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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'auteur décrit, dans cet ouvrage déployé sur sept jours, le parcours d'un défunt, le héros Yan Fei qui vient de mourir dans une explosion, à la recherche de son pére , qu'il retrouve le dernier jour......une promenade dans le royaume des morts donne à celui- ci l'apparence d'un paradis, là, nous sommes tous égaux....
Un roman complexe, à dimension morbide quand même, où les différences sociales, dans la Chine contemporaine, au pouvoir brutal, sont évoquées , à partir des rites funéraires...: des funérailles somptueuses aux parcours des pauvres sans la moindre sépulture...
"La- bas, il n'y a ni pauvres, ni riches, il n'y a ni chagrin ni douleur, il n'y a ni rancune, ni haine...Là- bas, tous sont égaux ."
Le défunt sans sépulture erre dans les limbes où il rencontre des personnes ayant marqué sa vie, des chinois d'aujourd'hui y rodent, l'un a disparu dans l'incendie d'un centre commercial mal construit, l'autre saute d'un immeuble car son petit ami lui avait offert un iPhone de contre façon, on croise 27 bébés " "déchets " de la politique de l'enfant unique emmenés par une infirmière qui avait voulu dénoncer le scandale......
Un livre au goût étrange, mélange de méditation poétique , de marche sur une route fantomatique, sur le destin et le sens de la mort en même temps qu'une critique sociale ironique, parfois loufoque de la Chine d'aujourd'hui!

Le transport dans un univers particulier au ton triste: "mémoire "du narrateur , entre "le monde des vivants" et "le monde des morts "!.
Un ouvrage qui interpelle !
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Le narrateur, Yang Fei, vient de mourir. Trop pauvre pour acquérir une sépulture, il ne peut se faire incinérer. Il erre alors dans un entre-deux où il rencontre des défunts coincés comme lui dans ces limbes, et retourne parfois sur des lieux évoquant des épisodes de sa vie.

Directement expulsé du ventre de sa mère sur les rails d'un train en marche, il fut recueilli par un jeune employé de gare qui n'hésita pas à sacrifier sa vie sentimentale pour préserver l'inaltérable et tendre relation l'unissant à ce fils adoptif.

Après ses études, employé d'une grande entreprise, Yang Fei contracta une union inespérée mais brève avec une beauté intelligente et ambitieuse qui malgré son affection pour lui, ne put se résoudre à la médiocrité sociale à laquelle la condamnait son insignifiant époux.

Il ne se remaria jamais, menant une existence sans éclat mais sereine, jusqu'à ce que son père tombe malade. Il quitta alors son travail et vendit son appartement pour s'en occuper. Peu de temps avant la mort de Yang Fei, afin de libérer son fils de la charge qu'il représentait pour lui, son père disparut.

Ceux dont il fait connaissance dans l'antichambre de l'au-delà représentent, comme lui, le "petit peuple" d'une Chine gangrenée par la misère et la corruption. Gagnée par la modernité consumériste, la société chinoise en subit les corollaires, les inégalités croissantes rendant encore plus précaire l'existence des moins nantis. Les destins pathétiques des personnages en illustrent les effets concrets. Un fiancé se voit contraint de vendre un rein à un réseau clandestin de trafic d'organes pour pouvoir payer une sépulture à sa fiancée. Acculée par les dettes pour avoir nourri à crédit des années durant une kyrielle d'employés municipaux ou d'entreprises ayant fait faillite, une famille de restaurateurs meurt dans l'incendie de son établissement, qu'elle n'avait plus les moyens d'entretenir. Certains défunts sont sans sépulture car leur mort a été dissimulée par les autorités. Ainsi ce couple enseveli dans les décombres d'un immeuble détruit dans le cadre d'une politique du logement consistant à vider de leurs occupants des bâtisses considérées comme trop vétustes pour en céder les terrains à des promoteurs aux dents longues. Ainsi ces vingt-sept bébés dont les cadavres ont été jetés avec les déchets de l'hôpital où leurs mères avaient subi des avortements forcés...
...
Les épisodes évoqués en une macabre succession, inspirés pour beaucoup de faits réels -morts causées par des affaissements de terrain ou des accidents de la circulation, provoquées par l'incendie d'un centre commercial ou une explosion...- donnent le sentiment que ces citoyens côtoient la mort en permanence, qu'elle peut surgir à chaque coin de rue. Il règne à l'inverse au sein des limbes où erre Yang Fei une paix et un esprit de fraternité témoignant d'un abandon de la violence du monde des vivants.

Sans doute convient-il de saluer l'évidente volonté de Yu Hua de pointer l'absurdité inique d'un système. J'ai apprécié la limpidité de son écriture, qui rend la lecture agréable, et j'ai trouvé certains passages très touchants, notamment ceux qui mettent en scène le lien qui unit Yang Fei à son père. Mais je n'ai pas vraiment été emportée, dans l'ensemble, par ce récit qui, constitué d'une accumulation d'anecdotes, en perd en profondeur et en acquiert une structure un peu confuse.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un roman d'une beauté prégnante où les êtres cheminent vers la douceur en convoquant pour mieux s'en déprendre leur vie de souffrance et d'offenses, dans une Chine d'aujourd'hui au pouvoir arrogant et cruel.

Voilà le dernier paragraphe de la quatrième de couverture d'un roman contemporain chinois, le septième jour, paru aux éditions Actes Sud en 2014.

