Vous devez écouter les rythmes que créent vos pieds, dit il. Vous faites votre musique avec eux. Videz votre tête et remplissez vos oreilles.
Les deux femmes se repérèrent enfin en tournant à un angle pour se retrouver face à l’Alhambra, désormais délicatement illuminé. Malgré l’heure tardive – minuit passé – la douce lueur ambrée qui baignait l’édifice laissait presque croire que le soleil se couchait à peine. Avec ses nombreuses tourelles crénelées qui s’élevaient dans le ciel nocturne clair, la forteresse semblait tout droit sortie des contes des Mille et Une Nuits
- Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux ! exhorta-t-elle.
Une jolie histoire qui se passe pendant la guerre d'Espagne. Plaisir sans prétention.
La gaieté de cette danse détourna l'esprit de chacun des vies déchiquetées et des foyers réduits en cendres, des images de cadavres et des visages cruels qui les avaient chassés de leur ville. Plusieurs se joignirent à elle, en tapant des mains avec plus d’enthousiasme au fil des minutes.
Santé publique
Giannis adorait son métier bien que les heures soient longues et que ses conditions de travail soient devenues presque insupportables. Comme dans n'importe quel endroit en Grèce, suite aux coupes budgétaires gouvernementales, la plupart des hôpitaux avaient atteint un point critique et les médecins surmenés tombaient malades eux-mêmes du fait du stress ou de leur total épuisement.
p. 120
Le grand-père et la guerre civile
Ce soir-là elle prit un numéro de son journal, et le lut attentivement, se rendant compte pour la première fois à quel point Alexandros Dexidis était vraiment d'extrême-droite. Les éditoriaux étaient ouvertement fascistes et elle dût se résoudre à admettre que son "pappous" aux cheveux blancs n'était pas du tout le gentil vieillard que les grand-pères sont censés être. Si c'était bien lui "le Boucher", cela expliquait son manque d'amis et la réticence de son propre père à rester trop longtemps dans cette ville. Elle ne savait pas grand chose de la guerre civile, juste que des atrocités avaient été commises et elle ne parvint pas à écarter l'idée que son grand-père n'avait pas été impliqué d'une façon ou d'une autre. C'était une petite ville, après tout. Peut-être qu'elle ne saurait jamais la vérité.
p. 106
Rue grecque en temps de crise
Les boutiques se dissimulaient derrière leurs rideaux de fer qui étaient tous recouverts de graffitis. Ici ou là on pouvait voir une déclaration d'amour isolée au milieu de tout ce déversement de colère à l'encontre des politiciens et du reste du monde. À cette heure creuse, la rue ressemblait à une galerie d'art abstrait, mais sans visiteurs. Seule une "œuvre" avait une signification claire : "On crève la faim".
p. 69