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EAN : 9791090062375
208 pages
Editions iXe (28/04/2017)
3.5/5   4 notes
Résumé :
[PEUT ETRE LU INDÉPENDAMMENT DES AUTRES TOMES]

«Pour peu que tu naisses de ce côté-ci de la frontière ou de celui-là, tu seras hindouiste, bouddhiste, musulman. Catholique à Rome ou Dublin, luthérien à Münster, calviniste à Genève, musulman à Alger, Ryad ou Istanbul, et juif peut-être à New York ou Jérusalem.»

Coup de théâtre au soir du second tour de la présidentielle: Ulysse Riveneuve, le candidat qui promettait de ne plus mentionner ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un roman-essai à la fois divertissant, instructif et dérangeant.
Thierry Hoquet propose le récit d'une France en temps d'élection présidentielle. L'un des candidats, Ulysse Riveneuve, joue dans un parc avec sa fille lorsqu'il est kidnappé. Il est le candidat revendiquant un état sans différence de sexe, sans mention du sexe des individus à l'état civil, la campagne de Sexus Nullus. Son programme dérangeait tant qu'il a été kidnappé? Quel groupe politique ou religieux en est coupable? Les jours passent sans nouvelles de Riveneve et les candidats continuent à défendre leurs opinions et leurs programmes. Que ce soit Gynétrix Leguminosa, Karine Dubois, Richard le Dindon, Gouzigou ou encore Pierre Lemarseillais, chacun fait preuve d'imagination pour attirer les électeurs vers eux.
Pour ce qui est de la gestion de la narration, il est difficile d'entrer dans le récit dans certains chapitres. En effet, la forte présence de réflexions politiques ou religieuses coupe parfois le récit et met à mal une lecture fluide. Par ailleurs, la fin peut laisser perplexe et insatisfait malgré les apports et idées transmises dans le récit. Enfin, personnellement, j'ai eu beaucoup plus de difficultés à accrocher à la lecture de cet ouvrage dans la première partie tandis que la seconde était beaucoup plus digeste.
Les différents personnages, dont les noms sont souvent marqués d'ironie voire de ridicule, pourraient trouver des équivalents dans nos candidats présidentiels. Ils défendent des idées parfois caricaturales mais qui puisent leurs arguments dans de réelles revendications politiques ou religieuses actuelles ( sexisme, laïcité etc... ) Les personnages représentant les médias sont souvent ridiculisés par leurs propos qui trahissent le monde de sur-information et de désinformation dans laquelle nous sommes.
Au niveau du contenu, les propos tenus par les personnages sont souvent intéressants et amènent à de réelles réflexions sur notre société actuelle. Que ce soit au niveau de la laïcité, de l'inégalité des sexes ou de la présence de telle ou telle religion en France, Thierry Hoquet questionne le fondamentalisme, la politique et la religion en général. D'ailleurs, des idées que certains citoyens pensent dans l'intimité des foyers sont certainement mises en avant dans la bouche de personnages caricaturaux. J'ai annoté un grand nombre de pages afin de me permettre un retour sur tel ou tel apport théorique ou réflexif.
J'ai apprécié constater la liste des différentes sources dans lesquelles Thierry Hoquet a puisé. Cela permettra à tout lecteur passionné par le sujet de se documenter encore davantage.
Par conséquent, j'ai rencontré quelques difficultés à poursuivre la lecture de cet ouvrage à certains chapitres mais je reconnais l'intérêt d'un grand nombre de passages c'est pourquoi je recommande cet ouvrage à un public averti, rompu à la lecture d'ouvrages théoriques et intéressé par les questionnements et débats actuels. Merci à la dernière masse critique de m'avoir fait découvrir cet ouvrage !
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Dans cette suite – suite qui peut néanmoins se lire indépendamment –, on retrouve tous les ingrédients qui avaient rendu Sexus Nullus si agréable à lire. Une idée séduisante (enfin, cela dépend de votre position sur la question), des arguments divers (qu'ils soient pour ou contre), une critique de la société (on reconnaît sans peine notre monde avec ses joyeusetés : les guerres, les attentats, Trump, Poutine, etc.), des débats passionnants par le biais de tracts, de plateaux télé, de conférences de presse et de vidéos sur internet, le tout agrémenté de beaucoup d'intelligence et d'un zeste d'humour.

