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EAN : 9782246821373
192 pages
Grasset (04/09/2019)
3.74/5   245 notes
Résumé :
Pamina, habite en montagne avec son compagnon Nils. Elle se sait entourée par un clan de cerfs qui lui sont restés invisibles et mystérieux jusqu’à ce que Léo, un photographe animalier, construise dans les parages une cabane d’affût et qu’il lui propose de guetter avec lui. Tandis qu’elle observe et s’initie à la vie du clan, affrontant la neige, le givre, la grêle, avec pour équipement un filet de camouflage, une paire de jumelles et des carnets, elle raconte sa pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (67) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 245 notes
Dans mon cheminement de lectrice j'avais croisé un auteur, Göran Tunström, qui tentait d'écrire un Livre du Dehors dans Partir en hiver. Inde-Népal et, voilà qu'aujourd'hui je rencontre une auteure, Claudie Hunzinger, artiste plasticienne, qui essaie d'écrire, elle, un Livre de Plein air… Les grands cerfs. Deux démarches intellectuelles, deux concepts artistiques et poétiques pour capter au plus près la beauté du monde et les mystères de la vie.


Un genre de journal de bord auto-fictif relatant l'installation de la narratrice Pamina et de son compagnon Nils dans une ferme isolée, nichée dans une région forestière et montagnarde difficile d'accès. Un endroit idéal pour une retraite qui au fil du temps va se révéler être le lieu élu par les grands cerfs pour s'y reposer. Un lieu stratégique depuis longtemps repéré par un gars du coin, Léo, photographe animalier, qui amène peu à peu Pamina sur les traces des cervidés et la connaissance de leur royaume.
Les grands cerfs un récit qui privilégie après plusieurs saisons d'observation, d'affûts et de guets, la dernière année, façon journal de bord, placé sous le signe de Cernnunos, dieu Cerf des Gaulois, dont la ramure présageait une connexion cosmique.


Pourtant si j'ai apprécié la belle, poétique et séduisante écriture de Claudie Hunzinger, la magie n'a pas opéré. Je suis passée à côté de l'itinéraire ou démarche de l'auteure. La fascination, les obsessions de ces «transfuges», comme les nomme la narratrice pour définir son couple, ne m'ont pas transportée. Pamina et Nils m'ont fait davantage penser à des ermites modernes acceptant la précarité matérielle pour une éventuelle renaissance qu'a des écocitoyens.

Une expérience personnelle peut-être un peu trop nombriliste à mon goût et surtout, il m'a manqué dans ces lignes une forte dimension spirituelle (à moins que je n'ai su la débusquer) que j'avais trouvé dans L'Evangile de la nature de John Burroughs. Si chacun de nous porte en son coeur un oiseau, comme Pamina porte le pinson du nord dans le sien, au risque d'offenser Cernunnos, je préfère m'accrocher au plus petit des oiseaux, le colibri. Ceci étant, je me permets un petit aparté, l'approche de Claudie Hunzinger dans sa démarche artistique m'a amené à la comparer à celle d'une autre artiste plasticienne, Anne Steinlein, qui après de nombreux carnets de voyage témoignant de son immersion dans le monde propose aujourd'hui de magnifiques installations rendant hommage à la Nature et l'Univers à travers ses Gardiens de la Terre.

Mais aujourd'hui plus que hier, "Nous avons besoin, plus que jamais, de sources d'inspiration modèles de vie, de «changeurs de monde» qui nourrissent notre détermination à nous transformer nous-mêmes pour mieux transformer le monde" dixit Matthieu Ricard.

Aussi, Les grands cerfs reste une parenthèse dépaysante, un joli détour pour une escapade vivifiante au milieu des bois. Une fable écologique sur laquelle on peut réfléchir.

Pour les lecteurs qui souhaitent une immersion dans une nature sauvage, vierge, où l'homme a su trouver ses marques, je ne peux que leur conseiller de marcher sur les traces de John Haines en lisant Vingt-cinq ans de solitude: Mémoires du Grand Nord.

