AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,4

sur 271 notes
"Grand Maître" est un roman de Jim Harrison (415 pages), édité chez J'ai Lu en Février 2014. le sujet du roman ? Comment vous dire ? Et bien, messieurs qui me lisez, que feriez-vous si vous constatiez que vous prenez de l'âge, des rides, de l'embonpoint et que vous n'avez plus le goût à rien si ce n'est qu'à vous alcooliser, qu'à engloutir force nourriture, qu'à mater les rares jeunes filles qui passent encore devant vos fenêtres et à vous enfoncer dans une demi-léthargie en rêvant à cette époque heureuse où vous étiez un jeune homme, beau, fort, séduisant avec plein de projets ? Vous feriez peut-être comme Jim Harrison : vous songeriez à vous tirer une balle dans la tête !

Dans cet ouvrage, Jim va nous brosser un tableau long comme le bras et très émouvant (non, je n'ai pas écrit "larmoyant") de son mal être, tout en dénonçant à fleuret moucheté les dérives sociétales de son pays, le tout sur fond de fausse enquête menée sur un gourou pédophile et fondateur d'une secte dont le nombre d'adeptes grossit dangereusement (tiens, comme notre bon vieux Jim). Les dix premiers chapitres, soit plus des deux tiers du livre (qui est un faux roman policier), sont d'un ennui profond, quant à la fin, je ne voudrai pas spoiler mais sachez qu'elle ne casse pas trois pattes à un canard, comme le dit si élégamment ma concierge.

Bon, au final, qu'en penser ? Puisque c'est un faux roman policier, inutile de chercher un assassin, une intrigue, du suspense, des faits et des rebondissements et des personnages pittoresques. Reste un roman avec des descriptions fastidieuses, des évènements plus ou moins consistants - qui ne contribuent qu'assez peu au projet littéraire et qui ne sont analysés que superficiellement-, et puis des obsessions sexuelles qui inondent le roman (à raison d'une toutes les 3 pages), et en prime une dérive existentielle dont on pressent l'issue.

Un livre raté ? le livre de trop dans la production du grand Jim ? Pas tout à fait. Au-delà de la dénonciation de l'état catastrophique de la société américaine dans laquelle il vit, une société qui a oublié qu'elle a commis le génocide des Indiens d'Amérique (500 tribus, 10 millions d'hommes en 2 siècles), Jim dénonce la financiarisation du monde et la déliquescence des rapports parents enfants. Et puis il se confesse : oui, son divorce a flingué sa vie ; oui, malgré son sang indien, il n'a jamais bougé le petit doigt pour venir en aide à la cause indienne ; oui, il est vieux, ravagé, sans espoirs ; oui, il s'emmerde avec ce trop plein de loisirs qui l'envahit ; oui, il lui reste les plaisirs de la table, la nature, les rivières où il fait bon pêcher la truite et les sentiers qui lui permette de faire de la rando et de chasser la gélinotte.

