[...] les temps changent, comme les points de vue et les gens. Rien n'est immuable.
- Il est peut-être tout simplement tombé sur la tête, ce gars-là, observa Elinborg.
- Personne ne tombe sur la tête en s'attachant à un appareil avant d'aller se jeter dans le Kleifarvatn, ironisa Erlendur.
Ils les disent libres, mais il n'y a qu'un seul parti qui se présente. Qu'est-ce qu'il y a de libre là-dedans ? Si tu as une autre opinion, on te colle en prison. C'est quoi ça ? C'est ça, le socialisme ? Qu'est-ce que les gens peuvent choisir d'autre dans ces élections libres ?
La dictature engendre la peur tout en développant un comportement servile.
Erlendur admirait les lignes, la peinture noire, les feux arrière ronds, le tissu blanc des sièges, le volant chic, sans oublier le vieil enjoliveur qui avait retrouvé sa place après toutes ces années. Erlendur se sentit brusquement saisi d'une envie irrésistible. Il n'avait pas éprouvé ce genre de désir depuis une éternité.
Erlendur remarqua un bateau à l'horizon. Un homme et une femme passèrent d'un pas pressé sur le trottoir devant la maison. Lui avançait à grands pas, précédant légèrement la femme qui s'efforçait désespérément de ne pas se laisser distancer. Ils discutaient, l'homme parlait en tournant la tête en arrière et la femme devait hausser le ton pour qu'il l'entende. Ni l'un ni l'autre ne firent attention aux deux policiers.
Tous les meurtres sont prémédités, répondit Mathildur. Ils sont simplement d'une stupidité variable.