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EAN : 9782370551580
222 pages
Le Tripode (14/02/2019)
3.96/5   94 notes
Résumé :
" Quand on écrit quelque chose pour se débarrasser l'âme, on en est définitivement libéré. L'écriture est une libération pour moi. " Edgar Hilsenrath

Écrivain de la Shoah et de l'exil, Edgar Hilsenrath livre avec Terminus Berlin son roman le plus poignant, celui du retour désenchanté en Allemagne. Son héros retrouve, comme lui, le pays natal près de trente ans après avoir quitté l'Europe et ses fantômes. Le temps est venu de faire le bilan d'une vie t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Retrouver Edgar Hilsenrath est un véritable plaisir, hélas teinté d'émotion et de regret car Terminus Berlin est son dernier livre comme l'avait annoncé lui-même son auteur et puisque celui-ci est mort fin 2018.

Même si je n'ai pas tout lu de cet écrivain allemand, le nazi et le barbier, Orgasme à Moscou et Fuck America m'ont permis de comprendre, d'apprécier son style et surtout de réaliser ce que fut sa vie. Cette vie, justement, il nous en redonne les clés dans Terminus Berlin, même s'il change les noms et modifie quelques événements.
Il a tout connu de la barbarie nazie, les brimades et les souffrances durant son enfance dans la ville de Halle où ses parents, juifs, étaient commerçants. Il a vécu la fuite, le pogrom et cette shoah qu'il voit appliquer avant de s'exiler aux États-Unis après avoir trouvé refuge en France.
Dans les années 1980, c'est de New York que son héros, Joseph Leschinsky qu'on appelle Lesche, où il est écrivain sans succès, veut partir pour revenir en Allemagne, à Berlin. Malgré tout ce que lui et sa famille ont enduré à cause de son pays d'origine, il veut y retourner car il a besoin du pays et surtout de la langue qu'il continue à pratiquer et dans laquelle il écrit.
Lui qu'on prend pour un clochard, à 58 ans, car « Rien n'est plus suspect qu'un écrivain pauvre. », retrouve tous ses souvenirs d'enfance et le cauchemar de l'antisémitisme poussé au paroxysme par les nazis.
Il nous fait partager les problèmes qu'il rencontre et aussi ses joies les plus intimes dont ses succès féminins pour lesquels sa truculence fait mouche. Malgré tous les malheurs qui ont jalonné son existence, Edgar Hilsenrath a toujours su conserver un humour dévastateur.
C'est l'occasion aussi de parler de son pays encore coupé en deux puisqu'il se rend à Berlin-Est. de plus, il n'a pas son pareil pour détecter les anciens nazis ou sympathisants lorsqu'il rencontre des concitoyens comme ce gardien de musée. le plus terrible, c'est la montée de l'extrême-droite qui s'en prend d'abord aux Turcs avant de brimer à nouveau les Juifs.
Au travers de la vie de Lesche, son héros, j'ai apprécié ses recherches à propos du génocide arménien. Dans l'oeuvre d'Edgar Hilsenrath, cela a donné le conte de la dernière pensée .
Si l'Allemagne est réunifiée, cela n'a pas que des effets positifs comme il le constate dans Berlin et les néo-nazis sont de plus en plus virulents.

