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sur 8091 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'action se déroule en France au cours du premier tiers du xixe siècle, entre la bataille de Waterloo (1815) et les émeutes de juin 1832. On y suit, sur cinq tomes3, la vie de Jean Valjean, de sa sortie du bagne jusqu'à sa mort. Autour de lui gravitent les personnages, dont certains vont donner leur nom aux différentes parties du roman, témoins de la misère de ce siècle, misérables eux-mêmes ou proches de la misère : Fantine, Cosette, Marius, mais aussi les époux Thénardier et leurs enfants Éponine, Azelma et Gavroche, ainsi que le représentant de la loi, Javert. Outre le récit souvent dramatique des péripéties des vies de ces personnages, Victor Hugo interrompt régulièrement l'action pour de vastes digressions (telle la longue description de la bataille de Waterloo ouvrant la deuxième partie), prétextes à exposer ses idées sur L Histoire, la société ou la religion.

La première partie (Fantine) décrit la « rédemption » de Jean Valjean sous l'influence de l'évêque de Digne, monseigneur Myriel ; il devient M. Madeleine, bienfaiteur de la ville de Montreuil-sur-Mer. En parallèle, on suit la déchéance de Fantine, fille-mère obligée de confier son enfant, Cosette, aux malfaisants Thénardier ; cette partie s'achève sur une série de coups de théâtre, Jean Valjean reprenant sa véritable identité et se livrant à la justice pour sauver un innocent ; il a cependant eu le temps de jurer à Fantine mourante qu'il s'occupera de Cosette.

Dans la deuxième partie (Cosette), on voit Jean Valjean s'évader, arracher Cosette aux Thénardier, et tenter de s'installer à Paris pour y mener une vie tranquille, mais il a attiré l'attention du policier Javert, qui ne cessera plus de le traquer ; cette partie se conclut sur le sauvetage miraculeux de Jean Valjean, trouvant refuge dans le couvent du Petit-Picpus.
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Je déteste lire des livres scolaires, mais je dois dire que "Les Misérables" est l'un de ceux que j'ai le plus appréciés. Je suis vraiment charmée par l'histoire. C'est totalement mon type de livre, j'aime ce classique et je suis contente d'avoir pu le découvrir.
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Jean Valjean condamné aux travaux forcés pour le vol d'un pain est, à sa libération, touché par la grâce et commet les meilleures actions du monde: il crée un miracle économique à Montreuil-sur-Mer, offre une éducation à l'orpheline Cosette et lui permet d'épouser le baron Marius Pontmercy. Il pardonne à ses ennemis le gredin Thénardier et le policier zélé Javert. Poursuivi par sa mauvaise conscience il pousse l'abnégation jusqu'à refuser le bonheur que la providence lui présente et se sacrifie entièrement au bohneur de Cosette et Marius...

Image d'un Christ moderne, Jean Valjean, ce héros sans tache, est une accusation portée par Victor Hugo contre l'État, contre la morale commune, qui lui refusent le pardon. C'est aussi l'occasion pour l'auteur d'exposer avec verve - et parfois quelques longueurs - sa philosophie, son message politique, sa vision: la fin du bagne, la salubrité publique, l'enseignement obligatoire, la vaccination... Les Misérables est un traité politique contre la misère. Penser que les voeux de Victor Hugo se sont en grande part réalisés (en tous cas dans nos démocraties modernes) nous montre à quel point cet homme a mérité sa place au Panthéon et aussi mérité d'être lu voire relu.
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S'attaquer - le terme est justifié - à ce monument de la littérature française n'est pas si simple. Ce n'est pas une comptine pour enfants. J'en avais lu quelques extraits lors de mon enfance et n'avais retenu qu'une lutte entre classes sociales: des gentils pauvres, des méchants pauvres, des gentils riches et des méchants riches. Un peu réducteur…

Le livre est fleuve. Il se mérite, mais quelle récompense.
Il faut se lancer et se plonger, en profondeur et sans relâche, dans Les Misérables pour découvrir au premier abord un univers d'ombres et de lumières, un monde fait du bien et du mal incarnés. Mais au fil du récit ce monde binaire s'estompe, se brouille et se transcende. Au profit de l'amour et de la grandeur d'âme. La rédemption. Telle est la foi du Victor Hugo profondément chrétien.

