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EAN : 9782702162408
Calmann-Lévy (31/01/2018)
3.58/5   37 notes
Résumé :
Si on ne peut pas sauver tout le monde, comment doit-on choisir ?
Un roman vigoureux et fin qui fait se rencontrer préjugés et réalité, et nous interroge sur la valeur d’une vie.

Le soleil brille haut, la mer est calme. Six apprentis marins de l’école de voile quittent le port de Sète, dans une joyeuse anarchie encadrée par un moniteur. Parmi eux, le narrateur porte sur cette bande hétéroclite un regard doux-amer. Il a une raison intime d’êtr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 37 notes
Qu'il est facile de deviser, de disserter sur la marche du monde, tranquillement assis dans nos canapés, les yeux rivés sur son moyen (peu fiable) d'information.
Ce roman nous confronte avec la réalité que sont l'arrivée de migrants et nos bonnes intentions.
Ce qui aurait pu n'être qu'un banal stage en mer méditerranée pour six marins débutants, deux femmes et quatre hommes, accompagnés de leur moniteur de voile, tournent rapidement au drame et bien vite l'heure des choix arrivent.
Déjà cela avait été difficile de se retrouver sur ce voilier avec six individus aux personnalités fort différentes, de pouvoir trouver sa place dans ce groupe composé pour la plupart de personnes aux caractères bien trempés. Les confrontations fusent lors des repas et le narrateur d'origine syrienne se retrouve en prise avec Franck adepte du chacun chez soi.
La situation glisse et dégénère rapidement, chacun se retrouve donc en face de ses responsabilités, les incidents successifs durs et cruels nous emportent et balayent nos certitudes pour nous confronter à la réalité de ce qui se passe actuellement.
L'auteur distille ses informations au compte-gouttes nous laissant souvent dans le flou quant au passé de ses personnages. En fait ce n'est pas vraiment la question. La seule, la vraie, à laquelle nous ne pourrons pas répondre est : Et toi que feras-tu le moment venu ? Chuuuuuuuut ne répond pas tu vas dire une connerie !
Un roman en accélération permanente pour nos emporter dans une spirale d'événements, nous laissant à peine le temps de penser, de réfléchir, à l'instar de ses personnages qui doivent réagir devant l'urgence de la situation.
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Sept hommes dans un bateau

Pour son premier roman, dont on ressort secoué, Johann Guillaud-Bachet a choisi de parler des migrants sous un angle très original.