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Été 2019, le Monde titrait: "La sixième extinction de masse est en cours..."

Un rouge-gorge! "Il était là, si vif. Si menu. Il me regardait de son oeil timide et noir."
Et dans cette confusion d'ailes autour de la mangeoire, "le rouge pivoine d'un bouvreuil sur fond de neige... Les sittelles, cendrés et lavés surlignés d'un long trait noir... Et puis un pinson!"

Pamina se souvient de ce pinson du Nord, "une boule de plumes colorées", acheté à un type, sur les quais de l'Ile de la Cité. Et elle l'avait relâché, ici, dans la montagne. "Si ça se trouve, ce sont ses descendants !"

Pamina et Nils vivent dans les Vosges (comme l'auteure Claudie Hunzinger, nominée pour le prix du Roman d'écologie en 2020)

Dans le Grand Vallon, un renard. " Les yeux aigus, les oreilles rousses, l'effillement démesuré du museau noir, traversant toute la longueur du dos jusqu'au bout du toupet..."Et enfin "un grand cerf, un cerf cathédrale, un cerf de légende !"
Il bramait peu, restait dans sa sapinière infranchissable, si majestueux que les biches venaient à lui, tout naturellement sans qu'il ait à se battre."

La chasse était ouverte depuis le 1er août. Et Pamina apprend que des cerfs et une biche ont été... tirés.
Une biche !
Dans la forêt, un petit faon, un "Bambi" demande d'une voix apeurée : Maman?

On ne parle pas de bêtes tuées, mais tirées. On ne dit pas massacre mais... régulation!
"La dévastation de la Terre avait touchée la petite parenthèse où je vis. Ça s'est produit sous mes yeux". Interview de Claudie Hunzinger pour Littérature.green"
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Les Vosges et les cervidés, voici deux bonnes raisons de lire « les grands cerfs » qui offrent de magnifiques pages sur ces espèces menacées par les excès d'une époque qui ne respecte plus certains équilibres naturels.

Mais, cette oeuvre pourtant courte se noie vite, à mes yeux, dans des digressions aussi lassantes qu'inintéressantes où l'auteur ne nous épargne ni les sorties scolaires, ni ses affres vestimentaires et transforme la visite de Fabienne Jacob en babillage puéril.

Ce papillonnage explique peut être pourquoi Pamina est totalement passée à coté de Léo et n'a pas compris que la chasse et l'exploitation raisonnable du massif forestier contribuent à la préservation de la nature.

Se retirer du monde, conduit à se couper du réel, à se doter d'oeillères et gâche ce livre qui m'a finalement déçu par ses longueurs, ses excès doctrinaires et son style parfois bâclé.
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Tout comme l'auteur, la narratrice habite avec son conjoint une ancienne métairie perdue au fond du massif vosgien. Elle se remémore le temps où des voisins à la présence discrète évoluaient autour de la ferme. Elle s'était soudain prise de passion pour eux, avait appris à les observer longuement, aux côtés d'un villageois épris de photographie animalière. Il s'agissait d'une harde de biches et de cerfs qui, peu à peu, ont disparu, tirés par des chasseurs au rythme des quotas autorisés par l'ONF, sous couvert d'une régulation que ce livre envisage comme un massacre.


Le texte fait rêver : l'on se retrouve, frigorifié et trempé, caché sous des filets de camouflage, à guetter interminablement une fascinante vie sauvage, collectionnant des clichés photographiques pris avec un téléobjectif de la taille d'un bazooka, s'émerveillant qu'une telle présence à proximité directe d'habitations puisse demeurer si discrète. Autour de la ferme d'ailleurs, évoluent bien d'autres espèces que les cerfs, et le récit nous livre également de bien jolies pages sur la multitude de papillons et d'oiseaux observables à l'époque.


Malheureusement, selon l'auteur, ce rêve appartient désormais au passé, et les pages imprégnées de beauté sauvage sont teintées d'une amertume mêlée de colère, de devoir en faire le deuil en même temps que l'apologie, et d'y voir une illustration supplémentaire de la ruine écologique de notre planète. S'il est facile de partager cette rancoeur et ces regrets, l'on est en même temps amené à s'étonner, la croyance générale affirmant une tendance à la prolifération excessive des cervidés dans nos forêts, faute de prédateurs.


