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EAN : 9782228898096
378 pages
Payot et Rivages (14/01/2004)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Avant de qualifier une politique, d’en louer les mérites ou d’en déplorer les excès, il faut reconnaître la précarité des choix et la complexité des interactions. Tel est l’objet de ce livre, qui éclaire d’un jour nouveau les principaux épisodes de la guerre froide et les conflits majeurs intervenus depuis 1991. Une superpuissance comme les États-Unis a-t-elle besoin de nouer des allian... >Voir plus
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Jean-Yves Haine utilise sa connaissance encyclopédique de la théorie des relations internationales pour décrypter l'engagement américain dans l'Alliance atlantique.

Son ouvrage se divise en deux parties clairement distinctes. La première se présente comme un traité théorique. Mobilisant un nombre impressionnant de références (la bibliographie « sélective » compte plus de 450 titres !), Jean-Yves Haine bat en brèche la théorie réaliste de Kenneth Waltz. Disciple assumé de Raymond Aron et de Pierre Hassner, il montre que l'analyse mathématique de la puissance et des équilibres de force est stérile si elle n'est pas complétée par la prise en compte de la psychologie des décideurs et l'examen des processus de décision. Il illustre sa démonstration par l'étude, désormais classique, de la crise de Cuba où la modification de l'équilibre stratégique provoquée par les SS-4 cubains importe moins pour John Kennedy que le maintien de la crédibilité américaine à Berlin.

Cette première partie serait bien aride si elle n'introduisait pas à l'analyse de l'engagement américain dans l'OTAN.
Jean-Yves Haine nous met en garde contre « l'illusion rétrospective de la fatalité » (p. 183) en nous montrant que l'engagement des États-Unis dans l'Alliance atlantique était rien moins que certain au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Les États-Unis rompait alors avec une tradition isolationniste, un refus de limiter leur autonomie par des engagements multilatéraux, qui remontaient au Farewell Address de Georges Washington. Si les États-Unis acceptèrent en 1949 de se lier les mains dans une alliance, la raison déterminante n'était pas militaire. Il s'agissait moins de défendre l'Europe que de la stabiliser en complétant l'oeuvre entamée par le plan Marshall. La priorité n'était pas de se prémunir d'un déferlement de l'Armée rouge mais de redresser l'Europe pour éviter qu'elle ne cède aux mirages du communisme.

Ceci permet de comprendre pourquoi l'OTAN a survécu à la chute du Mur. Dans une pure logique réaliste, la disparition de la menace soviétique aurait dû priver de raison d'être l'Alliance atlantique. Or l'OTAN a survécu. Il y eut certes, pour une part, une inertie institutionnelle au maintien d'une structure bureaucratique lourde où des pratiques communes s'étaient développées. Il y eut surtout une volonté américaine de « ne pas changer une équipe qui gagne », comme le répète à de nombreuses reprises Jean-Yves Haine. D'autant que cette structure offrait aux pays de l'Est récemment libérés du communisme à la fois une garantie de sécurité face à la menace russe toujours latente et la reconnaissance politique de leur retour à l'Europe.

C'est cette logique qui s'est rompue avec le 11 septembre. Un 11 septembre qui est moins la cause d'un changement de politique que l'occasion pour un courant néo-conservateur de mettre en oeuvre un agenda forgé au cours des années 90 . L'administration Bush a en horreur l'internationalisme libéral pratiqué par Bill Clinton et Madeleine Albright. La « guerre par comité » menée au Kosovo, où la puissance militaire américaine a été constamment entravée par les règles démocratiques de fonctionnement de l'Alliance, constitue le précédent à ne pas reproduire. Désormais, Washington entend garder les mains libres.
La finalité de la politique étrangère n'a pas foncièrement changé : il s'agit toujours, avec ce mélange d'opportunisme et de formalisme dénoncé par Stanley Hoffmann , de porter la démocratie à travers le monde. Mais les moyens de cette politique ont changé. Les États-Unis n'ont désormais plus de scrupule à user de la force pour parvenir à leurs fins. Et s'il leur fallait s'en justifier, la « guerre contre le terrorisme » offrirait un alibi parfait. Gulliver n'est plus empêtré ; il est déchaîné .
Ce « wilsonisme botté » hypothèque lourdement l'avenir de l'OTAN. Si la menace définit désormais la coalition, comme l'affirmait dès octobre 2001 Donald Rumsfeld, c'est que l'Alliance a perdu toute pertinence pour son membre le plus important. Certes l'OTAN garde objectivement encore quelque utilité. L'intégration des pays de l'Est n'est pas la moindre. La participation des Européens aux opérations de maintien de la paix que l'activisme belliqueux des Américains rend nécessaire en est une autre : ce sont des soldats européens de l'OTAN qui aujourd'hui rétablissent l'ordre à Kaboul. Mais, ces avantages sont de peu de prix aux yeux de l'administration Bush.

Jean-Yves Haine est convaincu que, même pour les Américains, l'OTAN n'est pas « superflue » (p. 291). L'hégémonie américaine ne peut perdurer sans un minimum de légitimité. Et cette légitimé peut être acquise au sein de l'Alliance.
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