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EAN : 9782843040788
393 pages
Zulma (26/08/1999)
3.45/5   10 notes
Résumé :
Quelque part dans le Pacifique, un homme est rejeté par la mer. Victime d’une forme particulière d’amnésie, il tente de recomposer les événements de son passé. Il élabore ainsi le dictionnaire d’une vie tumultueuse que mille avatars jalonnent et dont le protagoniste n’a plus la clé. Un vieux dictionnaire culinaire lui permet de retrouver par bribes sa mémoire.
Son fil d’Ariane sera la succession alphabétique : il retrouve des événements minuscules de son enfa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'on peut simplement reprendre le premier niveau de la méta-narration : un homme, partiellement amnésique suite à un traumatisme (naufrage ?), ne dispose que d'une mémoire à court terme d'environ quinze-vingt minutes, puis replonge dans l'oubli. D'une chambre hospitalière face à l'océan, afin de retrouver son identité (et peut-être des indices sur son Azralone aimée), entreprend-il alors d'écrire tout ce qu'un mot auto-assigné lui évoque par association spontanée, puis de classer ces textes généralement brefs en ordre strictement alphabétique. Ainsi nait le premier roman-dictionnaire de la littérature française (et, en absolu, le premier que j'aie lu), de l'article Abandon à Zwitter, le nom propre du neurologue traitant.
L'on peut commencer à rentrer, avec le narrateur, dans sa recherche d'une narration principale : l'on découvre vite que l'homme a été un astronome et un météorologue marin, aux péripéties homériques, depuis la Bavière post-1945 de sa naissance jusque dans les profondeurs océanes d'un archipel volcanique austral non identifiable. Ce qui lui reste de plus intact dans ses souvenirs décousus, ce sont ses riches, abondantes et profondes notions de physique quantique.
L'on peut alors adhérer et s'immerger dans le psychisme du narrateur, et participer d'une sorte d'interminable délire de science-fiction métaphysique, où toutes les notions quantiques sont appliquées autant à l'astrophysique qu'à une métaphysique de l'être et de l'existence. Ainsi il est question de torsion de l'espace-temps, de téléportation, d'ubiquité et de double anti-matériel dans une vitesse asymptotique de celle luminique, y compris dans le fantasme d'un amour idéal avec cette Azralone ultra-uranienne.
["Si l'atome (la matière donc) n'existe qu'au moment où il change, tout le réel se profile sur les instants de changement, le monde sensible n'est qu'un froissement de l'éphémère sur fond de néant" p. 264, art. Larme]
Mais l'on peut aussi se perdre dans le foisonnement d'esquisses narratives qui surgissent à chaque article du dictionnaire, images fugaces de quelques phrases plus jamais reprises mais à jamais utilisables comme autant d'inducteurs d'écriture du fantastique (presque toutes des idées de roman) pour certaines, ou bien micro-nouvelles parfaitement construites et accomplies dans l'espace d'un seul mot (cf. "Rats", p. 387) pour d'autres, ou alors narrations secondaires successivement et périodiquement reprises, donnant une véritable épaisseur au héros. Parmi ces dernières, par ex., celle d'Esther, la mère juive, sauvée de la déportation puis suicidée dans le courant d'une rivière et le laissant héritier d'un domaine troqué pour un phare transformé en observatoire astronomique.
A suivre ces narrations-là, l'amnésie de cet orphelin qui ignore d'identité du père, qui sera atteint de somnambulisme dans son enfance et initié à l'observation étoiles par un prêtre qui deviendra aveugle, ainsi que tout le périple hallucinant et halluciné du narrateur parmi des personnages proches du suicide, du meurtre et de la folie, acquiert une plausibilité qui a presque l'allure d'une nécessité.
Il y a là néanmoins tout un univers de coïncidences et d'incohérences, étirement jusqu'à l'extrême du naïvement inconcevable et profanement invraisemblable propre à la physique subatomique contemporaine, l'univers d'un possible contenu dans tout bon roman, mais aussi tous les univers possibles, qui s'ouvrent au détour de chaque phrase, fortement empreinte de poétique et de potentiel d'aphorisme. Chaque phrase, dis-je, et je n'exagère pas.

