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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais hâte de retrouver Hugo Boloren dans sa troisième enquête ! C'est un héros atypique, qui nous entraîne dans des lieux pittoresques. Cette fois nous sommes dans un vieux théâtre français de Broadway, « entre le vintage élégant et le désuet défraîchi ». le Edmond Theatre est spécialisé dans les « preudères », ces premières qui sont aussi des dernières, car le théâtre, paraît-il, porte chance, mais n'est plus suffisamment réputé pour qu'une pièce y soit jouée régulièrement. C'est aussi un repère des services secrets français. Il est donc tout naturel d'y envoyer un ex-flic français pour enquêter sur la mort d'un de leurs agents.

Hugo est officiellement le nouveau barman, et il ne se gêne pas pour goûter la « bière de Félix » locale (et illégale) ainsi que les Irish coffee adorés de Tchekhov le perroquet alcoolique. C'est cela que j'aime aussi dans les thrillers de Victor Guilbert : la galerie de personnages hauts en couleur – l'éclairagiste aveugle, l'accessoiriste trisomique, le janitor « essentiel et flou », etc. qui contribue à façonner l'ambiance des lieux. Et ce brouillard aussi inhabituel que tenace qui donne à New York des allures londoniennes…

J'ai été un peu déçue que l'on ne passe pas plus de temps dans la « montagne sacrée », cette brocante géante rassemblant tous les décors et accessoires de scène. Je n'ai pas tout saisi des explications finales. Mais peu importe : j'ai été embarquée et dépaysée le temps de quelques heures, parachutée dans le monde et l'esprit d'Hugo Boloren, et c'est toujours un plaisir !
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Que se cache-t-il derrière le pluriel de « Brouillards » de Victor Guilbert ? C'est ce que je découvre de page en page avec des chapitres que je déguste comme des carrés de chocolat haut-de-gamme... un véritable délice à l'image des deux romans précédents de cet auteur. Et cela pour de multiples raisons.

Le style est toujours aussi impeccable avec des phrases comme de véritables moments de grâce ( oui, oui, je suis grande fan).
« Ce sont les gorgées suivantes qui se gâtent, l'alcool a mauvais goût quand il sert à oublier. »
Hugo Boloren, héros récurent de Victor Guilbert, ne fait plus partie de la police mais son esprit de déduction a attiré le service d'espionnage français. Seulement, lui est surtout amoureux de Mathilde qu'il emmène à New York dans sa mission. Cependant le regard qu'il porte sur elle l'éloigne un peu de l'intrigue et influence de façon inattendu le récit.
« Elle a une beauté suspendue dans le vide, un vertige qui attire et foudroie à la fois, je crois que c'est ce qu'on appelle le charme. »
Les traits d'esprit fusent en même temps que les errances à la logique bien perso du héros. Rien n'est à prendre à la légère mais Boloren se perd dans les méandres d'une affaire brumeuse et risque sans cesse de naviguer entre gravité et insouciance. Attention aux pièges tendus par la Grande Pomme ! En effet, un épais brouillard règne sur New York et n'arrange pas non plus les efforts de notre héros pour éclaircir l'énigme dont il a la charge. 
À cela se mêlent les ombres d'un théâtre immense et plein de coins obscures. Encore un frein au bon fonctionnement de la bille vrillant l'esprit de Boloren. Heureusement que celui-ci peut s'accrocher à une logique poétique pour s'en sortir au final. Mais à quel prix ?
« Je n'ai pas de grandes capacités de visualisation sauf quand il s'agit de peaufiner les bénéfices de mes addictions. »
De drôles de personnages cohabitent dans cet Edmond Theatre comme une nébuleuse humaine ajoutant aux mystères de l'intrigue. Ce chaos donne à ce roman un univers surréaliste comme s'il était lui-même un monstre tapi dans les rues, dans les coulisses et dans la tête des gens.

La folie n'est pas bien loin. Mais heureusement Boloren va sortir la tête de cette purée de pois afin de clore son enquête à la manière d'un whodunit.

Ainsi j'ai pu découvrir les multiples brouillards qui surplombent ce thriller atypique et cela pour mon plus grand plaisir. À vous de déceler vous-même ceux qui vous feront tressaillir.
Et que dire des dernières phrases qui éclairent encore davantage l'histoire et repoussent les nuages jusqu'à une prochaine aventure de Boloren que j'attends avec impatience ?

