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3,67

sur 186 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cette nouvelle fut interdite en Afrique du sud, des lecteurs américains s'insurgèrent:
"..je vous autorise à garder le silence, le droit constitutionnel vous y autorise. Mais par pitié, pourriez vous au moins nous expliquer le message de cette satanée nouvelle."


Dans une ville de 300 âmes, une Loterie a lieu en juin, tous les ans.
" J'ai entendu parler de sectes loufoques, mais celle-ci m'inquiète vraiment!"
Un lecteur de Californie.


Les habitants tirent au sort un papier, en espérant ne jamais être " l'heureux élu ".
" Votre histoire est basée sur des faits réels, n'est ce pas? En tant que psychiatre, je suis fasciné par les possibilités psycho-dynamiques que suggèrent ce rituel anachronique".Un lecteur de l'Ohio.


Les habitants ont la mine grave, les sourcils froncés, l'air résigné. Il y avait auparavant, une incantation mécanique, atonale, débitée chaque année, avec diligence.
"Il me semble que ces coutumes se pratiquaient jadis, en ...France. Par contre, je n'ai jamais entendu parler d'un tel phénomène aux États-Unis."
Un lecteur de Californie...


Le conte décrit avec une subtile économie, la transformation d'une anodine cérémonie ( une Loterie) qui devrait être festive, en une...


"La Loterie"avait touché un nerf à vif dans l'Amérique profonde. Une blessure secrète non cicatrisée... La violence des réactions des lecteurs montraient que cette nouvelle avait éveillé un sentiment aussi profondément enfoui qu'irrationnel!
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Epoustouflant !
Le 27 juin, une loterie a lieu dans une petite ville américaine de 300 âmes. Il fait beau, tout le monde se prépare...
Mais qu'y a-t-il donc bien à gagner pour générer une telle fébrilité parmi les habitants ?
La tension est palpable alors même que les dessins et les couleurs douces semblent refléter la sérénité.
Adaptée d'une nouvelle de Shirley Jackson, sa grand-mère, cette bande dessinée de Miles Hyman est une totale réussite.
Les dessins fabuleux et le texte réduit au minimum confèrent une ambiance incroyable à cette histoire aussi originale que terrifiante.
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Tudieu la bien étrange BD que voilà.

Un titre qui en dit déjà long sur les innombrables rebondissements qui jalonnent ce récit d'une rare intensité.
Oubliez le caressage de boule classique. Ici point d'attente fébrile d'une quelconque ligne à remplir au risque de se faire sauter le pacemaker à l'évocation du cadeau ultime décroché de haute lutte et qui ne manquera pas de susciter la joie des petits et des grands : la batte de baseball anti-con.
Non.
Dans ce petit village rural de l'amérique profonde, l'on fait dans le basique et l'efficace.
Moult petits papiers blancs, un noir, faites vos jeux...

D'aucuns pourraient trouver le pitch d'un chiant rarissime.
Hu, hu, hu. Merci pour le fou rire.
Action, zobi, je vous le concède.
Mais l'intérêt est ailleurs.
Notamment dans l'incroyable descriptif de cet événement annuel attendu anxieusement par l'ensemble de la communauté.
L'on se doute bien qu'à un moment ou à un autre, le récit va dévisser. Suffit juste d'être patient. Une persévérance largement récompensée par un final mémorable qui vous laisse juste pantois.

Miles Hyman rend ici hommage à sa grand-mère, Shirley Jackson, en reprenant l'une de ses nouvelles les plus connnues. Un épisode qui suscita, en 1948, des réactions plus que contrastées de la part de ses lecteurs.
La Loterie est une nouvelle graphique au rendu hypnotique.
Travail subtil sur l'ombre et la lumière. Trait précis et épuré. Plaisir visuel à chaque planche.

