AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 81 notes
5
12 avis
4
11 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Yang Fei vient de mourir, mais continue à vivre dans une sorte d'entre-deux où il rencontre des gens qui ont de quoi se payer une sépulture et vont vraiment disparaître et les autres, trop pauvres, condamnés à errer en se décharnant peu à peu jusqu'à devenir des squelettes, en attendant peut-être en vain qu'un vivant qui se souvient de lui ait de quoi lui payer un tombeau. Car le prix est élevé : « de notre côté, celui des chaises en plastique [le coin des pauvres ; les riches ont droit à des fauteuils], les bruits de conversation n'ont pas cessé, on continue à discuter des sépultures. On soupire sur leur prix, qui excède désormais celui des maisons. Pour une place d'un mètre carré dans un cimetière situé au diable vauvert et surpeuplé, il n'en coûte pas moins de 30 000 yuans, et encore pour une concession limitée à vingt-cinq ans. » Comme le dit un personnage : « — On n'a même plus les moyens de mourir ! » le récit nous raconte les sept jours qui suivent sa mort, avec de nombreuses analepses le concernant lui-même et aussi les gens qu'il croise dans ces limbes. ● le récit nous propose ainsi une magnifique histoire d'amour paternel et filial entre Yang Fei et son père adoptif, qui n'a vécu que pour son fils. Cette partie est vraiment très touchante, après la rocambolesque histoire de la naissance de Yang Fei qui prête plutôt à sourire. « Plus tard, […] j'ai souvent repensé avec tristesse à ce quai, ce matin d'été. Il avait vingt et un ans quand j'avais fait irruption dans son existence, et je l'avais remplie tout entière, si bien qu'il n'était plus resté la moindre place pour le bonheur auquel il avait droit. » ● Il permet aussi de mettre en évidence les nombreux dysfonctionnements de la société chinoise : disparités sociales énormes, injustices, passe-droits, personnes qui vivent « comme des rats » dans un immense souterrain insalubre… ● Des immeubles anciens sont abattus malgré les protestations de leurs habitants : « D'autres décrivaient la terreur qu'ils avaient ressentie quand, en pleine nuit, on avait détruit leur maison : ils avaient été tirés de leur sommeil par d'énormes grondements, les murs vacillaient, et ils avaient cru à un tremblement de terre. Mais au moment où ils s'étaient précipités dehors, ils avaient découvert les bulldozers et les pelleteuses en train d'abattre leur demeure. » Il arrive même que certains restent coincés et meurent dans l'opération de démolition… ● Ceux qui ont le pouvoir ont tous les droits : « Une fois, il [le patron d'un restaurant] m'avait expliqué que les gens de la Sécurité publique, ceux du service de la Prévention des incendies, des services sanitaires, des services de l'Industrie et du Commerce, ou bien des services des Impôts venaient souvent se goberger chez lui, mais qu'ils partaient sans jamais rien payer, en demandant qu'on inscrive ce qu'ils devaient sur leur note. En fin d'année, c'étaient des entreprises privées qui réglaient la facture pour eux. Au début, avait-il poursuivi, la situation était encore tenable, puisque soixante-dix à quatre-vingts pour cent des dettes étaient soldées, mais ces dernières années, l'économie étant moins prospère, de nombreuses sociétés avaient fait faillite et il y en avait de moins en moins pour payer les dettes de ces messieurs, ce qui n'empêchait pas ceux-ci de continuer à venir se goberger. Ses affaires à lui avaient beau paraître florissantes, avait-il conclu, en réalité il n'arrivait plus à joindre les deux bouts : mais qui aurait pris le risque de déplaire à des gens des services officiels ? » ● Certains n'ont plus