Citations sur Terminus Berlin (40)
Frau Lehrscher dit encore beaucoup de choses positives sur les Juifs, mais Lesche avait l'impression que rien n'était sincère et qu'au fond, elle était restée antisémite : nazi un jour, nazi toujours. Peut-être n'avait-elle fait que suivre l'air du temps en devenant philosémite après la guerre - ce qui n'était en fait que de l'antisémitisme inversé.
- Dès 1929, après avoir vu Adolf Hitler au Palais des Sports, j'étais comme étourdie par le rayonnement de cet homme. Lorsque Hitler est venu au pouvoir en 1933, je me trouvais dans la foule en liesse dans les rues de Berlin, et quand les SA ont défilé avec leurs flambeaux, je criais "Sieg Heil" à pleins poumons. Aujourd'hui, je ne puis que secouer la tête en pensant à quel point nous étions tous aveugles à l'époque.
Et puis il y avait eu l'histoire du fouet. Anneliese lui avait avoué qu'elle ne pouvait jouir qu'après avoir été fouettée par un homme. Son autre amant le faisait. Mais lorsque Anneliese demanda à Lesche d'essayer, il sut qu'il devait rompre, car rien ne lui répugnait plus que le sadisme.
Elle est belle, mais ce n’est pas une jeunette. Je suis tombé amoureux d’elle quand j’avais neuf ans, en Pologne. Nous avons été séparés, mais je lui suis resté fidèle toute ma vie.
« En Allemagne, on te rappelle à chaque instant que tu es juif. Ce n’est pas qu’on ressente de l’antisémitisme, mais les gens ont mauvaise conscience quand ils rencontrent un Juif. Ils te traitent avec un excès de précautions, c’est très désagréable. » (p. 94)
- Moi, je lutte en permanence contre les souvenirs de l'holocauste, mais ils reviennent sans cesse. Singer m'avait dit en guise d'adieu : "Pourquoi les Allemands ont-ils besoin d'un mémorial ? Le pays tout entier est un monument à l'holocauste."
En buvant leur bière, les habitués déblatéraient contre les étrangers. l'un d'eux a dit : "Il faudrait renvoyer tous les Turcs en Turquie, ça libérerait des millions d'emplois pour les Allemands." Un autre a ri et a dit : "Ou bien tous les gazer, comme les Juifs. Adolf, lui il savait y faire". Je me suis dit : C'est la voix du peuple. Un jour ou l'autre ils vont se déchaîner sur les Turcs. et après, ce sera le tour des Juifs.
Les conditions actuelles sont les mêmes qu'à l'époque de Weimar, des millions de chômeurs et une jeunesse sans perspectives. Le gouvernement dépense des milliards pour que les chômeurs restent tranquilles. C'est évidemment mieux que pendant Weimar. Mais c'est quand même un baril de poudre. Les chômeurs croient que les étrangers sont responsables du chômage, bien que ce soit une absurdité. Les chômeurs croient que les étrangers prennent le travail des Allemands, et cela ouvre la voie aux extrémistes de droite.
Je ne fais pas confiance aux flambeaux de ceux qui font le bonheur de l'humanité. Je me tiens à distance des doctrinaires. Ceux qui assènent de pieuses paroles et prétendent aimer l'humanité entière n'aiment en réalité personne. Quand on aime, on fait toujours des choix.
Mon plus gros problème en Amérique était celui de la langue, pourtant je parle bien anglais. Un écrivain allemand n’y a aucune chance.