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EAN : 9782707167903
650 pages
La Découverte (25/08/2011)
4.18/5   14 notes
Résumé :

Ambitieuse, provocante et stimulante, Une histoire populaire de l’humanité offre une alternative radicale à l’histoire traditionnelle, une réflexion puissante sur les courants profonds des peuples qui s’agitent sous l’écume des pouvoirs…
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« A tout moment, des êtres humains ont choisi d'emprunter tel chemin plutôt que tel autre, et ils ont lutté pour ces choix au cours de grands conflits sociaux. » (extrait de l'introduction)

Les bonnes intentions ne suffisent pas pour écrire un bon livre. Elles peuvent ouvrir des fausses portes et boucher, d'images/carcans, les fenêtres de l'imagination.

En règle générale je m'en tiens à « Donner envie de lire, susciter la curiosité et le désir de mieux cerner les réalités, en pointant des éventuelles difficultés ou les disputes souhaitables. » Je fais donc ici une exception.

Il y a beaucoup de livres intéressants, beaucoup d'autres inutiles. Certains, malgré leurs bonnes intentions, peuvent conduire les lecteurs sur de fausses pistes et masquer une vision erronée du monde. C'est le cas de cette « Histoire de l'humanité » de Chris Harman, qui se revendiquait de l'émancipation radicale..

Ses références sont autant de cartes de visite. Mais il ne suffit pas de se réclamer de Marx et d'Engels pour éviter les confusions conceptuelles. Pour faire le type d'histoire projetée, il est fondamental de rendre compte de toutes les luttes sociales et les contextualiser, c'est du moins ce que j'ai cru apprendre chez Marx. A chaque mode de production, une ou des « classes laborieuses » produisent le nécessaire et le surplus, sans oublier que les formes d'appropriation de ce surplus peuvent être extra économiques…

Personne ne peut se prétendre spécialiste de toutes les périodes. Il faut disposer d'un culture immense, d'un ego disproportionné pour penser pouvoir écrire seul une histoire populaire de l'humanité, de toute l'humanité.

Contrairement à l'auteur, je sais que je ne sais pas. Des pans entiers de cette improbable histoire des êtres humains me sont inconnus, d'autant que je ne lis que le français. A titre de profane curieux j'ai étudié partiellement certaines périodes dans certains pays ou régions, oublié probablement beaucoup de choses. Donc je ne ferais ici part que d'opinions sur ce que je comprends.

Écrire sur les périodes, sans trace d'écriture pose de multiples problèmes. Mais Chris Harman s'appuie principalement sur des travaux du XIXème siècle et sur les idées émises par Saint Marx et Saint Engels. Avant, des regroupements d'être humains égaux, puis avec l'apparition de surplus, les premières divisions en classe. La simplicité d'une réduction économiste du monde. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin. Avant le communisme primitif, l'égalité entre homme et femme. Cette notion de communisme primitif, outre la mythification de ce que pouvaient être les relations entre les êtres humains, projette une ombre saugrenue sur le futur émancipateur.

Mais cela permet aussi une arnaque. Puisque l'oppression des femmes est issue de l'appropriation des surplus par les classes dominantes, il ne sera plus, à quelques exceptions près, nécessaire de parler des femmes. Exit les rapports de domination sexués, l'histoire devient sexuellement indifférenciée, une mâle histoire populaire.

Au coeur des explications, la lutte de classes, en tout lieu et en toute période, avec un arrière goût prononcé pour les classes moyennes qui semblent jouer les bouche-trou d'explication oiseuses et la réduction du prolétariat, lorsqu'il existera, aux ouvriers. Puisque la bible marxienne lui garantit la qualité de l'évangile/thora, l'auteur ne se pose pas de questions sur la projection dans le passé de catégories de la pensée moderne, sur la lecture du passé à l'aide d'outils d'analyse construits pour d'autres organisations sociales.

Passons dans d'autres dimensions.

Outre l'usage des noms actuels pour décrire des lieux, des pays dont les frontières ont évolué, des groupes avant qu'ils ne deviennent des « peuples », l'usage indifférencié des termes comme État, exploitation, travail, etc. tend à une naturalisation des conditions spécifiques et historiques ; et fait exister un fil conducteur d'un déterminisme mesquin. D'autant que l'auteur semble avoir une conception assez linéaire de l'histoire et des modes de productions.