Ce déicide, qui consiste non pas à tuer Dieu, mais à confiner la religion à la sphère privée, déchaîne les passions, chaque parti ayant sa vision de la chose. le Parti Pour Tous, le Parti Bio, le Mouvement Radical Athée, la Coexistence Laïque…tous ont leur mot à dire. Certains propos sont parfois un peu caricaturaux ou poussés à l'extrême (par exemple, le tract laissé par les ravisseurs de Riveneuve exprime des idées véritablement moyenâgeuses qui, j'espère, ne sont pas celles de tous les croyants), mais cela permet de proposer tout un éventail de pensée.
Appuyés par des exemples, notamment historiques, les arguments sont variés et nuancés, poussant ainsi à la réflexion. Bien qu'appartenant au domaine de la fiction, Déicide est un parfait conte philosophique qui incite son lecteur ou sa lectrice à penser et à se forger sa propre opinion.

Le sujet est plus sensible et plus compliqué que la question du sexe civil. En effet, des droits fondamentaux pointent le bout de leur nez. Les libertés de conscience, d'expression et de culte sont perpétuellement invoquées par les détracteurs du déicide. Je trouve d'ailleurs que la complexité du sujet se sent dans certaines tirades qui se répètent un peu. L'auteur semble lui-même parfois s'enliser dans ce délicat débat.
Si l'idée du déicide est irréalisable, j'avoue que celle de cesser de donner voix au chapitre aux différentes religions est une idée qui serait fort appréciable. Les débats sur des sujets tels que l'avortement, l'homosexualité, etc., en seraient bien moins pollués et la société pourrait enfin avancer.

Comme dans Sexus Nullus, de nombreuses thématiques font leur apparition dans le débat provoquée par la folle idée de Karine Dubois. « La religion et son patriarchaïsme viscéral » conduisent les différents protagonistes à discuter de la sphère privée et publique, de laïcité, d'égalité entre les hommes et les femmes, entre les religions (n'est-ce pas discriminatoire d'en reconnaître certaines et pas d'autres ?). Ils abordent également la question des règles de la République, du nationalisme, du modèle républicain, du patriotisme, etc. (On frôle parfois l'overdose de République.)

J'ai été stupéfaite en découvrant les détails de l'exception de l'Alsace-Moselle. Je savais que la loi de 1905 sur la séparation de l'Etat et de l'Eglise n'était pas en vigueur, que l'Alsace-Moselle conservait un régime concordataire et que les ministres de différents cultes (catholique, protestants luthérien et réformé et israélite) étaient rémunérés par l'Etat (ce qui, en soit, me choque déjà). Toutefois, j'ignorais la somme que cela représente et j'ignorais aussi que l'éducation religieuse était obligatoire dans les écoles publiques, niveaux primaire et collège. Certes, les parents peuvent apparemment demander une dérogation (auquel cas, en primaire, ces cours sont remplacés par de la morale…), mais ça m'a quand même vraiment surprise. Comme quoi la laïcité n'est pas du tout une chose acquise sur tout le territoire de cette République prétendument « une et indivisible ». de même, la Guyane a un statut à part et l'évêque est reconnu comme un agent de catégorie A et les prêtres, des agents de catégorie B. Là encore… choc.

Mi-essai, mi-roman, Déicide, ou la liberté est un ouvrage intelligent, passionnant et amusant. En dépit des idées politiques, des réflexions religieuses et des débats philosophiques, l'écriture comme la lecture restent toujours fluides. de même que ces sujets peuvent sembler austères, le résultat est très agréable, pertinent et plein d'humour.
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«Pour peu que tu naisses de ce côté-ci de la frontière ou de celui-là, tu seras hindouiste, bouddhiste, musulman. Catholique à Rome ou Dublin, luthérien à Münster, calviniste à Genève, musulman à Alger, Ryad ou Istanbul, et juif peut-être à New York ou Jérusalem.»

Lu dans le cadre de la Masse Critique Babelio Déicide, ou la liberté est la suite du premier conte philosophique de Thierry Hoquet, Sexus Nullus. 

Alors que sa popularité est au plus haut, à la veille du second tour des élections présidentielles, Ulysse Riveneuve, le candidat qui promettait de ne plus mentionner le sexe à l'état civil, disparaît sans laisse de traces. Son enlèvement est revendiqué par un mystérieux "Front oecuménique du Salut", qui voyait en Ulysse Riveneuve une menace à l'ordre établi et à la loi divine. 