Hugo nous expose tout à la fois:
- une galerie de portraits extraordinaire de détails et de précision, montrant les vices et vertus de chacun: l'adorable évêque, Monseigneur Bienvenu, Jean Valjean, le forçat, Fantine, la pauvresse, les Thénardier, les hideux, Cosette, Marius…
- une peinture du Paris du début du XIXème siècle, de ses faubourgs, et de ses moeurs à la fois
- une trame de fond politique et historique, la Restauration et l'Empire
- une intrigue à couper le souffle, préfigurant le thriller et le polar
- et surtout une pensée romantique et humaniste
Quelle imagination et quelle force dans cette imagination!

Hugo est minutieux dans tous ses arguments politiques et philosophiques: il pèse, il équilibre. « Peu de lumière, beaucoup de bruit. »
Il fait montre pratiquement à chaque page d'un sens incomparable de la formule:
- « eux (ses chanoines et vicaires) étaient finis, lui (Monseigneur Bienvenu) était achevé ». Six mots, tout est dit.
- « C'est une chose assez hideuse que le succès. Sa fausse ressemblance avec le mérite trompe les hommes».

Les Misérables, c'est un tout, énorme et prodigieux: une fresque romanesque, un roman d'amour, un récit historique, un essai politique, une oeuvre philosophique. Il faut prendre le temps de savourer ces beaux livres…même les digressions qui nous font mieux toucher l'air du temps du début du XIXème siècle.
Il m'est arrivé très souvent, voire systématiquement à chaque chapitre de relire quelques phrases tant elles condensaient parfaitement leur objectif soit de description soit de réflexion.

Un chef d'oeuvre monumental profondément humaniste.
Un plaidoyer pour l'éducation de la jeunesse, le savoir, les connaissances, la science.
« Réveil de conscience, c'est grandeur d'âme ».
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Les misérables, c'est la réappropriation du temps long. Un livre qui force le lecteur du 21ème siècle à faire une pause au coeur du très foisonnant XIXème siècle, et se confronter à un maitre de la littérature, Victor Hugo. Les personnages des misérables sont devenus des standards, et dans ce premier tome, les parties portent les noms de trois d'entre eux : Fantine, Cosette, Marius. Pourtant, les premières figures que l'on rencontre sont l'évêque Myriel et Jean-Valjean.

Myriel dont la fonction romanesque est d'abord d'être un religieux vivant un ministère tranquille et retiré dans la ville de Dignes en compagnie de sa Soeur, Mademoiselle Baptistine, et de leur servante, Madame Magloire. À à travers cette figure, c'est l'imprégnation du religieux dans le quotidien des habitants de la campagne qui est décrit ; Est évoqué le quotidien de Myriel, qui tantôt rend libre un dispensaire, tantôt rencontre un sénateur – pour un dialogue sur le matérialisme, se rend auprès de malades, ou encore de brigands. Il est présenté comme un sain, adopté par le peuple qui le rebaptise sous le nom de Monseigneur Bienvenu. Dans ce tableau d'une religiosité bienfaisante, existent des ombres, qu'Hugo soumet à la réflexion du lecteur par des dialogues puissants. Il faut citer celui de l'échange entre Myriel et le Conventionnel, pour qui « l'homme avait un tyran, l'ignorance » et qui a « voté la fin de ce tyran-là ».

Puis « un soir de jour de marche » vient « la chute », intitulé du livre qui fait entrer en scène Jean-Valjean. Nul besoin de rappeler cette histoire, maintes fois reprises par des films, BD, séries, tableaux. Jean-Valjean, forçat qui après 19 ans de Bagne, est libéré depuis quatre jours lorsqu'il rencontre Myriel, accueilli alors qu'il avait été rejeté de tous, commettant tout de même auprès de son hôte, le vol de son argenterie. Arrêté par la police, il est confronté devant Myriel, qui leur indique que cette argenterie était un don. Davantage, il se tourne vers Jean-Valjean et lui donne en plus de cette argenterie, deux chandeliers que ce dernier « avez oublié d'emporter avec les couverts ». « La chute » est celle de la haine de Jean-Valjean, qui devra désormais « employer cet argent à devenir un honnête homme ».

Cet acte est le point de fuite autour duquel l'ensemble des personnages des misérables vont graviter, la ligne directrice.

