A mesure que j'apprends un morceau de musique, je fais de lui un objet autre. Un objet tactile, avec des formes qui sont à saisir avec les mains.
Dès que tu te mettrais à écouter ta voix pour savoir si elle est meilleure que celle d'une autre, tu n’entendrais plus du tout sa mélodie.
A quoi avait pensé Chopin en écrivant cette valse ? Certainement pas aux malheurs qu'il préparait pour tous les pianistes à venir.
En même temps, ça me paraît terriblement injuste d'avoir moins d'estime pour quelqu'un simplement parce que du temps lui est passé sur le corps. La personnalité de Liliane est peut-être devenue plus riche, plus complexe, plus humaine que quand il vivait avec elle...mais ça ne l’intéresse presque plus
Je ne traduis pas, j’exécute. La musique doit être exécutée, c'est-à-dire : mise à mort. Je suis le bourreau de l'immortel.
"Quand j'écrivais, le même dilemme était constamment présent. Le souci de ne pas faire avec des mots des murs, mais plutôt des constructions ajourées, me faisait craindre la chute à travers une des ouvertures que j'avais moi-même pratiquées. Alors tu me parlais des portes qui ne pouvaient être ni ouvertes ni fermées - t'en souviens-tu?-, mais entrouvertes; ou essayait d'imaginer d'autres choix possibles que celui, occidental à outrance, "de faire le plein", et celui, oriental à outrance, de "faire le vide"." p127
La folie est à deux pas de nous, elle est là, elle est déjà en nous, elle n'attend que le bon moment pour surgir.
Je n'ai rien à inventer ; peut être qu'au fond je n'ai rien à dire. mais ce n'est pas pour ça que je ne comprends rien à ce qui s'y passe.
Ce que je souhaiterais par-dessus tout, pour mes livres, c'est que les gens qui s'aiment aient envie de se les lire à haute voix. Comme les contes d'autrefois. Les familles autour d'une cheminée, les amants au lit; ça, ce serait vraiment bien...
Car cette musique est transcendante : elle a existé avant ma naissance, elle subsistera après ma mort. Me voilà, aujourd'hui - et volontairement -, aux prises avec elle. Mais elle est tout autant ma victime à moi. Parce que, à "elle", ce n'est justement pas ces pages recouvertes de petites taches noires. La vraie musique dépend de moi pour exister ici.