Citations sur Vous descendez ? (71)
Le type qui a laissé deux marques profondes et apparemment contradictoires sur nous. Un, il nous a permis de comprendre que nous étions incapables de nous suicider. Deux, cette information nous a rendu suicidaires de nouveau.
Ce n’est pas un paradoxe pour qui connait un tant soit peu la perversité de la nature humaine.
Essayez donc de lire des livres écrits par des gens qui se sont suicidés ! On a commencé par Virginia Woolf ; j'ai juste lu deux pages du livre qui parlait d'un phare, mais ça m'a suffi pour savoir pourquoi elle s'était tuée : elle n'avait pas réussi à se faire comprendre. Il suffit de lire une phrase pour s'en rendre compte. Je me suis un peu identifiée à elle, parce que des fois je souffre de ça, mais son erreur a été de vouloir partager son problème avec le public. Je veux dire, d'une certaine façon elle a eu de la chance, parce qu'elle a laissé une sorte de souvenir derrière elle afin que les gens découvrent les difficultés qu'elle a rencontrées, mais cela ne lui a pas porté chance. Et puis elle n'a pas eu de bol non plus, si on réfléchit, parce qu'à l'époque n'importe qui pouvait faire publier un livre, vu qu'il n'y avait pas trop de concurrence. Tu pouvais te pointer chez un éditeur et dire je veux que ce soit publié, et ils étaient tous d'accord. Tandis que maintenant, ils te diraient de fiche le camp, et personne ne te comprendrait.Et ils te conseilleraient la méthode Pilates ou d'apprendre à danser la salsa.
On passe tellement de temps à ne pas dire ce qu'on veut parce qu'on sait qu'on peut pas l'obtenir. Et puis parce que cela paraît maladroit, ingrat, déloyal ou puéril, voire banal. Ou parce qu'on a tellement envie de faire croire que les choses vont bien qu'avouer le contraire passe pour une mauvaise manoeuvre. Allez-y, dites ce que vous voulez (peut-être pas à voix haute, si cela risque de vous attirer des ennuis) "j'aurais préféré ne jamais l'épouser", "j'aimerais qu'elle soit encore vivante", "ne jamais avoir eu d'enfants avec elle", "avoir un max de fric", "que tous les Albanais rentrent en Albanie, putain !" . Peu importe ce que c'est, reconnaissez-le, au moins vis-à-vis de vous-même. La vérité vous libérera. Ou vous vaudra un bon coup de poing dans le nez. Survivre, quelque soit votre vie, suppose que vous mentirez, or le mensonge corrode l'âme. Alors, juste un instant, cessez de mentir.
C'est vraiment des branleurs, les mecs comme Martin ! Ils prennent les femmes pour des putains d'ordinateurs portables, genre : l'ancienne m'a lâché, mais de toute façon, maintenant on peut en trouver des plus minces qui font plus de trucs.
Les gens sensibles ne font pas de vieux os.
Si vous aimiez le rock'n roll, tout le rock'n roll, depuis, je sais pas, Elvis jusqu'aux White Stripes, en passant par James Brown, alors vous n'aviez qu'une envie : plaquer votre boulot et venir vous nicher dans nos amplis jusqu'à ce que les oreilles vous en tombent .
Quand on s'est séparés, au début, il m'a accusée de le harceler. Le mot est un peu fort, je trouve. Je ne crois pas qu'on puisse dire "harceler" quand il s'agit juste de coups de fil, de lettres, d'e-mails, et de quelques coups frappés à la porte . Et je ne me suis pointée que deux fois à son boulot. Trois, si on compte la fête de Noël , mais je ne la compte pas puisqu'il m'avait dit qu'il m'y emmènerait .
La conclusion du coroner est presque toujours la même: "Etat de déséquilibre mental au moment de se donner la mort." Ensuite vous découvrez l'histoire du pauvre type: sa femme couchait avec son meilleur ami; il avait perdu son boulot; sa fille avait été tuée dans un accident de voiture quelques mois plus tôt. Hé! ho! monsieur Coroner. Vous êtes sûr de votre coup, là? Je suis désolé, mais ce n'est pas du déséquilibre mental, ça. C'est du bon sens. Tuile sur tuile sur tuile jusqu'à n'en plus pouvoir, et ensuite destination le parking du centre commercial le plus proche dans le break familial, avec une bonne longueur de tuyau en caoutchouc. Voilà le tableau. Vous ne croyez pas que la conclusion devrait plutôt ressembler à:"Il s'est donné la mort après avoir constaté en toute objectivité que sa vie était un putain de désastre"?
Il est difficile d'essayer de se reconstruire pièce par pièce, sans mode d'emploi, et sans avoir la moindre idée de l'endroit où se trouvent toutes les pièces importantes. (p324)
Vous savez que les choses ne vont pas bien pour vous quand vous ne pouvez même pas raconter aux gens les faits les plus simples de votre vie, simplement parce qu'ils penseront que vous leur demandez de vous plaindre. Je suppose que c'est pour cette raison que nous finissons par nous éloigner des autres ; tout ce que vous avez envie de leur raconter finit par les angoisser.