Citations sur Le vieil homme et la mer (372)
- Faut bien sortir du lit quand on est un homme.
- C’est très bien d’avoir de la veine, mais j’aime encore mieux faire ce qu’il faut. Alors quand la veine arrive, on est fin prêt.
- C’est pas le moment de penser à ce qui te manque. Pense plutôt à ce que tu peux faire avec ce qu’y a.
- Occupe-toi de ça aussi, dit le garçon. Allonge-toi, vieil homme, et je vais t'apporter ta chemise propre et quelque chose à manger.
- Apporte-mi un des journaux des jours où je n'étais pas là, dit le vieil homme.
-Tu dois te retaper vite parce que j'ai beaucoup de choses à apprendre et tu peux m'enseigner tout ce qu'il faut savoir. Tu as beaucoup souffert, n'est-ce pas ?
- Beaucoup, dit le vieil homme.
- Je vais t'apporter à manger et les journaux, dit le garçon. Repose-toi, vieil homme. Je vais aller au drugstore te chercher de quoi soigner tes mains.
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He always thought of the sea as La mar which is what people call her in Spanish when they love her. Sometimes those who love her say bad things of her but they are always said as though she were a woman.
C'est pas parce que tu crevais de faim que t'as tué ce poisson-là. Ni pour le vendre. Tu l'as tué par orgueil. Tu l'as tué parce que ut es né pêcheur. Ce poisson-là tu l'aimais quand il était en vie, et tu l'as aimé aussi après. Si tu l'aimes, c'est pas un péché de l'avoir tué. Ou c'est-y encore plus mal ?
Moi, je pourrais jamais supporter ça. Si on me crevait un oeil ou les deux yeux, je pourrais pas continuer à me battre, comme les coqs de combat. L'homme, c'est pas grand-chose à côté ds grands oiseaux et des bêtes. Et pourtant, ce que j'aimerais le mieux être, moi, c'est encore cette bête qui tue, là, en ce moment, dans le fond de c't'eau noire.
Poisson, dit-il, je t'aime bien. Et je te respecte. Je te respecte beaucoup. Mais j'aurai ta peau avant la fin de la journée.
Pour le vieux, l'océan c'était toujours "la mar", quelque chose qui dispense ou refuse de grandes faveurs ; et si "la mar" se conduit comme une folle, ou comme une mégère, c'est parce qu'elle ne peut faire autrement : la lune la tourneboule comme une femme.
Passées les limites du port, on se dispersa et chacun se dirigea vers le coin d’océan où il espérait trouver du poisson. Le vieux savait qu’il irait très loin, il laissait derrière lui le parfum de la terre ; chaque coup de rame l’enfonçait dans l’odeur matinale et pure de l’océan.
Ils naviguaient bien, et le vieil homme laissait tremper ses mains dans l’eau salée et essayait de garder la tête claire. Il y avait de hauts cumulus, et assez de cirrus au-dessus d’eux pour qu’il sache que la brise durerait toute la nuit. Et tout le temps le vieil homme regardait le poisson, pour être sûr que c’était vrai. C’était une heure avant que le premier requin les attaque.
Lentement, régulièrement la ligne remontait; soudain, l'océan se souleva en avant de la barque et le poisson apparut. Il n'en finissait pas de sortir; l'eau ruisselait le long de ses flancs; il étincelait dans la lumière; sa tête et son dos était violet foncé; le soleil éclairait en plein ses larges rayures lilas. Il avait un nez très long, aussi long qu'une batte de base-ball, et pointu comme une épée. Le poisson émergea tout entier, puis, avec l'aisance d'un bon nageur, replongea.