Encore un classique que je n'avais jamais pris le temps de découvrir. C'est désormais chose faite!
le meilleur des mondes a été écrit en 1932 et pourtant
il est terriblement d'actualité.
Dans ce monde où Ford (l'homme, pas la marque) est devenu un Dieu, la société est régit par différentes classes qui ont chacune leurs caractéristiques et leurs fonctions. de plus, les êtres humaines naissent dans des éprouvettes et sont modelés (avant leur naissance et pendant toute leur enfance-adolescence) pour correspondre à la classe qu'on leur a assigné. Après leur journée de travail, les humains de ce nouveau monde n'ont qu'un seul mot d'ordre: s'amuser et consommer. La notion de famille n'existe plus (mère et père sont mêmes des mots obscènes). Comme la notion de procréation naturelle n'existe plus, chacun a autant de partenaire qu'il le souhaite. Un couple exclusif est très mal vue. Quand le moral ne va plus: hop! un petit cachet pour retrouver le bonheur… Tel est ce « meilleur des mondes » où tout le monde pense pareil, vit pare
il et agit pareil. Il y a néanmoins quelques cas à part. Certaines personnes ont des pensées différentes et ne rentrent pas complètement dans les cases prévues par le système. Et puis il y a carrément les Sauvages. Ces hommes qui vivent selon les règles de l'ancien temps et qui sont parqués dans des réserves. Dans le roman, John, un Sauvage va découvrir le « vrai » monde et va devenir le centre d'intérêt de celui-ci…
Dans le début du roman on nous présente le fonctionnement de la chaine de production des humains à travers la visite de l'usine. On a vraiment l'impression de visiter une usine de fabrication de voitures ou de pièces industrielles. Tout ce passe à la chaine et chaque « produit » a ses spécificités d'usinage. Certains concepts présentés sont assez techniques et il faut s'accrocher pour tout bien saisir. Et pourtant j'ai fait des études scientifiques. de plus, pour les besoins de mains d'oeuvre de ce monde, la notion de clonage a été introduite et fait l'objet d'une explication supplémentaire. Il faut s'accrocher et prendre le temps de bien lire ce premier passage.
Après ce début de roman laborieux, le roman prend enfin son envol dès qu'on commence à s'intéresser aux personnages proprement dit. Personnages dont les noms ne sont pas sans rappeler des personnages célèbres. le roman est découpé en trois parties: la découverte du mode de vie de ce monde « parfait », la vie des les réserves et enfin le choc des cultures avec la venue de John dans le monde.
Ce roman traite de nombreux sujets. Nous sommes dans une dystopie futuriste. le progrès scientifique est présent, mais pas pour le bien de l'humanité. le titre du roman se veut de ce point de vue très ironique. L'eugénisme tient une place très importante dans le roman. Les embryons sont façonnés pour correspondre à leur besoin ultérieur. Nous sommes en 1932 lors de la sortie du roman et quelques années plus tard un régime totalitaire mettra en place une politique d'eugénisme pour promouvoir la race parfaite.
Si tout semble beau dans ce monde, cela n'en reste pas moins un régime totalitaire sous certains aspects. On ne décide pas de son avenir (il a été décidé avant votre conception), on reste à sa place, tout est fait pour le bonheur commun, si on ne suit pas les règles on est considérer comme sauvages, un administrateur régit le tout… Dans notre inconscient, un régime totalitaire est forcément dur et violent. Mais on peut être dans un régime totalitaire sans s'en rendre compte, à partir du moment où on n'a plus son libre arbitre. La notion de liberté est donc un des thèmes du roman. Qu'est-ce que la liberté? Quel est son prix? La notion de solitude est d'ailleurs interdite.
Le régime est fortement teinté de communisme, les noms de plusieurs personnages sont inspirés de communistes célèbres. Oeuvrer pour la communauté est bien une notion communiste. Mais dans le même temps, on retrouve une forte inspiration capitaliste avec l'obligation de consommer, de faire des activités. Tout est fait pour que l'être humaine ne se retrouve jamais seul avec ses pensées. Et quand il « déprime » un peu, on a recours à une drogue pour le plonger dans un état de bonheur.
Si au premier abord, on se dit que ce nouveau monde a l'air parfait, en grattant la surface on découvre vite le vrai visage: garder les masses sous contrôles. Si pour la plupart des gens, cette situation convient, pour d'autres une vie différente doit exister. Suivre les règles, suivre la pensée unique et ne rien remettre en question. Ou rêver, lire, parler de poésie,…
Ce roman permet de nombreuses réflexions, qui sont toujours d'actualité. J'ai aimé la façon dont l'auteur nous questionne, nous interpelle. Certaines situations m'ont fait réagir et je pense que c'était le but. Par contre, la montée en puissance de la religion sur la faim du roman m'a dérangé. Comme si en dehors du monde régit par les règles, la vie « sauvage » était forcément synonyme de religion.
Ce roman est atypique et montre un futur de l'humanité qui finalement n'est pas si loin de nous… A méditer!