[Une association sauvage et barbare ayant rassemblé toutes les éditions et tous les tomes des Misérables sous la même fiche, je me trouve obligée de coller ici l'ensemble de mes critiques. le livre audio a décidément du mal à se faire entendre sur Babelio...]
[Tome 1 : Fantine. Livre audio lu par Michel Vuillermoz]
Là où j'ai trouvé
Balzac paternaliste et hygiéniste,
Victor Hugo est flamboyant. Comme lors de mon écoute du « dernier jour d'un condamné », je suis frappée par la modernité de son expression. Il commente de l'extérieur, apporte des indices, des extraits de lettres, des informations sur les personnages, ou dit son ignorance.
« La souffrance sociale commence à tout âge. »
Sa vision transcende les limites de son époque. Son implication humaine est toujours d'actualité.
C'est également un fabuleux conteur. Je me suis régalée avec son portrait de l'évêque de Dignes, superbe de noblesse et d'intégrité. Celui de madame Thénardier est également goûteux. « Une minaudière hommasse », férue de romans sentimentaux où elle « noyait ce qu'elle avait de cervelle ».
Michel Vuillermoz porte à merveille cette langue crue et recherchée à la fois. Il n'hésite pas à s'arrêter pour mieux redémarrer dans les côtes abruptes du lyrisme hugolien. Sa simplicité solide touche au coeur du texte.
[Tome 2 : Causette. Livre audio lu par Élodie Huber]
Michel Vuillermoz a manqué de galanterie en s'éclipsant à la fin du tome 1 pour laisser la place à Élodie Huber juste devant les portes de Waterloo… le râpeux de sa personnalité aurait mieux convenu que la délicatesse de sa consoeur pour cette longue bataille de deux heures que j'ai du reste allègrement sautée !
Oh, Victor ! Moi qui me réjouissait de reprendre le fil de ton récit, quelle n'est pas la stupeur qui m'a saisie face à cette longue parenthèse historique ! Il y a d'ailleurs plusieurs haltes prolongées sujettes à descriptions dans ce tome 2 : les quartiers de
Paris, l'ordre des bernardines bénédictines (n'y entrez surtout pas !)
Au-delà du romanesque qui tient en haleine, je reste enchantée par les chapitres consacrés aux Thénardier. Leurs descriptions sont fameuses, riches et horribles à la fois. Quels personnages ! Les plus beaux (littérairement parlant, s'entend !) du roman avec l'évêque Bienvenue. Jean Valjean a de la personnalité, bien sûr, mais son parcours est trop chargé de rédemption à mon goût.
[Tome 3 : Marius. Livre audio lu par Pierre-François Garel]
D'emblée, j'ai sauté les quarante-cinq première minutes. J'en suis au tome 3, je commence à être habituée ! En fait, écouter du
Victor Hugo est un exercice de discernement et de choix personnels. On applique une lecture active, sélectionnant par-ci par-là les passages à sauter !
Si
Paris était au coeur du tome 2,
Victor Hugo prend ici appui sur l'intrigue pour partir dans de longues considérations politiques. Hugo témoin de son temps ? Oui, oui ! Mais à une lectrice lambda telle que moi, ces passages historiques n'apportent rien.
Quelques descriptions délicieuses de personnages sont encore à savourer. Comme celle de cette vieille fille, attachée à son seul chat : « Sa servante était, elle aussi, une variété de l'innocence. La pauvre bonne vieille femme était vierge. Sultan, son matou, qui eût pu miauler le Miserere d'Allegri à la chapelle Sixtine, avait rempli son coeur et suffisait à la quantité de passion qui était en elle. Aucun de ses rêves n'était allé jusqu'à l'homme. Elle n'avait jamais pu franchir son chat. Elle avait, comme lui, des moustaches. » Ou celle de ce brigand : « Gueulemer, bâti de cette façon sculpturale, aurait pu dompter les monstres; il avait trouvé plus court d'en être un. »
Des zeugmas, ici et là, qui ne dépareraient pas dans la sélection que nous en fait le Masque et la Plume une fois par mois, dans son émission littéraire.
Pierre-François Garel tâtonne, cherche, s'arrête, pour mieux repartir. On suit l'évolution du travail du comédien. Il devient de plus en plus doux et posé au fur et à mesure du livre, de plus en plus expressif. Quelques dialogues très réussis. Doucereux à souhait en Thénardier. Je lui ai souvent reproché, dans de précédentes critiques, de se relâcher sur certains passages, mais comme ici j'ai moi-même sauté la plus grande partie du livre, je ne peux que remballer mon argument !
Victor Hugo profite de ses livres pour parler de ce qui lui tient à coeur mais cela ne l'empêche pas de remplir le contrat romanesque qu'il a passé avec le lecteur en un final flamboyant. de l'action, des retrouvailles, du suspens, du drame ! On reste en haleine pour le tome 4 !
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