J'ai lu (1988), p. 171
« — Des fois, je me sens vraiment seule.
Je hochais la tête.
— Ça s'arrêtera un jour, tu crois ?
— Oui. Un jour, je pense.
Sheila soupira, s'écarta de moi et se leva.
— Un jour, ça arrive jamais vraiment, n'est-ce pas ? »
Quand on se laisse apprivoiser, on prend le risque de pleurer. il a raison. On pleure un peu. Chaque fois que quelqu'un s'en va, on pleure un peu. L'amour, ça fait mal, quelquefois. Quelque fois, ça fait pleurer
Je ne comprends pas ce qui nous pousse ainsi à nous bloquer sur des sujets sans importance et à croire que le monde s’écroulera si la situation n’évolue pas dans le sens que nous souhaitons.
Un jour, ça arrive jamais vraiment, n’est-ce pas ?
Je scrutais les yeux de Sheila, larges et fluides, de la couleur de l'océan où je plongeais autrefois. Je me demande ce qu'elle pensait. Et je me dis avec tristesse que nous ne savons jamais vraiment quelle impression cela fait d'être dans la peau de l'autre. Et que loin d'accepter cette vérité, nous prétendons, avec une belle assurance, et malgré les pauvres limites de notre chair, tout comprendre. Surtout avec les enfants. Mais nous ne savons jamais vraiment.
A Sheila R., bien sûr
On me demande sans cesse quel est ce poeme qui decore le mur de mon bureau. Il me semble juste que l'on connaisse l'enfant qui l'a composé. Et j'espère seulement avoir eu la moitié de son talent pour écrire ce livre.
"Et je me dis avec tristesse que nous ne savons jamais vraiment quelle impression cela fait d'être dans la peau de l'autre. Et que loin d'accepter cette vérité, nous prétendons, avec une belle assurance, et malgré les pauvres limites de notre chair, tout comprendre. Surtout avec les enfants. Mais nous ne savons jamais vraiment."
Tu n’es pas fou, Peter, dit William. Personne n’est vraiment fou. C’est rien qu’un mot. Pas vrai, Torey ? Rien qu’un mot. Et personne est juste un mot.
Elle me dévisageait fixement. Je sentis qu'elle commençait à se rendre compte de la situation. Jamais je ne l'avais ainsi directement forcé à m'obéir, et elle semblait se demander où je voulais en venir. L'irritation me tenaillait le ventre. Mon estomac se nouait, mon cœur battait la chamade. J'eus, l'espace d'une seconde, la tentation de renoncer, mais la fureur que j'avais accumulée au fil des semaines fut la plus forte.
(P103)
On prend le risque de pleurer quand on se laisse apprivoiser. Je crois que c'est normal.