En effet, fantine, dont est racontée avec brio la déchéance d'une femme, abandonnée enceinte par un homme qui aura profité d'elle, abandonnant elle-même sa fille pour un travail d'ouvrière puis de prostitution, trouvera une fin salvatrice dans la personne de Jean-Valjean devenu Maire Madelaine grâce à cet acte de changement.

C'est également cet acte qui suscite la crise de conscience dans la pensée de Jean-Valjean, lorsqu'il découvre qu'un autre que lui, Champmathieu, risque d'être condamné car ayant été arrêté pour être le forçat évadé Jean-Valjean. Cette condamnation possible pousse Jean-Valjean à dévoiler son identité pour libérer Champathieu d'une condamnation injuste et, par conséquent, à perdre le statut protecteur de Maire par lequel il dissimulait sa véritable identité.

N'ayant plus d'obligation, et après avoir fait croire à sa mort, il part chercher Cosette, la fille de Fantine, qui vit une enfance misérable dans l'auberge des Thénardiers. Il sera pour elle un père, et elle pour lui une fille. Ils vivront un début de vie paisible au sein d'une communauté de religieuses, les Bernardines, rue Picpus.

Enfin, entre scène Marius, jeune Homme vivant chez son grand père, Monsieur Gillenormand, dans une vie bourgeoise où prédomine la pensée royaliste. À la suite de la découverte des actes héroïques de guerre de son père, le colonne Pontmercy, dans les armées Napoléoniennes, Marius se trouve en rupture idéologique avec sa famille, qu'il finit par quitter. Il se trouve seul à Paris, et fréquente un cercle révolutionnaire « les amis de l'ABC » : Enjolras, Combeferre, Jean-Prouvaire, Feuilly, Bahorel, Courfeyrac, Lesgle ou Laigle, Joly, Grantaire.

« L'ABC – [ou] L'Abaissé, c'était le peuple, on voulait le relever »….Et c'est la fin du 1er tome.
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Pour débuter cette année 2024, quoi de mieux qu'un ouvrage que l'on place régulièrement au sommet de la littérature française ?

Cette réputation n'est pas volée. Bien qu'ayant déjà vu une adaptation cinématographique, la lecture de cette première partie m'a fait redécouvrir l'intrigue et surtout découvrir des aspects qui m'étaient jusqu'alors inconnus.

Réduire Les Misérables à la rédemption de Jean Valjean, c'est faire offense à la profondeur époustouflante de cette oeuvre à la fois roman historique, peinture sociale de la première moitié du XVIIIe siècle, philosophique à de nombreux moments... Bref, difficile de condenser tous ces aspects en un seul mot.

Ce qui m'a le plus marqué, c'est le rythme. Quel plaisir de prendre son temps ! Découvrir l'évêque Myriel, la bataille de Waterloo, le couvent... Ces longues descriptions peuvent paraître inutiles mais je les trouve nécessaire. On prend le temps d'observer, de s'imprégner d'un lieu, d'un caractère, d'une atmosphère, bref tout ce que nous ne faisons plus dans notre époque si précipitée.

Il m'est inutile de disserter davantage pour vous dire à quel point j'ai été conquis par cette première partie et que cette année littéraire ne pouvait pas mieux commencer !
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Ce grand classique n'a pas déçu mes espoirs. Sublime plume de l'auteur dont on comprend aisément le statut de grand écrivain au regard de son écriture fine, toujours juste et à la fois lyrique.
L'histoire met un peu de temps à débuter et les premières pages ont été ardues à lire, mais des que Jean Valjean entre en scène, il n'est presque plus possible de reposer ce portrait d'une époque qui ressemble en de nombreux points à la notre.
La sensibilité de Victor Hugo, son acuité pour décrire tant les personnages que les situations et surtout avec cette analyse de l'Histoire qui fait parfois froid dans le dos, rend ce roman exceptionnel et magnifique.
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Je termine l'année 2023 avec un sacré mastodonte... C'était toujours un peu la honte pour moi qui me proclamais fana obsessionnel de Victor Hugo mais qui n'avais jamais lu ce roman, son oeuvre parmi toutes... C'est fait, et mon appréciation de son magnus opus est bel et bien là, même si je conserverai toujours une affection toute particulière pour ses romans moins connus, notamment Les Travailleurs de la mer. Je suis très heureux de l'avoir enfin terminé, et j'ai l'impression qu'aucune adaptation cinématographique ne parviendra, à moins d'un scrupule extrême, à rendre tout ce que j'ai lu (j'ai pourtant vu il y a un moment celle avec Ventura et Bouquet, considérée comme une référence). On traverse la France de haut en bas, on commence dans le coin de Digne et d'Embrun, dans les Hautes-Alpes, on passe par Toulon et son bagne, on remonte jusqu'à Montreuil-sur-Mer, Arras, on s'égare sur les champs de bataille napoléoniens dans une des meilleures digressions de l'oeuvre de Victor Hugo et enfin, on arrive à Paris et on se balade dans le Paris du XIXe, revivant nos propres voyages dans la capitale, le tout en vivant plus de quinze années d'actions et de vie des personnages... Particulièrement celle de Jean Valjean qui m'a tant ému, quand bien même c'est très connu. J'ai pensé tout au long du roman que l'on pourrait résumer le parcours de Valjean par la formule "Breaking Good", par opposition à la série "Breaking Bad". L'abnégation à devenir bon, vertueux, généreux, toujours meilleur, quoiqu'il en coûte, jusqu'aux sacrifices ultimes...