Mes recherches ne m'ont pas permis de me faire une idée entièrement claire sur la question : les rapports officiels sont rassurants, affirmant l'augmentation régulière des populations de cerfs en France depuis l'instauration de plans de chasse dans les années 1960. En même temps, des initiatives locales ne cessent de s'insurger contre les trop gros prélèvements qui viennent grever des effectifs, par endroits de plus en plus faibles…


Il est dommage que ce livre, par ailleurs bien écrit, n'étaye pas davantage ses affirmations, en enquêtant au-delà d'une perception toute personnelle que l'auteur pose en contradiction frontale de celle de son entourage. le texte est beau, ses émotions en ligne avec celles qui nous assaillent face au constat de l'état général de la planète, mais, pour le coup, l'auteur ne s'est-elle pas un peu emballée, sans vraiment prendre la peine de comprendre l'impact réel de la régulation et de la chasse, ni de répondre aux interrogations de ses lecteurs ?


Je ressors très mitigée de cette lecture, dubitative face au bref et subit engouement de la narratrice pour un sujet joliment et sincèrement abordé, mais insuffisamment argumenté : il ne suffit pas de s'emparer d'un thème à la mode et de surfer sur l'émotion du moment pour convaincre. Restent de bien jolies images et un questionnement légitime quant à la peau de chagrin qu'est devenu l'espace concédé par l'homme à la vie sauvage en général.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un grand bol d'air pur, de nature et d'espaces de liberté...J'ai fait la connaissance de cette auteure avec une autofiction, qui m'avait enthousiasmée, il y a quelques années. Je voulais nommer "La Survivance"... pour poursuivre avec autant de plaisir avec "La Langue des oiseaux"...Et voici le troisième écrit de cette écrivaine que je débute avec entrain !...

"Dans mon sac, il n'y avait pas seulement Lucrèce. Les albums du Père Castor aussi. Je les avais tous gardés et emportés là-haut. -Froux, le Lièvre, Panache, L'Ecureuil. Et il y avait Francis Ponge. Et c'était comme si j'avais pris avec moi beaucoup mieux que des jumelles, dont d'ailleurs je me suis longtemps passée, comme si j'avais pris avec moi de quoi scruter La nature des choses et la fabrique du pré. Ils faisaient la paire, Lucrèce et Ponge pour illuminer l'intérieur de notre maison pourrie d'humidité, une vraie caverne "(...)(p. 29)

Un roman, toujours plus autofiction que fiction pure, car Claudie Hunsinger y met beaucoup de sa propre vie, entre cette vie à l'écart dans la montagne , librement choisie il y plusieurs décennies, le goût de la nature et la passion de l'écriture. Dans ce texte, après les avoir ignorés, elle se met à s'intéresser aux cerfs qui vivent dans leur coin reculé... depuis toujours. Elle rencontre Léo, un jeune photographe, fasciné par ces animaux, qui il va lui apprendre à les comprendre... à savoir devenir invisible, à l'affût... dans l'attente et le silence... Une sorte de fable dans le réel... qui induit aussi moult réflexions, constats sur les questions de protection de notre planète, sur notre monde actuel, fort mal en point...

Un monde où les compromis s'accumulent...et où, en dépit de nos volontés , de nos convictions profondes, on se retrouve un jour ou l'autre les mains salies...ou par si nettes que l'on aimerait croire ! Un très beau texte où la nature est au premier plan, son souci qu'on la préserve... sans omettre les mots amoureux, admiratifs de la narratrice pour son mari,Nils, l'homme qu'elle aime, anticonformiste et complice de
toujours... !