J'ai été terriblement ému à la lecture de Terminus Berlin car Edgar Hilsenrath possède une façon de raconter truculente, efficace et tellement juste. Un grand écrivain nous a quittés mais restent ses oeuvres profondément marquées par l'holocauste, tout ce qu'il a vu et vécu durant les premières années de sa vie, un mal jamais vraiment éradiqué, toujours prêt à ressurgir si nous ne sommes pas vigilants.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Terminus Berlin est le dernier livre d'Edgar Hisenrath, paru en 2006 en Allemagne. L'écrivain est décédé le 30 décembre 2018, juste avant la parution de son livre en français. Il avait décrété que ce serait l'ultime, n'ayant plus rien à dire. Il est l'auteur notamment de la Nuit, le Nazi et le barbier, le Conte de la Pensée Dernière.
Joseph Leschinsky alias lesche, alter ego littéraire d'Edgar Hilsenrath décide de rentrer chez lui en Allemagne, à Berlin, après avoir quitté l'Europe voilà plus de trente ans et vécu une bonne partie de sa vie aux USA. S'il est revenu en Allemagne, ce n'est pas pour retrouver les Allemands mais sa patrie linguistique. Il est un écrivain allemand et a besoin de la langue allemande. Mais à Berlin, il se débat toujours autant pour faire publier ses oeuvres qui évoquent la shoah sur un ton caustique. Il donne, à ce sujet un avis très pertinent sur la diffusion des livres en général.
S'il revient tout au long de l'ouvrage sur ce qu'a été sa vie marquée par les persécutions de la shoah, et s'il enquête aussi sur le génocide arménien, il découvre la résurgence glauque du nazisme et que la bête immonde n'est pas morte : des groupuscules néonazis profanent des cimetières, attaquent la communauté turque et le prennent pour cible, lorsque le succès commence à poindre, lui "le juif qui écrit des livres contre le peuple allemand". le constat est terrible !
En fait, toutes ses aventures littéraires, sexuelles, amicales pâtissent de la peur du retour de la persécution des Juifs.
Terminus Berlin est un roman cinglant, à l'humour provocateur et cru, d'une lucidité glaçante qui dévoile des vérités désagréables mais nécessaires, un cri d'alarme terriblement actuel, en résumé : un condensé de tout ce qui devait être dit et rappelé sur l'Holocauste et à nous le soin d'être vigilants face au pire.
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" Quand on écrit quelque chose pour se débarrasser l'âme, on en est définitivement libéré. L'écriture est une libération pour moi"

Ces phrases représentent l'essence de ce livre et même l'oeuvre entière d'Edgar Hilsenrath. Toute sa vie, à l'image d'Aaron Appelfeld dont la "parentèle" est indéniable, Hilserrath et Appelfeld vont témoigner de ce que fut la Shoah.
Tous deux y ont survécu, en se cachant en Roumanie, en Bucovine, tous deux fervents de leur langue maternelle qu'est l'allemand.
Chacun utilisera les mots pour dire l'indicible mais aussi pour témoigner de cette communauté fraternelle que représentait le shetl.
Si Aaron Appelfeld ne peut s'exprimer qu'avec beaucoup de retenue, Edgar Hilserrath n'hésitera pas à utiliser le rire, la satire, pour mieux extirper le monstre de ses entrailles.
"Quand je lui ai raconté que j'écrivais un livre sur un ghetto juif, elle a crié :
- Mais c'est horrible
- Mais mon roman n'est pas triste. Il est même très humoristique.
- Est-ce qu'on peut écrire avec humour sur un ghetto ?
- Moi, je peux"
Terminus Berlin est le dernier livre écrit par Edgar Hilserrath, écrit en 2006, il meurt en 2018, il avait alors 92 ans.Pour lui, tout a été dit, il n'y a plus rien à rajouter de constructif.
Le titre du roman : Terminus Berlin est lui-même la fin de la boucle. Un juif allemand chassé d'Allemagne par les nazis, puis errant aux États-Unis pendant plus de 25 ans veut revenir mourrir dans son pays, dans sa langue maternelle, en Allemagne alors même que les néo -nazis des années 80 auront raison de lui puisqu'ils assassineront Lesche, le narrateur" de Terminus Berlin."
Tellement de réflexions, de questionnements sortent de ce roman, un livre qui nous fait penser, réfléchir.Un livre pour lutter contre l'oubli, pour nous rappeler à l'ordre.

