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EAN : 9782889230174
100 pages
Atrabile (15/02/2014)
3.1/5   26 notes
Résumé :
Attention, grosse claque! Julio, c’est tout à la fois un tour de force narratif éblouissant, et l’un des livres les plus forts, les plus poignants de Gilbert Hernandez. Sur 100 pages, Julio retrace la vie du personnage éponyme, de sa naissance à sa mort, de 1900 à l’an 2000. Ce sont donc 100 ans d’histoires et d’Histoire qui sont racontés en 100 pages, puisqu’à travers les personnages de Julio, c’est tout le XXe siècle qui est revisité.
Grâce à sa maîtrise de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ma lecture de « la saison des billes » de Gilbert Hernandez remonte à quelques années et je n'en ai pas de souvenirs si ce n'est que j'avais beaucoup aimé. La lecture de « Julio » me donne envie de me replonger dans les oeuvres de cet auteur versatile et talentueux.

« Julio » s'attache à raconter la vie d'un homme de sa naissance à sa mort, 100 ans plus tard. On suit donc, à travers l'évocation de quelques épisodes de sa vie, le destin de ce julio et des êtres qui l'entourent. le propos est ambitieux mais le ton adopté par Hernandez n'est jamais prétentieux. L'auteur opte pour la simplicité la plus pure que ce soit narrativement ou visuellement. « Julio » n'est pas un récit foisonnant et dense. La vie entière de cet homme n'est évoquée que par petites touches, quelques anecdotes, quelques événements, dont pour certains il est davantage un témoin que partie prenante. Tout cela est narré avec une économie de mots remarquable. La priorité est vraiment donnée à l'image. D'ailleurs, venons-en au dessin. Il est en adéquation avec le récit. Ce trait épuré et sobre à l'extrême, cette simplicité du noir et blanc, c'est vraiment un style d'illustration qui, quand elle est réussie, fonctionne très bien sur moi. Je trouve que ce genre d'images peut avoir un impact bien plus fort que les dessins très fouillés et denses. Et, en l'occurrence, Hernandez maitrise parfaitement son art. Visuellement, « Julio » est imparable.

Voilà une B.D très émouvante et très poétique, un peu comme si on prenait un roman de Garcia Marquez, qu'on l'épurait à l'extrême et qu'on en gardait juste l'atmosphère et l'émotion.
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Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il est paru pour la première fois en 2013. Il a été écrit, dessiné et encré par Gilbert Hernandez (surnommé Beto). Cette bande dessinée de 100 pages est en noir & blanc. Cette histoire a fait l'objet d'une prépublication dans les 20 numéros du magazine américain "Love and Rockets" (deuxième version) de 200& à 2007, à l'exception des numéros 15 et 16. Pour cette édition en 1 tome, Hernandez a repris les morceaux prépubliés, en a étoffé certains, et a ajouté quelques pages de transition.

En 1900, Julio voit le jour dans un petit village du sud des États-Unis. Peu de temps après le nourrisson a disparu. Il est retrouvé par son oncle Juan. Sofia (la soeur de Julio) est persuadé que c'est Juan qui l'avait caché lui-même. En tant qu'enfant, Julio n'était pas très apprécié de ses camarades, sauf par son copain Tommy.

Quelques années plus tard, son père doit faire une course dans un village éloigné, il n'a d'autre possibilité que de s'y rendre à pied. Son voyage est rendu hasardeux par des coulées de boue, et par les vers bleus. 100 pages plus tard, Julio a 100 ans et expire son dernier souffle.

Vu de l'extérieur, le concept de ce récit semble simple et facile à saisir. Un homme naît en 1900 ; il meurt en l'an 2000. L'auteur montre au lecteur quelques moments de sa vie qui sont choisis pour leur portée significative sur la vie du personnage, et qui porte la marque des grands événements du siècle.

En feuilletant cette bande dessinée, l'impression de simplicité se confirme. Les dessins sont réalisés à gros traits. Certains décors sont simplifiés au point d'en devenir simplistes. Certains personnages sont caricaturaux et hideux (par exemple les 2 vieux page 26). Certaines pages sont frappées du coin de la naïveté dans leur composition (par exemple le nuage noir qui recouvre toute la région du village page 16).

Cette simplicité apparente permet au lecteur de découvrir confiant cette bande dessinée d'un auteur exigeant. Juste avant la première page de l'histoire proprement dite, il découvre un trombinoscope recensant les 17 personnages les plus significatifs du récit. Merci à l'auteur d'aider le lecteur à s'y retrouver, car sur une période de 100 ans, il est certain que les apparences (surtout les visages) des uns et des autres évolueront.

Rapidement, le lecteur constate que Gilbert Hernandez a conçu une apparence visuelle différente facile à mémoriser pour chaque personnage, sans aucun risque de confusion pour le lecteur. Par quelques traits maîtrisés, il définit un personnage de manière exemplaire. Il y a quelques variations de représentation en fonction des individus, avec une exagération passagère (les cernes de la mère de Julio sur son lit de mort) ou une influence inattendue (Osamu Tezuka pour le visage de Sofia page 49). Finalement ce simplisme apparent se révèle être une savante épure qui conserve assez d'informations pour éviter toute confusion.

Tout de même une vie de 100 ans racontée en 100 pages, c'est une sacrée gageure. Encore plus quand le lecteur se rend compte que 2 ou 3 séquences sont consacrées à un autre personnage que Julio, comme son père, ou Julio Juan le petit fils de sa soeur. Pourtant une fois le tome refermé, le lecteur se fait une image assez claire de la vie de Julio, des principales forces qui l'ont façonné.