d'autre choix que de vendre un rein, dans des conditions épouvantables, pour gagner rapidement un peu d'argent (30-35 000 yuans, soit 4 000-4 800 euros, le prix d'une sépulture…), pour le dépenser dans des gadgets que leur propose la société d'hyperconsommation chinoise : « Tous vendaient un rein dans l'intention de gagner de l'argent le plus vite possible. Ils expliquaient que même en travaillant dur pendant plusieurs années ils n'arriveraient jamais à gagner autant. Ils rêvaient de leur vie d'après : ils s'achèteraient de beaux vêtements ou un téléphone portable Apple, ils iraient dormir dans un palace ou dîner dans un restaurant de luxe. » Une des personnages se suicide parce que son petit ami lui a offert un iPhone de contrefaçon et pas un vrai… ● A cet égard on peut se demander s'il n'est pas mieux de ne pas avoir d'argent pour sa sépulture car le monde des morts-vivants paraît plus agréable que le néant où l'ensevelissement conduit. L'argent est peut-être un miroir aux alouettes… ● le roman nous propose ainsi une méditation sur la nature de la mort et sur la société chinoise, qui peut être vue comme composée pour une large part de morts-vivants, à la fois dans leur soumission obligée au régime et à ses privilégiés et dans la poursuite des chimères de l'argent et de la consommation qu'elle leur offre. ● C'était le premier livre de Yu Hua que je lisais et je l'ai trouvé profondément original, parfois poétique, parfois loufoque, toujours intéressant.
Commenter  J’apprécie          502
A sa sortie en Chine, en 2013, le septième jour a été la source de nombreuses critiques dans les journaux. On a pu lire dans le quotidien du peuple : "Le dernier roman de Yu Hua suscite de vives polémiques depuis sa sortie, mais l'auteur défend son travail au sujet des esprits perdus, affirmant traiter des réalités du monde moderne." Si Yu Hua décrit le parcours d'un défunt sans sépulture dans les limbes où il rencontre des personnes ayant marqué sa vie, il évoque aussi sans filtre des événements réels qui ont marqué la Chine, ces dernières années : un couple tué après la démolition d'une maison, de nombreuses victimes dans un incendie accidentel dont le décès n'a jamais été reconnu par le gouvernement et dont les corps n'ont pas été restitués à leurs familles, etc. Au-delà de son aspect fantastique, le septième jour témoigne et accuse à sa façon du peu de cas que l'on fait de la disparition des "petites gens" dans son pays et, plus globalement, de la détresse sociale qu'accompagne le triomphe du capitalisme. Brothers, le dernier roman paru de Yu Hua, était, c'est incontestable, d'une toute autre trempe, un éblouissant pavé picaresque. On retrouve de ci, de là, des scènes cocasses et absurdes dans le septième jour mais le ton est le plus souvent triste et désabusé avec des pages poétiques pour décrire ce monde des morts qui, privés de tombe, se croisent, discutent et se remémorent leur passage sur terre. Yang Fei, le héros du livre, est à la recherche de son père adoptif. le septième jour de son errance, peut-être le rencontrera t-il. Ou non. Ah oui, il n'est pas inutile de préciser que ce (beau) roman est la confirmation de l'immense talent de conteur de l'écrivain chinois.
Commenter  J’apprécie          200
Notre narrateur, Yang Fei, vient de mourir à 41 ans, dans l'explosion d'un restaurant. Alors que la cuisine brûlait, le restaurateur et sa famille cherchaient vainement à empêcher les clients de se sauver sans avoir payé. Yang Fei, client pauvre qui prend toujours les mêmes nouilles, avant que le restaurateur lui offre quelques fruits, est resté scotché à la lecture d'un article consacré à la seule femme qu'il ait aimée, qui venait de se suicider.

