Alexandre Rodchenko. Exposition du musée national Fernand Léger, 6 septembre-6novembre 2000

" La grande caractéristique de la typographie soviétique, portée par la révolution économique et sociale, a pris dans ce pays une dimension démocratique que l'on ne trouve pas dans les autres mouvements d'avant-garde européens du début du siècle. La typographie est chez les constructivistes une pratique intellectuelle, artistique et sociale.
La spécificité de cette typographie se trouve dans la prise en compte de l'histoire même de l'écriture russe et du sens du verbe. Le même verbe définit l'action de peindre et d'écrire - pisat -, ce qui révèle le sens premier de ce verbe : la représentation plastique d'une pensée. Il faut aussi rappeler la prise en compte d'une tradition russe présente dans l'icône et la gravure populaire, où la figure et la lettre cohabitent dans un même espace."

"Juste après la révolution d'Octobre, les artiste de l'avant-garde comme Nathan Altman, Malévitch, Maïakovski, Rodtchenko, Stepanova et Tatline étaient dans l'engouement d'un art indépendant et libre porté par les mêmes idées de la révolution. {...} Tout en étant déterminés à créer pour les masses, influençant ainsi le goût populaire, ils étaient effectivement séduits par l'idée d'un art qui participerait activement aux courant esthétiques du nouveau gouvernement."

"..., après la mort-suicide en 1930 du mythe populaire Maïakovski {...} le débat idéologique et esthétique se modifie radicalement tandis que l'académisme réapparaît. Les artistes qui se sont durement battus pour défendre la liberté d'expression sont voués à l'ostracisme et au silence. Rodtchenko, qui avais compris l'ampleur du drame, se livre non sans cynisme, dans les dix dernières années de son activité photographique, à la célébration du nouveau pouvoir soviétique."