Ils devaient être huit à larguer les amarres, mais une défection conduira un groupe de six jeunes marins formés aux Glénans et ayant tous une petite expérience pour un stage de voile en Méditerranée supervisé par Vince, leur moniteur plus chevronné. Après les dernères courses, l'installation à bord et la répartition des cabines, le narrateur – et le lecteur – commence à se faire une idée plus précise de l'équipage : «Bertrand était notaire à Besançon, Franck dirigeait une boîte d'installation de cuisines à Lyon, Fred était dameur l'hiver dans une station de Savoie et bossait sur des chantiers le reste de l'année, Prune, responsable d'un magasin de vêtements de sport dans le centre de Montpellier et Alice, prof de fac en sociologie. À Paris. J'étais le seul à avoir un nom exotique et un parcours un peu plus compliqué. du coup, j'ai eu le droit à pas mal de questions, ce qui me faisait chier parce que je n'aimais pas parler de mon passé, de la Syrie, de la Turquie, et de mon arrivée en France. Seul Bertrand a eu l'air de capter qu'il fallait y aller mollo et que je n'allais pas faire office de téléfilm du dimanche soir pendant tout le repas. »
Si chacun a des motivations très différentes, on comprend que le narrateur, consultant dans une boîte d'informatique, entendant se prouver qu'il peut reprendre la mer, qu'il a envie de mettre d'autres images sur cette mer que celles qui continuent à le hanter. Celle des migrants noyés, celle de son père, celle des gilets rouges, celle du drame qu'il a vécu pour rejoindre l'Europe et la France.
Prune, qui partage son carré, a l'air de l'apprécier. Franck, dont une partie de la famille vient de Mayotte, raconte les histoires de passeurs qui arrondissent leurs fins de mois en faisant embarquer les clandestins sur leur kwassa kwassa avant de les lâcher à quelques mètres du rivage (un épisode prémonitoire alors que le 101e département français fait la une de l'actualité).
Après la friction de quelques egos chacun à l'air de trouver sa place, son rôle : prise de quart, repas, navigation, manoeuvres, repos. Jusqu'à ce moment où une grosse tempête est annoncée.
« Dans le carré, la carte de navigation était posée au centre de la table et Alice notait, quart d'heure après quart d'heure, notre progression. La tempête rôdait dans notre sillage et Vince était sceptique sur nos chances.
— C'est dur à dire, on avance vite mais je n'ai pas l'impression qu'on s'en éloigne. Après, rien ne nous dit qu'elle n'est pas en train de dévier vers le sud. de toute façon il faut s'attendre à passer un sale moment : même si on évite le coeur de la tempête, on va s'en prendre plein la gueule.
— On va s'en sortir ! Tu es là pour nous guider et on a un bon bateau, c'est toi qui l'as dit. »
Au fur et à mesure que les vents forcissent, même ceux qui étaient excités à l'idée de prendre un grain commencent à avoir peur. le premier drame arrive alors que le narrateur est à la barre et que Vince est sur le pont. Une énorme vague l'emporte :
« j'ai vu son corps passer par-dessus la banquette du cockpit et s'écraser sur le bastingage, il y est resté quelques secondes puis il a basculé par-dessus bord. J'ai vu ces bras et cette tête plantés sur la vague, dans ce gilet jaune, et cette vague immense s'est éloignée à une vitesse ahurissante, laissant le petit gilet jaune dans son sillage. »
Toutes les tentatives de retrouver leur moniteur s'avérant vaines, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) leur intime l'ordre d'arrêter les recherches pour essayer de se rapprocher au plus près d'un croiseur en route pour les secourir. Car le signal de détresse lancé par le voilier est également dû à la vilaine blessure que s'est faite Bertrand en tombant, se fendant littéralement le crâne.
Alors que le moral est au plus bas, ils reçoivent un appel de détresse d'un chalutier rempli de migrants et qui est en perdition. le temps presse et le débat s'exacerbe. Qui la marine française viendra-t-elle secourir en premier ? Faut-il d'abord penser aux Français ou aux migrants ? Les chapitres suivants seront l'occasion de scènes fortes, touchantes, qui vous feront toucher du doigt les drames qui se vivent en Méditérranée, mais vous feront aussi réfléchir au prix d'une vie humaine…
Pour son premier roman Johann Guillaud-Bachet a réussi une oeuvre singulière, sans jamais tomber dans la mièvrerie, bien au contraire. Jusqu'au dénouement, et c'est ce qui rend ce livre aussi juste, la mer va rester noire.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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6 apprentis marins et leur moniteur vont vivre une expérience des plus marquantes à bord d'un voilier en haute mer : la personnalité de chacun se révèle face aux situations dramatiques et aux décisions à prendre. Le thème des migrants est abordé d'une façon subtile et originale.

Écriture limpide, efficace et percutante qui sait émouvoir le lecteur.

Belle découverte pour ce premier roman de Johann Guillaud-Bachet ! Au plaisir de lire le prochain ouvrage !

