précédente épouse dans des circonstances difficiles. On voit trop souvent des hommes et des femmes dévastées par le meurtre de leur enfant commis par un conjoint jaloux. Sans commettre elle même l'impensable, l'action de cette femme meurtrie se plaçait sur le même plan. Alors que la famille était en fuite à travers la France occupée, elle faisait sciemment dans un café un geste indiscret qui entraînait son arrestation et celle de son petit garçon par les supplétifs nazis. A l'image de ce fait irréversible, le livre exprimait avec pudeur des sentiments violents et équivoques. Il célébrait aussi le mariage de l'horreur et du désespoir qui marqua tous ces gens frappés de l'opprobre d'être juif, tzigane ou homosexuel. Peut-on seulement s'imaginer la douleur de toutes ces personnes obligées de se parer d'étoiles couleur de soleil qui les livraient à la haine des racistes, des homophobes et des antisémites de toutes sortes ? Peut-on vraiment partager l'humiliation ressentie par ces hommes, ces femmes et ces enfants ramenés au rang de bêtes par un cartel dominant dénué de toute humanité et de toute compassion ? Il est vrai qu'à aucun moment dans ce livre il n'était fait référence aux raisons pour lesquelles cette famille fut persécutée, mais tout était suffisamment suggéré pour comprendre que quand cette femme se laissait prendre par la police c'était vers la mort qu'elle se dirigeait. La famille endeuillée vivra alors avec le souvenir du petit garçon trop parfait projetant en négatif son image sur le narrateur dans son enfance. «Un secret» est un grand roman qui nous plonge par le biais d'un traumatisme familiale dans une des périodes la plus infamante de notre histoire. C'est aussi une façon de rappeler le danger que représente certaines idéologies encore bien trop présentes et actives à notre époque... d'une gravité saisissante
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Dans le Paris de l'après-guerre, la famille Grimbert coule des jours paisibles entre leur boutique de la rue du Bourg-l'Abbé et le stade et la piscine où les parents, sportifs émérites, entretiennent leur physique d'athlète. Leur fils, lui, de faible constitution et de santé fragile, se tient éloigné des joies du sport, préférant collectionner les bonnes notes à l'école, dans l'espoir de laver la déception qu'il croit lire dans les yeux de son père. du passé de Maxime et Tania, il ne sait rien, mais il aime à imaginer leur première rencontre, leurs premiers émois et leurs années de guerre, derrière la ligne de démarcation, loin de Paris dont ils ont fui les restrictions. Pour se consoler de sa solitude, il s'est inventé un frère aîné, grand, beau, fort et sûr de lui, un frère avec lequel il se chamaille, se bagarre, un frère qui serait la fierté de ses parents. Il a quinze ans quand Louise, voisine et amie de la famille, lui confie le lourd secret que ses parents lui cachent depuis toujours, un secret qu'il pressentait mais dont il n'imaginait pas l'impact sur ses parents et sur lui-même.