Si vous prisez les ambiances à la Night Shyma, Shynalaman, merde, j'y arriverai jamais mais je suis certain que vous visualisez le bonhomme et son travail, alors La Loterie devrait vous combler d'aise.
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Loterie en juin, abondance de grains
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Ce tome contient une histoire compète indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2016. Il s'agit de l'adaptation d'une nouvelle du même nom La loterie (1948) écrite par Shirley Jackson (1916-1965), et adaptée par son petit-fils Miles Hyman, pour le scénario, les dessins, les couleurs. La traduction a été réalisée par Juliette Hyman. Il commence avec une courte introduction de l'auteur remerciant les personnes grâce à qui ce projet a pu être mené à bien. Il se termine avec un trombinoscope des douze principaux personnages, un article comprenant sept illustrations pleine page, et un texte de huit pages, rédigé par Hyman, évoquant le seul souvenir qu'il reste à l'auteur de sa grand-mère, quelques éléments biographiques sur l'écrivaine et la description de la réception de sa nouvelle par le public, ainsi que sa postérité dans la culture américaine. Sans oublier la dédicace de Stephen King pour son roman Charlie (1980) : À la mémoire de Shirley Jackson qui n'a jamais eu à hausser la voix.

Dans un petit village du coeur des États-Unis, alors que la nuit tombe, une voiture aux phares allumés avance tranquillement dans la rue principale. Elle roule à vitesse réduite, passant devant les maisons aux fenêtres éteintes, et arrive devant le magasin vendant du charbon, dont les lumières sont encore allumées. Harry Graves coupe le moteur et éteint les phares. Il sort de son véhicule et reboutonne sa veste. Il va taper au carreau du magasin. Joe Summers lève la tête, va prendre les clés à côté de la photographie de son épouse, au pied du calendrier qui indique la date du 26 juin. Il ouvre la porte. Les deux hommes se saluent en se serrant la main, Harry ayant retiré son chapeau. Il le pose sur une table et il retire sa veste, puis il emboîte le pas à Joe qui entre dans la réserve et allume la lumière. Ils regardent tous les deux une boîte un peu usagée posée sur l'étagère la plus haute. Joe monte sur une chaise pour l'attraper, et Harry aide à la porter pour déposer cette urne sur la table, avec une ouverture ronde sur le dessus.

Joe et Harry vident un sac en papier sur la table : il contient des petits morceaux de papier blanc, tous de la même taille. Avec un air grave, ils les plient soigneusement en deux, avec application pour que chacun présente la même forme. Une fois cette tâche terminée, Joe en prend un qu'il place entre eux. Harry s'en saisit et noircit un cercle au milieu d'une des deux parties, avec un crayon noir. Il montre le résultat à Joe, et replie le papier de sorte que le cercle soit à l'intérieur. Tous les papiers sont remis dans l'urne. Joe met l'urne dans le coffre-fort, sous le regard d'Harry, et il verrouille le coffre-fort. Les deux hommes remettent leur veste et s'apprêtent à partir. Joe jette un coup d'oeil à l'horloge : minuit dix. Il se tourne vers l'éphéméride et enlève la page du vingt-six pour faire apparaître celle du vingt-sept juin. le lendemain matin, Tessie Hutchinson passe le balai et jette un coup d'oeil par la fenêtre : son époux Bill est en train de couper du bois dehors. Ce matin est clair et ensoleillé.

Soit le lecteur connaît déjà la nouvelle et il s'attache à découvrir comment le petit-fils l'a adaptée, soit il découvre l'intrigue. Il commence par observer la très belle couverture avec cette urne qui va être déposée sur la table. Puis il découvre l'entrée du village à la nuit tombante, avec les maisons et la route qui semble encore en terre. Les couleurs sont foncées pour l'ambiance nocturne, de type pastel ou crayons de couleur, apportant une texture soutenue à chaque surface, ainsi que nuances qui transcrivent des surfaces présentant des irrégularités comme dans la réalité. Il prend le temps d'apprécier le paysage. L'artiste donne beaucoup de place aux illustrations : sur 136 pages de bande dessinée, il y a sept dessins en pleine page, huit dessins en double page. le lecteur observe quarante-et-une pages muettes, sans aucun mot, et une dizaine de plus avec seulement un mot ou deux. le lecteur constate que les pages se tournent rapidement : une narration à la fois dense, à la fois aérée, presque décompressée. de grandes cases, souvent de la largeur de la page, un maximum de quatre par page, plus souvent deux ou trois.

