Il s'agit de la nouvelle A Memory that Worked Overtime qui fait partie du recueil Between the Dark and the Daylight. Une très courte nouvelle, très accessible pour découvrir en français cet auteur américain tombé dans l'oubli. Une affaire d'oubli justement !
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Le frère de Minver descendit du sommet de la bibliothèque basse une petite toile, qu’il examina d’abord au recto puis tourna et contempla au verso avec le même sourire rêveur. « Je ne vois pas comment ceci est arrivé là », dit-il, d’un air absent.
Elle montra alors qu’elle en était fière, bien qu’elle l’eût appelé idiot. « As-tu raconté », demanda-t-elle à son mari, « à quel point ta mémoire a singulièrement varié au sujet du thème de la peinture également ? »
Les voyages caractérisent, entre autres, l’œuvre de William Dean Howells, auteur américain majeur aussi prolifique que peu traduit en français. Ses nouvelles ou ses romans dépeignent fréquemment des exilés ou des voyageurs ; comme il le relève et comme le montre également l’œuvre, entre autres, de Henry James, cette entreprise revêtait à son époque quasiment un caractère national. Plus exotiques ou inhabituels peuvent nous paraître aujourd'hui ses récits de voyage, les seuls dans lesquels j'aie lu une description de… Monaco, ou ses histoires locales qui décrivent longuement son Ohio natal.
« Très étrange », commençai-je au moment même où la porte s’ouvrit. Mrs Minver entra et on me présenta. Elle me donna la main distraitement en disant à son mari : « As-tu encore raconté cette histoire de peinture ? » Il la tenait toujours. « Idiot ! »
C’était une fort belle femme, cependant pleine d’entrain, de joie et de bon sens.
« C’est une des plus curieuses anomalies de la mémoire que j’aie jamais entendue, Mrs Minver », dis-je.
Il était si rassurant que je sortis en souriant de mes craintes, et promis de revenir tôt et en pleine forme, dès que, suggéra le préposé — le lendemain étant un dimanche — les hommes et les chevaux seraient repus.