C'est pas très difficile. personne d'autre ne fait attention à moi. En fait, dans ma vie, la seule personne qui me regarde vraiment est une aveugle !
De toute façon, je ne fais pas grand chose. A part attendre que mon portable ne sonne pas, éviter mon frère et ses coups de gueule et de poings, faire les courses pour ma mère qui dort, traîner avec les copains à qui je n'ai rien à dire. Ne pas lire, ne pas parler, ne pas rêver. Mais trop penser.
Alors, la peinture ça va me faire des vacances dans la tête, ça va me laver les yeux !
Une pile de livres posés sur le rayonnage du haut me dégringole dessus ! Aïe ! Je suis attaqué par une bande de livres en furie ! Je savais bien que c'était dangereux, la lecture...
"Regarde ce que j'ai trouvé ! me lance mon frère d'une voix étrange, le lendemain midi, alors que je reviens des courses. Il est dans la cuisine et je l'y rejoins, un peu inquiet. Pourtant, juste stupéfait. Je le découvre penché sur une grande boîte en carton débordant de lettres encore dans leur enveloppes et qui semblent n'avoir jamais été ouvertes.
-C'est papa ! me dit-il d'une voix blanche.
Je le regarde comme s'il était devenu fou
-Papa ??? Comment ça ? Où ça ?
-Là ! Toute ces lettres, elle viennent de papa.J'ai trouvé la boîte sous le lit de maman, cachée sous une couverture.
-T'as pas le droit de fouiller dans les affaires de maman ! Et encore moins de lire ses lettres !
-Mais ce ne sont pas ses lettres, Sofiane !
Je le regarde sans comprendre.
-Ce sont NOS lettres !
Papa nous a écrit ?
Papa m'a écrit ?
Papa ?
Depuis le jour maudit où il est parti, il a complètement disparu de nos vie. Longtemps j'ai attendu, longtemps j'ai espéré, longtemps j'en ai rêvé. Mais jamais il n'est revenu nous chercher, jamais il ne nous a écrit
En tout cas je le croyais.
Qu'il nous avait oubliés
Qu'il nous avait abandonnés
En tremblant, je rejoins mon frère et ensemble nous déchirons les enveloppes et nous mettons a dévorer ces mots, ses mots toujours les mêmes"
(citation choisie par Anna)
"A la maison, mon frère m'attend l'air mauvais, il veut de l'argent mon argent! Comment il sait que pour une fois j'en ai ? Je refuse alors il se met à me fouiller les poches, et tout d'un coup, je ne peux plus le supporter. Pour la première fois, c'est moi qui le frappe il se jette sur moi en gueulant et me tabassant." p74
(Annabelle)
Et je me retrouve dans la rue ensoleillée avec une petite vieille accrochée à mon bras.
J'entends des pas qui s'approchent lentement et une voix stridente qui demande à travers la porte : "C'est Anne-Sophie ? Non, c'est Sofiane !"
" Si nous voulons l'un et l'autre nous en sortir, il va falloir y mettre du nôtre."
- Tu vois, Sofiane, lui dis-je, dans ce cas de situation désespéré nous avons jamais que deux possibilités : soit sombrer, soit émerger.
- A quoi bon essayer d'émerger, puisque tout est sombre ?
- Avant de te connaître, j'aurais plutôt été tentée de dire comme toi. Mais ce n'est plus le cas.
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai réalisé, grâce à toi, que la vie pouvait être belle...
Je le sens alors se redresser imperceptiblement.
- ... si tant est que l'on y mette un peu du nôtre. Et c'est ce que nous devrions faire, toit et moi, y mettre un peu du nôtre. Et crois-moi, cela vaut bien la peine de faire quelques efforts pour décrocher le Graal qu'est le bonheur.