Quant aux événements du siècle, le lecteur voit l'incidence plus ou moins directe des 2 guerres mondiales, de la guerre de Corée et de celle du Vietnam, de la libération sexuelle, de l'émancipation des femmes et de la prise de conscience du racisme sous-jacent. Il ne s'agit en aucun cas d'un cours d'histoire, ces éléments étant évoqués plus ou moins rapidement.

Du coup, le lecteur est amené à observer la vie de Julio et de quelques membres de sa famille sous un autre angle. En particulier, il constate les circonstances qui ont façonné sa vie, la part d'impondérable et le peu sur lequel il a pu agir. Au fil des séquences, Gilbert Hernandez met en lumière comment son environnement façonne l'individu : le milieu de naissance (origine sociale, localisation géographique), les phénomènes climatiques (pluies pendant plusieurs jour provoquant des coulées de boue), les personnes que croise l'individu. Par effet d'accumulation, il montre à quel point les grandes de lignes de la vie d'un individu sont déterminées par ces facteurs sur lesquels il n'a pas de prise.

Hernandez montre aussi que le caractère de l'individu joue un rôle dans sa vie. En particulier le lecteur peut effectuer la comparaison des choix effectués par Julio et par Julio Juan, à quel point leur choix de se conformer ou non les conduit sur des chemins de vie différents. Toutefois, l'un comme l'autre se retrouve face aux limitations de son choix de vie.

Hernandez joue également sur le symbolisme. le récit commence par une case noire et se termine par une page noire, c'est-à-dire un symbole facile (= le néant de la non existence, avant la naissance et après la mort). Comme à son habitude, Hernandez intègre à son récit une pincée de réalisme magique ; ici il s'agit de cette maladie des vers bleus que le lecteur interprétera à sa guise. Comme à son habitude il utilise également les conditions climatiques (en particulier les nuages) pour donner une indication de l'état d'esprit des personnages, ou des forces sociales et culturelles auxquelles ils sont soumis.

En ayant ces points de vue à l'esprit, le lecteur découvre alors un récit proposant une philosophie de vie intelligente et construite, et également très riche de sous-entendus. La plupart sont identifiables et compréhensibles, d'autres peuvent échapper au lecteur. Il y a donc la métaphore de la maladie due aux vers bleus dont il appartient au lecteur de décider de la signification. Il peut y avoir une page ou deux dont le sens échappe. Par exemple, page 86, Julio Juan prend des postures grimaçantes pendant 8 cases sur fond noir, sans aucune explication venant orienter la signification de la séquence (que je n'ai pas su interpréter).

Le récit sous-entend également que l'un des personnages pratique des sévices ou des attouchements sexuels sur plusieurs nourrissons. le lecteur liste mentalement les personnages qui ont dû subir ces maltraitances, en découvrant l'incidence qu'elles ont pu avoir sur le chemin de vie. le constat qui en découle n'a rien de très concluant sur le sens que l'auteur a voulu donner aux conséquences de ces attouchements.

Au final, Gilbert réussit son pari de raconter une vie de 100 ans en 100 pages, sans impression de manque, ou de superficialité. Il y parvient grâce à son art de la narration (dessins et textes) épurée, ne conservant que l'essentiel, et à son utilisation (magique à ce niveau de maîtrise) de l'ellipse. Il aborde une quantité impressionnante de thématique, allant de la famille à l'acceptation de soi, en passant par le libre arbitre, toujours dans un langage visuel simple et facile d'accès. le lecteur pourra ressentir une légère frustration du fait de quelques ouvertures plus ambitieuses qui restent en suspens, sans suffisamment d'éléments pour nourrir sa compréhension.
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Un album très déstabilisant (comme souvent chez les Hernandez brothers) qui explore les 100 ans de la vie de Julio en tout juste 100 planches. Pour dire vrai, j'avais déjà emprunté ce livre en bibli sans jamais prendre le temps de le lire pour x raisons (temps, envie, dodo..) et j'ai profité de son prix soldé pour le ramener à la maison.
Un village paumé à la frontière americano-mexicaine, Hernandez ne dit jamais précisément où se situe l'action. Une famille d'agriculteurs exposées aux lourds aléas de la météo. L'engagement militaire vécue comme seule possibilité d'extradition vers un ailleurs, pour quitter la misère. le livre est dense, saute parfois du coq à l'âne mais maintient le fil de l'histoire. On sent une réelle oppression peser sur les personnages, que ce soit économique ou sociale, de moeurs également.
Côté dessin c'est moins bon que ce que fait Jaime (de mon point de vue) mais l'immense galerie de personnage reste identifiable sans mal. Il n'y a pas vraiment de grands moments graphiques à se dire "ouah" mais l'intérêt ici est ailleurs : 100 ans d'une vie d'homme, banal et éprouvant à la fois.
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Depuis sa naissance à sa mort à l'âge de 100 ans, nous suivons la vie de Julio, une vie marquée par les différents événements du XXe siècle.
Une bande dessinée vraiment superbe, qui aborde tous un tas de thèmes, forts et émouvants, qui manie l'ellipse avec beaucoup de talent et qui nous invite à entrer dans la vie de Julio avec beaucoup d'intérêt. J'ai adoré !
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Ici nulle épopée, mais une plongée dans l'observation, ou plutôt la considération, d'une famille lambda installée dans un lieu indéterminé.... Chronique entière à lire ici :
Lien : http://notesvagabondes.wordp..
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critiques presse (2)
Du9
27 janvier 2015
Julio se déploie comme un feuilleton caché, un sitcom peut-être aussi, où chaque vie y a son propre rythme, son temps psychologique déterminant des trajectoires elliptiques s’affirmant jusque dans les effets narratifs.
Lire la critique sur le site : Du9
BoDoi
25 février 2014
Pour avoir su trouvé la bonne distance, Hernandez offre un récit juste et émouvant.
Lire la critique sur le site : BoDoi

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