Une introduction personnelle s'impose ! Lorsqu'il a fallu choisir une BD de la sélection, j'ai été attirée par la couverture de « Beta… civilisation ». Je fabulais sur le titre et je me voyais déjà paléontologue ou paléoanthropologue en herbe. Sottement, j'imaginais retrouver les frises murales qu'il y avait dans mes classes primaires et qui représentaient l'évolution de la vie sur la Terre. Des schémas simples, colorés, et de belles illustrations.
L'aventure est autre ! certes, ce livre est illustré, mais il n'est rien de ce que je pouvais concevoir…
L'album fait suite au titre « Alpha… directions » qui a eu le Prix de l'audace au festival d'Angoulême en 2010 et qui retrace quatorze milliards d'années, du Big Bang à l'apparition des hominidés. Beta relate la continuité avec l'évolution des hommes sur quatre millions d'années.
(« Audace » dans l'originalité, la singularité, le travail… le tout est très surprenant.)
Ce livre, 1kg750, 367 pages, est divisé en deux grandes parties, Tertiaire et Protohistoire, qui ont plusieurs chapitres…
Paléolithique inférieur
Paléolithique moyen
Paléolithique supérieur
Mésolithique
Néolithique – Age de pierre
Antiquité – Premières grandes civilisations – Age de cuivre et Age de bronze
Haute Antiquité – Époque des premiers empires – Age de fer
L'auteur commence par présenter la disparition des dinosaures et l'extinction de toute vie sur la Terre. Enfin, ce n'est pas tout à fait exact car certains mammifères survivent et engendrent d'autres espèces qui se développent… La transformation est importante et donne « un être d'un genre nouveau disposé à conquérir un continent entier : l'australopithèque… ».
On retient notre souffle et on repart en arrière pour détailler le graphisme très riche en planches anatomiques, enluminures médiévales et iconographies bibliques. Car ce livre, ou cette « bible », est ainsi construit…
Jens Harder mêle à ces mutations et à la progression des civilisations, tout un patchwork d'images puisées dans le vivier de la littérature, le cinéma, les sports, l'industrialisation, les religions… les mondes fusionnent. Sont côte à côte, des primates, Elvis Presley et Superman. Il ne faut point chercher l'erreur, mais plutôt un fil conducteur, et ça rend le parcours ludique. Lorsque l'homme préhistorique taille la pierre, Harder l'associe à Obélix taillant son menhir.
La chronologie nous fait avancer vers des postures et des traits plus humains. Il y a dans les regards des émotions troublantes et les gestes sont les nôtres. La chasse, le combat, les jeux, les mouvements ont une même origine. Aussitôt une analogie est esquissée.
Tout est dense, trop peut-être…, mais les illustrations sont superbes et on ne peut que saluer l'incroyable travail, même si on se perd dans ce labyrinthe.
Les âges défilent, pierre, cuivre, bronze, fer, la nature progresse jusqu'à l'Antiquité, jusqu'au règne de Caligula, jusqu'en Palestine où la naissance d'un petit garçon annonce une autre ère, celle qui sera racontée dans le deuxième volume.
L'humanité ainsi symbolisée, synthétisée, nous offre quelque chose de fabuleux, d'abondant, et surtout une approche atypique. Dorée, mordorée, bronze, argentée, métallique, la couleur change en fonction des chapitres et amène du minéral, du faste.
Vous ne resterez pas insensible…
Je vous recommande ce livre, mais avant je vous conseille de le feuilleter car il peut surprendre. Il n'est pas facile à aborder, il est hors-norme.