Tout commence bien sûr avec l'Évêque de Digne, Monseigneur Bienvenu Myriel, personnage clé du roman. Les premiers chapitres qui le décrivent, lui et sa philosophie, sont magnifiques, particulièrement "Ce qu'il croyait". On reconnaît bien derrière lui l'Hugo religieux (Hugo qui a plusieurs doubles dans le roman, comme souvent), et on le trouve plutôt inspiré par la grâce lors de ces passages. Est contée ensuite l'arrivée d'un mystérieux homme, paria, rebut, énième monstre de foire hugolien, Jean Valjean, ancien forçat, se faisant jeter de partout (même de la niche d'un chien !) et que la providence mène à l'évêque. Monseigneur va l'accueillir avec toute la charité et le sacrifice qu'il prône sans cesse pour autrui et, on le sait, Jean Valjean, après dix-neuf ans de galères, traité sans cesse comme un animal, devenu comme tel, ne pourra s'empêcher, dans une sorte de réflexe défensif totalement irréfléchi, de voler son argenterie et ses candélabres. C'est la magnanimité de Monseigneur Bienvenu, devant la police, qui provoquera la transformation absolue de Jean Valjean, son élévation du mal vers le bien, jusqu'au martyre, qu'il n'aura de cesse de mettre en pratique, expiant sempiternellement ses pêchés. On retient dans tout ce début le chapitre "L'Onde et L'Ombre", qui dépeint le tumulte dans l'esprit de Valjean couché dans le monastère sous la métaphore hugolienne de la tempête. le plus drôle étant que ce chapitre est un ajout de l'exil d'après mon édition, ils sont relativement nombreux, et je trouvais qu'à chaque fois, on pouvait le remarquer, car il s'agissait de parenthèses plus ou moins nécessaires et réussies qui stoppaient l'action. On reparlera des digressions d'Hugo, hétéroclites dans leur sujet comme dans leur réussite et intérêt ! Donc, dans ce début, il y a évidemment ensuite le chapitre "Petit-Gervais" où Jean Valjean, encore dans l'hallucination de la générosité du prêtre, vole un sou à un enfant, Petit-Gervais, action qui va achever de le mettre à genoux devant Dieu dans tous les sens du terme, dernier méfait qu'il va commettre parmi les vivants - si ce n'est ses évasions et dissimulations de la police -, et surtout, qui va l'inscrire comme récidiviste, le condamnant aux galères à perpétuité pour la suite.