Sa compagne Karine Dubois, d'abord atterrée par la nouvelle et par les réactions fusant de toutes part, décide en réaction de "reprendre le flambeau" du combat d'Ulysse en militant pour le déicide, c'est à dire la disparition totale du fait religieux dans l'espace public. 

S'ensuivent alors une série de péripéties plus ou moins réalistes et drôles, ponctuées de tirades d'arguments pour ou contre le déicide proférées par Dubois et par ses adversaires politiques. le paysage politique français contemporain est à peine voilé sous des noms d'emprunts, et il est vraiment aisé de deviner sur quels protagonistes Thierry Hoquet tire à boulets rouges. Et pour cause, tout le monde en prend pour son grade dans cet essai sur la religion en forme de conte philosophique. 

En posant un idéal volontairement extrême, intenable et inatteignable l'auteur s'engage dans un débat d'idées sur la religion dans l'espace public, la laïcité à la française et l'extrémisme religieux et politique. En égratignant, au passage, toute la classe politique française, les médias et le peuple. 

Sur le principe, je pense qu'il faut aborder Déicide comme un essai sur la religion dans l'espace public, une matière à réflexion, un cours de philo en quelque sorte (l'auteur enseigne d'ailleurs cette discipline).

Mais là où Sexus Nullus était court, percutant et pertinent Déicide, ou la liberté est long, trop bavard et dispersé. Les seules figures que j'ai trouvé intéressantes sont des personnages très secondaires: Asmus, le geôlier d'Ulysse Riveneuve, et Jacqueline Hallier, la vieille amie juive de Karine Dubois.  Là où Sexus Nullus faisait mouche par sa modernité et la pertinence de sa thèse, développée dans plusieurs domaines, j'ai vraiment trouvé que Déicide se perdait dans le puit sans fond de la religion, même si la réflexion sur le sujet n'est jamais inintéressante. Les tirades répétées des uns et des autres, la virulence exagérée des personnages principaux (Karine Dubois en tête) a rendu ma lecture assez désagréable, et la thèse première du livre se perd et devient peu convaincante. 
Lien : https://wordpress.com/post/l..
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A l'heure où j'écris cet avis, je n'ai pas encore terminé ce livre, mais l'ayant obtenu grâce à l'opération de masse critique Babelio, j'ai atteint la date limite pour poster mon avis.

J'ai tardé à commencer ce livre car je suis dans ma période "romance" et n'avait donc pas envie de me plonger dans un sujet aussi sérieux.

Malgré tout, je me suis lancée. Et pour l'instant, du moins pour ce que j'ai lu à la date d'aujourd'hui, je suis agréablement surprise. La lecture est plus facile que ce à quoi je m'attendais et je ne peine donc pas à entrer dans le récit !

Comme le résumé le précise, à l'aube du second tour des élections présidentielles, le candidat qui défend le "sexus nullus", c'est-à-dire, en gros, ne plus mentionner le sexe à l'état civil, disparait ! S'ensuit alors tout un tas d'hypothèses et de débats sur sa disparition, sur son parti, ses adversaires et les valeurs que chacun défend.

Ce livre met les pieds dans le plat, aborde un ou des sujets qui me semblent être en plein dans l'air du temps. Je le vois comme un essai déguisé sous la forme d'un roman, qui expose plusieurs points de vu. Certains pourront en apprendre plus sur le sujet, d'autres se réconforter quant à leur façon de penser et d'autres encore sentir monter l'agacement en le lisant. Ce livre me semble être à la portée de tous mais je pense qu'il pourra aussi en énerver plus d'un en fonction de son opinion sur le sujet et son opinion politique...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
On accuse le déicide d’être contre l’Etat de droit. La vérité est qu’un Etat de droit se borne à respecter les lois. Un Etat de droit peut interdire des propos, fermer des lieux de rassemblement, emprisonner des fauteurs de trouble : ce ne sont pas là des entorses au droit tant que c’est conforme aux textes de loi.
Ainsi, puisque la loi interdit les propos homophobes, sexistes, misogynes, racistes, on peut sans mal interdire la Bible et le Coran. Loin d’être une entorse à la loi c’en sera juste une stricte application.
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En réalité, il ne s’agit pas de discuter l’existence de Dieu. Il ne s’agit pas de démystifier ou d’interdire aux croyants de croire.
Le déicide n’interdit à personne de croire ou de penser comme bon lui semble mais il confine la croyance à la sphère intime. Croyants, votre foi n’est pas une opinion comme les autres, elle n’intéresse pas la société. Gardez-la pour vous !
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