Le roman se passe sur sept jours. le héros principal Yang Fei meurt dans une explosion, défiguré, il erre de lieu en lieu à la recherche de son père et de son histoire. Il finit par arriver au pays des morts sans sépulture où il retrouve des gens qu'il a connus. Cet endroit, où se rejoignent tous les pauvres qui n'ont pas pu s'offrir de tombe et se faire incinérer, est un lieu riant et verdoyant, sorte de paradis terrestre où les morts recréent une société fraternelle et égalitaire.
L'accueil du roman par le groupe a été assez mitigé, une partie des membres a eu du mal à rentrer dans l'histoire, rebutés d'emblée par le thème de la mort et la description du visage défiguré du héros, mais ceux qui ont persisté ont été pris par les histoires déroulées dans le livre. Certains n'ont pas pu le lire en entier ou n'ont pas du tout aimé, tandis que d'autres ont beaucoup apprécié, prenant de la distance par rapport à la mort et les personnages squelettes pour les voir avec l'humour de l'auteur.
Le reproche de certains, outre la dimension morbide, est le manque d'unité du roman et le côté falot des personnages, sauf le père . On a du mal a raccrocher entre elles les anecdotes qui parcourent le livre, elles apportent cependant un éclairage sur la société chinoise actuelle, évoquant notamment la corruption, la censure de l'information, l'arrogance du pouvoir, la violence psychologique dans les entreprises...Pour autant il n'y a pas une dénonciation claire du système politique chinois.
Le personnage central pourrait presque être qualifié de anti-héros, il se présente comme un homme effacé et solitaire que personne ne remarque. L'auteur le rend malgré tout attachant par son humanisme, son honnêteté et une certaine sérénité. Les lecteurs qui sont bien entrés dans le livre ont apprécié l'atmosphère de douceur et la poésie qui s' en dégage.
D'autres lecteurs ont été plutôt sensibles au côté tragi-comique du roman, dès le début, le ton est donné quand le héros narrateur est convoqué à 9h au funérarium pour sa crémation prévue à 9h30. Avec un humour noir,
Yu Hua évoque les différences sociales à partir des rites funéraires contemporains. Lorsque qu'il aborde le monde des morts sans sépulture ce n'est ni triste ni sordide, à l'inverse de la société vivante décrite, c'est un monde drôle et poétique, un paradis où ceux qui n'ont pu se faire incinérer vivent heureux, fraternels et égaux pour l'éternité : "Là-bas, il n'y a ni pauvres ni riches, il n'y a ni chagrin ni douleur, il n'y a ni rancune ni haine...là-bas tous sont égaux devant la mort".
Ce paradis n'est-il pas la société idyllique dont rêvaient les révolutionnaires maoïstes et pour laquelle ils se sont battus? Pour
Yu Hua, n'est-ce pas une idée morte, une utopie qui ne peut plus exister que dans l'imagination? A ce titre, c'est un roman pessimiste.
Sur la construction de l'ouvrage, les lecteurs sont perplexes, est-ce vraiment un roman? Il n'y a pas une histoire linéaire avec des rebondissement aboutissant à une fin. le découpage en 7 jours fait allusion au mythe biblique de la création du monde, le héros Yang Fei déambule en effet durant 6 jours entre le monde des vivants et le monde des morts à la recherche de son père, il le retrouve le 7ème jour. Mais quel est le lien avec la bible?
La construction de ce roman avec ses épisodes sans lien précis et ses personnages ternes prend le contre-pied de la construction des romans réaliste-socialistes qui ont eu court jusque au début des années 1980. En général, l'histoire se devait mettre en scène les ouvriers ou les paysans, elle évoluait vers une fin édifiante avec un héros positif courageux et indomptable, qui accomplissait des actions exceptionnelles au service le la révolution.
le septième jour à l'inverse est un roman complexe dont il est difficile de trouver toutes les clés.