Un véritable chef d'oeuvre !
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"Terminus Berlín" est le premier livre de Edgar Hilsenrath que je lis et le dernier qu'il a publié.
Joseph Leschinsky, alter ego de l'auteur, plus couramment appelé Lesche est un allemand d'origine juive polonaise d'une soixantaine d'années. Il a survécu à l'holocauste, à immigré en Amérique et revient en Allemagne à la fin des années 80 pour retrouver sa langue tant aimée.
Ce roman dénonce avec une certaine férocité la société et plus précisément la pauvreté, la prostitution et la montée des néo-nazis. Il dénonce également l'holocauste et fait un parallèle avec le génocide arménien.
La plume de l'auteur est indéniablement singulière, incisive, grinçante, crue. Ce n'est pas un style que j'affectionne particulièrement mais je dois reconnaître que c'est efficace. Provocateur, il interpelle le lecteur témoin de la violence des hommes.
C'est un livre à part, un livre qui accroche le lecteur qui s'en trouve bousculé.
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Terminus Berlin est le dernier ouvrage d'Edgar Hilsenrath ; il témoigne des cicatrices de la Shoah sur les survivants.
C'est un livre à part, cynique et qui peut faire grincer des dents.
Il dénonce à sa manière la prostitution, l'antisémitisme encore présent sans véritable réaction des autorités ou la pauvreté.
Il provoque, il balance et il exhorte.
Son personnage est bourré d'ambivalence et se fiche des convenances.
Un roman "poil-à-gratter".
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critiques presse (7)
LeFigaro
13 juin 2019
Traduction de l’ultime roman - très sombre et poignant - de l’écrivain juif allemand décédé en décembre dernier.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeDevoir
20 mai 2019
La tonalité des romans à l’énergie brouillonne d’Edgar Hilsenrath est toujours un peu burlesque, mais gorgée d’une humanité libre et sans fard.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
12 mars 2019
Dans son dernier roman, le provocant écrivain juif allemand, mort à la fin de 2018, se montre toujours aussi cru, tendre et farfelu.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
06 mars 2019
C'est que l'histoire lui a appris à se méfier de « toutes les grandes doctrines, surtout quand elles sont exploitées par l'Etat ». Elle lui a aussi enseigné que « l'humour conserve ». D'où ce roman explosif, joyeusement anarchiste et, hélas, tragiquement visionnaire dans une époque où des abrutis tracent des croix gammées sur le visage de Simone Veil.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LePoint
25 février 2019
L'écrivain Edgar Hilsenrath, rescapé du ghetto, avait choisi de clore son œuvre avec ce roman cinglant. Un cri d'alarme terriblement actuel.
Lire la critique sur le site : LePoint
Actualitte
14 février 2019
Terminus Berlin clôture à merveille l'œuvre singulière d'Edgar Hilsenrath, qui nous a quittés le 30 décembre 2018 [...] Avec ses allures parodiques d’un mauvais thriller, cette traque met en avant une autodérision touchante, où le narrateur prend un malin plaisir à torturer le personnage, selon différents scénarios possibles et totalement loufoques.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Culturebox
13 février 2019
Déporté, rescapé des camps, émigré aux Etats-Unis, Hilsenrath signait en 2006 Terminus Berlin son ultime roman, le récit bouleversant et sans concession du retour au pays de l'enfance et des fantômes, et de sa "bien-aimée langue allemande".
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Des œufs au lard, dit-elle. Tu es juif, tu ne devrais pas manger de lard.
- Je ne 'occupe pas trop de religion, dit Lesche. J'appartiens au peuple juif par la destinée commune, le passé commun holocauste.
- Tu ne peux pas te libérer de l'holocauste, dit-elle.
- Je n'en serai jamais libéré, dit Lesche.
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-Les anciens nazis sont presque tous morts, dit Lesche, ils ont crevé depuis, au moins les responsables. Ceux qui sont encore en vie étaient trop jeunes à l'époque pour prendre part aux crimes, et il y a la génération suivante. Qui voulez-vous donc haïr ?
- Je ne hais personne. Je rage contre une époque inhumaine.
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- Je déteste l'Amérique comme je déteste les nazis, bien que ce ne soit pas une bonne comparaison, dit Lesche. Je crois que les nazis m'ont refusé le droit à l'existence parce que j'étais juif. En Amérique, le droit à l'existence m'a été refusé parce que je n'avais pas de succès.
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Au président des Etats-Unis d'Amérique.

