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Citations sur Aristocrates sauvages (12)

Gary Snyder : "Les gens pensent souvent que l'art est la production humaine la plus hautement cultivée, disciplinée, organisée; or, s'il exige une longue préparation, l'art n'advient que si on laisse le sauvage y entrer.
Je me souviens de ce que Robert Duncan disait : "Pour que ce soit de la poésie, il faut à la fois de la musique et de la magie." Et la magie donne accès au sauvage. Il faut éteindre l'esprit calculateur!"
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Je suis poète. Mes maîtres sont d'autres poètes, des Indiens d'Amérique, et quelques prêtres bouddhistes du Japon. Je représente ici ma propre circonscription électorale, le monde sauvage. Je veux être le porte-parole d'un royaume qui d'habitude n'a de délégué ni dans les salons intellectuels ni dans les assemblées gouvernementales.
(...) Hélas, il n'y a pas de sénateur pour 'tout ça'. Et je pense à de nouvelles définitions de l'humanisme et de la démocratie qui incluraient le non-humain, accorderaient des représentants à 'tout ça'. Voilà, selon moi, ce que nous voulons dire quand nous parlons de conscience écologique.

Gary Snyder, in Amérique : Île tortue
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Gary Snyder : (...) Dōgen disait : "Est-ce que tu vas essayer de t'améliorer toi-même ou est-ce que tu vas laisser l'Univers t'améliorer ?

Jim Harrison : Oui, parce que d'une certaine façon, c'est sans effort que tu ouvres ton coeur à ce territoire. Quand on est arrivés au bout de la montée, hier, c'était irrésistible. Tu vois ce que je veux dire ? Impossible d'empêcher l'ouverture de la cage thoracique. C'était là, dans le paysage.
On ne pouvait pas être là aujourd'hui sans penser à ce que Dōgen dit des montagnes et des rivières, et j'ai songé à cette idée qu'étudier le moi c'est oublier le moi, et qu'oublier le moi, c'est ne faire plus qu'un avec les dix mille choses – ces dix mille choses ne font plus qu'un avec toi.
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C'est dans la forme du monde entier que le Soi se déploie. Qui a bien pu dire aux gens que le mot "esprit" signifie pensées, opinions, idées ou concepts ? L'esprit, ce sont les arbres, les piquets des clôtures, les tuiles et les herbes.

Dôgen Zenji
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AS FOR POETS

As for poets
The Earth Poets
Who write small poems,
Need help from no man.

The Air Poets
Play out the swifest gales
And sometimes loll in the eddies.
Poem after poem,
Curling back on the same thrust.

At fifty below
Fuel oil won't flow
And propane stays in the tank.
Fire Poets
Burn at absolute zero
Fossil love pumped back up.

The first
Water Poet
Stayed down six years.
He was covered with seaweed.
The life in his poem
Left millions of tiny
Different tracks
Criss-crossing through the mud.

With the Sun and Moon
In his belly,
The Space Poet
Sleeps.
No end to the sky -
But his poems,
Like wild geese,
Fly off the edge.

A Mind Poet
Stays in the house.
The house is empty
And it has no walls.
The poem
is seen from all sides,
Everywhere,
At once.

QUANT AUX POETES

Quant aux poètes,
Les Poètes de la Terre
Qui écrivent de petites poèmes,
Ils n'ont besoin de personne.

Les Poètes de l'Air
Déclenchent les plus fortes bourrasques
Et parfois se prélassent dans les tourbillons.
Poème après poème,
Ils se replient sur la même lancée.

A cinquante sous zéro
Le pétrole brut gèle
Et le propane reste dans le réservoir.
Les Poètes du Feu
Brûlent au zéro absolu
Résurgences d'amour fossile.

Le premier Poète de l'Eau
Passa six ans au fond.
Il était couvert d'algues.
La vie dans son poème
Laissa des millions de
Minuscules traces différentes
Enchevêtrées dans la boue.

Portant le Soleil et la Lune
Dans son ventre,
Le Poète de l'Espace
Dort.
Le ciel est sans limite -
Mais ses poèmes,
Comme les oies sauvages,
S'envolent au-delà.