Le lecteur peut donc jeter un coup d'oeil rapide à chaque case et tourner aussitôt la page pour lire à une vitesse soutenue afin de découvrir le fin mot de l'histoire. Il se rend vite compte que paradoxalement les grandes cases et la faible densité en mots l'incitent à prendre son temps, à profiter du paysage, à regarder les personnages. de fait, les couleurs viennent compléter les dessins, évitant que dans certaines cases, un élément ou deux paraissent un peu naïfs ou pas tout à fait assez consistant. Au contraire son regard est attiré par des éléments visuels : la façade d'une maison en planches de bois peintes en blanc, le commodo de la voiture avec le levier de changement de vitesse au volant, le modèle de pompe à essence attestant de l'époque à laquelle se déroule récit (dans les années 1930 ou 1940), les bretelles de Harry et leurs attaches caractéristiques, le bois de l'urne, le modèle de coffre-fort, une batte et un gant de baseball, les plants de maïs, un silo, une montre à gousset, une cafetière, les modèles de pantalon, de robe, etc. Il s'attarde sur le visage des personnages, souvent fermés ou peu expressifs. Il prend le temps de comparer la famille Overdyke et la famille Percy, représentées en vis-à-vis comme dans un portrait de face l'un en page 88 et l'autre en page 89. Il pense à la fois au tableau American Gothic (1930) de Grant Wood (1891-1942), à la fois à la représentation iconique de l'Amérique dans les tableaux de Norman Rockwell (1894-1978) mais sans la joie de vivre associée. L'artiste montre des individus sérieux, impliqués dans ce qu'ils font. Il éprouve à la fois la sensation d'une lecture facile et rapide, à la fois une satiété visuelle peu commune, le sérieux des personnages colorant l'histoire qui en devient elle aussi sérieuse.

S'il ne connaît pas le fin mot de l'intrigue, le lecteur se rend compte que cette narration essentiellement picturale a également pour conséquence de l'inciter à prêter attention à tous les détails, car il ne peut pas savoir lesquels seront signifiants pour le récit. L'urne ? Oui bien sûr. Les bretelles ? Peu probable. Tessie Hutchinson entrant dans la salle de bain et prenant un bain pour une séquence de quatre pages ? Sûrement, mais pour dire quoi… Il se produit alors un effet tout aussi étrange que pour la facilité de lecture de dessins : chaque événement, chaque accessoire relève de la banalité de la vie quotidienne, pourtant il est certain qu'ils apportent leur pierre à l'édifice, qu'ils ont un sens au regard de l'histoire. le lecteur sent bien que sa lecture devient plus participative, qu'il s'interroge sur ce à quoi il doit accorder de l'importance, sur ce qui est signifiant, ce qui confère à cet album une dimension ludique pour assembler les pièces du puzzle, car un drame va survenir, c'est sûr. En fait, il assiste à un quasi-reportage en temps réel, sur une tradition collective, appelée la Loterie, à laquelle tous les habitants du village participent. En passant, il est question de villages qui auraient abandonné cette tradition, et de la bêtise que c'est.