L'argument n'est pas vraiment chinois au premier abord : un homme vient de mourir et pendant sept jours il déambule dans l'outre-monde à la recherche de son père adoptif ; ce faisant, il retrouve des personnes qu'il a croisées durant son existence et qui lui racontent leur vie passée.

Sept jours, le temps de la création divine, bien sûr, le temps pour notre mort qui s'appelle Yang Fei de rejoindre définitivement la cohorte des morts sans sépulture car seules les personnes à qui leur famille peut offrir une tombe peuvent prétendre reposer en paix après leur incinération, les autres errent dans les lieux de leur passé ou dans des environnements champêtres idylliques où peu à peu leur corps se décompose. Voilà ce qui est vraiment chinois dans ce roman : l'importance de l'argent dans la vie comme dans la mort.

On entre de plain-pied dans un monde étrange, voici les premières lignes du roman :

Par un épais brouillard, je suis sorti de la maison que je louais, et j'ai divagué dans la ville irréelle et chaotique. Je devais me rendre dans cet endroit qu'on appelle le funérarium, et qu'on appelait jadis le crématorium. On m'y avait convoqué, avec obligation de me présenter là-bas avant 9 heures du matin, ma crémation étant prévue pour 9h30.

Avouez que cela peut déstabiliser le lecteur occidental.

Très vite on comprend que le narrateur est mort et que le roman sera vécu selon son point de vue de nouvel entrant dans l'outre-monde : on peut être surpris par le fait qu'il doive remettre en place un oeil ou une mâchoire pour se rendre présentable mais ce n'est qu'un détail parmi d'autres dans cette vision exotique des fantômes chinois.

Les distinctions entre les riches et les pauvres se perpétuent chez les morts, les VIP attendent leur crémation sur de confortables fauteuils pendant que les pauvres patientent sur des chaises en plastique. Yang Fei, notre passeur chinois contemporain, va nous promener dans un enfer où les pauvres sont pressurés, grugés, abusés par les puissants. le petit restaurateur chez lequel l'explosion fatale au narrateur a eu lieu, se trouvait au bord de la faillite parce que ses clients fonctionnaires ne payaient pas, remettant à la fin de l'année la note aux entreprises obligées de passer par leurs exigences pour pouvoir travailler. La corruption se retrouve partout : scandales du lait coupé avec du talc, morts de nourrissons, expulsions devant la flambée immobilière, collusion de la police et du pouvoir, ventes de reins pour pouvoir survivre. Même les pauvres n'échappent pas à une forme de corruption, les petits fonctionnaires transmettant leur charge à leurs enfants.

Au milieu de tout cela, une histoire d'amour, celle des voisins de Yang Fei, la jolie Liu Mei dite Souricette et son amoureux Wu Chao. Souricette s'est suicidée parce que son ami lui a menti en lui offrant une imitation du portable dont elle rêvait. Souricette avait envie de tant de choses, des millions de Souricettes chinoises, pauvres et exploitées rêvent derrière la petite créature pathétique.

L'histoire dérisoire se déploie et tout à coup nous nous trouvons dans le chant cinquième de l'Enfer de la Divine Comédie, « Et voilà que des cris plaintifs commencent à se faire entendre, voilà que de grands sanglots frappent mon oreille », Francesca de Rimini et son amant se désolent dans le deuxième cercle de l'enfer. « Francesca, tes tourments me font pleurer de tristesse et de pitié », dit Dante, et Yang Fei ressent la même étreinte par-delà les siècles et les océans.

Oui, il y a beaucoup de poésie dans ce roman mais il faut attendre avant de se laisser saisir par l'étrangeté de ce monde, l'absolue et poétique irréductibilité de ce monde.

Des larmes perlent des orbites vides de Li Yuezhen. (…) Les larmes coulent le long de ses joues semblables à de la pierre, et tombent sur l'herbe. Puis un sourire se dessine dans ses orbites vides. Elle lève la tête et regarde autour d'elle les bébés qui chantent comme des rossignols. (…) Dans son coeur glacé jaillit un feu ardent. Un des bébés glisse par inadvertance d'une feuille, il rampe en pleurant jusqu'à Li Yuezhen, qui le prend dans ses bras et le berce doucement avant de le reposer sur la large feuille.

Vous avancerez dans ce voyage au pays de la Chine contemporaine en sept jours, autant que pour la création divine, en compagnie d'un voyageur de l'au-delà qui vous fera découvrir l'enfer des vivants et les regrets des morts.

Lien : http://nicole-giroud.fr
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Dans la Chine contemporaine, il semble qu'il est préférable d'être mort que vivant. La semaine mentionnée dans le titre recouvre l'errance d'un mort condamné à se promener dans un monde où il rencontre des gens qu'il a connu de son vivant et qui sont, comme lui, passés de vie à trépas. L'évocation de la vie d'avant est le prétexte à une description critique de la Chine d'aujourd'hui au travers d'évènements dramatiques réels." L'immoralité est la chose la mieux partagée" dit l'un des personnages. du trafic d'organes à la dissimulation de preuves par la police, tous les attributs d'une société gangrenée par l'argent apparaissent au grand jour.
La promenade dans le royaume des morts donne à celui-ci l'apparence d'un paradis.Ici, nous sommes tous égaux, dit quelqu'un.
Ce livre laisse un goût étrange, mélange improbable et réussi de critique sociale et de méditation poétique.
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