Vient ensuite la partie "En l'année 1817" qui va commencer par un long portrait de l'époque où Hugo s'en prend à Louis XVIII pour expliquer le contexte social de ce qu'il va raconter. Est introduite la malheureuse Fantine et avec elle une des périodes les plus déchirantes du roman. Fantine descendra autant dans le malheur, la souffrance, l'horreur et l'infâmie que sa fille Cosette, bien plus tard, ne s'élèvera sans cesse vers la grâce et le bonheur. Leurs trajectoires inversées sont assez intéressantes, un peu comme celles de Cosette et Éponine. Bref, l'on vit la jeunesse un temps auréolée de Fantine avec ses amis, à Paris, dans le coin de la Sorbonne, avec un certain Félix Tholomyès qu'elle croit être l'homme de sa vie... Il y a de très beaux chapitres là aussi de la journée du groupe en promenade à la campagne, jour nimbé de lumière qui va s'achever de la plus cruelle des façons. Les jeunes filles sont abandonnées par leurs compagnons qui s'en rentrent chez leurs parents et leurs études d'avocats, alors que Fantine... est enceinte. Elle devra alors survivre avec sa fille Cosette et tombera de déchéance en déchéance. Elle pensera confier Cosette à un foyer aimant provisoirement, les Thénardier, alors qu'il s'agit de deux sadiques esclavagistes escrocs (partie nommée "Confier, c'est quelquefois livrer"), s'enfoncera dans la prostitution, l'opprobre, et ne reverra plus jamais Cosette...

L'histoire revient alors à Jean Valjean devenu M.Madeleine, maire de Montreuil-sur-Mer (et je souligne encore à quel point j'ai pris plaisir à voyager à travers la France grâce au roman, j'ai découvert des coins où je ne suis jamais allé qui m'ont fait rêver !), personnage altruiste, bienfaiteur de toute une région, bâtissant l'industrie, le bien de tous... Jean Valjean/M.Madeleine est une sorte de super-héros, faisant constamment le bien, toujours dans le repentir et dans le soin de suivre le modèle de l'Évêque. Évêque dont on apprendra avec lui la disparition, vivra son deuil... Il y a aussi quelques détails financiers sur la fortune amassée par Jean Valjean/M.Madeleine, très importants pour la fin du roman. Dans son exercice constant du bien, Jean Valjean sauve un jour un nommé Fauchelevent, coincé sous sa charrette, devant le policier Javert, scène mythique qui va là aussi être un moment déclencheur. Javert est présenté par Victor Hugo comme une sorte (et je dis cela sans méchanceté) d'autiste de l'ordre, de la loi, du bien contre le mal, des honnêtes gens contre les criminels. Aucune zone grise, aucun entre-deux, pas de circonstances atténuantes dans son logiciel et son esprit. Il y a le camp du bien dont il est le fougueux défenseur, contre les limaces et les ombres qui accomplissent le mal, point. Javert connaît Jean Valjean du bagne, et le reconnaîtra dans sa force surhumaine caractéristique lorsqu'il soulèvera à mains nues la charrette de Fauchelevent (la comparaison avec le superhéros trouve aussi sens dans la force physique exceptionnelle de Jean Valjean, en plus de son altruisme). Dès lors, Javert harcèlera "M.Madeleine", étant sûr de l'avoir démasqué. Viendra alors un terrible dilemme : Un certain Champmathieu est arrêté, sosie de Jean Valjean, et pris pour lui. Javert présente un temps sa démission et se flagelle devant M.Madeleine, noble fonctionnaire qu'il a eu l'outrecuidance de prendre pour un forçat, statut de fonctionnaire si important pour Javert dont il ne se sent absolument plus digne, l'ayant souillé. L'on y voit avec Jean Valjean la délivrance de tous ses soucis : Se débarrasser définitivement des soupçons de Javert et des recherches de l'autorité à son encontre... Et bien non, à l'issue d'un chapitre magnifique nommé "Tempête sous un crâne", plébiscité à l'époque par Baudelaire, Jean Valjean/M.Madeleine va préférer se dénoncer et faire tomber son imposture, plutôt que de laisser condamner un innocent à sa place, quitte à détruire le personnage qu'il s'était crée et tout le bien qu'il avait apporté à la communauté pendant des années. La construction dramatique de tout ce passage est magistrale : Hugo lui avait fait rencontrer Fantine tombée au trente-sixième dessous, arrêtée après un combat de chiffonniers contre un notable qui lui a jeté de la neige alors qu'elle erre en haillons, devenue fille publique... Javert s'abat de façon implacable sur cette proie qui n'est pour lui que pêché et immondice, et Jean Valjean/Madeleine répond d'elle devant lui, accentuant encore leur antagonisme. Il était question que Jean Valjean aille chercher Cosette à Montfermeil chez les Thénardier pour la ramener à Fantine, mais le dilemme de l'affaire Champmathieu, qui nécessitera pour lui de se rendre à Arras pour se dénoncer, empêchera les retrouvailles mère/fille. Fantine en mourra, ainsi que de la révélation par Javert de l'imposture de Madeleine. Dès lors, la suite des aventures de Jean Valjean auprès de Cosette se placera d'autant plus sous le sceau de la rédemption, thématique obsessionnelle du roman et de la psyché de Jean Valjean, en mémoire de Fantine, même si l'évocation explicite de Fantine disparaît, pour ne plus réapparaître qu'à la toute fin...

