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Citations sur Nouvelles (27)

Toutes les grandes doctrines me font peur, surtout quand elles sont exploitées par l'État et la bureaucratie. Des millions ont disparu derrière des barbelés au nom d'une justice sociale révolutionnaire censée rendre les gens heureux, et des bûchers ont brûlé au nom du christianisme. Je ne fais pas confiance aux flambeaux de ceux qui font le bonheur de l'humanité. Je me tiens à distance des doctrinaires. Ceux qui assènent de pieuses paroles et prétendent aimer l'humanité tout entière, n'aiment en réalité personne. Quand on aime, on fait toujours des choix. Je ne peux pas aimer tout le monde, mais dans le cadre de mes possibilités, je peux faire en sorte qu'il ne soit fait de tort à personne.
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L'Amérique ne m'a pas plu. Ce fait a été déterminant. Ce n'est pas un pays pour moi. J'y avais beaucoup d'amis mais j'ai toujours eu l'impression d'être devenu un numéro dans une société de robots. Tout est automatisé. Des machines superficielles. J'ai découvert l'Amérique depuis le bas de l'échelle. Tout y est axé sur l'argent.
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Cela a duré jusqu'en 1975, où j'ai pris la décision de tourner définitivement le dos à l'Amérique. J'y étais resté trop longtemps. Je m'étais fabriqué une prison de livres, puisque j'ai toujours eu une relation amoureuse avec la langue allemande.

La langue allemande est mon seul pays, p. 13
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Mesdames et messieurs, l'ambitieuse littérature allemande d'aujourd'hui est l'œuvre d'auteurs ennuyeux, c'est un fait bien connu que personne ne veut reconnaître ou n'ose même pas exprimer à haute voix. L'auteur ennuyeux produit dans un «laboratoire», c'est du moins ainsi que les experts nomment ce lieu sacré et confiné où il se livre à l'onanisme et à l'analyse nombriliste.

Mesdames et messieurs, les ennuyeux ne sont pas bêtes, ils savent bien que plus leur production est énigmatique et incompréhensible, plus elle impressionnera les gardiens du Graal. Car les gardiens du Graal se plaisent à encourager ce qu'ils ne comprennent pas, afin de nous faire croire qu'ils sont les seuls à le comprendre.
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L’antisémitisme d’autrefois ne se rencontre plus guère dans la jeunesse. Nous assistons plutôt à un nouveau phénomène. Les fils et filles de ceux qui criaient « Sieg Heil ! » voudraient bien relaver la veste de l’histoire allemande. Ils ont trouvé un truc. Cela s’appelle « vision objective de l’histoire ». Voilà à peu près ce que ça dit : « Tout cela n’est pas si grave. Qu’ont fait les Américains au Vietnam ? Et les horreurs commises par les Russes. Et le Cambodge etc. Mais surtout, les Israéliens. Ce qu’ils font avec les Arabes. Et la crise du Liban. Ce n’était pas un génocide, peut-être ? – J’ai vu mes amis de gauche soupirer de soulagement pendant la guerre du Liban : “Enfin ! Maintenant nous pouvons dire que les Juifs sont eux-mêmes des nazis. Tout ça n’est pas si grave. Nos pères l’ont fait avant. Ils le font maintenant. Oublions tout ça.” » Eh bien non, ça ne marche pas comme cela. Je n’ai pas bombardé le Vietnam, ni tué de Cambodgiens, ni touché un seul cheveu d’un Arabe. Une partie de ma famille a disparu à Auschwitz et dans d’autres camps, d’autres ont été fusillés en Pologne et en Russie. Tout ce que mon père et ma mère possédaient nous a été arraché, et j’ai moi-même été poursuivi pendant des années. J’ai donc le droit de rappeler le souvenir, même si je ne recherche pas la vengeance. Les six millions. Qu’ont-ils à voir avec le conflit israélo-palestinien ? À l’époque, il n’y avait ni Israël, ni guerre du Liban. Pour les six millions, il n’y a pas d’excuse, et aussi longtemps que je devrai exprimer leur plainte, je l’exprimerai. Il n’existe pas de considération objective de l’histoire, c’est-à-dire, elle existe, mais elle n’a aucune validité. Tout ce qui s’est passé en Allemagne et ailleurs au nom du peuple allemand ne peut pas être balayé par des événements qui n’ont rien à voir avec ceux qui l’ont subi et ceux qui l’ont commis.