Le dossier en fin d'ouvrage expose l'impact qu'eut cette nouvelle, l'avalanche de courriers reçus par l'autrice et son éditeur, soit de colère, soit d'incompréhension, soit de lecteurs ayant la conviction que l'histoire était basée sur des faits réels. En découvrant la scène finale, le lecteur prend conscience que Miles Hyman a joué franc jeu avec lui et qu'il a tout montré depuis le début, laissant présager la nature du dénouement. En fonction de son degré d'implication dans sa lecture, le lecteur dispose d'une vue globale sur ce qu'il vient de se dérouler, ou il peut revenir en début, feuilleter rapidement les pages et relever quelques phrases qui rétrospectivement en disent long. Il relève : À quoi bon changer les choses maintenant ? Ça n'aurait aucun sens. C'est le thème de la tradition séculaire, mais en même temps les pages 54 à 62 évoquent quelques évolutions dans cette pratique et se terminent sur la phrase : Mais avec le temps, cela avait aussi changé. L'autrice s'amuse à pointer du doigt que ce respect des traditions perpétue un rituel qui n'est en fait pas immuable. Plus loin, le vieux Warner évoque le fait que c'est sa soixante-dix-septième loterie et que : À écouter les jeunes, rien n'est assez bien pour eux. Bientôt ils voudront vivre dans des grottes, plus personne ne travaillera. Mais ils ne tiendront pas longtemps comme ça. Ou encore : Les gens ne sont plus ce qu'ils étaient. La tradition séculaire semble s'opposer au désir de changement de la jeunesse, mais en fait celle-ci participe de son plein gré à la loterie, sans velléité de la remettre en cause.

L'horreur du dénouement, de la raison d'être de la loterie atteint le lecteur de plein fouet, en particulier le comportement de la foule où tout le monde participe, sans état d'âme. Mais en y repensant, il se demande si la préparation par Joe & Harry, en toute connaissance de cause, n'est pas encore plus monstrueuse. Ou le fait qu'il existe des règles très précises pour le tirage au sort : que faire en cas de plusieurs familles habitant sous le même toit ? La loterie est institutionnalisée, codifiée par des règles connues et acceptées par l'ensemble de la communauté. le conformisme des individus composant cette communauté est d'une uniformité terrifiante et sidérante : aussi bien de se soumettre de son plein gré à cette cérémonie, aussi bien d'en accepter l'issue quel que soit l'âge de l'individu tirant le papier avec le point, ou encore son acceptation par les jeunes générations dont l'élan naturel de changement ne va pas jusqu'à la remise en cause de cette pratique qui lie la communauté. le récit se termine sur un dessin en double page : l'entrée de la ville depuis la route en terre, avec le même cadrage que le dessin en double page d'ouverture du récit, mais à midi au lieu d'être en fin de soirée. le cycle est arrivé à son terme, et un autre cycle peut commencer à l'identique, la loterie se perpétuant d'une génération à l'autre, semblant immortelle pendant que les êtres humains vivent et meurent.

Cette adaptation d'une nouvelle est remarquable en tout point. La narration visuelle est incroyable, riche et dense, les cases étant rapidement assimilées par le lecteur ce qui l'amène paradoxalement à lire moins vite. L'intrigue est respectée à la lettre, tout en aboutissant à une véritable bande dessinée, et pas à un texte illustré tant bien que mal. La force du récit est intacte, et il reste tout autant dérangeant.
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Récit glaçant !

On ouvre les premières pages et on découvre de grandes illustrations travaillées délicatement comme des peintures d'Edward Hopper, dans un ton plus rural, ou plutôt dans le style de Grant Wood dont tout le monde connait ce portrait de paysans américains, l'homme avec sa fourche et sa grande fille célibataire, raides, posant devant leur maison avec cette étrange fenêtre en ogive, ce fameux tableau intitulé American Gothic, symbole de cette Amérique rurale.

Ça ressemble à l'Amérique profonde, puritaine, qui ne fait pas de vagues, ce village est plutôt silencieux, les couleurs des illustrations sont feutrées, avec des tons naturels, un grain qui leur donne un aspect passé, usé. Les cadrages sont souvent au départ décalés, pas vraiment centrés comme dans les tableau d'Edward Hopper, une façon d'insister sur les matières, le bois, la lumière, l'impact du soleil sur les formes, puis quand le récit devient plus intense, au contraire, les portraits sont cadrés, posés avec rigueur et autorité, comme dans les tableaux de Grant Wood, se sont des gens, des familles.

