« Les sanglots longs Des violons de l'automne Blessent mon coeur D'une langueur monotone -
Verlaine ».
Librement inspiré de la vie de Nejiko Suwa, ce premier roman de l'auteur est placé sous l'angle politico-historique, animé par la symphonie n°3 de Beethoven, ponctué de Dvorak, Mendelssohn…
Count Basie, Duke Ellington… le double sens de l'âme du violon, au coeur de l'histoire.
Pour célébrer l'Axe Berlin-Tokyo, le ministre de la Propagande
Joseph Goebbels offre à la jeune violoniste virtuose japonaise Nejiko Suwa un magnifique violon présumé être un « Stradivarius ».
Somptueux cadeau d'une valeur inestimable remis au nom du Führer.
Or, il s'avère que malgré sa pratique excellente et son talent, Nejiko ne parvient pas à faire sonner son instrument, le rendu de son jeu n'est pas à la hauteur d'un tel violon. le résultat attendu et mérité n'est pas là.
Nejiko ressent un violon plaintif au creux de son cou, sur son épaule ; elle souhaiterait tant le bercer, et faire chanter ses émotions, mais elle n'entend que ses pleurs.
On comprend bien le malaise ressenti par Nejiko, « son » violon n'est pas le « sien », prolongement de quelqu'un d'autre, il gène son expression musicale.
Elle se rend compte qu'elle ne parvient pas à faire corps avec son instrument afin d'en sublimer la sonorité ; ce violon la hante, son humeur chagrine la désole.
Intriguée et mal à l'aise avec ce violon, elle essaie d'en savoir plus sur cet instrument auprès de ses professeurs et luthier renommés à Paris. « Vous aussi, professeur, vous avez bien dû mettre du temps avant d'apprivoiser votre Stradivarius ? Il existe forcément une technique, un remède qui pourrait m'aider ? »
Quel est-il ce violon ? Et surtout, à qui était-il ? (avant qu'il ne soit volé comme tant d'autres objets d'art spoliés par les nazis).
Un nom refait surface, Lazare Braun, musicien juif spolié et assassiné par les nazis. Nejiko ne le sait pas encore.
Chargé par les autorités de la France Libre de retrouver le violon volé, Félix Sitterlin, trompettiste et notre narrateur, rencontre la violoniste qui décidera de lui confier ses carnets intimes.
« Ces rumeurs sur mon violon ne cesseront donc jamais. Je l'ai enfermé dans le coffre gris et froid de ma banque à Tokyo dont il ne sortira plus, jusqu'à ce que mon neveu en hérite à ma mort. »
Sous les bombardements dans Berlin, Neijiko parviendra-t-elle à nouer la relation de confiance avec son violon indomptable ?
D'insaisissable, réussira-t-elle à en faire son confident, le faire chanter sous ses doigts et faire vibrer les cordes au rythme de son coeur. « Neijiko tremble comme si elle venait de naître là (…) ».
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« Ô mon violon, nous voilà présent accrochés l'un à l'autre.
Toi et moi, nous finirons nos jours ensemble. Seuls, mais ensemble ».
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Une lecture que j'ai beaucoup appréciée sur une personnalité à la destinée hors du commun.