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Chantal Philippe (Traducteur)
EAN : 9782370552457
157 pages
Le Tripode (08/10/2020)
3.89/5   31 notes
Résumé :
Par l'auteur des cultissimes romans Fuck America et Le Nazi et le Barbier. Ce recueil de nouvelles réunit des textes écrits par Edgar Hilsenrath sur une trentaine d'années. C'est un ensemble insolite, qui va de la farce au récit tragique, du témoignage au conte, en passant par le manifeste politique et la critique littéraire.
Entre réminiscences et imaginaire, Edgar Hilsenrath raconte la Bucovine de son enfance, évoque l'écriture et la publication de ses tro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un kaléidoscope de textes sur trois décennies. Tous les styles, allant du dialogue à l'introspection sont convoqués dans cette oeuvre singulière pour rendre compte du fascisme. Comment il s'installe dans des esprits et l'espace commun. Au détour d'un souvenir, Edgar Hilsenrath relate l'horreur nazi avec subtilité et réalisme. Un livre complexe à appréhender mais qui propose un récit sur un drame universel.
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Depuis quelques temps déjà, je tourne autour d'Edgar Hilsenrath. La sortie de ces "Nouvelles" - vu mon goût pour ce format - était l'occasion parfaite de me lancer.

La première chose qui frappe, c'est le style des nombreux textes qui constituent ce livre. Dans une courte note introductive, la maison d'édition précise avoir choisi ce titre plutôt qu'une traduction de l'original ("Ils tapaient du poing en cadence"), arguant de la polysémie du terme "nouvelles".
Je ne suis pas vraiment convaincu par ce choix, tant le livre recèle peu de nouvelles.

C'est un patchwork littéraire, contenant aussi bien des textes à teneur autobiographiques, des considérations sur les langues, l'histoire ou la littérature ou bien encore de petites fictions.

Les formats desdites fictions sont variés et plutôt plaisant, notamment dans des échanges de courrier.
Les sujets m'étant apparus comme les plus intéressants concernent le rapport de l'auteur à la langue allemande, et au-delà à l'Allemagne en général. Son retour, incompris par ses proches, dans ce pays donne de fortes réflexions. Cette très forte relation à l'allemand, mixé à sa judéité accouche de belles pages.
Les textes autobiographiques se déploient autour de sa carrière d'écrivain, en parallèle à l'histoire du génocide juif. de son premier roman écrit à 14 ans, jusqu'à des anecdotes sur le parcours éditorial de quelques-uns de ces livres les plus célèbres, j'imagine que ses lecteurs et lectrices seront comblé.e.s par toutes ces savoureuses tranches de vie.
De même que par l'apparition d'Itzig Finkelstein, anciennement le meurtrier de masse Max Schulz

Ce qui frappe dans ce livre, c'est la répétition. de nombreux dialoguent sont gorgés de répétition et de même les premiers textes se répètent sur plusieurs points (le statut de la Bucovine par exemple) avant un retour dans les derniers. Cela donne au début une impression de compilations de textes similaires, assez étrange. Mais une fois le livre terminé, on comprend mieux qu'il s'agit d'un effet voulu. D'une boucle "obsessionnelle".

J'ai particulièrement apprécié les dialogues imaginaires, avec son double étranger, avec Dieu ou entre Joseph Fischbein et le président des USA.

Une lecture un peu déroutante au final, mais plaisante néanmoins.
Peut-être pas idéale pour découvrir Edgar Hilsenrath cependant. Mais ça, c'est mon problème !
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C'est pour moi la deuxième fois que je découvre Edgar Hilsenrath. Et comme pour"Terminus Berlin", les mots me manquent. Des difficultés à expliquer pourquoi je suis si attachée à l'ambiance de ses écrits, au caractère pourtant parfois trop satiriques. Hilsenrath, juif Allemand, n'a cessé de fuir pendant la seconde guerre mondiale et même après. Fuir les nazis en Allemagne, puis en Roumanie parce qu'il est juif ; fuir cet image d'étranger en Palestine parce qu'il est Allemand, rejoindre sa famille en France, s'exiler en Amérique, ne jamais s'y sentir vraiment chez soi pour enfin retrouver sa langue natale en Allemagne. Car comme il l'exprime si bien dans la première nouvelle" la langue allemande est mon seul pays". Après ce retour sur cette"langue natale" vient le besoin de retrouver le"vivre ensemble de Bucovinie" (Roumanie)d'avant guerre. Hélas, tel est le problème...le vivre ensemble n'est plus depuis l'holocauste. Un recueil de nouvelles qui aborde de nombreux thèmes (religion, politique, antisémitisme, écriture) sous de nombreuses formes (réflexions, contes satiriques, lettres, souvenirs). Ces nouvelles, aux idées parfois répétitives sont pourtant d'une richesse extrême pour qui veut davantage connaître cet auteur et ses démons (ses maux d'estomac comme il les appelle simplement).
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Pour ceux qui ont aimé "le nazi et le barbier" et "Fuck America", c'est un peu le recueil des scènes coupées ou "les teasers de fin de film".
Hilsenrath est un maître de la satyre, conjugué à cet humour teinté de désespoir et d'ironie.