Grand merci à la "bande du train" !
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Autre roman de la rentrée littéraire de janvier 2018 découvert grâce à net galley et cette fois ci les éditions Calmann-Lévy : Noyé vif de Johann Guillaud-Bachet.
Six personnes (deux femmes, quatre hommes) vont faire un stage de voile sur un bateau. Ils vont passer une quinzaine de jours ensemble, sans se connaitre, en compagnie d'un moniteur. Ils quittent le le port de Sète pour voguer sur la Méditerranée.
Pourquoi notre narrateur, immigré syrien, est t'il sur ce bateau lui qui déteste l'eau et a vu cette même mer méditerranée emporter les siens sur un bateau, il y a longtemps ???
Nos quatre hommes, nos deux femmes et le moniteur vont apprendre à se connaitre, à défaut de s'aimer. Car il y a de sacrés personnalités sur ce voilier ! Et pas que de très sympathiques !
Tout se passe à peu près bien jusqu'à ce qu'une tempête se déclare, emportant dans les flots le moniteur. Nos six amateurs de voile sont en danger, ils appellent au secours mais ils ne sont pas seuls. Un bateau remplit de migrants émet sur le canal de détresse. Et tous deux sont à peu près dans la même zone à secourir...
Qui les militaires chargés de les secourir vont venir sauver en premier ? Nos six amateurs de voile ? Ou les migrants ?
Sacré dilemme, et sacré roman, très bien ficelé.
C'est une espèce de huit clos, nous sommes dans un voilier en compagnie de sept personnes.
J'avoue que je n'ai pas trouvé le narrateur hyper sympathique mais pour une fois, cela ne m'a pas dérangé. Il n'est pas si important que ça pour moi le narrateur. Et on peut comprendre ses sentiments vis à vis de certaines choses vu ce qu'il a traversé !
J'ai été agacé par certains personnages, et touchée par une des filles. Tout ce petit monde n'est pas forcément très sympathique donc, mais là encore le contexte fait que ce n'est pas très gênant.
J'ai lu ce roman très rapidement et avec plaisir.
Ayant lu le résumé et en sachant qu'il allait y avoir un choix à faire pour les secouristes, j'avais envie de savoir comment tout ça allait finir ! J'étais très curieuse de voir comment l'auteur allait finir son roman et j'avoue ne pas avoir été déçue.
Noyé vif est bien écrit, c'est dynamique, on ne s'ennuie pas une minute et l'ensemble est fort bien ficelé.
Je suis ravie de cette lecture en avant-première et je mets quatre étoiles et demie avec plaisir.
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Point de noyade à signaler de mon côté, mais je me suis embourbée dans ce roman qui n'a pas tenu les promesses qu'il laissait entendre sur sa 4ème de couv.
J'imaginais un thème de roman un peu comme Juste après la Vague de Sandrine Collette : devoir choisir qui survit ou pas. Voilà ce que j'imaginais lire. Eh oui, on est un peu sadiques nous les lecteurs : on se délecte de ces situations inextricables qui nous font frissonner le temps de quelques pages et que l'on peut confortablement oublier une fois le livre fermé.
J'avais déjà le goût des embruns qui me salait la peau et je me régalais de passer quelques jours sur ce voilier, prête à en découdre avec les éléments et surtout les autres passagers : les effets néfastes de la promiscuité.
Hélas, la personnalité des personnages ne m'a pas convaincue. Ils m'ont paru un peu bancals. Leur profil psychologique m'a paru peu crédible, selon les situations. Alors forcément, je n'ai pas été embarquée dans l'histoire.
Les péripéties (pour ne pas dévoiler l'intrigue, si toutefois vous vous aventurez dans ce roman) m'ont également paru tirées par les cheveux. Et même si cela pourrait convenir à un naufrage, le roman finit en queue de poisson.
C'est dommage, car j'ai malgré tout bien aimé le ton du narrateur. Mais c'est tout.