("Cher Monsieur Blumenthal", lettre d’Edgar Hilsenrath, p. 136-137)
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Lorsque je repense à cette époque, fin des années cinquante et début des années soixante, je suis bien obligé de dire que ce n’était pas facile. Le jour, je travaillais comme débarrasseur dans un restaurant, un petit boulot qui me permettait de garder la tête hors de l’eau, la nuit j’étais écrivain ou disons, un écrivain qui croyait fermement qu’il le deviendrait. C’était aussi une époque solitaire, car je vivais là-bas [à New York] comme auteur allemand en exil (alors qu’officiellement je n’en étais même pas un), autrement dit, j’écrivais en allemand dans un environnement linguistique étranger. Ce qui rend marginal. Je me battais tous les jours pour la langue allemande, je me battais contre un monde qui aurait bien voulu que je pense en anglais et que, comme la plupart des émigrants, je raccroche la langue allemande au clou.

("Ce qu’il ne faut pas faire", p. 88)
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Le Troisième Reich était une SARL de gazage. Quand ses actions montèrent en flèche, les actionnaires entrèrent en extase. Hommes et femmes, jeunes et vieux s’étreignirent en une extraordinaire masturbation de masse comme il ne s’en était jamais produit. Ensuite, quand les actions chutèrent, ce fut autre chose. Les visages cessèrent de tressaillir, les bites devinrent flasques, les chattes séchèrent. Un beau jour, l’entreprise fit faillite. Les actionnaires encaissèrent le choc, s’effondrèrent mais se redressèrent vite, comme des culbutos, et achetèrent de nouvelles actions auprès des bureaucrates d’après-guerre à l’Est et à l’Ouest, de part et d’autre du grand Mur. Ils vont toujours bien.

(“Le Troisième et le Quatrième Reich", p. 84-85)
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- Tu as écrit. C’est vrai. Mais tu as écrit dans ta langue. Pas dans leur langue.
- Ta langue est l’allemand.
- L’allemand.
- La langue maudite.
- La langue maudite.
- Que tu aimes.
- Que j’aime.
- Que tu as toujours aimée. Même à l’époque.
- Même à l’époque.
- Quand les synagogues brûlaient.
- Quand les synagogues brûlaient.
- Que tu as aimée. Même au pays des fusillades de masse.
- Au pays des fusillades de masse.
- Quand tu regardais au loin, vers l’endroit où fumaient les fours d’Auschwitz.
- Aussi à ces moments-là.
- Aussi à ces moments-là.

Le visage de l’étranger est le mien, p. 35-36
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— Alors voilà. Dans une petite ville d’Allemagne, il y avait une colline appelée Mont des Oliviers. Vous savez pourquoi ? Parce que chaque année, l’usine d’huile Meyer y organisait une fête. À l’époque. Et un jour, le Führer est venu prêcher sur le Mont des Oliviers. Des millions de gens sont venus, attirés par ce sermon sur la montagne, et ont trouvé une place sur le Mont, bien que ce fût en réalité une petite colline. Mais bon. Ils se sont débrouillés. Et ces millions de gens se tenaient en plein soleil sur la montagne, et le soleil leur a tapé sur la tête. Ou bien ils n’étaient déjà pas clairs avant. Je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, ils écoutaient le sermon sur la montagne. Et quand le Führer eut terminé son grand discours, ils ont tous levé le bras droit en criant : « Amen, amen, amen ! »
— Est-ce que des millions de gens ont vraiment crié amen, ou est-ce seulement dans votre livre ?
— Ils ont crié amen. Et le monde s’est embrasé.
— Alors il faudrait bâillonner les nouveaux « crieurs d’amen », dit le rédacteur en chef.
— Très juste, dis-je.

("Ils tapaient du poing en cadence", p. 100)
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Il y a longtemps que j'ai changé mes larmes en encre (140)
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