La Loterie semble un rituel bien étrange, une tradition avec tout ce que ce mot comprend. Evidemment, la référence à Grant Wood, les décors avec ces maisons de bois, les noms des personnages, tout cela nous immerge dans l'Amérique profonde, et la suite du récit met mal à l'aise, quand on comprend de quoi il s'agit, la beauté et la douceur des illustrations nous propose un trompe l'oeil, mais il n'y a pas d'explication sur ce rituel. Nous avons le choix de l'interprétation, mais les choix graphiques de Miles Hyman nous aiguillonnent vers différentes options, une critique du puritanisme, des traditions, et des hypocrisies qu'elles sous-entendent, ou plus globalement sur la violence contenue d'une société, il y a une multitude d'interprétations possibles, mais toutes sont terribles. C'est une critique de la société, de la nature humaine, qui nous est jetée à la face de façon brutale et pourtant dans un silence pesant, un engourdissement lourd et oppressant.

Une lecture choc.
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Roman graphique étonnant, dérangeant... qui laisse littéralement sous le choc! Tout d'abord, cette unique phrase très intrigante en quatrième de couverture: "Dans un village de la Nouvelle-Angleterre, chaque année, au mois de juin, on organise la Loterie, un rituel immuable, où il est moins question de ce que l'on gagne que de ce que l'on risque de perdre à jamais", puis on commence à parcourir l'oeuvre pour découvrir de très belles illustrations montrant des scènes rurales de la vie quotidienne il y a plusieurs décennies. Pas de texte avant la 23e page, puis toujours très peu par la suite: une évocation seulement, quelques indices égrenés au fil des images et des mots (qu'on perçoit uniquement à la 2e lecture du roman graphique), un suspense qui monte lentement toutefois dans l'esprit du lecteur, une certaine excitation: mais qu'est-ce donc que cette loterie? Des personnages antipathiques, trop calmes, des gros plans de leurs expressions et une lenteur proche du temps réel: l'ambiance est créée! le lecteur est également dans l'attente et l'anticipation, sans savoir pourtant ce qui l'attend! Jusqu'au choc final...
C'est presque un automatisme: il faut relire une deuxième fois (on n'a peut-être pas bien compris? Y avait-il des signes avant-coureur?...)

Puis, il y a l'histoire entourant la nouvelle littéraire de cette adaptation, avec des commentaires de gens de l'époque qui avait écrit au journal ayant publié l'histoire. Cette partie est presque aussi fascinante que le récit lui-même et donne une grande envie de lire la nouvelle originale de Shirley Jackson. On comprend facilement pourquoi cette nouvelle littéraire a choqué à sa sortie, à la fin des années 40. D'ailleurs, elle est choquante encore aujourd'hui, c'est ce qui est fascinant!

Nul doute que je vais me procurer d'autres romans graphiques de Miles Hyman et que je vais retrouver la nouvelle de Shirley Jackson!
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Dans un village rural, au coeur de l'Amérique des années 1940, la population effectue les derniers préparatifs avant la traditionnelle loterie. Celle-ci a lieu tous les ans en juin et les habitants se réunissent tous afin de procéder au tirage au sort.

Je ne vous en dirai pas plus sur l'intrigue car tout l'intérêt de cet album repose sur l'enjeu de cette mystérieuse loterie.

Cette bande-dessinée est l'adaptation d'une nouvelle de Shirley Jackson, la grand-mère de l'auteur. La postface nous explique que ce récit a fait scandale au moment de sa parution en Amérique en 1948. Et en refermant cet album, je comprends mieux pourquoi…

Une lecture, destinée à un public averti, qui fait froid dans le dos. Au fil des pages, la tension monte et l'histoire nous tient en haleine. Une ambiance malsaine s'installe. Puis, survient le dénouement, terrifiant.

Le rythme est lent et les mots peu présents. Tout passe par les magnifiques illustrations de Miles Hyman. Et l'effet coup de poing est garanti.

Une mise en images somptueuse grâce notamment aux couleurs et à la force évocatrice des personnages. Impossible de rester indifférent face à ce récit qui nous livre une vision négative de l'Amérique, enfermée dans son carcan.