Le 1er jour qui suit sa mort (il y a autant de chapitres que de jours), Yang Fei est convoqué au funérarium pour sa crémation.

Il n'a ni sépulture, ni urne, ni personne pour le pleurer. Il part, il erre, il est en quête de son père et des liens qu'il a tissés.

Le titre comme l'épigraphe renvoient à la Genèse.

Yang Fei vit-il in fine « que cela était bon » ?

Non...

Il a dû quitter son emploi, vendre sa maison, pour s'occuper de son père malade, faute de protection sociale, il a croisé un restaurateur au bord de la faillite, jamais payé par les sociétés employeurs de ses clients, des personnes tuées lors de procédures d'expropriation - démolition, des personnes tuées lors de l'explosion d'un centre commercial et dont le nombre a été officiellement minoré, et les cendres artificiellement mélangées, des VIP qui bénéficient d'une chaise plus confortable au moment de la crémation, des jeunes filles qui se sont suicidées, un amoureux qui s'est révolté « Un type qui laisse sa petite amie se prostituer, si ce n'est pas une bête, alors c'est quoi ? », avant de vendre son rein, par amour… Il y a ceux qui ont eu faim, ceux qui ont un vêtement mortuaire, un crêpe noir, une sépulture, et ceux qui n'en ont pas, ceux qui ont… des couilles, et celui qui, tabassé par un flic zélé, n'en a plus…

Mais...

Son témoignage est doux, presque apaisé.

« Pourquoi ai-je le sentiment qu'après la mort, on continue de vivre éternellement ? »

Dans cet « endroit où sont les morts sans sépulture », où il n'y a « ni pauvres, ni riches », « ni chagrin ni douleur », « ni rancune ni haine ».

Critique sociale et politique, réflexion émouvante sur le sens de la mort et l'importance des rencontres que nous faisons, et qui nous font, ce roman métaphysique non dénué d'humour, paradoxalement à la fois contemporain et hors du temps, touche parfois à l'essentiel.

Peut être que « les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers »







Commenter  J’apprécie          113
Un mélange plutôt insolite de poésie et de dénonciation sociale

J'ai beaucoup entendu parler de Yu Hua sur booktube. Et j'ai donc sauté sur l'occasion en découvrant ce roman dans ma médiatique, d'autant que la thématique de la vie après la mort m'intriguant.
J'ai d'ailleurs beaucoup pensé au film d'animation Coco tout au long de ma lecture.

Dans une première partie du livre, le narrateur évoque sa vie passée, et notamment son enfance aux côtés de son père. J'ai trouvé cette partie un peu longue, ayant moyennement accroché à la dimension cocasse du récit, et finalement sans grand intérêt.
Dans la seconde partie en revanche, le narrateur part à la recherche de son père. Il rencontre plusieurs protagonistes, chacun racontant son histoire, sa mort, et finalement, illustrant un aspect de la société chinoise dans ce qu'elle a de plus sordide.
Le tout, dans une atmosphère feutrée, brumeuse, parfois bucolique qui fait de récit un texte à la fois engagé, doux et mélancolique.
Commenter  J’apprécie          70
Roman étrange qui se déroule après la mort et qui narre la vie de Yang Fei, mort subitement suite à une explosion. On y découvre sa vie et sa relation avec des personnages (certains étant des proches, d'autres ayant fait partie de l'actualité…)
Ce roman se lit facilement et de manière fluide, fluide comme dans la narration de ce moment après la mort. Malgré les malheurs survenus dans la vie, la mort se présente de manière sereine, également pour ceux n'ayant pas de sépulture qui errent entre les deux mondes. Ici, tout le monde est égal devant la mort. Cette égalité contraste avec la vie : en effet, ce roman, toujours dans la même fluidité, nous relate des faits de société et met en avant l'atteinte à la dignité humaine, à la vie elle-même (beaucoup de victimes), l'inégalité sociale, la manipulation par le pouvoir en Chine.
Commenter  J’apprécie          71
L'histoire
Yang Fei est mort et est convoqué pour assister à son incinération. Lorsqu'il arrive - enfin ! - sur place, il n'est pas autorisé à s'asseoir dans les beaux fauteuils de luxe réservés aux personnes importantes, mais doit prendre place sur une des chaises en plastique, celles pour les "gens ordinaires". Tout en discutant, il se rend compte qu'il n'a pas d'urne, parce qu'il est / était seul au monde et que personne ne s'en est occupé. Il quitte le funérarium et erre dans les rues.
Il se trouve dans le monde entre la vie et la mort. Il visite toutes sortes d'endroits où il a vécu et rencontre d'autres défunts. C'est ainsi qu'il nous parle de sa vie et des abus commis en Chine. Pendant ce temps, le monde des vivants devient de plus en plus vague...


