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EAN : 9782382570388
250 pages
Hors d Atteinte (22/09/2022)
4.59/5   11 notes
Résumé :
Quand on me demande "Comment vous accommodez-vous de la violence ? " , je rétorque : "Et vous ? Quelles guerres légitimez-vous ? Quelle violence trouvez-vous juste ? " Qu'est-ce que c'est, la violence ? Il y a celle, aveugle, sans but, que les gens utilisent parce qu'ils n'ont plus d'autre solution. Et il y a celle qui provient de l'Etat, que beaucoup trouvent normale. Pour ma part, j'ai grandi dans une société violente, mais je ne suis pas quelqu'un qui aime en use... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans le cadre d'un programme de recherche coordonné par Caroline Guibet Lafaye, une équipe internationale et pluridisciplinaire de chercheurs en histoire, sociologie, science politique et philosophie, ont conduit des entretiens avec plusieurs dizaines de personnes, afin d'étudier les phénomènes de « radicalisation » politique et de recours à la violence. Les témoignages de neuf de ces femmes sont ici réunis. Condamnées par la justice et/ou membres d'un groupe considéré par des États comme terroriste (RAF, Brigades Rouges, Action Directe, ETA, FARC, PKK, No TAV, YPG ou Black bloc), toutes ont suivi un engagement politique clandestin. Elles abordent leurs motivations et les raisons politiques qui ont orienté leurs choix.
(...)
Chacune de ces neuf voix, de ces neuf expériences contribuent, par la diversité de leur point de vue, au débat nécessaire sur l'usage politique de la violence.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Ce recueil compile neuf entretiens où des femmes évoquent leur recours à une forme de violence dans le carde d'un engagement politique.
Chaque témoignage est précédé d'un paragraphe posant le contexte historique, politique et personnel, en complément d'abondante notes de bas de pages renseignent le lecteur au cours du récit.
Bien sourcé, cet ouvrage est d'un abord facile et bien rythmé, nous sommes loin du pavé académique ou universitaire (même si parfois il a ses vertus ...).
Cette plongée dans ces parcours hors normes est passionnante, on en regrette presque la concision des chapitres. Chaque destin présenté mériterait un ouvrage dédié.
Il s'avère que les causes défendues par ces femmes sont toutes ancrées dans ce que l'on a tendance à nommer l'extrême gauche, je ne sais pas si c'est un choix des autrices (dans ce cas je ne l'ai pas vu mentionné) ou juste causé par l'absence de témoignages de combattantes "d'extrême droite".
L'utilisation d'un matériel sociologique pour écrire un ouvrage grand public fonctionnement parfaitement bien selon moi.
Je le recommande vivement.
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Un livre très intéressant qui permet de creuser un sujet très peu couvert et ouvert : la violence, et la violence des femmes en particulier à travers la politique et les armes. Construit sur les témoignages de femmes engagées dans des formations politiques et / ou de lutte armée on découvre leurs motivations et leur parcours avec le sentiment de faire quelques pas aux côtés de ces femmes et de revoir quelques bribes de leurs souvenirs. C est puissant et ouvre à la réflexion.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
En Allemagne, dans tous les débats publics, la première question que les journalistes vous posent, c'est : “comment vous êtes accommodez-vous de la violence ?“ Et ils voudraient évidemment et exclusivement entendre comme réponse : “Je suis terriblement désolée, je regrette, plus jamais je ne recommencerai, pardon.“ Mais non. Moi, je leur oppose des questions toutes simples. Je leur demande : “Vous, comment vous accommodez-vous de la violence ? Quelles guerres légitimez-vous dans vos reportages ? Quelle violence trouvez-vous juste ?“ Et tous légitiment toujours la violence – mais la violence étatique. 
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La raison d’être de notre radicalisme, c’est de combattre les abus de pouvoirs. Pour moi, la violence est un moyen qu’une personne victime d’oppression peut utiliser pour s’en libérer. Par exemple, des gens comme nous, femmes membres du PFF, y recourons pour nous libérer de l’oppression qui pèse sur nous. La violence susceptible d‘être exercée par nous ne peut pas être qualifiée de bonne ou mauvaise : elle est notre façon de tenir face à une puissante volonté adverse. Ce que je veux dire, c’est que si tu n’as aucune force pour faire face à la dictature, tu te fais laminer. Ce n’est pas pour utiliser les armes que nous adhérons à ce mouvement. Ce n’est pas par goût de la violence. Si nous parvenons à représenter une force, non seulement pour les Kurdes, mais aussi pour les Turcs et tous les peuples du Moyen-Orient, alors nous pouvons tenir tête à de plus grandes puissances que nous. Dire que nous voulons lutter pour la liberté ou prévenir les violences contre les femmes, créer une société qui ne fasse pas travailler les fillettes et ne les marie pas de force à un âge précoce est particulièrement difficile. Dans la société, il y a deux gouvernements : la famille et l’État. Si tu n’opposes pas de résistance à leurs injonctions, tu deviens comme eux. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi cette voie. (p. 137, Yasmîn, née en 1980 dans la région de Bakur, dans le Nord du Kurdistan, se définit comme apoïste, engagée dans la guérilla par le biais du PKK dès ses 13 ans)
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Donc le pouvoir est une chose à abattre, à détruire. Il était déjà. Il l’est toujours, encore plus maintenant parce que là, c'est le fascisme qui pénètre doucement partout. Enfin, qui a doucement pénétré, qui est en train de se mettre en place. 
Nathalie – Action directe
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Je ne crois pas à l’affirmation “tous les moyens sont bons“. Mais la légalité, c'est quelque chose de très subjectif. Je fais une grande différence entre ce qui est juste et ce qui est légal, entre ce que tu dois faire parce que ta conscience que le dicte et ce que tu peux faire par ce que la loi le dit. À partir du moment où il est clair que la loi n'est pas la justice, pour toi ce n'est plus ta loi. 
Audrey – FARC
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« Davantage que les hommes, les femmes qualifiées de terroristes passent, notamment dans les médias, pour des fanatiques, des figures manipulées, immatures, désespérées, à la dérive. Les interprétations dominantes de la violence politique n’échappent pas aux stéréotypes de genre : « aveuglées par l’amour », manipulées par un homme auquel elles sont soumises ou dont elles sont éprises, les femmes seraient, par nature, influençables.
[…]
Ainsi est-il courant, lorsqu’on aborde l’utilisation de la violence politique par des femmes, d’en disqualifier le caractère politique, d’assimiler leur « terrorisme » à un féminisme dévoyé. Soit on accuse ces militantes de s‘être perdues dans cette voie qui n’est pas la leur, et ce faisant on les assigne à un idéal de douceur féminine « naturelle » ; soit on les érotise en mêlant leur militantisme à leur vie sexuelle et à leur intimité affective – ce qui, a contrario, n’est jamais fait pour (dis-)qualifier l’entrée des hommes dans le combat armé. Enfin, lorsque ces militantes ne sont pas présentées comme aveuglées par l’amour, c’est une interprétation pathologique qui est invoquée : elles sont considérées comme des folles, voire des perverses – mais jamais comme des actrices politiques. » P 14/15
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