En plein désert affectif, Jim, fatigué et en fin de vie, nous livre un ouvrage attachant d'où la poésie n'est pas absente. Ce livre mélancolique, à l'humour grinçant, tendre et lucide n'est fait ni pour les dépressifs, ni pour les hyper-actifs. Les inconditionnels de Jim Harrison trouveront probablement l'ouvrage en-deçà de la qualité de ses productions précédentes. Je mets 3 étoiles.
Commenter  J’apprécie          494
Le Grand Maître est un gourou convaincu d'avoir un zizi aux vertus magiques. Une prétention qui pourrait prêter à sourire si ce n'est qu'il persuade ses fidèles que ses fluides corporels doivent honorer de jeunes vierges tout juste pubères. C'est la dernière affaire confiée à Sunderson, un inspecteur de la Police du Michigan. Ne parvenant pas à arrêter le gourou, il continue son enquête après son départ à la retraite. Il se rend en Arizona où la secte s'est déplacée pour fuir la justice. L'affaire amène Sunderson à réfléchir sur les liens entre la religion, le sexe et l'argent. Mais on a surtout l'impression que tant que le dossier reste ouvert, Sunderson reste dans un statu quo qui lui permet de ne pas basculer dans l'inactivité. Il faut dire que le désoeuvrement fait resurgir ses vieux démons. Notre jeune retraité nage en pleine confusion, quelle soit sentimentale (il se remet difficilement de son divorce), professionnelle (de nombreux souvenirs remontent à la surface), familiale (quelques bons vieux traumatismes conservés dans le formol) et sexuelle (une lubricité à dompter avant que la machine ne s'arrête). de cette confusion découle un récit décousu où se juxtaposent les anecdotes et les considérations diverses. le lecteur comprend rapidement que la vraie-fausse ou la fausse-vraie enquête policière n'est qu'un prétexte habile pour nous dépeindre les tourments d'un sexagénaire au crépuscule de sa vie. le roman contient une flopée de questions existentielles court-circuitées par des petits bonheurs aussi simples que la cuisine mexicaine, l'alcool, les livres d'Histoire et le derrière des femmes. Heureusement, deux bons vieux remèdes vont offrir à notre héros un calme et une lucidité salutaires : la marche en pleine nature et la pêche à la truite. Une belle leçon de vie qui permet au lecteur de passer au second plan le désordre du récit.
Commenter  J’apprécie          380
Le grand Jim prend de l'âge c'est sûr et il ne changera plus, il aime les Indiens, la Nature, la Bonne Bouffe, le sexe, mais il vieillit , alors il s'éloigne de notre monde contemporain, il balance sa bagnole, il marche, il vit moins dans sa maison, il va à l'hôtel, il dort moins à l'hôtel, il campe, il vend ses fringues et en achète en seconde main et pas n'importe lesquelles : de cowboy ceux-là même qu'ont dévasté 10 millions d'indiens, 500 tribus sur deux siècles.

Alors le grand Jim fait un acte de contrition, il pourchasse un gars qui change d'appellation de temps en temps, ce gars pourchassé est l'archétype de tout ce que le grand Jim déteste et rejette : le pouvoir, le fric, la société de consommation. le 21ème siècle...

Mais le grand Jim est humain, il a donc ses contradictions : il picole, il fume, il mange riche : viande, graisse, viande, graisse, il s'auto-médicamente, son corps est blessé et meurtri à l'image d'une Amérique le cul entre deux chaises historiques et surtout il erre dans un désert affectif

