Les roses de la nuit est l'une des premières enquêtes du commissaire Erlendur. Écrite en 1998, initialement non publiée en français, elle paraît en 2019, alors que le héros de
Indridason s'est fait sa place dans le domaine des romans policiers nordiques.
Dans ce récit, une jeune femme, dont on apprend vite qu'elle était toxicomane, et occasionnellement prostituée pour subvenir à ses envies, est retrouvée morte sur la tombe d'une personnalité de l'indépendance islandaise. Erlendur se renseigne auprès de sa propre fille, Eva Lind, elle-même à la dérive avec des problèmes de drogue.
L'enquête s'oriente vers la région d'origine de la junkie, les fjords de l'Ouest. Cette zone du pays subit de plein fouet l'abandon de la pêche locale. Les quotas de pêche ont été rachetés par des capitalistes de Reykjavík, laissant les villages côtiers en déshérence.
Indridason dévoile la vie familiale de Erlendur, qui a abandonné ses enfants dés leurs premières années par incompatibilité avec son ex-femme, la dérive de son fils alcoolique et de sa fille, désormais totalement addicte aux stupéfiants. Erlendur souffre de ne pas pouvoir agir face à ces attitudes auto-destructrices, qu'il ne peut combattre.
Cet
Indridason souffre de plusieurs défauts (de jeunesse ?). Dans la construction de l'intrigue d'abord. Les enchaînements d'Erlendur tiennent plus de fulgurances que d'une réelle progression, la logique y perd un peu son compte. Dans l'aspect dual du récit aussi : au sordide de la vie des drogués succède abruptement les manoeuvres financières douteuses d'un riche islandais. D'ailleurs au final, Erlendur, comme
Indridason, s'enferre un peu à tout mélanger. A l'arrivée, sans être désagréable, le livre manque un peu de fil rouge, et la partie la plus intéressante, pour ceux qui sont déjà lecteurs de l'auteur islandais, c'est justement ces détails sur la vie d'Erlendur et son côté soupe au lait par moments.