Cette bande-dessinée effroyable me marquera un long moment. Une lecture dérangeante, qui remue, avec des illustrations de toute beauté.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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27 juin, jour de loterie dans une petite bourgade de Nouvelle-Angleterre. Comme chaque année, Mr. Summers sort la vieille urne en bois dans laquelle les villageois tireront leur coupon. Tous les coupons sont vierges, un seul est orné d'un point noir, celui qui sellera le destin de l'un d'entre eux. Les règles sont simples rendant le dénouement encore plus pétrifiant.

Shirley Jackson a écrit cette nouvelle en 1948, publiée dans la foulée dans le New Yorker Magazine, provoquant de nombreux remous et désabonnements. L'auteure a d'ailleurs dû parer aux nombreux courriers de lecteurs scandalisés, perplexes ou curieux et changer de boîte aux lettres au passage. Shirley Jackson est un écrivain d'atmosphère, flirtant avec l'épouvante ordinaire, le fantastique d'ambiance, la terreur insidieuse. La loterie est totalement dans cette lignée, peut-être un cran plus loin, et il y a fort à parier que Shirley Jackson s'est fait un malin plaisir à livrer ce texte, d'autant qu'elle n'a jamais levé le mystère sur son objet.

L'illustrateur Miles Hyman est le petit fils de Shirley Jackson et l'adaptation qu'il a faite du texte original est époustouflante. Il y restitue toute l'effroi véhiculé par l'humain et toute la normalité avec laquelle cela se produit. Il concentre son dessin sur les détails, un geste, un regard, l'attente, avec de nombreux changements de point de vue, le linge qui sèche, les enfants qui se rassemblent, avec de très belles planches qui pourraient se suffire à elles-mêmes, comme des tableaux. Il fait l'économie de mots et place de nombreux silences qui contribuent au côté cérémonial du moment.

L'atmosphère est à la fois tendue et nonchalante. Nous ne savons pas ce qu'ils gagnent ou s'ils y perdent. Les villageois quant à eux sont bien au courant, la loterie est une tradition annuelle, ritualisée. Elle concerne tout le monde, du plus jeune au plus âgé. Ce pourrait presque être un moment de fête, tout l'art de mettre le doigt sur le moment précis où le dérapage est enclenché, sur la capacité des hommes à faire le pire, à côté de chez soi. La corde raide est d'ailleurs le maître mot, et en tant que lecteur on navigue également au beau milieu de sentiments contradictoires, entre le dérangeant et le fascinant.

En annexe, Miles Hyman raconte un peu sa grand-mère, rappelle le contexte de la nouvelle, sa publication, cite des extraits de courriers de l'époque, c'est très instructif et passionnant.
Lien : http://casentlebook.fr/la-lo..
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Splendide album. Un dessin, une mise en couleur sublime. Miles Hymann met en image une nouvelle écrite par sa grand-mère, Shirley Jackson. La mise en page est superbe, avec quasiment que des plans rapprochés sur des visages, des mains, qui donnent un atmosphère pesante et incarnation presque physique des personnages qui finalement a un effet d'inclure le lecteur comme participant et complice de cette loterie. Très intéressant le texte de Miles Hyman en fin d'album racontant sa famille et sa grand-mère et tout particulièrement le choc auprès des lecteurs du The newyorker Magazine lors de la publication de la nouvelle. Je n'ai qu'une envie c''est de lire cette fameuse nouvelle.
Grande réussite, un album à découvrir absolument
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Nouvelle Angleterre. Un village rural. L'événement de l'année… La loterie. Une urne noire avec des petits papiers dedans tirés au sort par les chefs de famille. Un seul papier a un gros point noir dessus. Chaque membre de la famille dont le mâle a tiré ce papier-là a le droit de refaire un tirage, toujours un seul papier avec le point noir… pour arriver à élu de l'année… Un dessin très Hopper, une nouvelle de Shirley Jackson, une histoire sordide.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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