Que des regrets, du cul vite fait, ouaip le grand Jim vieillit mais son écriture, elle, a gardé toute sa prime jeunesse
Commenter  J’apprécie          290
Livre abandonné pour moi vers la 30ème page. Je ne rentre pas dans l'histoire et je trouve l'écriture rébarbative.
En aucun cas je ne critique ici ce grand auteur qu'est Jim Harrison. Je crois juste que ce n'est pas le bon moment pour moi de lire ce livre ! Peut être y reviendrai-je une autre fois...
Commenter  J’apprécie          280
Ca sent le sapin.
Je vous assure, j'ai un sixième sens pour ça : le grand Jim va tirer sa révérence. Et ce n'est pas ce faux double, ce Sunderland boursoufflé, jeune retraité, jeune divorcé, bibliophile et mateur invétéré qui me détrompera. Harrison en a bientôt fini avec nous, on l'emmerdait déjà avant mais là, ça y est, la coupe est pleine. Entre un internet du cul mondialisé, un Bush Jr va-t-en-guerre, une population américaine toujours plus prédatrice, une planète dont l'éternelle nature part complétement en sucette, le grand Jim a son compte. Et ne comptez pas sur moi pour tenter de lui prouver le contraire.
Bref, ça sent le sapin pour Sunderson, jeune retraité de la police et futur optenteur du temps de loisir maximum. D'accord. Mais que faire avec ce temps ? Continuer l'enquêtre sur l'autre imbécile manipulateur-pédophile-gourou-financier-escroc, le bien nommé Grand Maître ? Evidemment, d'ailleurs que représente ce type de gourou sinon l'incarnation de toute cette dérive sociétale auquel on assiste en ce début de XXIème siècle ?
Harrison ne va pas prendre de gants, son personnage sera molesté et éprouvé par toute l'expérience que le vieil auteur a accumulé durant sa carrière. Il ne sera pas épargné par le ridicule bien entendu, d'ailleurs c'est la marque de beaucoup d'entre nous lorsque nous commençons à prendre un peu le melon. J'aime Harrison pour ça, pour cette faculté inouie à casser les rêves de puissance de ses contemporains : voyez donc ce fou sur sa montagne comme en un paragraphe je le fais rouler en bas de la pente, à jamais défiguré.
Harrison, en écrivain, se pose naturellement en créateur, quelque part il dispute au divin la paternité du monde qu'il a créé. Grand Maître pose la question de l'univers spirituel, la fascination de la foule pour la transcendance et le soucis du vieil homme pour sa vieille carcasse : un homme regarde toujours vers soi lorsqu'il croit voir le divin.
"Il mit son étui d'épaule et son pistolet en se disant que ce serait marrant de flanquer une balle dans la tête de Daryl-Dwight ; pourtant, le vrai problème n'était pas le Grand Maître, mais le monde, et a seule vraie solution consistait à se flanquer une balle dans la tête."
Quand je vous disais que ça sentait le sapin...
Commenter  J’apprécie          280
je n'ai pas dû commencer par le bon Harrison.
Sur les 3/4 du bouquin, le héros, vieil alcoolique, voyeur et lubrique... boit, zieute le cul de sa très jeune voisine, baise quand c'est possible, mange... surtout des trucs qu'il ne devrait pas.
Accessoirement, il enquête... mais de ce coté là, ça se traîne.
Je n'ai pas accroché... ce retraité m'a donné envie de dormir.


Commenter  J’apprécie          273
N'est-ce pas un bon Harrison ? Ou ce n'est pas un auteur pour moi ? En tout cas, quel ennui que ce livre que j'ai bien eu du mal à terminer.

Un inspecteur vient de prendre sa retraite et continue à osciller entre alcool, nourriture exclusivement carnée et surtout état de santé de son zob. Il zieute à n'en plus finir et réagit promptement du bas ventre à la vue du moindre bout de femme et ne parlons pas de sa voisine mineure.

Sinon, le sujet du livre, c'est qu'il est censé enquêter sur une secte où le gourou se tape... des mineures de douze ans offerte par leurs parents et à qui il offrirait l'énergie vitale. Censé enquêter car c'est accessoire et prétexte à nous narrer beuveries, souvenirs sexuels et.... Bon, l'auteur aime la nature américaine et nous la décrit bellement, mais cela ne sauve rien du tout.

Pas sûre que j'y remettrai les pieds dans l'univers de Jim Harrison.
Commenter  J’apprécie          224
Anecdote: en farfouillant dans ma PAL pour dégoter un nouveau livre, j'ai fait tomber un joli cadre derrière ma bibliothèque et c'est en essayant de le récupérer que j'ai trouvé ce poche qui devait y être coincé depuis un moment… Je n'ai pas réussi à récupérer mon cadre mais j'ai immédiatement mis le nez dans « le grand maître » car ce ne pouvait qu'être un signe du génial Jim - je viens de finir Ce qui a dévoré nos coeurs de Louise Erdich et maintenant je crois aux esprits.
L'histoire de ce Grand Maître n'est pas hyper originale quand on connait l'auteur: Sunderson, un policier divorcé fraichement à la retraite, enquête sur un Grand Maître de secte qu'il suppose être pédophile en plus d'être un escroc. Il le suit à travers plusieurs États. Cette enquête est plus un alibi qu'autre chose, c'est surtout l'occasion pour l'auteur de décrire la lente décrépitude d'un homme sur le retour, amateur de bonne chair et de whisky, de pêche (mais pas de chasse), et de jolies fesses féminines, qu'il mate sans vergogne tout en sachant qu'il n'y touchera pas.
Évidemment, tout du long de ce « faux roman policier » (sous titre du livre), on s'interroge sur la part d'autobiographie du livre car ce que l'on sait de Jim Harrison semble vraiment proche de l'introspection de Sunderson, mais tout livre est bon à lire tant le talent de Harrison pour l'introspection est immense (cf Wolf).
Donc, pas de surprise désagréable ici, on a un bon livre, lent et profond, plein d'amour pour la nature et de sagesse égrillarde…
Commenter  J’apprécie          190
Qu'étaient donc censés faire les retraités toute la sainte journée ? lire et boire ? s'inscrire aux Alcooliques Anonymes ? apprendre à cuisiner ? - p 145 - C'est ce que demande Sunderson, frais retraité de la police.
Bon, heureusement il y a la bouteille qu'il aime tutoyer, la bouffe bien carnée et bien grasse dont il se goinfre avec délectation, les femmes qu'il adore reluquer, en obsédé du cul qu'il est, et puis surtout la pêche à la truite, son occupation favorite, mais l'ouverture de la saison n'est que dans six mois.
D'ici là, eh bien d'ici là il va chasser le gourou, un représentant de la trilogie : argent, sexe et religion, un "Grand Maître" dirigeant d'une des nombreuses sectes qui fleurissent dans cette Amérique malade de ses contradictions et de son excès de puritanisme.

