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Think Tank tome 4 sur 5
EAN : 9781632155412
144 pages
Image Comics (04/10/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
CREATIVE DESTRUCTION VOLUME 1. An unknown enemy savages the technological infrastructure of the U.S. Panic and conspiracy theories spread as David Loren and his misfit science team continue work on the TALOS project trying to make “Iron Man” suits a reality in California.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Think Tank 3 (épisodes 9 à 12) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les 4 épisodes de la minisérie Think Tank: Creative Destruction, initialement parus en 2016, écrits par Matt Hawkins, dessinés, encrés et mis en couleurs par Rahsan Ekedal. Par la suite le personnage principal fait un détour par le crossover Eden's Fall (croisement des personnages de 3 séries différentes écrites par Matt Hawkins) avant de reprendre le cours normal de son histoire dans le tome 5 (2017). Ce tome commence par une présentation des personnages en 2 pages, sous forme de bande dessinée. À l'instar des tomes précédents, chaque chapitre s'ouvre avec une citation : du président Dwight Eisenhower pour l'épisode 1, de George Orwell pour l'épisode 2, de Chuck Palahniuk pour l'épisode 3, et de Rollo May pour l'épisode 4. Il se termine avec la reproduction des couvertures originales, ainsi que 8 pages de notes de Matt Hawkins, accompagnées d'illustrations tirées des présents épisodes.

Suite à ses mésaventures dans le tome précédent, le docteur David Loren continue de travailler pour l'Agence pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA), sous haute surveillance, mais dans une autre base militaire située en Californie (Edwards Air Force Base). Il bénéficie toujours de l'aide du docteur Manish Pavi. Il est sous la responsabilité d'un nouveau superviseur Johnny Watanabe, insensible à ses facéties potaches. Il a été affecté à un projet d'armure technologique pour les soldats, projet baptisé TALOS, qui bute sur le rechargement en énergie à distance des batteries. L'armée a passé un marché de type contrat en régie avec une entreprise privée appelée Northlock Industries.

L'histoire s'ouvre avec un drone s'écrasant contre des lignes électriques à New York, privant d'électricité plusieurs quartiers, puis une panne du système de contrôle des carrefours à feu à Los Angeles engendrant un record en termes de carrefours en croix, puis un dysfonctionnement du système de filtration de l'eau potable à Dallas. Dans les installations militaires d'Edwards Air Force Base, David Loren se languit de l'absence de Mirra Sway, en mission à Berlin. Il présente une simulation vidéo des capacités de l'exosquelette / armure sur lequel il travaille. Il assiste contre son gré, plutôt qu'il ne participe, à une réunion de travail avec les différents responsables du projet : le sous-secrétaire du ministère de la Défense Ron Austin, la docteure Lisa Brooke (muette), la lobbyiste Sandra Kharisova pour le compte de Northlock Industries, Donovan Austin (le frère de Ron) le représentant de Northlock Industries, et Manish Pavi.

Les commentaires du scénariste en fin du précédent volume ne laissaient pas planer beaucoup de doute sur l'avenir de David Loren, génie scientifique, un peu immature. le lecteur n'est donc pas surpris de le retrouver en train de travailler pour l'armée sur un nouveau projet permettant de rendre les soldats américains plus performants lors des opérations clandestines. Il est par contre un peu pris au dépourvu par la séquence d'ouverture. Pour commencer elle est en couleurs, alors que les 3 premiers tomes étaient en noir & blanc. Il en déduit que la série élargit peu à peu son lectorat ce qui a engendré suffisamment de bénéfices pour que Matt Hawkins puisse financer un ouvrage en couleurs. L'auteur le confirme dans les notes en fin de volume, indiquant qu'il s'agit pour lui de sa série de coeur, et qu'il a pour projet d'en réaliser une histoire par an. Ensuite, ce début semble n'avoir aucun rapport avec l'intrigue principale.

En fait le lecteur se rend rapidement compte que Matt Hawkins a conçu un récit plus étoffé que les précédents. Il continue bien sûr d'évoquer l'utilisation de technologies de pointe à des fins militaires, avec une touche d'anticipation maîtrisée, à la fois pour ne pas verser dans la science-fiction en allant trop loin, à la fois avec une idée précise de ce dont il parle. Une fois encore, les pages de fin de volume contiennent de nombreux liens vers les sites internet qu'il a utilisés comme référence. Par contre, cette fois-ci, Hawkins a écrit des textes plus concis, laissant le choix au lecteur de s'en tenir là, ou d'aller lui-même consulter ces sites. Quoi qu'il en soit, il est impossible de rester insensible aux implications d'un concept comme la stratégie militaire proactive. Il évoque également d'autres thèmes à forte composante technologique, comme la vulnérabilité des différentes familles d'infrastructure des États-Unis. C'est d'ailleurs le thème de la séquence d'ouverture du récit. Comme dans le tome précédent, ce chapitre contient également une dimension politique, à la fois de politique étrangère des États-Unis, ainsi que du fonctionnement du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le lecteur plonge donc un thriller dense, sans être touffu, ambitieux sans être compliqué. David Loren continue d'être le point d'ancrage narratif, avec un accès privilégié à ses pensées, pour le lecteur, au travers de différents point de vue. le lecteur a le plaisir de voir que Rahsan Ekedal est toujours de la partie, conservant ainsi la saveur particulière de la série. L'artiste se charge lui-même de la mise en couleurs, avec une approche naturaliste. Il ne cherche pas à épater la galerie avec un florilège d'utilisations spectaculaires des capacités de l'infographie. Il utilise essentiellement des aplats de couleurs qui rendent simplement compte de la teinte naturelle des différents éléments représentés, ajoutant quelques nuances limitées pour accentuer légèrement le relief, et donner une impression de la variation de la luminosité.