En peu de mots, avec une pudeur extrême, Philippe GRIMBERT réussit à évoquer toute l'horreur de la shoah. Sans jamais écrire ni le mot juif, ni le mot camp, il dénonce une période de l'Histoire qui a vu s'effondrer le monde des juifs de France, confiants en leur pays, en leur gouvernants, en leur police. Pour échapper aux rafles et à la déportation, il fallait désobéir, refuser l'inscription à la préfecture, refuser l'étoile jaune, se réfugier dans la France Libre. Pour ceux qui ont survécu aux camps et ceux qui ont eu la chance de ne pas y aller, la joie d'être vivants a cédé devant le sentiment de culpabilité. Certains ont voulu tout oublier, effacer les humiliations, les violences, s'offrir une vie nouvelle, en scellant le passé. Pour ne plus souffrir, ils ont tu la souffrance, pour épargner leurs enfants, ils changé de noms, se sont réinventé un passé, une histoire. Mais le secret, latent et pesant, gangrène les familles. On cache toujours pour protéger mais la dissimulation, insidieuse, fait plus de mal qu'une vérité bien expliquée. Chez les Grinberg, devenus Grimbert, l'enfant sait sans savoir, ressent sans être sûr. L'histoire familiale qu'on lui a cachée est tapie dans ce corps qui refuse de s'épanouir, pèse sur ses frêles épaules, creuse son sternum, tétanise ses membres. Si la révélation fera naître d'autres questionnements, d'autres craintes, d'autres culpabilités, au moins, elle délivrera son corps de ce poids mort qui l'annihilait. Lui aussi se taira, pour, à son tour, protéger ses parents mais il trouvera un jour les mots pour lever la culpabilité et la peur.
Ce ''roman'' autobiographique est un concentré d'émotions fortes, un témoignage pudique et tendre qui évite habilement le pathos jusqu'au final, très émouvant, où l'on ne peut contrôler les larmes. A lire, évidemment.
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Surprise dès le début de la lecture car au vu de la photo de la couverture représentant Patrick Bruel et Cécile de France, photographie du film de Claude Miller, que je n'ai pas vu, je m'attendais à une toute autre histoire. Toutefois, j'ai apprécié l'écriture et cette période d'autobiographie que raconte Philippe Grimbert.
Enfant, fils unique, il s'invente un grand frère. À l'adolescence, Louise, la voisine, celle qui dispense ses bons soins aux habitués lui apprendra qu'il a eu un demi-frère, Simon, mort pendant la guerre. Louise lui révélera le secret de sa famille peu à peu. Le Secret c'est pendant l'occupation 1940-1945 qu'il prend naissance, les vies sont bouleversées ... Philippe, né en 1948, sans Louise serait resté dans l'ignorance.

Challenge Atout prix 2017 - Goncourt des Lycéens 2004 – Grand Prix des lectrices Elle – Roman - 2005

Chalenge Petits plaisirs 2017 – 191 pages
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"Fils unique, j'ai longtemps eu un frère".
Par ces mots en incipit, le narrateur revient sur ses années d'enfance troublées par le poids d'un secret familial.
Très tôt, le jeune garçon à la constitution fragile sent confusément ce que tous tentent de lui cacher depuis toujours.
Alors il s'invente un frère, plus grand, plus fort.
C'est Louise, confidente et amie de la famille, qui délivrera le garçon craintif des fantômes du passé en osant révéler l'inavouable, ce douloureux secret inscrit dans L Histoire et dans la chair des siens.

Largement autobiographique, ce court récit plein de sincérité sonne juste.
Avec sobriété, l'auteur nous révèle la part intime de sa propre histoire et nous livre le drame familial qui lui a permis de voir le jour.
On se laisse aisément entraîner par le caractère feutré du roman, son climat de douceur et de nostalgie où sensibilité et émotion s'inscrivent délicatement au fil des pages.
Gravité, intensité, délicatesse...ce beau roman qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique, émeut, bouleverse, remue doucement et laisse, une fois le livre refermé, sa petite musique égrener encore ses notes mélancoliques dans le coeur du lecteur.
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Livre "emprunté" dans le cartable de mon fils qui doit le lire pour l'école, je dois avouer que je ne connaissais pas. Mais c'est bouleversée que je le rends à mon fils. Je suis heureuse de l'avoir lu avant lui car je crains qu'à son âge (à peine 14 ans) il ne soit pas en mesure d'en comprendre toute la portée. Ce livre essentiel va me permettre, je l'espère, de lui faire mieux comprendre (nous en avons déjà discuté mais...) l'ampleur de la catastrophe, la laideur, la blessure et les cicatrices de cette période de l'Histoire. Les mots de Philippe Grimbert sont simples, beaux et vrais. Son livre, pour lui libérateur, est un témoignage de l'horreur, souvent en filigrane mais pourtant bien présente. Il a une façon particulièrement touchante de nous faire partager les sentiments d'un enfant face à la douleur des adultes, à l'indicible. J'ai été réellement sous le charme de cette plume si délicate à partager l'émotion la plus lourde. A lire absolument !
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S'inventant un frère aîné, le narrateur a eu l'intuition du secret de famille qu'on lui a caché toute son enfance. Un secret de famille qui a marqué ses parents. Il le découvre à l'adolescence et tout s'éclaire d'une noire lumière. En redécouvrant ses origines et l'histoire de ses parents il pourra grandir. Un roman très émouvant et qui pousse à réfléchir, sur notre histoire et aussi sur la manière dont les enfants « savent » ce qu'on leur cache...
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Roman magnifique , émouvant et troublant. Des phrases courtes qui nous entrainent dans un tourbillon , vers la révélation d'un secret de famille, vers l'inéluctable destin tragique d'une famille juive , au temps de l'effroyable Holocauste.

