Tu me fais souvenir que j'ai tout oublié
Pourquoi le sort mit il mes jours loin des vôtres? J'ai tant besoin de vous pour oublier les autres.
Voilà comme je t’aime, et puis je t’aime encore
De cent autres façons, comme on aime l’aurore,
Comme on aime les fleurs, comme on aime les cieux !
DON CARLOS--Aussi n' en veux-je qu' un oui, non ta dame est bien Dona Sol
De Silva ? Parle
DONA JOSEFA--Oui, pourquoi ?
Celui dont le flanc saigne a meilleure mémoire.
L'affront que l'offenseur oublie en insensé
Vit et toujours remue au coeur de l'offensé.
Voilà le dernier terme !… Oh ! l’empire ! l’empire !
Que m’importe ! J’y touche, et le trouve à mon gré.
Quelque chose me dit : Tu l’auras ! Je l’aurai…
Si je l’avais !… Ô Ciel ! être ce qui commence !
Seul, debout, au plus haut de la spirale immense ! […]
Nous verrons. J'offre donc mon amour à madame.
Partageons. Voulez-vous? J'ai vu dans sa belle âme
Tant d'amour, de bonté, de tendres sentiments,
Que madame, à coup sûr, en a pour deux amants.
--- Or, ce soir, voulant mettre à fin mon entreprise,
Pris, je pense, pour vous, j'entre ici par surprise,
Je me cache, j'écoute, à ne vous céder rien;
Mais j'entendais très-mal et j'étouffais très-bien.
Et puis, je chiffonnais ma veste à la française.
Ma foi, je sors!
HERNANI :
Savez-vous quelle main vous étreint à cette heure?
Écoutez : votre père a fait mourir le mien,
Je vous hais. Vous avez pris mon titre et mon bien,
Je vous hais. Nous aimons tous les deux la même femme,
Je vous hais, je vous hais, oui, je te hais dans l'âme!
(II, 3)
Quand l'amour jaloux bouillonne dans nos têtes,
Quand notre coeur se gonfle et s'emplit de tempêtes,
Qu'importe ce que peux un nuage des airs
Nous jeter en passant de tempêtes et d'éclairs !
Souhaite, ordonne, un royaume est à toi !
Car celui dont tu veux briser la douce entrave,
C'est le roi ton seigneur, c'est Carlos ton esclave !