Si cette lecture m'aura donc occupé environ le décuple de mes durées habituelles de terminaison d'un roman - à mon dam par moments - et sans l'attente d'une chute particulièrement explicative (qui pourtant commence à se profiler d'une certaine manière quelque part dans la lettre V...), cela ne peut que dépendre de l'impératif d'un temps de rêverie adéquat à parcourir efficacement - sinon entièrement - l'Univers...!
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Les atomes du temps sont confondus dans la poussière des songes. Un livre unique appelé dans la fulguration de tous les livres. de toutes les images du monde. Beaucoup d'écrivains remontent le courant vers les cascades et les chutes et s'épuisent en restant les contemplateurs mélancoliques d'un fleuve inatteignable. Hubert Haddad est Dans l'origine. Il est dans la nuit indispensable et insensée de l'ange du sens. L'origine de l'univers qu'il n'est plus possible de connaître dans les pauvres marges étroites de nos vies déguisées par mille travestissements. le signe des signes. Ce livre est sublime, jamais écrit avant, il est l'équation ontologique de la poésie et de la métaphysique. L'arbre et l'étoile enfin se disent les contenus frémissements du temps. Loin d'être un livre dictionnaire, il est bien plus. Il est parousie de tous les signifiants. Il est novalis, Héraclite, Nerval, mej'oun dans le corps d'un gouffre ou d'une fête réconciliée avec la mort.blabyrinthe ou résurgence infinie d'un homme mis en abîme par les miroirs incertains d'un verbe magnifique née d'elle même, un aleph double qui cherche à abolir le visible en ses évidences immédiates.
Livre de haute époque, enfant de l'étonnement et de l'énigme L Univers nous donne l'intuition d'une dimension délivrée et délivrance par l'imaginaire qui n'est autre que la poursuite insaisissable et éperdue d'une étoile polaire, mélancolie. le signe inversé du naufrage est de ce bois des épaves consumées aux fins d'une mémoire en feu
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"L'univers" est le premier roman-dictionnaire... A découvrir absolument ! Pour celles et ceux qui apprécient les bonnes pages. Les phrases chantent, les mots sont mélodieux, c'est de la musique pure.
Hubert Haddad compte parmi les grands et vrais écrivains. Son talent est inversement proportionnel à sa notoriété. Contrairement à certains...
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« Ce cahier sur la table est mon seul ancrage. » (79)

J'avoue qu'il a fallu que je m'accroche au bastingage ! Cent fois j'ai failli laisser tomber, quatre-vingt-dix-neuf fois j'ai repris avant de passer la moitié du livre en survol…

La qualité littéraire est incontestable pourtant, une écriture fine, un joli vocabulaire peu usité, une recherche en écriture poussée dans ses retranchements poético-scientifiques… Ce qui fait que l'on croise tout de même des phrases telles que :

« Comment rendre compte des déformations de l'espace-temps qui se propagent à vitesse luminique à travers les cataclysmes cosmiques. » (335)

Tant qu'il n'y a pas de cadre, pas d'histoire, c'est déstabilisant. Pas facile d'entrer en résonance avec l'esprit évanescent de cet homme. On a pas envie de se laisser pénétrer par son univers pétri d'inquiétude cosmique. Un récit se dessine vers la page 40, mais à l'instar du narrateur, on peine à rassembler une continuité. Hubert Haddad nous propose un monde flottant et peu fiable où le réel se décompose en infimes particules.

Mon esprit étant naturellement volatil, il faisait redondance avec le roman et j'ai eu besoin de reprendre pied… en le refermant le plus vite possible !
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Écrire le présent, n'est-ce pas le vivre ? (23)
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Videos de Hubert Haddad (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Haddad
Avec Katerina Apostolopoulou, Caroline Boidé, Bruno Doucey, Mohammed El Amraoui, Hubert Haddad, Marie Pavlenko & Murielle Szac Accompagnés par le musicien Issa Hassan
Prenez le mot Grâce. Soupesez-le pour en estimer la richesse de sens. Puis déployez-le, en éventail, de manière à faire apparaître ses innombrables significations. Qu'y a-t-il au-delà de ce don accordé, de cette faveur ou non divine ? Un état, un moment, l'extase. Une supplique, une embellie, d'autres extases encore. Sans oublier ces vies que l'on épargne, ce coup souvent fatal, ces inquiétudes et cet accueil, le consentement ou le refus. Les uns disent « Grâce à Dieu », tandis que d'autres ne croient qu'en la chaleur d'une main dans la leur. Mais de textes en textes, de mots d'amour en chants des morts, de cimes en abîmes, les 118 poètes de cette anthologie entonnent sans relâche la grande partition de la vie. Et s'ils viennent de tous les horizons – si elles viennent, car plus de la moitié sont des femmes –, c'est pour dire d'une voix multiple et une : Gracias a la vida !
À lire – Grâce… Livre des heures poétiques, Anthologie établie par Thierry Renard & Bruno Doucey, éd. Bruno Doucey, 2024.
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