Après une digression extraordinaire de Victor Hugo sur la bataille de Waterloo, servant à la fois à chanter Napoléon qu'il adore tant, et à introduire une nouvelle scène-clé, Thénardier dépouillant les cadavres sur le champ de bataille, sauvant la vie sans vraiment le vouloir au colonel Pontmercy, père de Marius, Hugo nous narre le tour de passe-passe de Jean Valjean, de retour aux galères à Toulon, pour s'acquitter de sa tâche vis-à-vis de la malheureuse Fantine. Jean Valjean simule sa mort par noyade et traverse la France ensuite jusqu'à Montfermeil où il rencontre Cosette, réduite à l'état d'esclave par les Thénardier. Leur rencontre est un vrai coup de foudre des plus attendrissants, à la fois dans la relation père/fille de substitution (on peut bien évidemment y lire un reflet d'Hugo et Léopoldine), et dans l'ambiguïté et la profondeur qu'y donnera Hugo jusqu'à la toute fin. Valjean voyant bien l'horreur qu'incarnent les Thénardier (qui au passage, s'avèrent être les véritables méchants du roman, plus que Javert qui n'est qu'un monomaniaque obsessionnel coincé sur des principes comme un mécanisme) l'extirpe de ce bouge et l'amène à Paris pour une nouvelle vie. Ils échouent dans une maison nommée la Masure Gorbeau, très importante pour la suite, où ils resteront très peu de temps, Javert ayant retrouvé Jean Valjean. le roman, souvent qualifié de roman noir, voit cette appellation totalement justifiée à certains passages, et même jusqu'à l'horreur, lorsque Valjean, se croyant à l'abri dans Paris, croit voir Javert en lieu et place d'un mendiant à qui il donne sans cesse de l'argent... S'ensuit la poursuite surréaliste à travers Paris, entre Javert et ses hommes d'une part, Jean Valjean et Cosette d'autre part, où l'on peine tout de même à croire que Valjean, que l'on pensait si bien caché, ait été retrouvé si aisément, mais l'univers cruel et calomniateur du roman parvient à crédibiliser tout cela. Jean Vajean, de nouveau à la croisée des chemins, physique comme mentale, réussira à s'abriter au couvent du Petit-Picpus, lieu au-dessus de tout soupçon, où Cosette sera éduquée pendant des années, et où il vivra à l'abri, ayant retrouvé Fauchelevent qu'il avait sauvé jadis, et qui acceptera de le faire passer pour son frère ! Naît alors "Ultime Fauchelevent" (j'ai beaucoup aimé ce nom que je ne connaissais pas !), identité factice qu'il conservera jusqu'au crépuscule du roman face à Marius... Pour nous faire comprendre l'excellence morale, la quiétude, la paix absolue, dans laquelle grandira et sera éduquée Cosette, Hugo se sent alors obligé de se livrer à une énorme digression sur le couvent du Petit-Picpus, qui est sans doute la pire digression de toute son oeuvre, un passage que l'on traverse vraiment en vivant un labeur de lecteur... Il aurait vraiment pu et dû s'en passer.