Le lecteur retrouve la manière dont Ekedal détoure ses personnages avec un trait de contour un peu plus épais pour mieux les faire ressortir sur leur environnement. L'artiste privilégie la lisibilité au photoréalisme, en simplifiant les traits des visages, le détail de la chevelure, sans s'attacher à la texture des tenues vestimentaires. Les dessins s'en lisent plus facilement, mais les protagonistes donnent parfois l'impression d'être atteints de jeunisme, sans pour autant descendre en dessous des 18 ans. de la même manière les expressions des visages manquent un peu de nuances, pour rester dans un registre facilement lisible. Cette caractéristique est contrebalancée par une morphologie spécifique pour chacun, ainsi que des caractéristiques visuelles faisant apparaître une partie de leur personnalité. Les personnages gardent donc une expressivité qui les rend très vivants.

Comme dans le tome précédent, Rahsan Ekedal continue de s'attacher à rendre compte des différents environnements, avec une attention particulière pour les volumes et les caractéristiques réalistes. Là encore, il ne recherche pas un rendu photoréaliste, mais une bonne lisibilité. Au fil des séquences, le lecteur apprécie de pouvoir se projeter aux côtés des personnages dans un carrefour mis en croix par un enchevêtrement inextricable de véhicules, dans la chambre à coucher du couple Pavi (scène n'ayant rien de gratuit), dans la partie du complexe militaire où Loren réalise ses expériences et ses tests, dans la pièce servant de logement à David Loren, dans le tunnel de soufflerie des industries Northfolk, dans le somptueux bureau du PDG Richard Lawton III de Northfolk, ou dans une chambre d'hôpital à Hong Kong. Rahsan Ekedal se montre tout aussi convaincant lors des séquences plus spectaculaires comme la vidéo de démonstration des fonctionnalités des armures technologiques, ou lors d'une attaque aérienne sur une base militaire.

Matt Hawkins & Rahsan Ekedal plongent donc le lecteur dans un thriller d'anticipation intelligent, avec un bon suspense, sans oublier de développer leurs personnages. Manish Pavi s'étoffe un peu dans une présentation de ses progrès sur un dossier, le dessinateur continuant de montrer un individu un peu effacé, assez fluet. Mirra Sway tire les conséquences de l'échec de sa relation avec David Loren, et agit en conséquence, les dessins montrant une professionnelle de terrain efficace. Les dessins montrent que David Loren adopte des attitudes décontractées, un peu dégingandées, sans déférence particulière pour qui que ce soit. Dans un premier temps le lecteur ne sait pas trop si le dessinateur force volontairement les expressions du visage de ce personnage, ou s'il ne faut y voir que la simplification graphique. Au fil de la progression du récit, il comprend que ce personnage accuse le contrecoup de ce qui lui est arrivé dans les tomes précédents, et de sa prise de conscience progressive de sa marge de manoeuvre, de la nature de ses relations avec autrui, de sa dépendance affective, et même du risque de son obsolescence, et donc de sa valeur. Matt Hawkins indique dans les pages de fin qu'il met à profit sa propre expérience avec des accès dépressifs, voire suicidaire. le récit n'en devient pas lui-même dépressif, mais il gagne encore un degré de profondeur. le scénariste et le dessinateur font preuve d'une réelle sensibilité dans la direction d'acteur de David Loren, dans la mise en scène de ses relations avec les autres.

Avec ce quatrième tome, les auteurs franchissent un palier dans la qualité d'écriture de leur série. Ils poursuivent dans la veine du thriller technologique, avec un personnage principal attachant et amusant. La qualité de la narration augmente, et pas seulement de manière cosmétique avec la transition du noir & blanc à la couleur. L'intrigue gagne en épaisseur et tire mieux parti de risques bien réels, par exemple en évoquant la panne de courant nord-américaine de 2003, et la dynamique de la politique extérieure de plusieurs pays. La saveur dramatique gagne en nuances, lorsque le premier rôle révèle d'autres facettes d'une personnalité complexe.
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