Dans ces nouvelles qui auraient dû être intitulées"Ils tapaient du poing en cadence" on découvre un intellectuel qui n'hésite pas à livrer ses coups de coeur littéraires et ses pensées profondes.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Toutes les grandes doctrines me font peur, surtout quand elles sont exploitées par l'État et la bureaucratie. Des millions ont disparu derrière des barbelés au nom d'une justice sociale révolutionnaire censée rendre les gens heureux, et des bûchers ont brûlé au nom du christianisme. Je ne fais pas confiance aux flambeaux de ceux qui font le bonheur de l'humanité. Je me tiens à distance des doctrinaires. Ceux qui assènent de pieuses paroles et prétendent aimer l'humanité tout entière, n'aiment en réalité personne. Quand on aime, on fait toujours des choix. Je ne peux pas aimer tout le monde, mais dans le cadre de mes possibilités, je peux faire en sorte qu'il ne soit fait de tort à personne.
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L’antisémitisme d’autrefois ne se rencontre plus guère dans la jeunesse. Nous assistons plutôt à un nouveau phénomène. Les fils et filles de ceux qui criaient « Sieg Heil ! » voudraient bien relaver la veste de l’histoire allemande. Ils ont trouvé un truc. Cela s’appelle « vision objective de l’histoire ». Voilà à peu près ce que ça dit : « Tout cela n’est pas si grave. Qu’ont fait les Américains au Vietnam ? Et les horreurs commises par les Russes. Et le Cambodge etc. Mais surtout, les Israéliens. Ce qu’ils font avec les Arabes. Et la crise du Liban. Ce n’était pas un génocide, peut-être ? – J’ai vu mes amis de gauche soupirer de soulagement pendant la guerre du Liban : “Enfin ! Maintenant nous pouvons dire que les Juifs sont eux-mêmes des nazis. Tout ça n’est pas si grave. Nos pères l’ont fait avant. Ils le font maintenant. Oublions tout ça.” » Eh bien non, ça ne marche pas comme cela. Je n’ai pas bombardé le Vietnam, ni tué de Cambodgiens, ni touché un seul cheveu d’un Arabe. Une partie de ma famille a disparu à Auschwitz et dans d’autres camps, d’autres ont été fusillés en Pologne et en Russie. Tout ce que mon père et ma mère possédaient nous a été arraché, et j’ai moi-même été poursuivi pendant des années. J’ai donc le droit de rappeler le souvenir, même si je ne recherche pas la vengeance. Les six millions. Qu’ont-ils à voir avec le conflit israélo-palestinien ? À l’époque, il n’y avait ni Israël, ni guerre du Liban. Pour les six millions, il n’y a pas d’excuse, et aussi longtemps que je devrai exprimer leur plainte, je l’exprimerai. Il n’existe pas de considération objective de l’histoire, c’est-à-dire, elle existe, mais elle n’a aucune validité. Tout ce qui s’est passé en Allemagne et ailleurs au nom du peuple allemand ne peut pas être balayé par des événements qui n’ont rien à voir avec ceux qui l’ont subi et ceux qui l’ont commis.

("Cher Monsieur Blumenthal", lettre d’Edgar Hilsenrath, p. 136-137)
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Lorsque je repense à cette époque, fin des années cinquante et début des années soixante, je suis bien obligé de dire que ce n’était pas facile. Le jour, je travaillais comme débarrasseur dans un restaurant, un petit boulot qui me permettait de garder la tête hors de l’eau, la nuit j’étais écrivain ou disons, un écrivain qui croyait fermement qu’il le deviendrait. C’était aussi une époque solitaire, car je vivais là-bas [à New York] comme auteur allemand en exil (alors qu’officiellement je n’en étais même pas un), autrement dit, j’écrivais en allemand dans un environnement linguistique étranger. Ce qui rend marginal. Je me battais tous les jours pour la langue allemande, je me battais contre un monde qui aurait bien voulu que je pense en anglais et que, comme la plupart des émigrants, je raccroche la langue allemande au clou.