Comment se décharger d'un si lourd secret ? Comment raconter à un petit garçon que sa naissance est le résultat d'une idylle coupable, que son père doit vivre avec la mort de sa femme et de son fils comme un châtiment du ciel , qui les oblige tous à vivre avec une douleur tapie au fond de chacun?

On se sent révolté contre Hannah qui a sacrifié son enfant et sa propre vie sur l'autel de son amour blessé. Elle a agi dans un moment de grande fragilité, de désespoir On ne peut que maudire l'inconscience de cette femme, même si on peut comprendre qu'elle ne connaissait pas les conséquences de son acte insensé.

Le petit garçon a toujours senti en lui le secret, il a vécu avec le fantôme de son frère. Il a entraperçu les bribes de ce secret à travers le regard douloureux de son père. Il savait qu'à travers son fils, son père en voyait un autre; le fantôme. Un secret de famille blesse davantage qu'il ne protège.

Une fois ce secret révélé , il ne succombera plus sous son poids, il pourra devenir un homme, se délivrer de ce" frère fantôme". C'est aussi lui qui aidera son père à se débarrasser de ses pensées coupables, à enfin accepter qu'il n'est pas le responsable.
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Pourquoi considérer la beauté d'un livre ou d'un homme uniquement en se basant sur l'aspect extérieur ou, dans le cas d'un livre sur la nombre de pages ? Il y a quantité de petites gens qui ont fait de très grandes choses et pour en revenir à ce qui nous intéresse ici, je dirais simplement que même si ce livre est relativement court, il reste néanmoins un très grand livre. Il est vrai que de nombreux livres ont déjà été écrits sur la Seconde Guerre mondiale et sur l'abomination des camps de concentration mais celui-ci se distingue car ce thème n'en est pas le sujet principal. le thème prédominant est plutôt ce qui se passa après et comment arriver à vivre avec un quelque chose que l'on sait mais qu'on ne peut pas dévoiler par crainte de contaminer les autres en révélant cette chose atroce mais en même temps trop dure à porter si on refuse de la faire partager.

L'écriture de Philippe Grimbert est fluide, limpide, la mise en page aérée et ce livre se délecte comme une friandise que l'on déguste à la fin d'un repas. L'auteur sait nous faire saliver jusqu'à la fin afin de nous révéler ce fameux secret qui pèse sur toute la famille, et plus particulièrement sur le narrateur qui lui, ignore tout de celui-ci. Ayant l'impression de ne pas exister pleinement pour ses parents qui devraient le chérir telle la chair de leur chair, le narrateur s'est toujours inventé un frère imaginaire afin de pouvoir se donner un peu de consistance, voire même de pouvoir vivre à travers lui.

Il aura fallu un évènement déclencheur, la mort d'Echo, le fidèle animal de compagnie de la famille, pour que le père du narrateur puisse enfin se libérer de tout ce qui le hante depuis de nombreuses années déjà. L'auteur nous tient en haleine jusqu'à la fin du roman, ce qui ne fait que rendre le livre plus exaltant.
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