Alors, faut-il le lire ? Non. Préférez le Sandrine Collette cité plus haut.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
j'ai vu son corps passer par-dessus la banquette du cockpit et s'écraser sur le bastingage, il y est resté quelques secondes puis il a basculé par-dessus bord. J'ai vu ces bras et cette tête plantés sur la vague, dans ce gilet jaune, et cette vague immense s'est éloignée à une vitesse ahurissante, laissant le petit gilet jaune dans son sillage. Il levait un bras, je ne sais pas s'il hurlait, de toute façon on ne pouvait pas l'entendre. Franck, lui, a hurlé, il m'a gueulé de lancer la bouée arrière, j'ai failli lâcher la barre, je me suis ravisé, j'ai pris la bouée fer à cheval d'une seule main. Je ne voyais plus Vince. Franck me l'a montré, Franck qui beuglait sans discontinuer et sans lâcher le corps de Vince au bout de son doigt. J'ai fini par le distinguer, il était déjà vraiment très loin…
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J’avais bien observé : le mec qui menait la barque proposait avec insistance à tous d’essayer. Et tous se plantaient invariablement. Il fallait alors redoubler d’ardeur pour remonter le courant. Le type faisait ça remarquablement bien, en débardeur, ce qui mettait en valeur ses muscles. J’avais aussi noté qu’il laissait les hommes se planter pour de bon, jusqu’à ce qu’ils lui demandent de reprendre la rame – ils s’asseyaient alors piteusement contre leur sac –, alors que pour les filles, il avait tendance à vite prendre le manche avec elles, histoire de leur montrer le mouvement. Tout cela avait été ritualisé et faisait visiblement beaucoup rire du côté de la base, à gauche de l’escalier de pierre, où un groupe de gaillards et de minettes bronzés et cool rangeaient des cordages sur la jetée en fumant des roulées. À côté, le groupe des types pâles et nerveux et des filles pâles et timides faisait peine à voir. Les habitués, et les touristes. Ceux qui savaient, et ceux qui débarquaient. Je n’appartenais pas à la bonne espèce.
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Je n’avais pas beaucoup dormi depuis plusieurs nuits et, lorsque j’arrivai sur le parking, à 10 h 15, je me demandai vraiment ce que je faisais là. Je n’avais qu’un quart d’heure de retard, ce qui, pour quelqu’un qui vient de faire près de quatre heures de route en écoutant Radio Trafic, est finalement très tolérable. C’est du moins mon point de vue. D’ailleurs, je n’étais pas le seul, car à peine avais-je garé ma caisse qu’un type venait ranger un gros 4 × 4 juste à côté de moi. Je le vis qui me surplombait dans son cockpit, il tapotait sur son iPhone et se recoiffait dans le rétroviseur. Un type classe, presque quarante ans, il avait la tête de sa voiture, et j’ai pensé qu’il devait se raser les poils pubiens. Je suis sorti et j’ai pris mes affaires à l’arrière. D’autres personnes arrivaient à pied. Au bout du parking, des marches conduisaient à un minuscule embarcadère. Une barque pourrie nous attendait pour nous faire traverser le canal et gagner la base nautique, de l’autre côté. Il faisait beau, c’était toujours ça, et ça sentait bon, meilleur que sur les derniers kilomètres. C’est ce qui me poussa à ne pas repartir, je n’avais aucune envie de renifler encore l’odeur de marée morte en repassant par le port.
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Je me suis pointé à l’embarcadère en même temps que le type au 4 × 4. Il m’a salué gentiment, et j’ai fait de mon mieux. Il y avait aussi une fille, jeune, avec des gros seins et un air gentil. On est restés un moment sur le quai à regarder nos pieds et la barque qui traversait. Elle a fini par atteindre l’autre côté et la première marche du petit escalier de pierre qui menait sur la berge. Les passagers, sûrement d’autres stagiaires, sont descendus de la barque bringuebalante et ont hissé tant bien que mal leurs gros sacs de sport sur le muret du canal. Ils se faisaient charrier. Pour traverser, il fallait utiliser une longue pagaie et lutter contre le courant. Ça avait l’air amusant, mais j’ai tout de suite senti que c’était un espace de pouvoir, une sorte de bizutage.
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Je la faisais rire, mais c'était du vent, derrière mon cynisme, il n'y avait pas de trésor caché. Un animal mutilé. Le Roi des Aulnes dormait près de moi. Pourquoi avais-je embarqué ce recueil précisément ? Pour m'aider à me souvenir que ce qui paraît monstrueux ne l'est pas toujours, et que ce qui nous semble noble peut mener aux pires infamies ? Que j'étais une bête, avant d'être un homme ?
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Vidéo de Johann Guillaud-Bachet
Ana Gramme Johann Guillaud-Bachet a publié son second roman en janvier 2020 aux Éditions Calmann-Lévy : "La soif des bêtes" mêle suspense, humanité et animalité dans une station de montagne, où l’eau se fait rare et où le Mal insidieusement s’installe...
Écoutez l'auteur nous parler de son parcours, de son dernier roman, et des projets à venir !
La rencontre est animée par l'équipe d'Anagramme.
-Dans le cadre du festival L'échappée Noire 2020 -
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