Très cher Monsieur le Président,
J'ai entendu dire que vous vous souciez beaucoup du 3ème Reich. Etant l'une des rares victimes à avoir survécu au 3ème Reich, je serais vivement intéressé par de plus amples informations sur vos réflexions.
Respectueusement,
Joseph Fischbein

Très cher Monsieur Fischbein,
Je n'ai jamais entendu parler du 3ème Reich. Après tout, j'étais un cow-boy et non un professeur d'histoire. Je serais moi aussi intéressé par de plus amples informations.
Respectueusement,
Le président.
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... Quand on écrit quelque chose pour se débarrasser l'âme, on en est définitivement libéré. L'écriture est une libération pour moi.
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Vidéo de Edgar Hilsenrath
Edgar Hilsenrath : Entretien avec Antoine Spire (1994 - Mémoires du siècle / France Culture). Par Antoine Spire. Réalisation : Isabelle Mezil. Diffusion sur France Culture le 1er septembre 1994. Edgar Hilsenrath, né le 2 avril 1926 à Leipzig (Saxe, Allemagne) et mort le 30 décembre 2018 à Wittlich (Rhénanie-Palatinat, Allemagne), est un écrivain allemand, connu avant tout pour ses romans "Nuit" ("Nacht", 1964), "Le Nazi et le Barbier" ("Der Nazi & der Friseur", 1977) et "Le Conte de la pensée dernière" ("Das Märchen vom letzten Gedanken", 1989). Depuis son premier roman "Nuit", dans lequel Edgar Hilsenrath relate avec un réalisme cruel son expérience en tant que survivant du ghetto, il prend l'Holocauste comme thème central sans jamais porter une seule accusation directe ni dépeindre les criminels et les victimes en noir et blanc, le but de son œuvre entière étant d'écrire contre l'oubli. En revanche, dans le reste de son œuvre, il est passé à des formes d'expression plus vigoureuses, qui tiennent le lecteur à distance, comme la satire, le grotesque ou le conte. À propos de son roman "Le Nazi et le Barbier", le magazine "Der Spiegel" écrit: « ... une satire sur les juifs et les SS. Un roman picaresque, grotesque, étrange et parfois d'une cruelle sobriété qui évoque avec humour noir une sombre époque. » L'histoire met en scène un Allemand dénommé Max Schulz qui participe allègrement à la furie meurtrière de ses compatriotes après avoir rejoint la SS puis, après la défaite, usurpe l'identité de son ami d'enfance, Itzig Filkenstein, se rend en Israël et devient un sioniste fanatique... Le livre, écrit en 1968-1969, n'est publié en Allemagne qu'après avoir été publié en 1971 avec succès aux États-Unis dans la traduction anglaise sous le titre "The Nazi and the Barber. A Tale of Vengeance". Après que le manuscrit a été refusé par plus de 60 maisons d'édition allemandes, il paraît enfin dans les derniers jours d'août 1977 chez un petit éditeur de Cologne, Helmut Braun. La première édition (10 000 exemplaires) est vite épuisée, deux autres suivirent rapidement. Dans le roman "Le Conte de la dernière pensée", paru en 1989 et pour lequel Hilsenrath reçoit le Prix Alfred Döblin, l'auteur s'attaque au problème du souvenir et du récit historique. En décrivant le génocide arménien et en le comparant à la Shoah, il s'élève contre toute forme de violence faite à un peuple et met en garde contre l'oubli. La forme du conte, choisie par l'auteur pour s'attaquer au mensonge, signifie également que l'histoire racontée n'a plus de témoins. Dans beaucoup de livres d'Hilsenrath, émergent nettement des traits autobiographiques, qui sont cependant habituellement repris sous forme de fiction. Son ouvrage autobiographique le moins romancé est paru en 1997 sous le titre "Les Aventures de Ruben Jablonski" ("Die Abenteuer des Ruben Jablonski").
Sources : France Culture et Wikipédia
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