("Ce qu’il ne faut pas faire", p. 88)
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Vivre ensemble en Bucovine

Les sociétés multiculturelles ont existé de tout temps. Dans l’histoire récente, je pense à l’Empire ottoman ou à l’Union soviétique, à la Monarchie austro-hongroise et, last but not least, aux États-Unis d’Amérique. Mais nulle part les cultures coexistant dans le cadre d’un État national donné n’ont pu bénéficier d’une réelle égalité de droits, du fait de la prétention à la suprématie et de l’effet d’absorption du groupe culturel et linguistique prédominant, en d’autres termes du groupe qui se croit seul habilité à représenter l’identité nationale de l’État en question.
J’avoue ne pas avoir de solution passe-partout pour combattre l’oppression et les tendances nationalistes. Mais je peux raconter une petite histoire : en 1938, nous avons dû fuir l’Allemagne, car nous étions Juifs. Comme aucun pays au monde ne nous autorisait à immigrer, nous sommes allés avec un visa de visite en Roumanie, dans la province de Bucovine où vivaient mes grands-parents. La Bucovine appartenait auparavant à l’Autriche, mais avait été annexée par la Roumanie après la Première Guerre mondiale. De nombreux peuples y vivaient paisiblement ensemble. Roumains, Ruthènes (Ukrainiens), Juifs, Allemands, Tsiganes, Arméniens, Lipovènes (minorité russe), Bulgares etc. Dans les villes, notamment à Czernowitz, la langue courante était l’allemand, mais on entendait aussi toutes les autres langues dans les rues.
Jeune garçon, je parcourais souvent les villages. De l’un à l’autre, on parlait une autre langue, roumain, ruthène, hongrois, allemand etc. Les us et coutumes, la langue, les costumes étaient différents dans chaque village, même les maisons et les cours, les églises et les sanctuaires des religions diverses. J’habitais alors à Siret, une petite ville juive à quarante kilomètres de Czernowitz. Les Juifs parlaient allemand et yiddish, les fonctionnaires roumains parlaient le roumain. Quand les paysans des environs venaient à la ville les jours de marché, on entendait toutes sortes de langues sur la place et dans les tavernes. Tous faisaient commerce les uns avec les autres, et celui qui ne savait pas le roumain, la langue officielle, ni celle de son interlocuteur, se faisait comprendre par gestes. Pas plus difficile que ça. Tout le monde vivait en paix, jusqu’au jour où tout a changé. Les fascistes roumains ont pris le pouvoir. Les langues étrangères ont été interdites, on a vu apparaître sur les murs et les colonnes Morris des affiches proclamant : « Parle roumain ! » C’était une menace. Ceux qui ne savaient pas le roumain n’osaient plus ouvrir la bouche dans la rue. Partout des espions surveillaient le processus de roumanisation. La peur se répandit. Les Allemands quittèrent peu à peu le pays, pour « rentrer chez eux dans le Reich », attirés par la propagande d’Hitler. De nombreux Juifs passèrent la frontière pour se réfugier en Union soviétique. Puis la guerre éclata à l’est et les Juifs qui étaient restés furent expulsés.
Je suis revenu en Bucovine quarante-sept ans plus tard, en août 1988, à la recherche du monde multiculturel paisible d’avant la guerre. Mais je ne l’ai pas retrouvé.

Faisons en sorte que l’Europe unie soit le premier pas vers un État mondial ! Le premier pas est concevable. Ce qui est concevable est possible. Et si les utopies ne peuvent être réalisées, je n’en continue pas moins à rêver.