L'on quitte un temps Jean Valjean et Cosette pour faire la connaissance de Marius, jeune premier du roman où l'on reconnaît assez vite un nouveau double de Victor Hugo sur le plan idéologique (avec le même parcours !), ayant, comme Hugo, un rapport de vénération à son père colonel sous Bonaparte. L'on découvre aussi le grand-père de Marius, M.Gillenormand, personnage secondaire injustement oublié du public, que j'ai beaucoup apprécié : Vieux libertin royaliste qui a connu le XVIIIe siècle et ses moeurs, il entrera en conflit idéologique avec Marius durant une grande partie du roman (alors même qu'il lui porte une affection immense qui permettra la fin heureuse relative du roman où la famille est réunifiée), la mémoire du père de Marius sans cesse insultée par le grand-père et les rapports père-fils empêchés n'arrangeant rien. Les parties et chapitres mémorables se succèdent, "Paris étudié dans son atome" qui est une véritable lettre d'amour à ce qu'est Paris, l'esprit parisien, l'esprit français... Qu'il fait tant plaisir de lire aujourd'hui, et où l'on fait connaissance avec Gavroche (déjà entraperçu chez les Thénardier !), "Les Amis de l'ABC", où l'on découvre toute la bande d'Enjolras et l'utopie attachante de ce groupe, "La Conjonction de deux étoiles", printemps merveilleux du roman (l'équivalent de "A Heart Full of Love" pour les fans de la comédie musicale anglo-saxonne !) qui va être la rencontre de Marius et Cosette au Jardin du Luxembourg et les promenades successives qui leur serviront de séduction - sous l'oeil aiguisé de Jean Valjean âgé qui finira par éloigner Cosette de ce lieu et de leur domicile d'alors - mon édition coupe en deux le roman et achève la première moitié avec "Patron-Minette", partie aussi sombre et glauque que la précédente était lumineuse, nous y présentant, dans les égouts de Paris, au sens propre comme au figuré, quatre criminels redoutables qui auront leur importance plus tard.

La deuxième moitié de mon édition s'ouvre avec "Le Mauvais Pauvre", partie dont je ne connaissais absolument pas l'existence, où la qualification de roman noir pour Les Misérables va vraiment prendre tout son sens : Marius, fâché avec son grand-père, vit désormais dans la fameuse Masure Gorbeau où se sont arrêtés jadis Jean Valjean et Cosette. Leurs voisins, coup de théâtre absolu, s'avèrent être les Thénardier, dont le mari passe son temps à écrire à divers notables sous des identités toutes plus bidons les unes que les autres (avec des fautes d'orthographe savoureuses qui démasquent à chaque fois son imposture), pour leur mendier de l'argent... Thénardier sous divers pseudos, Jondrette, Fabantou... Va être mis sur la route d'un vieux bonhomme généreux qui n'est autre que Jean Valjean, qu'il finira par reconnaître, et organisera alors un guet-apens contre lui dans l'appartement de la Masure, épié par Marius via un trou dans le mur, véritable voyeur de roman noir, qui avertira Javert, et le remettra donc un temps sur la trace de Valjean ! Ce passage est absolument incroyable, avec un suspense et une modernité fous, un vrai thriller, et je ne me souviens pas l'avoir vu (mais ma mémoire me fait certainement défaut) dans les quelques adaptations cinématographiques que j'ai vues... C'est un de mes passages préférés du roman, en tant qu'adorateur du roman noir...