Le style
J'ai lu dans des journaux et chroniques que ceci n'est pas le meilleur livre de Yu Hua : d'autres livres de Yu Hua sont plus humoristiques et encore plus poétiques, écrit-on. Ici, le ton général est plutôt résigné, voire larmoyant, même si l'humour n'est pas absent.
Pourtant, en termes de poésie, on ne peut pas se plaindre. Surtout les passages où Yang Fei parle de "l'existence" entre la vie et la mort, sont poétiques et en même temps imaginatifs. Mais en effet, s'il y a de l'humour, il n'y en a pas tant que cela. Bien au contraire, il y a vraiment beaucoup de larmes. Les morts ne sont pas tristes parce qu'ils sont morts eux-mêmes, mais beaucoup de larmes sont versées parce que d'autres ont décédé ou bien à cause des conditions de vie difficiles en Chine.


Les abus en Chine
Nous lisons beaucoup de choses sur les abus et la corruption en Chine. Tout d'abord, de nombreux Chinois sont très pauvres. Mais ils sont aussi très mal traités. Ils sont expulsés de leurs maisons ou meurent dans leur maison lors de la démolition de celle-ci. Ils n'ont pas d'argent pour faire soigner leurs bébés, alors l'hôpital ne s'occupe pas de ces bébés, et ne fait même pas incinérer les petits cadavres, mais s'en débarrasse en les jettant dans la rivière. Cela s'appelle des "déchets médicaux". La femme qui a révélé ce scandale se fait écraser et les autres personnes impliquées changent leur témoignages. Mais non, voyons, il ne s'est rien passé.
Il y a dans ce livre de nombreux autres exemples de corruption et de conditions de vie tragiques pour de nombreux Chinois.
À un moment donné, tous ces exemples sur tous les abus en Chine deviennent un peu trop une succession d'histoires pour dénoncer l'un abus après l'autre. C'est là que le livre menace de devenir ennuyeux.


La censure
Yu Hua a déjà eu affaire à la censure. Si Yu Hua a pu publier ce livre, c'est peut-être parce que nous savions déjà beaucoup de choses sur les situations décrites, grâce à la presse. Mais la lecture d'un roman est complètement différente qu'un article dans un journal, elle fait beaucoup plus d'effet. Et dire que dans la vraie vie, c'est probablement bien pire, puisque Yu Hua est loin de pouvoir tout dire, à cause de la censure....


Bonus
Outre les fantasmes sur la mort et la description de la vie quotidienne des gens ordinaires et pauvres en Chine, nous apprenons également à connaitre les coutumes des Chinois. Nous mangeons des nouilles et de la bouillie de riz, nous entendons comment ils se disputent (férocement !), voient comment ils vivent, et par conséquent le livre est donc aussi un voyage agréable vers un autre continent.
Commenter  J’apprécie          40
Un beau roman un peu étrange qui évolue entre le réalisme d'une Chine actuelle rude voire impitoyable aux gens ordinaires et la douceur fantasmagorique d'un monde d'après la mort où échoueraient ceux qui n'ont pu accéder à un digne traitement post-mortem.

