AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Un bon jour pour mourir (55)

En observant les autres dans la douce torpeur provoquée par le whisky, je réalisai à quel point mon attachement à la vie était faible. Je n’étais pas impliqué, même en tant que simple observateur, et encore moins en tant que pèlerin. Disons que je n’étais ni dans les tribunes pour voir le match, ni sur le terrain pour jouer. J’étais plutôt dans les sous-sols, observant avec indifférence la structure de base toute entière. Mes amis n’existaient plus, ma femme non plus. Je n’avais ni État, ni patrie, ni gouverneur, ni président. C’est ce qu’on appelle être nihiliste, mais je trouve que c’est un mot beaucoup trop fort pour désigner le vide...
Commenter  J’apprécie          520
Mais il n'y a rien de pire que de se sentir incapable de bander . Si l'on considère ce foutu machin, on devint hystérique en constatant qu'il n'en fait qu'à sa tête et qu'il a tendance à vous contrarier quand justement vous avez besoin qu'il se montre coopératif . Et la fille, qui essaye d'être gentille, même si vous l'avez mise dans tous ses états et si son visage n'est plus qu'un masque flou. Il y a dans notre cerveau un interrupteur que nous n'avons pas le droit de toucher et qui commande tout ce cirque . Cela peut paraître injuste . Et ça l'est . Foutu manque de maitrise . Vous n'avez plus qu'à remettre ça une autre fois .
Commenter  J’apprécie          270
Je pensais au pouvoir trompeur de la musique, à cette sorte de romantisme exacerbé qu'elle pouvait inspirer. Si on écoutait les Stones à un volume très élevé pendant assez longtemps, on finissait invariablement par ressentir une sorte de sympathie pour le diable. Et il suffisait d'entendre ce duo entre Bob Dylan et Johnny Cash pour avoir envie de filer vers le Nord et chercher une fille dans une foire de campagne. La chanson préférée de Tim était apparemment "Get It While You Can" de Janis Joplin, que je commençais à redouter. Le désespoir profond que cet air instillait semblait inégalé dans la musique moderne. [...] Mais souvent, il semble que la passion nous plonge dans l'excès et la musique traduit si fidèlement la passion qu'on ne peut qu'être convaincu et qu'il est impossible de lui résister. Merle Haggard me donnait toujours envie de me saouler à mort. Les Cream ou les Who, ou les Grateful Dead me donnaient envie d'être défoncé, tandis qu'avec Dolly Parton j'avais envie de tomber amoureux. June Carter semblait me faire signe depuis Jackson, Mississippi, et Patsy Cline m'invitait à Nashville. Pas étonnant que la plupart des gens préfèrent une musique insipide et faiblarde.
Commenter  J’apprécie          253
J'aurais dû me lancer dans l'élevage de canard. Un lot de terre banal, mais tout moucheté de canards. Après avoir tué les canards et les avoir expédié en ville, nous pourrions fabriquer des oreillers avec les plumes, à supposer qu'il y ait un marché pour ça. Comment pouvais-je faire sauter un barrage, alors que je n'avais même pas voté, ce qui était comparativement un acte politique sensé? Sylvia et moi, nous irions voter ensemble, puis nous irions manger dans un Burger Chief. Elle avait une préférence pour les Burger Chief et même si ça ne me plaisait guère je sais que les compromis sont indispensables dans le mariage. Et puis on en aurait marre de bouffer du canard.
Commenter  J’apprécie          210
Nous nous arrêtâmes pour manger dans un restaurant mexicain où je commandai des tripes en ragoût, tandis que Tim et Sylvia choisirent des hamburgers en regardant mon assiette d'un air dégoûté. Tim finit par en commander une portion et releva mon défi de les goûter. Il décréta que ça avait le même goût que la pute de la veille.
Commenter  J’apprécie          190
