Citations sur Silo, tome 1 (156)
Ceux qui n'avaient pas de fusils s'étaient armés de redoutables tiges d'acier aplaties, dont le travail strident de la meule avait rendu les bords luisants et argentés. Knox trouvait stupéfiant que, d'instinct, ils sachent tous fabriquer les instruments de la douleur. Même les ombres l'avaient depuis le plus jeune âge, ce savoir comme déterré des profondeurs brutales de leur imagination, cette capacité à faire mal à autrui.
… tous les livres et toutes les étoiles l’univers ne servaient à rien s’il ne restait personne pour les lire, pour les chercher à travers les nuages.
(Babel, p. 546)
« Ce n’était pas seulement le tabou du nettoyage, la peur du monde extérieur. C’était l’espoir. Cet espoir mortel et inexprimé qui vivait en chaque habitant du silo. Un espoir ridicule, fantastique. L’espoir que, peut-être pas pour soi, mais pour ses enfants, ou pour les enfants de ses enfants, la vie au-dehors redevienne un jour possible, et ce, grâce au travail du DIT, grâce aux épaisses combinaisons qui sortaient de leurs laboratoires. » (p. 76)
Elle n'était que le présent en train de piétiner, elle n'était qu'un rouage de la machine, tournant en faisant grincer ses dents métalliques jusqu'à l'usure, jusqu'à ce que des éclats se détachent d'elle et causent davantage de dégâts, jusqu'à ce qu'il faille la retirer, la jeter et la remplacer par quelqu'un d'autre.
Les enfants jouaient pendant qu'Holston montait vers sa mort ; il les entendait crier comme seuls crient les enfants heureux. ( incipit)
Le silo était pourri jusqu'à la moelle ; un homme malfaisant était maire par intérim ; une marionnette avait pris la place d'un bon shérif ; et les hommes et les femmes de valeur avaient tous péri.
Lukas pleura alors qu'une seconde vague tentait vainement d'entrer. Il pleura jusqu'à ce que son chargeur soit vide, pleura lorsqu'il chercha le fermoir, poussa une recharge dans la crosse, des larmes amères lui salèrent les lèvres lorsqu'il tira la culasse en arrière et déchargea un second déluge de métal - tellement plus solide, plus rapide que la chair qu'il rencontrait.
Qu'est-ce qui passe par la tête d'un homme qui attend là son bannissement ? Ce ne pouvait être seulement de la peur, car Juliette avait déjà goûté à ce sentiment-là. Non, ce devait être au-delà de la peur, une sensation absolument unique, le calme par-delà la douceur, ou la torpeur par-delà l'épouvante. L'imagination nétait tout simplement pas de taille à comprendre des sensations étrangères et uniques en leur genre, se dit-elle. Elle ne savait qu'atténuer ou accentuer ce qu'elle connaissait déjà. Ce serait comme d'expliquer à quelqu'un ce qu'on éprouve quand on fait l'amour, ou qu'on a un orgasme. Impossible.
[...] Juliette se demanda si elle allait se mettre à parler aux objets. Si elle allait devenir folle. Absorbée par les ténèbres, elle s'aperçut que son état d'esprit changeait à vue d’œil. Résignée à mourir la veille, elle craignait désormais de perdre la tête. C'était un progrès.
Elle se tourna à demi, arborant un sourire amer :
- Et qu'est-ce qui te fait croire que nous sommes le bon camp ?