Yang Fei, le narrateur, vient de succomber dans l'explosion d'un restaurant. Il se retrouve entre deux mondes, marchant sur le chemin du funérarium, en route pour sa propre crémation...en principe. Sauf qu'en Chine, il faut beaucoup d'argent pour faire face aux frais funéraires et, dans un système sans protection sociale, Yang Fei a déjà dû se dépouiller de ses biens pour soigner son vieux père atteint d'une maladie incurable. Désormais, il se retrouve seul à devoir assurer le fardeau de sa misère...
Commence alors son errance "à la lisière de la vie et de la mort", sept jours qui correspondent à chacun des chapitres du livre, sept jours au terme desquels il trouvera sa place aux côtés de ses semblables, condamné à une paisible vie éternelle dans un entre-deux presqu'idyllique, faute de pouvoir accéder au repos éternel d'une sépulture: référence à une croyance chinoise selon laquelle les âmes des défunts erreraient pendant ce temps avant de rejoindre leur tombe, mais aussi à la genèse biblique qui semble décidément inspirer les auteurs chinois contemporains (*).

On suit le personnage dans le processus de recomposition de sa mémoire autour des évènements majeurs de sa vie; l'histoire à la fois dramatique et rocambolesque de sa naissance, de sa récupération et de son éducation par son père adoptif ( car ce roman s'avère aussi une magnifique et touchante histoire d'amour père/fils), celle de son mariage éphémère avec la belle Li Qing, la seule femme qu'il ait jamais aimée.
Mais le coeur du livre, ce sont les rencontres dont son parcours est jalonné dans l'au-delà avec des êtres proches ou moins proches mais côtoyés dans la vie réelle, ne serait-ce que par médias interposés: une manière pour l'auteur de relier leurs histoires respectives et de convoquer, par le biais d'un artifice littéraire, les maux de la Chine d'aujourd'hui qui affectent les plus faibles. Poursuivant ainsi son oeuvre de témoignage, Yu Hua relate un certain nombre de scandales ou de faits de société qui ont défrayé ou défraient encore la chronique et nous livre un portrait plutôt sombre de la société chinoise de plus en plus en proie à l'inégalité sociale, et dans laquelle ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir l'exercent à leur profit, souvent de manière brutale, au mépris de toute valeur, faisant fi de la dignité humaine et générant nombre de victimes derrière eux.

Ce roman mêle donc deux registres très contrastés. Il aurait pu n'être qu'un catalogue assez superficiel de travers que tout lecteur s'intéressant à la Chine connaît déjà, si ce n'était l'indéniable talent de conteur de Yu Hua, son aptitude à nous décrire une réalité amère, mais sans pathos, ne s'interdisant pas d'y introduire une petite dose d'humour et de cocasserie parfois. Mais finalement, l'intérêt réside presque plus, à mon sens, dans l'angle d'approche choisi pour véhiculer ce contenu, angle qui confère son charme particulier au livre. Celui-ci glisse en effet, peu à peu, vers une dimension poétique de plus en plus sensible au fur et à mesure que l'évocation des morts prend de plus en plus de place dans le récit, un monde bienveillant, solidaire, pur et chaleureux, comme une tendre compensation à la souffrance de ces êtres meurtris, spoliés, marginalisés, un monde auquel l'auteur a su donner vie, de manière originale, usant de la prose simple, répétitive, économe de moyens et néanmoins si évocatrice qui lui est propre.

(*)Cf. "Les quatre livres" de YAN Lianke.
