Si Chris Harman n'oublie pas certaines grandes régions du monde, au moins à certaines périodes, le basculement dans le moyen-age semble faire de l'Europe le centre potentiel du monde. Avec les conditions de naissance du capitalisme (invention d'une nouvelle linéarité écrite à rebours, accordons à l'auteur qu'il partage ce travers avec beaucoup d'autres), la place de l'Europe dans le monde devient disproportionnée en regard de la place de sa population. La plupart du temps, il s'agit donc d'une histoire eurocentrée.

Pour des savants chinois, indiens, l'exposition des géographies et des temps seraient bien différents. le centrage du temps du monde sur celui de l'Europe accentue l'eurocentrisme. Et des groupes entiers de population n'ont pas le droit de cité dans cette somme défectueuse.

Dans bien des passages l'auteur ajoute à des descriptions sommaires des éléments plus précis. redresse des points déjà exposés, corrige des passages. En somme à boire pour ceux qui ont soif et à manger pour les gourmets, mais la table est mal desservie et globalement les plats mal accommodés.

Je fais grâce aux lectrices et aux lecteurs de certaines phrases qui m'ont fait hérisser les cheveux sur la tête…. (Pour les incrédules, je renvois à la page 574 et à la conformité, au projet capitaliste, de la mise en place des ghettos en Pologne dans les années 40)

Les méthodes employées par les Marx semblent avoir été oubliées : la recherche de la racine des choses pour Karl, l'humour désintégrateur de Groucho, sans oublier les poches sans fond du frisé Harpo.

A cette pas-si-populaire et amputée histoire, j'aurais préféré une présentation de quelques résistances, révoltes, révolutions à travers les âges et le monde, et des indications sur les contradictions sociales éventuelles, les contextes ou les événements plus contingents.
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Une histoire de l'humanité décrite au travers des grilles d'analyse de la philosophie marxiste. Un choix et une présentation qui permet de rendre compte et comprendre les grands mouvements des peuples. L'ensemble des évènements historiques, les tragédies meurtrières, les phases de prospérité, les révoltes, les dépressions, les cycles d'apparition de disparition des civilisations, sont présentés dans leur enchaînement et leur cohérence. Un regard intelligent et engagé qui permet d'englober le monde et ses soubresauts, les interactions entre les peuples et la lutte permanente entre les classes sociales directement rattachées aux contraintes et aux rapports de production.
Un gros pavé qui a néanmoins quelques défauts. le premier est parfois un manque de synthèse dans l'analyse et la description des faits, notamment plus l'auteur se rapproche de notre siècle plus il donne des détails et des précisions statistiques pour argumenter son propos, par ailleurs il manque également de synthèse sur des sujets qui sont à l'évidence ses domaines d'expertise, la révolution anglaise et la révolution américaine. Par ailleurs, ce livre a le défaut de son objectif, c'est à dire couvrir l'ensemble de l'histoire de l'humanité. Cela oblige l'auteur à faire des raccourcis qui parfois m'ont semblé étonnant, n'étant pas historien de formation (par exemple expliquer la création des ghettos juif pour des raisons économiques).
Le parti pris de l'auteur pour une analyse marxiste de l'histoire peut heurter certain. Elle a le mérite de donner une vision globale et cohérente de notre histoire. le livre a été écrit en 1999, le choc du 11 septembre 2001 n'avait pas eu lieu, ni la crise financière de 2008 et encore moins le printemps des pays arabe, mais les propos de la conclusion de l'auteur sur les conséquences d'une prochaine crise économique, sur la montée des partis réactionnaires, son analyse des perspectives d'avenir sont étonnants et donnent tout de même à réfléchir sur notre avenir.
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Michelet disait (à peu près) qu'il n'y a pas de grands hommes, en dehors de ceux qui sont montés sur les épaules des hommes ordinaires. C'est l'histoire de ces hommes ordinaires que Chris Harman tente de restituer, de l'âge de pierre à nos jours. Vaste programme, dirait l'autre ! Harman s'appuie d'un côté sur l'interprétation marxiste de l'histoire, plutôt celle d'Engels, d'ailleurs - le Engels de Dialectique de la nature, de l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, ou encore d'Anti-Duhring , et c'est heureux - et de l'autre sur les recherches en histoire pour tenir compte des découvertes les plus récentes. le résultat est un gros pavé encyclopédique, finalement moins surprenant qu'on pouvait l'imaginer d'abord, mais riche de points de vue pertinents sur les grandes crises de l'histoire, des premiers empires à nos soubresauts actuels.
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La 4e de couverture annonce une histoire de l'humanité sans rois, reines, généraux ou "grands hommes" et en adoptant le point de vue des délaissés de l'histoire « officielle » de l'âge de pierre à la fin du XXe siècle.