"Alors, comment fait-on quand on veut écrire le roman du réel , aujourd'hui ? Quand on veut l'aborder frontalement ? Comment parler du monde et de ce que l'écrivain y a découvert et qui le ronge, puisque c'est le monde d'aujourd'hui qui le passionne, qu'il veut connaître et faire savoir ? Ce monde qu'on hallucine, les yeux grands ouverts.
Oui, comment fait-on ?
En passant outre.
Et en recomposant le réel pour qu'il ait la force de la fiction qu'il est. Même si la fiction reste indéchiffrable. Même si on n'a rien résolu. Même si quand on ouvre la main, on voit ses doigts touchés d'un sang qu'on n'arrive pas à essuyer en le frottant avec la manche de son pull. Même si on en éprouve un étrange effroi. "(p. 186)

J'aime très fort les textes de Claudie Hunzinger, remplis de poésie, d'amour pour Dame Nature, passionnée de belles choses, ainsi que de son travail d' ECRITURE... A tout cela, une admiration et une reconnaissance sans bornes pour le mari, compagnon "complémentaire" , complice toujours présent...et bienveillant !
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critiques presse (6)
Auracan
09 janvier 2022
Par son approche, sa forme et et son traitement particuliers, Les grands cerfs dépasse, en tous cas, le type d'adaptation d'oeuvre littéraire que l'on découvre assez régulièrement depuis quelques années. Beau !
Lire la critique sur le site : Auracan
BDGest
20 août 2021
En raison d'une narration chiche en contexte et d'une mise en image particulièrement jusqu’au-boutiste, Les Grands Cerfs reste terriblement terre-à-terre et n’arrive jamais à sublimer ou faire porter son message au-delà de la simple petite anecdote personnelle.
Lire la critique sur le site : BDGest
LaLibreBelgique
27 décembre 2019
"Les grands cerfs", un très beau roman, poétique, scientifique, sur la fin des grands cerfs, comme une métaphore de la nature que l’on assassine.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
21 octobre 2019
Claudie Hunzinger signe un roman atmosphérique, témoignant de sa fascination pour les cervidés et de son combat contre ceux qui les traquent.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaCroix
10 octobre 2019
Dans Les grands cerfs, une femme se prend de passion pour les cerfs dont elle partage le territoire, avant de découvrir une réalité bien sombre. Un texte sensible de Claudie Hunzinger.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Lexpress
23 septembre 2019
Il y a 3 ans, la romancière-plasticienne a compris qu'elle partageait ces hautes terres avec un clan de grands cerfs et s'est prise de passion pour ceux qu'elle considère désormais comme ses cousins à ramures. Elle en a tiré un roman âpre et dense comme un bois de vieux mâle.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (94) Voir plus Ajouter une citation
Mais je n'imaginais absolument pas que le roman de nature qui commençait à m'habiter allait prendre le visage de la société elle-même, moi qui avais voulu lui fausser compagnie ; et que j'allais me retrouver dans un imbroglio consternant, avec partis opposés, propagande dans les journaux et jusque dans les écoles, et révélation finale sur le charnier du monde ; et que toute sa malfaisance, comme un catalyseur, allait mettre en question mon amitié avec Leo. Je ne savais pas que j allais me retrouver face à l'insoluble, moi qui m'étais retranchée dans ma parcelle de beauté et de refus, dans la radicalité de la solitude, sa simplicité, sa facilité ; moi qui avais relevé le défi de gagner ma vie à l'écart. Qui étais sortie du monde. Mais c'est quand on en est sorti qu'on s'aperçoit que le reste du monde a la peste. Ça crève les yeux. Le reste du monde et nous aussi, voilà ce que j'apprendrai. Nous aussi, nous avons la peste même si nous prétendons à l'innocence.