Lien : https://delphlabibliovore.bl..
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Boloren revient. Après Terra Nullius aux confins de la Belgique, il progresse dans son étude de la bière au point de suivre une formation de zythologue ou biérologue. Il s'ennuie. Aussi, quand il est approché par les services secrets pour apporter son expertise à New York, il accepte et s'immerge, dans Broadway, accompagné de sa fidèle bille et de sa compagne Mathilde. Toujours aussi surréaliste que les précédentes, cette troisième aventure, il va la mener sous couverture : lui, l'ancien flic devient barman à l'Edmond Théâtre ! L'auteur aborde la Big Apple qu'il connait particulièrement bien pour y vivre depuis quelques temps et l'apprécier. Cette transportation lui permet de se moquer de son nouvel environnement avec beaucoup de dérision, en créant comme à son habitude des situations cocasses peuplées de personnages improbables.
Un agent secret a caché un objet dans le fatras d'un accessoiriste trisomique avant d'être exécuté. Boloren est chargé de retrouver l'objet sans aucun indice quant à sa nature. Il devient un enjeu dans un nid d'espions où l'éclairagiste est aveugle et l'ombre d'une ancienne gloire du cinéma hante les couloirs. Les agressions vont se multiplier autour de lui. S'ajoute au paysage un phénomène météo rare : le brouillard a envahi la ville et absorbe la lumière autant que les révélations.
Le coeur de l'intrigue est bien complexe et il faudra attendre l'aide de la bille et la conclusion en mode « Hercule Poirot » comme dans Terra Nullius pour y voir plus clair. Des personnages originaux fixent le sourire aux lèvres des lecteurs tout au long de l'ouvrage. Que dire de Clara Colombo à qui il ne manque que le chien et Tchekhov, le perroquet alcoolique …
Après la ruralité dans Douve, le no-man 's-land surpeuplé de Terra Nullius, l'auteur convoque tous les clichés pour cette immersion dans un New York nostalgique du grand âge du spectacle vivant, pour notre grand plaisir. Assurément Victor Guilbert est une voix originale du polar français qui mériterait une adaptation en image tant l'écriture est visuelle et convaincante. Un énorme plaisir de lecture fantasque, déroutant et infiniment jubilatoire.
Je remercie les éditions Hugo pour leur confiance
Lu en version numérique 9.99 €


Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Avec Brouillards, j'ai fait une agréable découverte de cet écrivain dont les deux précédents romans (Douve, 2021 et Terra nullius, 2022) ont été récompensés par trois prix. Un polar au titre énigmatique dont l'action est campée dans la ville de New York, « la ville du fric et de la décadence », enveloppée dans une brume épaisse, métaphore du contexte de l'enquête de l'ex-policier français Hugo Boloren. Dans cette ville où, à une époque, « des artistes utopistes […] rêvaient d'être les prochains Andy Warhol. Aujourd'hui [peuplée] de businessmen qui rêvent de pouvoir en accrocher un chez eux. » Avec en fond de scène, le brouillard opaque invasif dans la mémoire de sa mère, tel un « cep de vigne ».

Victor Guilbert nous livre un thriller d'atmosphère qui prend son élan à partir du quatrième chapitre. Au coeur de Broadway et de ses théâtres, s'y installe progressivement une brochette de protagonistes aux noms et aux surnoms inspirés de personnages légendaires :

• Colombo, de la série télévisée policière américaine dont le rôle-titre est interprété par l'acteur Peter Falk, inspecteur de police en apparence un peu simplet, brouillon et laborieux, mais qui se révèle en fait très intelligent, perspicace et obstiné ;
• Merlin l'enchanteur ;
• James Bond, l'espion des services secrets britanniques au matricule 007 ;
Mary Poppins, personnage créé par l'écrivaine australienne Pamela L. Travers ;
• Tristan personnage du cycle arthurien, héros de la légende de Tristan et Iseut, mythe littéraire médiéval normand ;
• Lancelot, personnage du cycle des romans de la Table ronde.

Ainsi que des références à des productions théâtrales mythiques comme Harold et Maude de Colin Higgins, une adaptation du scénario du film réalisé en 1971 par Hal Ashby, Macbeth, tragédie de William Shakespeare et Bérénice, tragédie historique en cinq actes et en vers de Jean Racine présentée pour la première fois le 21 novembre 1670.

