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EAN : 9782844462466
130 pages
Descartes & Cie (18/10/2012)
3.5/5   3 notes
Résumé :
Le monde s'organise en grandes régions Nord-Sud. L'Asie orientale l'a compris, les Amériques l'ont compris, l'Europe et le Sud de la Méditerranée ont pris du retard dans leur ancrage réciproque : c'est la "verticale" Europe-Méditerranée-Afrique. Un nouveau cycle long de croissance se met en place tiré par l'informatisation et la transition énergétique ; or l'espace euro-méditerranéen est à la taille pertinente pour négocier les bonnes complémentarités. Ces trente an... >Voir plus
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Jean-Louis Guigou est animé par une conviction : l'avenir de l'Europe passe par la Méditerranée. C'est cette conviction qui a poussé cet ancien directeur de la DATAR à fonder en 2006 l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed). C'est cette conviction qu'il expose avec un enthousiasme communicatif dans un plaidoyer brûlant en faveur d'une relation plus étroite entre les deux rives de la Méditerranée.
Il part d'une intuition géopolitique. Après le conflit Est-Ouest et la chute du mur de Berlin, le monde se structure en trois grands ensembles Nord-Sud, trois grands « quartiers d'orange » : les Amériques, l'Asie orientale et l'Eurafrique un ensemble qui comptera trois milliards d'habitants en 2040 et dont les pays arabes deviendront le pivot.
Cette régionalisation « verticale » associant des pays voisins partageant les mêmes fuseaux horaires repose sur une seconde intuition : la mondialisation tous azimuts est moins opérante que la régionalisation. On commerce plus avec ses voisins ; on partage avec eux plus de valeurs ; on élabore avec eux des règles communes là où la communauté internationale peine à s'entendre – comme l'illustre l'échec de Copenhague ou de Doha.

Entre l'Europe et les PSEM (pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée) « la géographie vient au secours de l'histoire ». L'histoire de la relation euro-méditerranéenne est en effet lourde de malentendus. La colonisation d'abord dont les séquelles ne sont pas encore effacées comme l'illustre la complexe relation franco-algérienne. La décolonisation ensuite qui conduisit trop souvent l'Europe, au nom de la lutte contre le communisme puis de l'endiguement de l'islamisme, à soutenir des régimes autoritaires. Les révolutions arabes enfin, qui, une fois passé l'éphémère engouement médiatique qu'elles ont suscité, font augurer une longue « rougeole islamiste » selon l'expression de Javier Valenzuela reprise par l'auteur.
Pour autant, les deux rives de la Méditerranée ont des intérêts en commun à l'aube de la troisième révolution industrielle, caractérisée par la jonction de la communication par Internet et des énergies renouvelables. Leurs complémentarités sont évidentes : « tout ce qui manque à l'Europe – la jeunesse, les marchés, l'énergie – se trouve à mille kilomètres au Sud. Et réciproquement, tout ce qui manque aux pays arabes – les technologies, la gouvernance et l'ancrage à un grand ensemble structuré – se trouve au Nord ». Embourbée dans une crise économique longue, incapable de diffuser au monde son modèle, recroquevillée sur son identité culturelle, l'Europe, en s'ouvrant à la Méditerranée, pourra compter sur un marché élargi, y trouver des alliés pour faire valoir ses idées sur la scène internationale et briser la paranoïa identitaire qui menace de l'étouffer. La « théorie du vol d'oies sauvages » qui a permis à Taiwan et à la Corée de décoller à la suite du Japon pourrait transformer les PSEM en « dragons de l'Europe ».

Pour y parvenir, les Européens doivent changer de regard. le racisme teinté d'islamophobie et un complexe de supériorité nourri de l'échec de l'Umma à s'organiser et à prospérer ont exacerbé la rancoeur des populations arabes. Jean-Louis Guigou invite les Européens à « changer de logiciel » dans leurs relations avec la rive sud de la Méditerranée. le temps n'est plus où les Européens décidaient et où les Arabes appliquaient. le partenariat doit être authentique.
L'époux d'Elisabeth Guigou ne voue pas aux gémonies l'UpM (Union pour la Méditerranée) au motif qu'elle aurait été une réalisation emblématique de Nicolas Sarkozy. Il pense au contraire qu'elle fut une bonne idée et qu'elle doit être défendue. Il prône la signature de conventions thématiques pour fair avancer l'intégration euro-méditerranéenne autour de projets concrets : développement des énergies renouvelables, accès à l'eau potable, sécurité alimentaire … Les trente années à venir, qui verront la conjonction d'une quintuple transformation économique, politique, démographique, énergétique et climatique, seront selon lui déterminantes.
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