(p. 15-16)
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« L’Irgoun* a fait sauter l’hôtel du Roi David ! dit Jakov Lind. Il paraît qu’il y a quatre-vingt morts, dont la moitié de l’état-major britannique. »
Quelques minutes plus tard des ambulances arrivaient avec les blessés anglais.
« Mais c’est impossible ! ai-je dit. L’hôtel du Roi David est à Jérusalem, et nous sommes à Tel-Aviv ! »
« Ce sont peut-être d’autres Anglais. »
« Possible. »
Le portier dit : « J’ai eu d’autres nouvelles. Des Juifs viennent d’attaquer une caserne aux environs de Tel-Aviv. »
« Ce sont donc bien d’autres Anglais. »
Mais pour ne pas te tenir trop longtemps en haleine : nous avons transporté les Anglais au bloc opératoire.
Environ une demi-heure plus tard, nous sommes allés chercher l’un d’eux. Il était mort et recouvert d’un drap blanc.
Et c’est là que c’est arrivé. Mon ami Jakov, plus malin que moi, portait le côté le plus léger du brancard, je descendais l’escalier le premier en portant le côté le plus lourd. L’escalier était raide, et le mort a commencé à glisser, ses jambes ont dépassé du drap et ses pieds blancs et raides se sont retrouvés juste dans mon cou. J’ai secoué la tête, mais ça ne servait à rien, alors je me suis mis à courir en entraînant Jakov. Nous avons descendu l’escalier à toute vitesse avec le corps qui tressautait et que nous avons finalement livré à la morgue.
Voilà.
— C’est tout ? dit le trafiquant.
— Oui.
— Tu n’as pas de meilleures histoires en rayon ? Je veux dire, de Palestine.
— Quelques-unes, si. Mais pas maintenant.
— Tout ça, c’est bien joli, ricana le trafiquant. Je veux dire l’hôtel du Roi David et l’état-major anglais et l’insurrection juive. Mais je me demande ce que ça a à voir avec la libération de la Palestine qu’un Anglais mort gratouille le cou d’un poète juif avec ses pieds. Qu’est-ce que ça signifie ?
— Rien du tout, ai-je dit.

("L’histoire de l’Anglais mort", p. 43-44)
*Organisation armée sioniste en Palestine mandataire.
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Vidéo de Edgar Hilsenrath
Edgar Hilsenrath : Entretien avec Antoine Spire (1994 - Mémoires du siècle / France Culture). Par Antoine Spire. Réalisation : Isabelle Mezil. Diffusion sur France Culture le 1er septembre 1994. Edgar Hilsenrath, né le 2 avril 1926 à Leipzig (Saxe, Allemagne) et mort le 30 décembre 2018 à Wittlich (Rhénanie-Palatinat, Allemagne), est un écrivain allemand, connu avant tout pour ses romans "Nuit" ("Nacht", 1964), "Le Nazi et le Barbier" ("Der Nazi & der Friseur", 1977) et "Le Conte de la pensée dernière" ("Das Märchen vom letzten Gedanken", 1989). Depuis son premier roman "Nuit", dans lequel Edgar Hilsenrath relate avec un réalisme cruel son expérience en tant que survivant du ghetto, il prend l'Holocauste comme thème central sans jamais porter une seule accusation directe ni dépeindre les criminels et les victimes en noir et blanc, le but de son œuvre entière étant d'écrire contre l'oubli. En revanche, dans le reste de son œuvre, il est passé à des formes d'expression plus vigoureuses, qui tiennent le lecteur à distance, comme la satire, le grotesque ou le conte. À propos de son roman "Le Nazi et le Barbier", le magazine "Der Spiegel" écrit: « ... une satire sur les juifs et les SS. Un roman picaresque, grotesque, étrange et parfois d'une cruelle sobriété qui évoque avec humour noir une sombre époque. » L'histoire met en scène un Allemand dénommé Max Schulz qui participe allègrement à la furie meurtrière de ses compatriotes après avoir rejoint la SS puis, après la défaite, usurpe l'identité de son ami d'enfance, Itzig Filkenstein, se rend en Israël et devient un sioniste fanatique... Le livre, écrit en 1968-1969, n'est publié en Allemagne qu'après avoir été publié en 1971 avec succès aux États-Unis dans la traduction anglaise sous le titre "The Nazi and the Barber. A Tale of Vengeance". Après que le manuscrit a été refusé par plus de 60 maisons d'édition allemandes, il paraît enfin dans les derniers jours d'août 1977 chez un petit éditeur de Cologne, Helmut Braun. La première édition (10 000 exemplaires) est vite épuisée, deux autres suivirent rapidement. Dans le roman "Le Conte de la dernière pensée", paru en 1989 et pour lequel Hilsenrath reçoit le Prix Alfred Döblin, l'auteur s'attaque au problème du souvenir et du récit historique. En décrivant le génocide arménien et en le comparant à la Shoah, il s'élève contre toute forme de violence faite à un peuple et met en garde contre l'oubli. La forme du conte, choisie par l'auteur pour s'attaquer au mensonge, signifie également que l'histoire racontée n'a plus de témoins. Dans beaucoup de livres d'Hilsenrath, émergent nettement des traits autobiographiques, qui sont cependant habituellement repris sous forme de fiction. Son ouvrage autobiographique le moins romancé est paru en 1997 sous le titre "Les Aventures de Ruben Jablonski" ("Die Abenteuer des Ruben Jablonski").
Sources : France Culture et Wikipédia
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