Après ce moment si obscur dont Jean Valjean se sort avec maestria grâce à sa ruse et sa force légendaires, l'idylle Marius/Cosette démarrée au Luxembourg reprend Rue Plumet. Je ne peux pas ne pas mentionner le passage sur "La Cadène", procession de forçats spectacle, terrible pour Jean Valjean et Cosette, ainsi qu'Éponine, pauvre enfant des Thénardier amoureuse de Marius, qui aidera malgré tout celui-ci. Les enfants des Thénardier, parlons-en... Éponine, Azelma et Gavroche servent à leurs parents d'hommes de main de fortune, quand ils ne sont pas carrément abandonnés, livrés tout bonnement à la rue, jusqu'au reniement du sang (ce qui est le cas de Gavroche, ainsi que de deux autres enfants supplémentaires qu'il sauve plus tard, qu'Hugo révèle être ses frères, alors que chaque parti n'en a aucune connaissance, passage très émouvant). Jean Valjean cherchera encore à éloigner Cosette de Marius, en vain, déménageant ENCORE, cette fois Rue de L'Homme-Armé... Arrivent alors les émeutes de juin 1832, longuement présentées par Hugo. Il y a une digression passionnante sur Louis-Philippe où Hugo livre un éloge en réalité intéressé, pour mieux ensuite dépeindre Louis-Philippe comme un roi certes progressiste, mais dernier symbole d'une tradition à finir, et surtout, qui ne comprend pas le peuple (tiens, cela nous rappellerait-il quelqu'un ?). Paris bout comme une cocotte-minute. Il y a des descriptions hallucinantes des parisiens stockant des armes, fomentant une révolution armée qui, on le sait, tournera court... Lorsque Valjean et Cosette partent Rue de L'Homme-Armé, Marius, qui a perdu trace de sa dulcinée, fâché avec son grand-père, pauvre, à la rue, voudra mourir en se lançant à corps perdu dans les émeutes, avec Enjolras et sa bande. le destin, lettres interceptées, Gavroche... Feront venir Jean Valjean aux barricades, croit-on pour tuer celui qu'il voit comme un rival (et le sous-texte de la relation Valjean/Cosette n'en est que plus savoureux). Valjean finira évidemment par sauver Marius, comme il sauvera et épargnera Javert au passage. L'épopée des émeutes est très réussie, même si dans l'Hugo épique, j'ai préféré toute la dernière partie de Quatrevingt-treize qui m'avait totalement bluffé à l'époque... Valjean traverse les égouts de Paris avec Marius à moitié mort sur son dos, scène des plus mythiques à nouveau, et Hugo se livre à nouveau à des digressions mémorables sur l'histoire des égouts de Paris, parmi les meilleures parenthèses de ses oeuvres. La surprise de Thénardier comme passeur de la sortie des Enfers vers la surface est on ne peut plus symbolique... Javert, qui a subi la même magnanimité de la part de Valjean, que Valjean avait autrefois subi de la part de Myriel, préfère la chute à la transfiguration, et se jette dans la Seine en réalisant avoir fonctionné toute sa vie sur un manichéisme et des principes binaires erronés... le roman entame alors tout un schéma de fin heureuse de comédie avec réconciliation de Marius et son grand-père, bénédiction pour le mariage de son côté comme de la part d'Ultime Fauchelevent, tout semble rentrer dans l'ordre... Si ce n'est Jean Valjean qui pense avoir accompli sa tâche parmi les vivants, qui dépérit de perdre Cosette selon ce qu'il reconnaît tout de même comme l'ordre des choses (et là encore, l'ambiguïté de leur relation est plus que jamais pertinente), se dénoncera auprès de Marius comme ancien forçat, omettant tous ses faits de gloire, ses bienfaits innombrables en tant que M.Madeleine, son sauvetage de Marius, de Javert... Valjean dépérira jusqu'à ce qu'un concours de circonstances fasse découvrir à Marius toute la vérité, par le biais de Thénardier, ironie suprême d'Hugo ! le roman se conclur
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"Les Misérables" est l'une des oeuvres littéraires les plus emblématiques de Victor Hugo. Ce roman monumental plonge les lecteurs dans la France du XIXe siècle, une époque de bouleversements sociaux et politiques. En tant que mordu de lecture, je peux vous dire que c'est une lecture incontournable.

L'aspect le plus impressionnant de ce roman est la profondeur des personnages. Jean Valjean, l'ancien forçat, incarne la rédemption et la force de la volonté humaine. Sa quête pour devenir un homme meilleur est émouvante et inspirante. D'un autre côté, l'inspecteur Javert, qui représente la rigueur de la loi, offre un contraste fascinant. Leurs trajectoires parallèles créent une tension dramatique constante.

Hugo utilise également "Les Misérables" pour explorer divers thèmes sociaux, notamment la pauvreté, l'injustice et la révolution. Il peint un tableau réaliste de la misère et de la lutte des classes, tout en mettant en évidence l'espoir qui peut surgir même dans les situations les plus sombres.

Le style d'écriture de Hugo est riche et poétique, ce qui renforce l'impact émotionnel du récit. Il décrit magnifiquement les paysages, les scènes de bataille et les états d'âme des personnages. Cependant, il faut noter que la longueur du roman peut parfois être intimidante, mais la patience du lecteur est récompensée par une histoire inoubliable.

En conclusion, "Les Misérables" est un chef-d'oeuvre de la littérature. Il allie des personnages mémorables, une analyse sociale profonde et un style d'écriture captivant. Pour tout amateur de critique littéraire, c'est un livre qui offre une richesse de matière à explorer et à analyser. Un classique intemporel qui mérite sa place dans la bibliothèque de tout passionné de lecture et de critique.
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intemporelle oeuvre saisissante, l'impidité voire même ingéniosité à la rédaction comme dans la vérité.L'oeuvre est légendaire le mythe.Le mystère,génie de son créateur éclatant, même l'immortalité de celui-ci s'amorce.

Oko-Olingoba Noemet-Lanzorod
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