Sans oublier certains dramaturges célèbres : Sacha Guitry, Marcel Pagnol et Anton Tchekhov.

Cette enquête sur l'assassinat d'un certain Marcel Marchand, amateur de chaussettes sur mesure de grands couturiers, baigne dans l'univers de la production d'oeuvres destinées à être jouées par des acteurs, un microcosme que l'auteur connaît bien étant lui-même entre autres auteur de théâtre.

Le tout écrit dans un style imagé comme en témoignent les quelques exemples suivants :

« … chercher une aiguille dans une botte de foin elle-même dissimulée dans la brume. »

« … craquement caractéristique de la languette de métal [d'une canette] cédant sous la pression de la goupille. »

« … Clara qui s'en va conclure sa surveillance brumeuse sur le trottoir d'en face » pour « faire le pied de grue dans cette grande vapeur humide. »

« Il a l'air de plus en plus petit au fur et à mesure qu'il se rapproche. »

« C'est le pouvoir ambigu des lieux de vie quand ils sont vides. »

« On y distingue les phares des voitures qui avancent prudemment en kIaxonnant et les écrans en hauteur dont les images tentent aussi bien que mal de jaillir, mais qui ne parviennent à diffuser qu'une palette de couleurs baveuses. »

Cette histoire bien ficelée est non dénuée d'humour :

« C'est une drôle de sensation d'être dévisagé par un aveugle »

« Si seulement je savais parler aussi bien que je me tais. »

« … lorsque les rats commencent à sortir de leur cachette, c'est que la maison est sur le point de s'effondrer. »

Elle nous permet d'ajouter à notre vocabulaire deux néologismes intimement associés à la résolution de l'énigme :

• « preudères » : « contraction de ‘'première'' et ‘'dernière'' parce que ce sont à la fois des soirs de première et de dernière » ;

• « janitor » : homme à tout faire, concierge et majordome.

Et que dire de cet instant magique, symbole de l'émergence de l'identification du coupable,décrit dans ces quelques lignes, véritable ouverture et fermeture de rideau de scène avant le moment de vérité et admirablement bien représenté par la photo sur la couverture de première :

« … de l'autre côté de la rue, une fissure dans le brouillard dense qui s'étend progressivement à la verticale. le bloc de fumée grise se détache depuis le trottoir, et derrière la déchirure lumineuse qui croît vers le ciel, apparaît un immense bâtiment aux murs beiges constellés de fenêtres rectangulaires. Entre ces rideaux gris vaporeux qui s'ouvrent sur ce spectacle hypnotisant, le colosse urbain magnifique se dévoile à la poignée de spectateurs privilégiés à ses pieds. Nous avons à peine le recul suffisant pour deviner le sommet d'où s'échappe une antenne pointée vers le bleu céleste inédit.

Du fond de mon inconscient qui en sait plus sur les États-Unis que moi, remonte un nom qui se déploie comme une évidence : Empire State Building.

Voilà comment se nomme ce grand immeuble qui se dresse devant nous. Magistral, austère, silencieux. Je me laisse submerger par le gigantisme et la prestance de ce gratte-ciel emblématique, cette vieille dame new-yorkaise au charme grandiloquent. Nous nous abreuvons tous, tant qu'il est possible, de cette parenthèse d'espace grandiose.

Nous nous abandonnons à un peu de visibilité à perte de vue.

Puis les rideaux se referment, le stratus se reforme, les deux côtés des brouillards se mélangent. L'apparition disparaît, nous laissant hébétés, à ses pieds bétonnés. Les regards s'échangent, pleins de mélancolie et de soupirs complices. Un mélange de bonheur d'avoir assisté à ce spectacle privilégié et de lassitude d'être de retour dans ce nuage qui s'éternise. C'est vertigineux, cet enfermement sans rempart qui ruine le moral. »

Envers et contre tous et bien malgré lui, Hugo Boloren conclura son enquête à la manière d'Hercule Poirot, le détective belge de fiction imaginé par Agatha Christie, dans une mise en scène théâtrale rassemblant tous les acteurs (ou presque) de l'histoire pour dévoiler ses différentes hypothèses et livrer la solution finale au moment où « la brume se dissipe alors que l'étau se resserre. »

En épilogue, le rideau tombe sur une finale dont le mystère s'éclaircit à la lueur d'une conversation entre le peintre Claude Monet et le dramaturge Sacha Guitry à propos du sort du décor de la Cigale, pièce de théâtre français d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy créée à Paris au théâtre des Variétés le 6 octobre 1877 qui a connu son heure de gloire jusqu'au début du XXe siècle.