Un Poète de l'Esprit
Reste à la maison.
La maison est vide
Et n'a pas de murs.
Le poème est vu de tous côtés,
Partout,
En même temps.
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Pour ceux qui parviendraient à percevoir directement l'essence de la nature, l'idée du sacré et illusion et obstruction : elle nous détourne de l'observation de ce qui est devant nos yeux : les choses telles qu'elles sont dans leur simplicité. Racines, tiges ou branches sont tout autant valables. Ni hiérarchie ni égalité. Rien d'occulte, rien d'ésotérique, pas de surdoués ni de retardés. Pas de sauvage ou de domestiqué, pas de naturel ou d'artificiel. Chacun est son propre soi fragile perçu dans la totalité. Et cela même si tout est relié à tout - et même parce que justement tout est lié.

Gary Snyder, La Pratique sauvage, "La marche continue des montagnes bleues"
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La cabane et quelques arbres

flottent dans le brouillard mouvant

J'ouvre ton corsage,

réchauffe mes mains froides

sur tes seins

tu ris et frissonnes

en épluchant de l'ail près du

poêle brûlant

la hache, le râteau,

le bois sont rentrés

nous nous appuierons contre le mur

l'un contre l'autre

alors que le ragoût mijote sur le feu

à la tombée de la nuit

buvant du vin.
(Gary Snider)
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Il avait conduit une bonne partie de la nuit
.Depuis San Joaquin tout en bas
Par Mariposa, gravissant
Les dangereuses routes de montagne,
Pour arriver à huit heures du matin
Avec son gros chargement de foin
derrière la grange

À l'aide d'un treuil, de cordes et de crochets,
On a entreposé proprement les bottes de foin
Jusqu'aux chevrons en cèdre plein d'échardes
Là-haut dans l'obscurité, petits ronds de luzerne
Tourbillonnant dans les trous de lumière entre les bardeaux,
Poussière de foin qui gratte dans la
chemise pleine de sueur et dans les chaussures.

Au déjeuner sous le Chêne Noir
Au milieu du corral brûlant,
- La vieille jument renifle les seaux de nourriture,
Crépitement des sauterelles dans les herbes -
Il dit : "J'ai soixante-huit ans.
La première fois que j'ai rentré le foin, j'avais dix-sept ans.
Je me disais, ce jour là,
Que pour rien au monde je ferais ça toute ma vie.
Et ben, c'est pourtant ce que j'ai fait."

Gary Snyder : Du foin pour les chevaux.
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Gary Snyder : Le premier précepte bouddhiste est le suivant : "Fais le moins de mal possible." Ce précepte fait référence au terme d' "ahimsa" que l'on retrouve dans le message de Gandhi. Il traduisait le vieux terme "ahimsa" quand il parlait de "non-violence". Cela signifie littéralement "non-nuisance" : il s'agit d'évaluer, pour chaque situation, quelles nuisances sont susceptibles d'apparaître et dans quelle mesure on peut s'empêcher de nuire. C'est un défi pour l'individu mais aussi pour la famille, pour un clan, pour un village, si on accepte cela comme une valeur.
Mais ce qui distingue "ahimsa" du commandement biblique "Tu ne tueras point", c'est que cela s'applique à tous les êtres vivants et pas uniquement aux hommes. Des siècles durant, en Inde puis en Chine et au Tibet, les débats se sont succédé au sujet de la portée d' "ahimsa". Jusqu'où étendre ce principe ? Des moines bouddhistes chinois finirent par trancher : "Il faut l'étendre à tout ! Aux roches, au sable, aux rivières."
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GS : Et il existe quelque chose, en Chine et au Japon, qui s'appelle la maladie du zen. C'est lorsqu'on s'accommode trop facilement du fait que tout meurt et que tout est impermanent : ça vous donne une mauvaise sorte de confiance en soi. On risque alors de perdre notre sensibilité à la souffrance des gens et des animaux.
(...)
UN MEMBRE DE L'EQUIPE : Beaucoup d'Occidentaux disent pratiquer le zen et j'ai l'impression qu'ils le font pour perdre leur sensibilité à la souffrance des autres, comme une sorte de technique pour se prémunir contre les sentiments.
GS : oui, il existe aussi un kôan à ce sujet. Il s'agit de quelqu'un qui, à la mort de sa femme, se met à hurler de chagrin tellement fort qu'on l'entend à trois kilomètres. Voilà la kôan - son élève dit : "Je pensais que lorsqu'on pratiquait le zen, on ne ressentait pas les choses ainsi." Et le maître répond ; "Essaye de hurler de façon à ce qu'on t'entende à trois kilomètres."
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