Au décès de ses parent le jeune Lord Franklin (Neil Franklin) se trouve fort démuni, lui qui étudiait dans les meilleures universités doit interrompre ses études et brader les grimoires familiaux afin d'éviter la banqueroute, ses parents de manière étonnante ne lui ayant légué que des dettes !
Son oncle qu'il n'appréciait pas particulièrement va héberger sa soeur et lui fournir un emploi d'enseignant dans une école de seconde zone … il s'attendait à un minimum, de fait c'est bien pire que tout ce qu'il aurait pu imaginer et il va devoir faire de son mieux pour fournir de l'éducation à des enfants aux âges disparates alors qu'il ne dispose d'aucun moyen qui lui permettrait d'exercer. Il doit se faire à sa nouvelle vie et l'homme à tout faire de l'établissement commence à l'intriguer, et même plus …
Dans une atmosphère très XIXème siècle britannique où la magie est étudiée scientifiquement nous découvrons le monde et les personnages qui se développent lentement au fil des pages, des mystères semblent entourer l'institution, prétendument oeuvre de charité pour orphelin financée par son oncle, qu'en est-il de cet aile tribord où il n'a pas accès et d'où les élèves et Leofa reviennent avec des traces de brûlures ? à quels trafics se livre donc le directeur, et quel usage fait-il de gardes armés ?
La narration est menée par Neil, en débutant la lecture j'étais prêt à m'immerger dans cette ambiance typiquement britannique, mais assez vite les longueurs m'ont exaspéré ainsi que la vacuité de l'intrigue et des péripéties qui restent assez plates, nous restons dans la superficialité et les personnages peinent à prendre un peu d'épaisseur. Il est difficile de s'attacher au héros somme toute assez falot et ça m'énerve un peu le temps qu'il lui faut pour enfin comprendre ce qui était évident et son absente de réactions un peu énergique. Il faut attendre la seconde moitié du livre pour qu'une action timide pointe le bout de son nez, la romance est timide et peu crédible, l'ambiance XIXème est dépeinte de manière assez caricaturale et grossière …
Globalement je n'ai pas pris de plaisir à cette lecture, l'écriture est assez fluide et agréable mais l'absence de crédibilité du monde carton-pâte qui sert de décor aux personnages sans épaisseurs et caricaturaux n'ont pas su me convaincre.
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— Qu’est-ce que ça dit ? demanda-t-il.
— Les Imriens avaient des mœurs qui seraient aujourd’hui considérées comme taboues, répondis-je avec fermeté.
Leofa observa avec attention la pièce vide. Il attendait une réponse plus complète de ma part.
J’hésitai.
— Eh bien, balbutiai-je. Cela parle… On y mentionne l’inversion.
Je m’attendais à ce que Leofa se fende d’une remarque désobligeante ou, à tout le moins, qu’il manifeste un désintérêt total pour le sujet et poursuive sa visite. Autrefois, l’homosexualité était considérée comme un crime au même titre que l’hérésie et bien qu’elle ait été dépénalisée une génération auparavant, mentionner publiquement de telles choses pouvait contribuer à alimenter de fallacieuses rumeurs. Certains lords à la langue bien pendue faisaient régulièrement part de leur volonté de voir réinstaurés les anciens châtiments à l’encontre de ceux qui s’y exerçaient – parmi lesquels, l’inhumation des contrevenants de leur vivant.
Pour rien au monde je ne voulais connaître l’opinion que Leofa avait des homosexuels. Pourtant, je retins mon souffle. L’air semblait chargé d’espérance.
Leofa se contenta d’observer les tablettes avec un air vaguement curieux.
— Redites-le, dit-il, inclinant la tête, à la fois amusé et indiscret.
Sa longue chevelure lui tombait dans les yeux. Il avait vraiment besoin d’un bon coup de ciseaux, mais je le voyais mal arborer la coiffure courte favorisée des gentlemen. Je dégageai une mèche de ses cheveux et caressai délicatement la toison qui lui couvrait la mâchoire.
— Qu’ils aillent se faire foutre, répétai-je calmement.
Son rire profond et guttural s’éleva du fond de sa cage thoracique. Ses mains rugueuses et pleines de cicatrices vinrent encadrer mon visage et il m’embrassa avec fougue. Je le plaquai aussitôt sur le lit et nous manquâmes de tomber par terre, et il rit à nouveau.
J’ignorais qu’un baiser puisse être aussi délicieusement long ; que je serais aussi épris de son corps et de ses muscles bandés sous mes paumes. Il avait une prudente expression d’espoir sur le visage mais je sentais bien qu’il tâchait de contenir son désir.
Je fis courir mes doigts le long de son membre durci et son expression ne fut plus qu’irrépressible envie. Son excitation et la chaleur qu’il dégageait m’emplirent d’une merveilleuse nervosité.
— J’ignore quoi faire, avouai-je. Je n’ai jamais…
Quincey accepta son dû et, à ma grande surprise, commença à le diviser en plusieurs morceaux pour le partager avec ses camarades. Hooker protesta et dit qu’il fallait aussi en garder pour les absents. Au début, certains manifestèrent quelque réticence mais, au final, toute la classe fut d’accord. Ils rompirent équitablement le pain jusqu’à ce que chacun soit en possession d’un croûton pas plus grand qu’un doigt. Pourtant, chacun d’entre eux semblait considérer cette maigre pitance comme une manne divine délivrée par la déesse Senna en personne.
Médusé, je les regardai manger. En fonction de leur personnalité, certains dévoraient leur quignon tels des loups, d’autres prenaient le temps de le savourer. Peut-être que ces garçons recelaient plus de décence que je ne me l’étais imaginé de prime abord.
D’ordinaire, lorsqu’un dîner prenait fin, les hommes se retiraient dans une autre pièce pour y fumer et y boire du porto, loin des femmes et de leur odorat plus délicat que la moyenne. Quant à ces dernières, elles en profitaient pour se refaire une beauté et parfaire leurs toilettes, qui auraient pu se froisser pendant le repas. Cet interlude était souvent le bienvenu et permettait aux deux sexes de se reposer l’un de l’autre.
Si les hommes se retirèrent bel et bien, ma sœur fut laissée seule au boudoir. Quel anniversaire décevant cela devait être pour elle ! Je me proposai de l’accompagner au boudoir, comme je le faisais d’ordinaire avec les femmes de la famille Nobbsnipe, mais mon oncle me rit au nez, comme si cela était une sombre plaisanterie.
Depuis les hauteurs d’Evermore, j’avais pour habitude de contempler les étheriums inférieurs, me demandant à l’époque quelle sorte d’individus pouvait bien y vivre.
Ma curiosité était à présent satisfaite : nobles réduits à la mendicité après avoir frôlé de peu la prison pour non-remboursement de leurs dettes, lords déshonorés après avoir vendu leurs grimoires familiaux, eux aussi pour éponger leurs dettes, et d’autres misérables de la même engeance. Et à présent, j’y vivais également.