Non, je ne savais pas que j'allais me retrouver face à la mine, au gâchis, aux dégâts. Et que tout ce que j'avais fui allait me revenir en plein dans la poitrine, en plein cœur, je ne le savais pas, allait me revenir comme un nuage chargé de neige et de derniers temps, chargé des préludes de la fin, durant les mois qui allaient suivre.
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[...] la gestion du cerf : Dans ce conflit, il faut tout prendre en compte. L'aspect biologique, physiologique et sociologique, mais aussi la gestion et l'aménagement du territoire, et le côté réglementaire, juridique, administratif. Je veux vraiment avoir une vision globale de la question. Je veux savoir. Je veux me battre, a conclu Léo. Mais il n'a pas bougé.
Et moi, est-ce que j'ai bougé davantage ? Non. Je campais sur ma position, voilà tout.
La défection de Léo m'affectait profondément. J'y voyais une trahison. D'ailleurs, quand j'ai eu fini d'écrire l'épopée des cerfs et que je l'ai donnée à lire à Léo, c'était normal, il est carrément devenu menaçant, et il a exigé que je ne nomme pas la boucherie. Je pouvais donner les noms des cerfs. Pas le nom de la boucherie. Il m'a assuré que l'adjudicataire allait se retourner contre moi. - Un coup de feu est vite parti, lui ai-je répondu, je sais Léo, je sais.
- Et l'ONF, si tu le nommes, va te poursuivre, parce que c'est l'État et qu'on ne s'attaque pas à l'État. Et moi aussi, je vais te poursuivre pour diffamation, a ajouté Léo.
Ainsi, je me suis retrouvée avec les deux partis contre moi, l'ONF et les chasseurs. Plus Léo. Alors, comment fait-on quand on veut écrire le roman du réel, aujourd'hui ? Quand on veut l'aborder frontalement ? Comment parler du monde et de ce que l'écrivain y a découvert et qui le ronge, puisque c'est le monde d'aujourd'hui qui le passionne, qu'il veut connaître et faire savoir? Ce monde qu'on hallucine, les yeux grands ouverts.
Oui, comment fait-on ?
En passant outre.
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Alors, comment fait-on quand on veut écrire le
roman du réel , aujourd'hui ?
Quand on veut l'aborder frontalement ? Comment parler du monde et de ce que l'écrivain y a découvert et qui le ronge, puisque c'est le monde d'aujourd'hui qui le passionne, qu'il veut connaître et faire savoir ? Ce monde qu'on hallucine, les yeux grands ouverts.
Oui, comment fait-on ?
En passant outre.
Et en recomposant le réel pour qu'il ait la force de la fiction qu'il est. Même si la fiction reste indéchiffrable. Même si on n'a rien résolu. Même si quand on ouvre la main, on voit ses doigts touchés d'un sang qu'on n'arrive pas à essuyer en le frottant avec la manche de son pull. Même si on en éprouve un étrange effroi. (p. 186)
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Je retournai souvent marcher là-haut dans les forêts, cette fois sans filet de camouflage, sans but précis, juste pour user le chagrin. Quand un soir, j’ai entrevu au loin une ombre. Sa solitude était si grande qu’elle m’avait ramenée à une désolation très ancienne, enfantine, au soir où je m’étais retrouvée soudain dans le dortoir vide d’un internat. Était-ce le vieil Apollon de retour ? Il semblait se frayer un passage à travers les siècles, forçant l’épaisseur des siècles. S’éloignait-il ? Remontait-il le temps vers le début ? Ou bien, fidèle, s’avançait-il avec nous au-devant de l’inconnu – pour ne pas dire l’abîme qui allait interminablement se creuser, toujours un peu plus loin, la fin ?
J’aurais voulu lui crier : Sauve-toi, Apollon ! Sauve-toi !
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Elle lisait toutes sortes d'essais. Beaucoup d'essais, peu de romans. Les essais tentent de vous expliquer le monde; les romans, eux, cachent savamment son secret, ne semant que des indices pour vous laisser, comme dans une course au trésor, le plaisir ou l'effroi de le trouver vous-même, tout à la fin; et parfois, c'est une stratégie, les romans vous mènent à la fin qui n'est qu'un aveu. Celui de l'impossibilité de conclure. (p. 36)
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Vidéo de Claudie Hunzinger
Extrait du livre audio « Un chien à ma table » de Claudie Hunzinger lu par Marie-Christine Barrault. Parution CD et numérique le 12 avril 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/un-chien-ma-table-9791035413453/
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