Entreprise ambitieuse, mais complétement ratée à cause du filtre employé pour retracer l'histoire de l'humanité : la lutte des classes contre le capitalisme que l'auteur voit depuis la première sédentarisation. La spécialisation étant le péché originel ayant permis l'essor du capitalisme. Pour étayer sa thèse, il prend de grandes libertés avec L Histoire et finit par voir dans chaque révolte, gréve, mutinerie une révolution potentielle faite par les travailleurs contre les exploiteurs.

Les "grands hommes" ne sont pas absents, mais ce ne sont pas ceux qui figurent habituellement dans les livres. On y trouve pêle-mêle : Marx, Engels, Robespierre, Rosa Luxembourg, Lenine et Trotsky. Staline y figure aussi, mais sous forme de traitre de la révolution et pour mieux le faire basculer dans le camp du mal, il devient le promoteur du capitalisme d'Etat.

Quant aux laissés pour compte de l'histoire officielle, ils sont présents mais sous forme d'abstraction, simple moteur de la révolution.

Depuis le paradis perdu des chasseurs cueilleurs jusqu'à la fin du XXe, nous suivons le réquisitoire d'un procureur qui se laisse aveugler par son idéologie, si bien qu'il n'a même pas besoin d'apporter de faits. On y trouve des phrases du type "Certains pensent que" pour appuyer son réquisitoire. Des événements sont intentionnellement passé sous silence (Les 2 Guerres mondiales ne sont vues que par le biais des grèves et de mutineries, les années de plombs en Italie uniquement par les grèves).

Pour ce qui concerne l'histoire de France, on y trouve un dictateur (De Gaulle) sans plus d'explication, un Napoléon expédié en 3 phrases, les grèves de 1995 comme un prémisse de révolution.

Livre intéressant pour comprendre comment le choix des événements, la manière de les présenter et les oublis permettent de raconter une histoire orientée.
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Il s'agit là d'un grand exercice intellectuel qui propose de voir une histoire de l'humanité différente qui n'est plus présentée comme l'héritage, si pas de grands hommes tout au moins des corps dit d'élites.
L'axiome est de partir de la base, si pas des démunies au moins des peuples et des personnes qui les composent. L'exercice est difficile : passer au travers du prisme de la lecture anti-marxiste bête et méchante est loin d'être la chose la plus aisée à notre époque. Pourtant, c'est avec les clefs de la lutte des classes que l'auteur ouvre des voies vers de nouvelles d'approches qui paradoxalement redonnent foi en une humanité souvent martyrisée, toujours brimée mais jamais terrassée.
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critiques presse (1)
LaPresse
13 février 2012
Chris Harman n'était pas un historien mais un militant politique. Le but de son livre [...] était de rappeler que l'Occident n'est pas le centre universel de l'humanité et que ce sont les rapports de force au sein des sociétés qui fondent la dynamique des changements sociaux.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
il serait proprement extraordinaire qu’un mode d’organisation économique et social qui ne représente que 0,5% de la durée d’existence de l’espèce humaine soit destiné à se prolonger indéfiniment
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L’histoire raconte comment nous sommes devenus ce que nous sommes. Comprendre cela, c’est la clé qui permet de savoir si nous pouvons, et comment nous pouvons, changer le monde
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