Citations sur Jacqueline Jacqueline (53)
Et puis, tu le sais, la souffrance est impartageable, impartageable. Tu pourrais écrire des siècles et des siècles. Impartageable. Et c'est très bien comme ça. Sinon chaque être humain dès sa naissance serait écrasé sous l'Himalaya des souffrances du monde, noyé dans les torrents de larmes qui s'écoulent chaque jour, chaque nuit, d'un bout de la terre à l'autre.
Heureux les charbonniers qui ont la foi, heureuse la foi qui a encore ses charbonniers!
(...) durant toute la fin de leur repas et du mien, je me suis retenu de glisser à l'oreille de mon voisin de table : fais-la rire, fais-la rire, camarade, ne lui parle pas du passé, encore moins de l'avenir. Fais-la rire et ça ira.
Je suis un gros pâté de sable qui s'effrite au soleil d'hiver, un pâté mal démoulé qui se tasse en pleurant au moindre mouvement de sa mémoire.
Depuis cinquante ans et plus que je traficote à la périphérie du devoir de mémoire, j'ai appris que si je voulais survivre ou même simplement continuer à vivre, il me fallait parallèlement apprendre à traficoter à la périphérie du besoin d'oubli. Revivre, se souvenir à chaque instant de l'horreur du monde interdit toute vie sur terre.
Conseil aux futurs écrivains : apprenez à écrire si vous en éprouvez l'absolue nécessité, mais surtout, n'apprenez pas à lire, et encore moins à relire, le matin au réveil, la prose de la veille.
Tu es partie avec une moitié de moi, une partie de toi, et la partie de toi que tu m'avais prêtée, et moi je me retrouve borgne de la tête aux pieds, amputé de ma sensibilité.
À Cabourg, on perd son temps sans toi. Une fois perdu on le recherche, et on ne le retrouve que pour souffrir. Avec sa madeleine, Marcel a fait disparaître le bon temps, madeleine qui, dit-on, n'était rien d'autre qu'une vulgaire tartine beurrée anoblie par la littérature.
Hiroshima, Nagasaki rejoignent dans nos mémoires meurtries Auschwitz, Majdanek, Treblinka, afin sans doute de nous rappeler ce que le génie humain est capable de concevoir pour détruire dans un minimum de temps un maximum d'humains.
[...]Tu me manques car je n'ai plus personne qui pense ce que je pense avant même que je ne le pense, ou qui traduise mes silences d'un sourire.