Sous la verte feuillée - Quatre saisons à Mellstock - Under the Greenwood tree

Une demi-heure plus tard, Dick ressortit de l'auberge et si les lèvres de Francy avaient été des cerises, les siennes eussent probablement paru fort tachées.

Les familiers des bois savent reconnaître chaque essence d'arbre aussi bien à sa voix qu'à son port. Sous la caresse du vent, les sanglots et les gémissements des sapins ne sont pas moins distincts que leur va-et-vient ; le houx siffle en luttant avec lui-même ; le frêne chuinte, parcouru de frémissements ; le hêtre crépite en balançant ses branches plates. Et l'hiver qui, en les dépouillant de leurs feuilles, vient altérer leur chant sylvestre, ne peut cependant faire qu'ils soient moins reconnaissables.

- Que peut-il exister de plus effronté que des femmes réunies ? murmura Spinks.

Mrs Crumpler, grosse femme qui, pour une raison inconnue, dans en tablier, exécute les figures avec tant de lenteur que l'on ne voit jamais ses pieds, ce qui permet aux gens imaginatifs de supposer qu'elle glisse sur des roulettes.

Pour ceux qui habitent les bois, chaque arbre a sa voix et sa physionomie. Au passage de la brise, les sapins gémissent en se balançant tristement; le houx, en heurtant ses feuilles, siffle bizarrement; le frêne fait entendre un bruissement léger et le hêtre frémit de toutes ses branches.
L'hiver, qui modifie le chant de ces arbres en les dépouillant de leurs feuilles, ne détruit pas leur individualité.

Une demi-heure plus tard Dick ressortit de l'auberge et si les lèvres de Fancy avaient été des cerises, les siennes eussent probablement paru fort tachées.

Tantôt sous de sombres sapins dressés comme des piliers de cathédrale, tantôt au travers d'un bois de noisetiers tapissé de primevères et de jacinthes sauvages, tantôt sous de grands hêtres couverts de jeunes feuilles luisantes, le cortège chemina sur la grand route pour passer la colline de Yalbury et plonger directement dans le village où se situait l'église de la paroisse de Geoffrey Day.

La ferme de Shinar, une curieuse bâtisse, s’élevait au coin d’un sentier qui débouche obliquement dans la voie principale. Les fenêtres supérieures étaient beaucoup plus larges que hautes et cette particularité, jointe à la présence d’un vaste bow-window à l’endroit où l’on s’attendait à voir une porte, donnait de jour à la maison l’aspect d’une personne humaine assise de travers, avec un regard sournois et méchant.

Chapitre 5

Il tira des sons discordants de l'harmonium et par accident renversa un vase de fleurs. L'eau courut en rigole sur la table, puis cascada sur le plancher où elle forma un lac dont Dick modifia si bien les contours à l'aide de son pied que ce lac représentait au bout de quelques minutes la carte d'Angleterre et du pays de Galles.

À mesure que le printemps avança, Dick sortit plus fréquemment ; il découvrit que le chemin le plus court – quelle que fût la course – était invariablement de traverser le champ qui longeait l’école. (...)
À force de fouler le champ à un endroit que personne ne fréquentait, il finit par tracer dans l’herbe un véritable sentier. Une rencontre fortuite récompensa son assiduité.

Chapitre 10