Mais ne vous méprenez pas. Il ne s'agit pas ici d'un roman policier classique avec enquête et résolution d'une affaire criminelle.
Non, cette chasse sert de prétexte à une sombre méditation du héros sur l'état débilitant de l'Amérique. Sunderson, tout en enquêtant de façon décousue sur les activités peu reluisantes du Grand Maître, qui se rebaptise pompeusement "le roi David", se livre au gré de ses déplacements aux divagations d'un homme qui se sait devenir hors course et jette un regard désemparé sur son environnement.
"Je suis un homme minuscule parmi les herbes hautes" dit le héros conscient de sa faiblesse, vivant dans le regret de son mariage rompu et qui n'a que la nature pour se ressourcer, au cours de ses longues promenades, tant dans les paysages enneigés du nord, au bord du lac Supérieur, que dans les grands espaces déserts de l'Arizona.

Il fait le constat désenchanté d'une Amérique sans repères, sans morale, pourrie, utilisant la religion comme moyen de se faire plein de fric. Quant à lui, vivant en partie pour et par les livres, il ressasse la tare originelle de son pays qui est d'avoir exterminé les amérindiens, acte qui constitue le "squelette monstrueux enfermé dans le placard de l'Amérique".

Tout cela est fort intéressant, quoique bien déprimant, si ce n'était que la lubricité exaspérante du héros a fini par réduire singulièrement l'intérêt que j'ai pu prendre à la lecture de cet ouvrage !
Commenter  J’apprécie          152
"Sur le chemin du retour vers Crawford, il eut l'intuition qu'après des mois de piétinement les choses s'accéléraient soudain." [p. 328].
Il faut attendre en effet la fin du livre pour avoir droit à un peu d'animation dans un livre constitué de descriptions à n'en plus finir, d'énumération de faits sans analyse ou presque, d'obsessions répétitives sexuelles ou sentimentales, d'introspection en continu sans aboutissement, bref un livre où on tourne en rond comme dans un labyrinthe et où le minotaure, vilain pédophile et gourou de secte manipulateur, ne ferait peur qu' à un simple d'esprit. J'ai failli lâcher dix fois avant la fin, et la fin se termine en pétard mouillé. Voilà vraiment ce que j'appelle un livre loupé, moi qui aimait beaucoup les livres précédents de Jim Harrison. Dommage, mais cela arrive même aux plus grands !
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (609) Voir plus



Quiz Voir plus

Jim Harrison, l'homme du Michigan...

Parmi ces nouvelles, laquelle ne figure pas dans le recueil "Légendes d'Automne" paru en 1979?

Une vengeance
Légendes d'Automne
En route vers l'Ouest
L'Homme qui abandonna son nom

10 questions
119 lecteurs ont répondu
Thème : Jim HarrisonCréer un quiz sur ce livre

{* *}