Je fus à nouveau frappé par la façon dont la pêche m’aidait à faire table rase de tout le reste, du moins tant que j’étais dans la rivière. Pendant quelques heures, tous les problèmes – argent, sexe, alcool, folie – disparurent dans ma concentration sur le cours de l’eau, les endroits où se trouvaient vraisemblablement les grosses truites, les courants clairs ou dans les tourbillons proches de la rive herbeuse, ou derrière les gros rochers et les galets qui saillaient hors de la surface de l’eau, formant des poches d’eau qui semblaient toujours receler un ou deux poissons.
Commenter  J’apprécie          150
A cause de notre complot, à la fois insensé et confus, une sorte de raideur s’est installée dans la pièce. Même Frank semble en être affecté. Veille de bataille. Avant le grand départ. J’étais tenaillé, au creux du ventre, par la conviction que notre projet était complètement farfelu. Et je me mis à espérer qu’il se métamorphoserait en joyeuse équipée, sans but défini, une simple excursion touristique, peut-être même avec quelques bonnes raisons de pêche. Tim et Sylvia pourraient me regarder, ou alors baiser sur la rive, ou dans les fourrés, derrière. En observant les autres dans la douce torpeur provoquée par le whisky, je réalisai à quel point mon attachement à la vie était faible. Je n’étais pas impliqué, même en tant que simple observateur, et encore moins en tant que pèlerin. Disons que je n’étais ni dans les tribunes pour voir le match, ni sur le terrain pour jouer. J’étais plutôt dans les sous-sols, observant avec indifférence la structure de base toute entière. Mes amis n’existaient plus, ma femme non plus. Je n’avais ni État, ni patrie, ni gouverneur, ni président. C’est ce qu’on appelle être nihiliste, mais je trouve que c’est un mot beaucoup trop fort pour désigner le vide...
Commenter  J’apprécie          150
Waow !! Quell histoire que celle de ces trois personnages !! Mais où va chercher de telle situations et de telle personnes, oui... je sais.... dans son imaginaire et peut-être dans son vaincu !!! Mais alors j'ai adoré ce livre, comme tous les livres de Jim Harrison . "Un bon jour pour mourir" a quelque chose de je ne sais quoi que je n'ai pas trouvé dans d'autres, je ne les aient pas tous lu certe, mais quand même, celui-ci je l'aime .Peut-êrte est-ce les jambes où même tout le corps de Sylvia, peut-être l'esprit barré, et restait au Vietnam, de Tim . Où alors le narateur qui est pris entre sa passion de la pêche, de son ex-marige, de sa rencontre avec Tim et également Sylvia . Tous ceci nous fait une histoire des plus, sans dévoiler l'histoire, explosive .
Commenter  J’apprécie          120
Dépité. Ça marchait mieux avec les femmes quand, au moins, on prétendait savoir ce qu'on faisait. Si on veut baiser, il vaut mieux ne pas être flou et indirect. Un faible d'esprit pouvait avoir beaucoup de succès s'il avait l'assurance d'un gorille.
Commenter  J’apprécie          70
Tant d'opiniâtreté pour gagner sa vie. Et une fois ou deux par semaine, il fallait s'arrêter à une station-service pour faire le plein. Les petits détails, comme les stations-service sont parfois à l'origine d'une sorte d'hystérie paralytique. Dans les dernières semaines de la grossesse de ma femme, c'était moi qui faisait les courses et je dois dire que les supermarchés surpassent en horreur les stations-service. Rien ne me semblait bon à manger. J'errais dans les allées en pleurant presque, tellement je voulais trouver quelque chose de bon. Cela rendait les employés nerveux - il y avait même des réflexions du genre "bizarre ce type", "le Chapelier Fou va faire ses courses", mais cela n'avait rien de drôle.
Commenter  J’apprécie          70






    Lecteurs (1603) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Jim Harrison, l'homme du Michigan...

    Parmi ces nouvelles, laquelle ne figure pas dans le recueil "Légendes d'Automne" paru en 1979?

    Une vengeance
    Légendes d'Automne
    En route vers l'Ouest
    L'Homme qui abandonna son nom

    10 questions
    119 lecteurs ont répondu
    Thème : Jim HarrisonCréer un quiz sur ce livre

    {* *}