"Ca y est, dit-il d'une voix rauque. Il a attrapé le truc. Il n'est pas complètement débourré et il s'affûtera avec de l'exercice, mais vous avez fait le bon choix pour lui. La hache est son arme."
Vérité hocha lentement la tête. "Et mon arme, c'est lui."
Les journées comptaient trop d'heures et Molly les emplissait toutes.
La confiance n'est confiance qu’absolue.
Ce sont souvent ceux qu'on entend le moins qui en savent le plus.
Une fois, alors que j’étais tout enfant, je lui avais demandé s’il avait déjà perdu un combat ; il venait de soumettre un jeune étalon rétif et s’occupait de le calmer dans son box. Burrich avait souri en découvrant des dents aussi blanches que celles d’un loup ; la sueur perlait à son front et ruisselait dans sa barbe. Par-dessus la cloison de la stalle, il m’avait répondu, le souffle encore court : « Si j’ai perdu un combat ? Le combat n’est fini que lorsque tu l’as gagné, Fitz. Le reste, tu peux l’oublier. Et peu importe l’avis du gars d’en face. Ou du cheval. »
La nuit, je courais comme un loup.
La première fois, je crus que je faisais un rêve particulièrement réaliste : la vaste étendue de neige blanche que l'ombre des arbres maculait d'encre noire, les odeurs fugitives transportées par le vent, la joie ridicule de bondir et de fouir derrière les musaraignes qui s'aventuraient hors de leurs terriers d'hiver... Je me réveillai l'esprit clair et de bonne humeur.
Mais la nuit suivante, je fis un rêve tout aussi réaliste. Je compris alors que, lorsque j'isolais mon Art pour ne pas émettre inconsciemment et, par là, que je m'empêchais de rêver de Molly, je m'ouvrais tout grand aux pensées nocturnes du loup. Là se trouvait tout un royaume dans lequel Vérité ni aucun artiseur ne pouvait me suivre. C'était un monde où n'existaient ni intrigues de cour, ni complots, ni soucis, ni projets. Mon loup vivait dans le présent. Son esprit était vide des accumulations de détails des souvenirs. D'un jour à l'autre, il ne conservait que l'indispensable à sa survie. Il ne se rappelait pas combien de musaraignes il avait tuées deux jours plus tôt, mais il gardait en mémoire des éléments plus généraux, tels que les sentes que préféraient les lapins ou les endroits où le ruisseau coulait assez vite pour ne jamais geler.
À quoi bon une petite vie qui ne change rien à la grande vie du monde? Pourquoi une mère ne se dirait-elle pas : Si j’élève bien cet enfant, si je l’aime, si je l’entoure d’affection, il mènera une existence où il dispensera le bonheur autour de lui, et ainsi j’aurai changé le monde? Pourquoi le fermier qui plante une graine ne déclarerait-il pas à son voisin : Cette graine que je plante nourrira quelqu’un, et c’est ainsi que je change le monde aujourd’hui?
(J’ai lu, p.399)
Rien n'est seul, rien n'est oublié, rien n'est dépourvu de sens, rien n'est insignifiant et rien n'a d'importance.
"L' histoire, c'est ce que nous faisons pendant notre existence. Nous la créons au fur et à mesure" . Il eu un sourire énigmatique. " l'avenir est une autre sorte d'histoire.
J'assistais à la scène impuissant. Une quinte de toux me saisit, puis je retrouvai mon souffle : "si seulement, je pouvais les comprendre, dis-je au fou. Si seulement je savais ce qu'ils veulent. Ces Pirates rouges ne suivent aucune logique ; comment combattre des gens qui nous attaquent sans nous donner leurs raisons ? Mais si j'arrivais à les comprendre..."
Les lèvres pâles, le fou fit la moue et il réfléchit. "Ils partagent la folie de celui qui les commande et l'on ne peut les comprendre que si l'on prend part à cette folie. En ce qui me concerne, je n'en ai nulle envie. Les comprendre ne les arrêtera pas.