Commenter  J’apprécie          40



Le roman se passe sur sept jours. le héros principal Yang Fei meurt dans une explosion, défiguré, il erre de lieu en lieu à la recherche de son père et de son histoire. Il finit par arriver au pays des morts sans sépulture où il retrouve des gens qu'il a connus. Cet endroit, où se rejoignent tous les pauvres qui n'ont pas pu s'offrir de tombe et se faire incinérer, est un lieu riant et verdoyant, sorte de paradis terrestre où les morts recréent une société fraternelle et égalitaire.
L'accueil du roman par le groupe a été assez mitigé, une partie des membres a eu du mal à rentrer dans l'histoire, rebutés d'emblée par le thème de la mort et la description du visage défiguré du héros, mais ceux qui ont persisté ont été pris par les histoires déroulées dans le livre. Certains n'ont pas pu le lire en entier ou n'ont pas du tout aimé, tandis que d'autres ont beaucoup apprécié, prenant de la distance par rapport à la mort et les personnages squelettes pour les voir avec l'humour de l'auteur.
Le reproche de certains, outre la dimension morbide, est le manque d'unité du roman et le côté falot des personnages, sauf le père . On a du mal a raccrocher entre elles les anecdotes qui parcourent le livre, elles apportent cependant un éclairage sur la société chinoise actuelle, évoquant notamment la corruption, la censure de l'information, l'arrogance du pouvoir, la violence psychologique dans les entreprises...Pour autant il n'y a pas une dénonciation claire du système politique chinois.
Le personnage central pourrait presque être qualifié de anti-héros, il se présente comme un homme effacé et solitaire que personne ne remarque. L'auteur le rend malgré tout attachant par son humanisme, son honnêteté et une certaine sérénité. Les lecteurs qui sont bien entrés dans le livre ont apprécié l'atmosphère de douceur et la poésie qui s' en dégage.
D'autres lecteurs ont été plutôt sensibles au côté tragi-comique du roman, dès le début, le ton est donné quand le héros narrateur est convoqué à 9h au funérarium pour sa crémation prévue à 9h30. Avec un humour noir, Yu Hua évoque les différences sociales à partir des rites funéraires contemporains. Lorsque qu'il aborde le monde des morts sans sépulture ce n'est ni triste ni sordide, à l'inverse de la société vivante décrite, c'est un monde drôle et poétique, un paradis où ceux qui n'ont pu se faire incinérer vivent heureux, fraternels et égaux pour l'éternité : "Là-bas, il n'y a ni pauvres ni riches, il n'y a ni chagrin ni douleur, il n'y a ni rancune ni haine...là-bas tous sont égaux devant la mort".
Ce paradis n'est-il pas la société idyllique dont rêvaient les révolutionnaires maoïstes et pour laquelle ils se sont battus? Pour Yu Hua, n'est-ce pas une idée morte, une utopie qui ne peut plus exister que dans l'imagination? A ce titre, c'est un roman pessimiste.
Sur la construction de l'ouvrage, les lecteurs sont perplexes, est-ce vraiment un roman? Il n'y a pas une histoire linéaire avec des rebondissement aboutissant à une fin. le découpage en 7 jours fait allusion au mythe biblique de la création du monde, le héros Yang Fei déambule en effet durant 6 jours entre le monde des vivants et le monde des morts à la recherche de son père, il le retrouve le 7ème jour. Mais quel est le lien avec la bible?
La construction de ce roman avec ses épisodes sans lien précis et ses personnages ternes prend le contre-pied de la construction des romans réaliste-socialistes qui ont eu court jusque au début des années 1980. En général, l'histoire se devait mettre en scène les ouvriers ou les paysans, elle évoluait vers une fin édifiante avec un héros positif courageux et indomptable, qui accomplissait des actions exceptionnelles au service le la révolution. le septième jour à l'inverse est un roman complexe dont il est difficile de trouver toutes les clés.
Commenter  J’apprécie          40
Tout en poésie, Yu hua nous narre des histoires qui s'entremêlent depuis le royaume des morts. On y retrouve des drames de la vie contemporaine chinoise.
Cependant, à aucun moment ce livre m'a paru déprimant, et il y a au contraire des passages qui ne manquent pas d'humour, malgré les faits horribles qui sont parfois décrits.
Commenter  J’apprécie          10
Sept jours, c'est le temps nécessaire au narrateur pour faire le deuil... de sa vie. Nous sommes dans une petite ville chinoise, la vie y est tranquille rythmée par ses coutumes. le compte à rebours commence, Yang Fei rembobine le fil de sa vie.
Au delà de l'aspect morbide, on retrouve une vive critique de la société chinoise. L'écriture est simple, la lecture facile et prenante, avec une note d'optimisme, un brin d'humour, il y a de l'amour dans la mort.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (184) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
130 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}