Brouillards est un roman intelligent qui rend hommage à sa manière au monde du théâtre en mettant en vedette un enquêteur zythologue (expert en bières) fort sympathique. Un personnage théâtral qui « …soupçonne souvent les gens qui se taisent d'être ceux qui ont le plus à dire » que vous aurez certainement comme moi le plaisir d'accompagner dans des « … zones de brouillard qui résistent encore au débrumage ». Une enquête bouclée avec brio baignant dans une ambiance qui entretient la peur parce que « … la brume est un mur étrange, un mur qu'il est possible de traverser. Mais sans qu'on sache où ça nous mène. »

Merci aux éditions Hugo Thriller pour le service de presse.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue : *****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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Merci à Babelio et aux éditions J'ai lu/ Hugo Thriller pour cette opportunité de rencontrer Victor Guilbert.
Je suis tombée sous le charme de l'auteur et de son héros Hugo Boloren.
J'ai enchainé les 2 romans « Terra Nullius » et « Brouillards » avec délectation.
Victor Guilbert est un homme de théâtre. Cela se sent dans le soin porté à la mise en scène de la révélation du meurtrier (forte référence à la maîtresse en la matière : Agatha Christie).
Dans Terra Nullius, l'auteur nous emmène dans un lieu à part, que l'on sent prêt à exploser, sous tension, au milieu de personnages qui tentent d'exister dans ce microcosme coincé entre la France et la Belgique. Chaque personnage y joue son rôle, comme dans une pièce. le personnage central étant la Terra Nullius.
Victor Guilbert réalise l'exploit de nous faire sentir l'ambiance explosive de ce lieu où se joue des enjeux politiques et sociaux, tout en nous faisant sourire à chaque page par son écriture drôle et incisive et le regard décalé de Hugo Boloren.
De même, dans Brouillards, le théâtre Edmond, la ville de New-York et le brouillard sont les personnages centraux de l'enquête.
Victor Guilbert créé des personnages forts, attachants pour certains, intrigants pour d'autres, parfois « repoussants » mais qui ont tous en commun de vouloir exister et avoir un rôle de choix dans cette pièce.
Je suis impatiente de lire les 35 prochains livres que l'auteur se propose d'écrire du côté de l'Aveyron. En attendant, j'ai déjà ajouté « Douve » (son premier roman) à ma PAL.
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J'ai adoré ce livre. Toute cette gamme de personnages excentriques et attachants, à commencer par Hugo Bolloré, le zythologue ancien flic, sa petite amie, le responsable du théâtre à New-York, l'accessoiriste et en finissant par le perroquet qui aime un peu trop l'alcool. le style est vif, enlevé, humoristique par moments, ça change des polars ténébreux, qui se prennent trop au sérieux. le brouillard est aussi un personnage à part entière et traduit les tergiversations du héros, plus il s'approche de la solution, moins il est dans le brouillard. Par contre, contrairement à beaucoup de thrillers, je trouve qu'il n'est pas possible de trouver l'assassin (ou alors je ne suis pas douée, c'est possible aussi), trop d'histoires qui s'entremêlent et dont on n'a pas toutes les clés à mon sens. J'ai néanmoins passé un excellent moment avec ce livre et je vous le recommande chaudement.
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Alors qu'Hugo Bolloren organise son temps libre entre sa formation de zythologue (c'est comme oenologue mais pour la bière), Mathilde qui est revenue, il est contacté par le colonel Grosset, haut gradé de la DGSE et cousin de l'ancien commissaire d'Hugo Boloren, qui souhaite le convaincre de partir à New York, d'aller enquêter à New York. En effet, un agent secret a été assassiné dans un théâtre et a laisser sur un papier le nom de Bolloren. Hugo ira donc à New York, avec Mathilde, pour trouver le message laissé par cet agent et devrait rentrer à Paris rapidement. Sauf que, rien ne se passera comme cela devrait et tandis que la petite bille qu'Hugo a dans la tête lui souffle de regarder plus loin, que le brouillard a envahit New York et que ses relations avec Mathilde sont aussi dans le brouillard, la tragédie rôde, prête à frapper Hugo Boloren de plein fouet.
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